Le 13 avril 2029 à dix-sept heures, le soleil inondait l'avant du vaisseau abandonnant sa planète bleue à 300 400 kilomètres. Apophis grossissait dans la position 13 heures au-dessus de la lune. Il traversait l'espace à plus de 25 000 km/h en direction des Nations européennes unies afin d'exterminer toute vie sur la Terre.

À l'intérieur du NCH-001-D, le commandant Stewart Granger était assis sur un volumineux fauteuil en métal, il observait anxieux l'écran géant affichant le satellite géocroiseur. Il se tourna vers le lieutenant Jérémie Marquel. On lui avait imposé sa présence. Il servait dans le 3e régiment du génie de l'aérospatial. Mais ce n'était pas l'armée qui l'avait proposé, mais le directeur adjoint du E.S.E. Jérémie Marquel était son fils.

— Ingénierie, ouvrez les parois de la passerelle avant et calculez un indice de protection visuel à 60 pour cent.

— À vos ordres mon commandant. Acquiesça-t-il en pressant le bouton d'ouverture sécurisé.

Le déverrouillage de la protection des vitres renforcées laissa un écho assourdissant dans la pièce. L'officier supérieur obliqua sur sa gauche pour s'adresser au Major Henry Zleska. Ils servaient tous deux dans la base du Renouveau, avec comme officier supérieur le général de division aérienne général Descombe. 

— Station Tactique, vérification des tubes lance-torpilles.

— Lance-torpilles opérationnels, 1à 3, OK, 4 à 6, OK, mon commandant.

— Armez-les !

Le sous-officier exécuta les vérifications et enclencha la mise en place des missiles à concussion.

— Système OK et armé, mon commandant.

Un claquement suivi d'un léger tremblement indiqua l'ouverture complète des vitres de la passerelle. Le ciel étoilé subjugua tout le monde par sa beauté, Stewart quitta le fauteuil de commandement pour admirer le spectacle de plus près. Il posa une main sur l'épaule du responsable de la Station de navigation.

— Grégoire, pivotez de 0,5 sur bâbord et ralentissez la propulsion à F2. Calculez ensuite notre angle d'approche.

— Orientation 0,5, exécutée, vitesse F2 enclenchée, mon commandant.

— Positionnez-vous dans l'axe L1 à 35 786 kilomètres au-dessus du géoïde terrestre.

— Axe L1, atteint dans 6, 5, 4, 3, 2, 1. Orbite lunaire confirmée, mon commandant.

— Maintenez Géosynchrone à 10,2 vitesse d'injection.

— 10,2 confirmées.

Le vaisseau exécuterait un tour complet de la Lune, puis accélérerait sa vitesse d'injection pour quitter l'orbite lunaire. Le commandant était suspicieux au sujet de la masse du géocroiseur. Il refusait d'admettre l'hypothèse énoncée par les scientifiques de l'E.S.E indiquant que le satellite aurait traversé un trou de serrure de résonance pour dévier sa trajectoire. Il serait ensuite entré en collision avec son cousin VD17 plus malléable pour s'associer avec, passant donc de 21 milliards de tonnes à 300 milliards. C'était totalement rocambolesque ! Quoiqu'il en soit, il existait, il devait le détruire. NCH-001-D débuta son tour de la Lune.

Le destin était malhonnête. La trajectoire du géocroiseur avait causé un frôlement de l'orbite lunaire l'orientant sur la planète bleue. Une différente trajectoire aurait pu provoquer une collision avec la lune. Quelles en auraient été les conséquences ? Tout d'abord, nous ne verrions qu'un nuage de débris scintillant beaucoup plus lumineux que la pleine lune. Le risque le plus dangereux serait que certains morceaux pourraient provoquant des dégâts considérables compte tenu de leur taille. L'autre éventualité serait un nuage de résidus obstruant le passage de la lumière solaire. Enfin, rien d'encourageant, mais toujours plus acceptable à court terme qu'une collision avec la Terre !

Tous les hommes d'équipage étaient rivés sur leurs appareils. Il devinait leur angoisse, leur famille respective ignorait le risque majeur de la mission. Elles étaient préoccupées pour leurs fils, filles, mais ignoraient totalement que la fin de toute civilisation humaine pourrait se terminer dans un claquement de doigts.

Apophis apparut bientôt au centre de l'écran.

— Ingénierie, baissez l'indice de protection visuel à 10 pour cent.

— Bien, commandant.

— Décompte de six minutes avant mises à feux des tuyères 1 à 3, puis 4 à 6. 356, 355 354... annonça l'IA.

Le commandant Granger rejoignit son fauteuil pour entrer en communication avec le Centre de Contrôle terrien.

— CCT, angle d'approche OK, système OK, lancements missiles dans 5.45.

— Bien reçu, NCH-001-D !