alors le soir je ferme très fort les yeux pour voir tes couleurs passer
ton rose
ton brun
ton vert
ça fait trois jours que je les ai pas ouverts, je te découvre d'autre nuances, je nous invente d'autres moments,
parce que tu dois pas disparaître et je me demande si je finirai par oublier à quel point ton rose est terne, un peu vieilli
ton vert éclatant, ton brun ordinaire
je me demande si on oubli les premiers mots, les nouveaux, l'intonation d'une voix, le plissement d'un front, le grain de beauté caché sur une nuque, les veines bleues sur des paupières translucides, le crissement d'un ongle, le crissement d'un lit, un livre préféré,
la vie d'un être aimé.
je me demande si,
si j'ouvre les yeux, demain matin, tôt à l'aube, si tôt que les vraies couleurs auront disparues pour les tiennes, est ce que je me souviendrai de ton prénom, de ton visage
saurel
saurel
saurel
saurel
sau quoi déjà