Assise sur le lit de sa cousine, Maeve passait son temps à pousser des soupirs à rendre l'âme. Elle n'avait aucune envie d'aller à la soirée de Blaise. Certes, il y aurait Draco mais vu ce qu'il s'était passé pendant le cours de potions et ensuite dans le bureau de leur professeur, elle avait juste envie d'hiberner jusqu'à la fin de la semaine et de rentrer chez elle. Hermione n'avait cependant pas l'air d'accord avec elle puisqu'elle levait les yeux au ciel à chaque fois que la brune soupirait. Elle essayait de réviser mais les soupirs incessant de la sorcière l'en empêchait.

— Maeve, tu pourrais soupirer silencieusement ? Je n'arrive pas à me concentrer.

— Non, grogna la jeune fille.

Sa réaction de petite fille de trois ans fit rire Hermione, qui rangea ses affaires de cours pour se tourner vers Maeve.

— Qu'est-ce qui te rend si grognon ? C'est la conversation avec le professeur de potions ?

— Entre autres, répondit l'ancienne Serdaigle. Franchement, qu'est-ce qui t'as pris d'accepter la demande de Blaise ? Là, je n'ai qu'une envie, retourner dans le dortoir pour dormir. C'est la journée la plus longue de ma vie depuis...

Elle ne finit pas sa phrase. Elle avait pensé au jour de l'enterrement de son frère. Ses parents n'avaient même pas fait l'effort d'être présents et n'avaient même pas répondu à la lettre qu'elle leur avait envoyée. Pour empêcher le moral de sa cousine de tomber encore plus bas, Hermione la sortit de ses pensées et prit la parole.

— Tu veux que je te dise la vérité ? J'ai autant envie que toi d'y aller.

— Alors pourquoi t'as accepté ? s'indigna Maeve.

— Pour toi.

Interloquée, Maeve se redressa sur le lit de sa cousine pour la regarder en haussant les sourcils. Hermione, toujours assise sur sa chaise de bureau, regardait sa cousine en souriant.

— Passer une soirée avec Malfoy ne peut te faire que du bien.

Devant les yeux écarquillés de Maeve, Hermione ne put s'empêcher de rire. Les deux serpentards se trouvaient dans le salon juste à côté et la brune avait peur qu'ils ne puissent les entendre. Ce qui n'était, bien sûr, pas possible mais la paranoïa d'une fille amoureuse est sans limite.

— Vous avez tous les deux envie de renouer, ça se voit rien qu'à la façon dont vous vous regardez en coin quand vous pensez que personne ne vous regarde. Mais entre lui qui ne tente rien parce qu'il pense que tu t'en fiches de lui et toi parce que... Je ne sais même pas en fait. Pourquoi tu fais comme si de rien n'était ?

Maeve se mit à réfléchir. Est-ce qu'elle passerait pour une folle si elle lui isait qu'elle avait peur que ce ne soit plus comme avant ? Qu'elle ne se voyait pas mentir au blond en lui faisant croire qu'elle ne se souvenait de rien mais qu'elle ne voulait pas non plus lui dire qu'elle se souvenait de tout ? Qu'elle ne voulait pas le perdre une seconde fois ? Pour toute réponse, elle soupira. Comprenant la guerre qui se jouait dans les pensées de sa cousine, Hermione s'approcha d'elle et s'assit sur le lit. Elle prit les mains de Maeve dans les siennes pour la forcer à s'asseoir.

— Écoute Maeve, je sais que tu as peur, c'est normal mais là, tu t'empêches de vivre. Tu ne peux pas rester bloquée dans le passé. Mickael et Eva ne reviendront pas, ils sont morts, tu dois te faire à cette idée.

La sorcière se tut quelques secondes, le temps que sa cousine assimile ce qu'elle venait de lui dire. Elle avait peut-être été un peu trop directe mais elle savait que Maeve ne s'en sortirait pas si elle continuait à lui parler grâce à des sous-entendus. L'ancienne Serdaigle se passa la main dans les cheveux pour mieux réfléchir, grimaça quand sa main rencontra un nœud et prit la parole.

— Où est-ce que tu veux en venir Hermione ? Je suis au courant de ce que tu viens de me dire.

— Ce que j'essaie de t'expliquer c'est que même si deux des personnes que tu aimes le plus ne sont plus là, Draco est toujours vivant. C'est le seul lien de ton passé qui n'a pas disparu avec la guerre. Tu devrais en profiter. Sinon tu te rendras compte que tu as besoin de lui quand il sera tombé amoureux d'une autre.

Le cœur de la Gryffondor se serra à ses paroles. Exactement comme quand il lui avait parlé d'une fille dans le couloir ce matin même et qu'elle pensait qu'il parlait d'une autre. Elle était jalouse rien qu'à cette idée. Ce matin... Il lui semblait que cela faisait déjà plusieurs jours qu'il lui avait indirectement dit qu'il l'aimait encore. Et qu'ils avaient - peut-être - failli s'embrasser. Si seulement la cloche n'avait pas sonnée à ce moment-là. Elle soupira une dernière fois avant de prendre la brosse à cheveux qui traînait à côté d'elle pour essayer de remettre de l'ordre dans sa coiffure.

— Tu as peut-être raison, consentit-elle.

— Non, j'ai raison, il n'y a pas de peut-être qui tienne. C'est moi qui aurait dû aller à Serdaigle, pas toi.

— Et supporté de voir Mickael jouer au beau brun ténébreux pendant sept ans en sortant avec une fille différente chaque semaine ? Tu aurais supplié le Choixpeau de te changer de maison en à peine un mois.

— Arrête, il était plutôt calme jusqu'en quatrième année, la contredit Hermione.

Elles rirent toutes les deux en repensant aux nombreuses conquêtes du jumeau de Maeve et Hermione ouvrit la porte menant au salon. Deux serpentards tournèrent leur attention vers elles en se demandant pourquoi elles riaient comme ça. Maeve se leva pour rejoindre les deux garçons et sa cousine et décida d'embêter un peu Draco. Après tout, toutes les personnes présentes dans la pièce savaient qu'ils étaient sortis ensemble.

— On était en train de se demander qui de toi ou de mon frère était sorti avec le plus de filles depuis qu'on était arrivés à Poudlard, expliqua-t-elle en aggravant le rire d'Hermione.

— La différence entre ton frère et moi Staneford, c'est que moi, je ne m'embêtais pas à sortir avec pour avoir ce que je voulais.

Son ancienne petite-amie leva un sourcil perplexe avant de s'asseoir sur le canapé en face de lui. Elle avait oublié ce léger détail. Il a commencé à courir à droite et à gauche quand il pensait l'avoir oubliettée.

— C'est drôle parce qu'à t'entendre, on pourrait croire que tu penses que des filles pourraient vouloir de toi.

— Alors pourquoi vous étiez en train de vous demander si je battais ton frère ou non ? rétorqua-t-il avec un sourire narquois.

Cherchant en vain une réplique, la jeune fille finit par déclarer Draco vainqueur de cette petite bataille de pique en lui tirant la langue. Le blond leva les yeux au ciel, souriant toujours.

— Je te déteste Malfoy, lâcha-t-elle avant de se laisser tomber au fond du canapé.

Sa réponse le fit rire, ce qui lui valut un coup de pied dans le tibia. Hermione et Blaise, qui commençaient à se sentir de trop, songèrent à les laisser seuls tous les deux mais le regard que lança Draco à son meilleur ami les en dissuada. Le métisse lui renvoya un regard intrigué mais il n'obtint pas d'explications.

***

La soirée était déjà bien entamée et Maeve commençait à être fatiguée. Elle ne faisait que de bailler et cela n'échappait pas à Draco. Il avait passé sa soirée à la regarder du coin de l'œil et avait surpris la jeune fille faire pareil de temps en temps. Il ne comptait plus le nombre de pique qu'ils s'étaient lancées et le nombre de fois où il l'avait fait rougir. Il souriait tendrement devant sa mine à moitié endormie quand Blaise eut une idée... pas très très brillante.

— On se fait un action ou vérité avant de conclure cette petite soirée ?