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Chapitre 27 : Nawen


Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je réussis à m'extirper de mon lit. Je montais sur le pont, mais Nymphéas était immobile et Gwen n'était visible nulle part. Je me mis à sa recherche et la trouvais bientôt, écroulée de fatigue sur son bureau. Des documents s'empilaient autour d'elle et je jetais un œil. Au premier abord l'ensemble semblait désordonné, mais je réalisais que Gwen faisait preuve d'une organisation claire dans le classement de ses papiers. L'une des piles était constitué de plusieurs livres et rapports anciens et, en regardant par dessus son épaule, je compris qu'elle s'était endormie en relatant les événements d'Élègnir dans son carnet de bord.

Je savais bien que c'était trop privé pour que je lise, mais je ne pu lutter longtemps contre ma curiosité et ouvris son livret. En le feuilletant, je tombais au hasard sur le compte-rendu du jour de notre rencontre :

Alors que je venais d'accomplir le rite funéraire que Phil souhaitait, j'avais l'impression de me consumer en même temps que lui. Et puis je surpris la serveuse de la taverne qui m'épiait. Grand yeux brillants et violets (violets!) qui me demandaient de venir avec moi. Sérieusement ? C'était la requête la plus inattendue et la plus étrange que j'avais jamais entendu. Elle me prenait pour une navigatrice avertie, une pro, qui pourrait la transporter à l'autre bout du monde. Alors que j'étais encore une messagère de rang 2, d'à peine vingts ans, et qui venait de perdre son père. Une seconde fois. Mais ce que je comprenais le moins, c'est que j'avais accepté. J'avais dit oui ! Est-ce que j'avais à ce point besoin de compagnie ? Je n'avais jamais eu d'amie, pourquoi cela commencerais aujourd'hui ? C'était probablement ses oreilles de chat qui m'avaient perturbé. Oui parce que Nawen était une Zoan, en plus ! Et j'imaginais Phil avec son grand sourire, tout fier que je sympathise avec une autre humaine... Elle était toute adorable, savait cuisiner, mais aussi se battre, avait peur de l'eau et dormait mal en mer... S'il lui arrivait quoi que ce soit, je m'en voudrais à mort.

Je refermais son carnet, honteuse d'avoir surpris les pensées de Gwen. Elle se sentait à ce point responsable de moi... Je tentais de penser à autre chose en promenant mon regard sur l'autre pile de papiers qui occupait son bureau, avant de me rendre compte qu'elle me concernait. Gwen avait tracé des traits approximatifs entre deux avis de recherche découpés dans le journal, le mien et un autre que je connaissais bien. Plusieurs brouillons d'arbres généalogiques se superposaient, parsemés de références à des articles ou à des livres, remplis de marques-pages. Gwen cherchait à savoir d'où je venais... Une vague d'amitié monta en moi, et si Gwen avait été réveillée je l'aurais probablement câlinée. Moi qui ignorais depuis si longtemps l'origine de ma mère, elle tentait de la trouver pour moi !

Je m'approchais d'elle et passais délicatement mes bras autour de ses jambes et de ses épaules, afin de la transporter dans la pièce voisine, jusqu'à son lit. Je n'étais jamais entrée dans la chambre de Gwen. Contrairement à son bureau, ici elle ne semblait pas être si organisée. Des livres s'entassaient de partout, et je fus émerveillée par les peintures bleues qui ornaient deux murs de sa chambre. Ces courbes dégradées me rappelaient quelque chose, et je mis un instant à comprendre que c'était son tatouage. Les arabesques de son épaule faisant écho aux murs de sa chambre. Je déposais Gwen sur son matelas et elle gémit, avant de marmonner :

- Puisque je te dis que je ne t'en veux pas Maman...

Le rouge me monta aux joues, et une fois de plus je me sentis gêné. Je ne savais presque rien d'elle, ma capitaine si forte qui faisait bonne figure tout le temps, et Gwen était si vulnérable quand elle dormait... Et j'en profitais pour entrer dans son intimité et découvrir sa vie par moi même, alors que je devrais attendre qu'elle se sente prête à m'en parler ! Je sortis rapidement et le plus silencieusement possible de sa chambre, puis de son bureau, et retournais à l'air libre.

Nous avions toutes deux grand besoin de repos, mais cet enchaînement d'îles n'était certainement pas prêt à nous en laisser... Il fallait que je me vide l'esprit, et je décidais d'aller me relaxer de la meilleure façon que je connaissais : en cuisinant.

Le ciel s'assombrissait quand Gwen débarqua dans la cuisine. J'avais eu le temps d'écumer Nymphéas pour trouver le moindre reste de nourriture, de la classer par apports nutritifs, par saveur, puis de la séparer en portions. Je m'étais ainsi rendue compte que nous n'avions pas récupéré les fruits d'Élègnir et que nous n'avions plus que de quoi manger pour une à deux journées, en faisant des portions minuscules. J'avais ensuite entrepris de mijoter quelques bon petits plats, et je terminais le dressage du dernier quand Gwen entra.

- Nawen, tu es debout depuis combien de temps ?

- Assez longtemps pour dire qu'il va falloir qu'on trouve une île dare-dare si on tient à manger demain soir !

- Ah... Les provisions sont épuisées ?

Très intéressée, elle s'approcha de celles que j'avais organisé, et constata par elle même.

- Sinon, il est aussi possible qu'on ai dévié notre cap, tu connais mes capacités de navigatrice et j'ai seulement laissé Nymphéas suivre le courant aujourd'hui...

Aussitôt, Gwen sortit en trombe de la cuisine, comme si je venais de lui annoncer la fin du monde. Je me précipitai à sa suite, avant de faire demi-tour en me souvenant de mes préparations, que je terminai rapidement avant de monter.

Quand je débarquais sur le pont, Gwen se tenait debout sur le bastingage, Log Pose levé, agitant les vagues par de grands cercles de mains. Je remarquais qu'elle ne portait plus son bras en écharpe.

- Gwen, ton bras ! Comment est ce que...

Elle se tourna vers moi avec un petit sourire et désigna le bandage qui recouvrait encore son épaule.

- Ce n'est pas totalement guéri, mais je peux le déplacer et, dans quelques jours, m'en servir comme avant !

- Mais ça fait à peine une semaine !

- Ne t'inquiète pas, je cicatrise mieux et plus vite grâce à mon fruit du démon, la circulation de l'eau et des fluides est optimisée et du coup...

J'ouvris de grands yeux. Elle guérissait presque aussi vite que moi ! Gwen reprit :

- Bon, nous sommes à nouveau dans la bonne direction et, si j'en crois le Log Pose, la prochaine île est proche. Ce sera, je pense, notre dernier arrêt, nous achèterons seulement des vivres puis nous tracerons notre route jusqu'aux Chapeaux de paille, la carte de vie commence à frémir, elle doit capter leur passage proche.

- Whouhou !

Ces informations si concrètes me remontaient le moral, et je ne fis pas attention à Gwen qui s'approchait.

- Nawen tu sais j'ai beaucoup réfléchi...

- Hmm ?

- Les illusions d'Élègnir, je pense que notre organisme n'a pas encore pu éliminer tout le pollen... il faudrait que nous le fassions.

- Euh... c'est à dire ? Comment tu voudrais nettoyer nos bronches ? Il existe pas de technique pour ça... non ?

- Est-ce que tu me fais confiance ?

Ouh là, ce genre de question ça sentait mauvais... Mais je n'allais pas répondre par la négative ! J'avais une confiance aveugle en Gwen... même si là elle était louche. Je me lançais :

- Oui bien sûr... pourquoi ?

- Tout va bien se passer.

Je commençais sérieusement à m'inquiéter. Gwen prit doucement mes épaules avec un sourire en coin qui ne me disait rien de bon.

- Gwen qu'est ce que tu vas faire ?!

- Le grand nettoyage de nos poumons.

Et, sans plus d'explication, elle nous tira vers l'arrière et nous fit basculer par dessus bord.

Je m'enfonçais dans l'eau, paniquée. Les bulles m'aveuglaient, la fatigue me gagnait, mon air s'échappait et j'étais incapable de réfléchir. Je cherchais désespérément le contact de Gwen qui avait disparu, autour de moi tout tournait. Je tentai de respirer mais le liquide s'infiltra dans mon nez et ma bouche et en toussant j'expulsais mes dernières réserves d'oxygène. Le monde s'obscurcissait et mes paupières tombaient. Je me sentais partir quand, soudain, j'eus l'impression que la mer me propulsait vers le haut.

L'eau quitta mes poumons d'elle même, et je m'empressais de les remplir d'air. À quatre pattes sur le pont du navire, secouée par des spasmes, je repris mes esprits. Je levais ma tête pour me trouver à quelques centimètres de Gwen, un énorme sourire sur les lèvres. Elle était trempée, ses cheveux dégoulinant, ses vêtements collant son corps, et elle rayonnait. Je ne l'avais jamais vue comme ça, dans son élément.

- Alors Nawen, tu te sens mieux ?

Je lui feulais dessus et me relevais en essorant les mèches de mes cheveux. Gwen continua :

- J'espère que cela ne t'a pas été trop étrange, lorsque j'ai extrait l'eau de tes voies respiratoires... Enfin, je pense que maintenant tous les spores sont hors d'état de nuire !

- Whouhou.

Elle m'ignora et je grommelais :

- Bon bah je vais me laver hein...

- Comment vas-tu faire pour atteindre ton dos alors ?

- Quoi ?

- Tu te laves bien avec la langue, non ?

Je soupirai et descendis me rincer et me sécher. Puis je rejoignis Gwen pour manger. J'avais préparé des petits pains fourrés aux fruits de mer avec une salade d'algues, que l'on dévora bien trop vite. Puis je pris la première garde, ce qui me permis de planifier ma revanche.

Parce que Gwen était bien sympathique, mais ce genre de surprises aqueuses méritaient une vengeance. Je fouillais la cuisine jusqu'à trouver ce qui m'intéressait : des herbes aromatiques. Je confectionnait des petites bourses des plus fortes et les glissaient silencieusement dans la chambre de Gwen, avant d'aller me coucher, satisfaite.

Le lendemain matin, comme prévu, je fus réveillée par un tonitruant :

- NAWEN !

J'arrivais sur le pont en ricanant, mais déchantais bien vite en apercevant Gwen. Elle s'était retranchée derrière une barricade de bombes à eau, et jouait machinalement avec l'une d'elle, d'un air menaçant.

- Tu veux jouer à ça ma petite Nawen ?

Je cherchais de quoi me défendre et vis un petit tas de toutes les sachets d'odeurs qui avaient du embaumer les affaires de Gwen pour au moins trois jours. Je regrettais, soudain. Un sourire dans les yeux, mon amie lança la première bombe à eau. J'esquivais en riant, mais Gwen commença à me bombarder. Je compris rapidement comment m'emparer de ses propres armes et les retourner contre elle, et ainsi débuta une bataille acharnée. Je n'étais pas sûre d'avoir autant ris de toute ma vie, je crois qu'on en avait toutes les deux besoin.

Vers la fin de matinée, l'atmosphère météorologique commença à changer. Gwen abandonna le jeu pour s'occuper de notre chemin. De plus en plus de brouillard s'installait autour de nous, et le ciel se remplissait de nuages sombres. On ne voyait plus rien, pourtant le Log-pose de Gwen s'affolait.

Et puis soudain, elle se jucha sur la cabine de contrôle de Nymphéas, serra les poings dans le vide et hurla. Comme si elle agrippait la brume, celle-ci s'écarta devant nous et laissa apparaître une île.

- Comment tu fais ça ?!

- La brume c'est de l'eau, Nawen.

- Si tu le dis...

Je me dirigeais vers l'avant du navire, pour observer la nouvelle île qui se profilait.

Elle était très étendue, presque sans reliefs à part quelques monts recouverts de neige. Des centaines de petits bâtiments, huttes et d'entrepôts se chevauchaient. L'ensemble du lieu semblait fait de bric et de broc, de tôle, de vieux morceaux de tissus... Seuls deux constructions se distinguaient des autres : un grand stade surmonté d'une coupole et un couple de tours parcourues de longues lignes. Toute l'île changeait d'atmosphère en même temps : il plu à verse pendant quelques minutes, avant se mettre à neiger, puis à tomber des glaçons.

Gwen arriva à mes côtés et lâcha un soupir.

- Mas Andreas... on aurait pas pu tomber mieux.

- C'est ironique ?

- Bien sûr.

- Pourquoi, qu'est-ce qu'elle a de si particulier cette île ?

Elle passa une main sur son front avant de répondre :

- Mas Andreas est une ville-trafique. C'est le repère des marchands d'esclaves, des dealer, des mafias, des associations corrompues, des pirates, des messagers peu recommandables – que je préfère ne pas fréquenter- et de tous les brigands des bas-fonds. Perdue dans le brouillard, la Marine ne s'aventure pas ici, il n'y a pas de règle, pas de lois : tout est permis.

Je restais interdite devant une telle énumération : c'était pas possible, on serait jamais tranquilles ! Mas Andreas ressemblait vraiment au pire endroit possible pour passer une nuit. Gwen reprit :

- Il y a de moins en moins de civils, victimes des agissements monstrueux des hors-la-loi ils préfèrent quitter l'île, mais il en reste quelques-un, courageux, qui animent des auberges et des petits magasins. Je pense savoir chez qui m'arrêter pour acheter des provisions et dormir ce soir.

- Pourquoi on peut pas passer la nuit sur Nymphéas ?

- Si je le laisse au port, il aura disparu demain. Il y a un endroit sûr où on peut le laisser sans risquer qu'on nous le vole, mais il est hors de question que je dorme là.

Sans plus d'explication, elle dirigea le bateau vers l'arrière de l'île, et le fis s'engouffrer dans une grotte humide. Gwen louvoya entre les rochers jusqu'à déboucher dans une crique où quelques autres navires étaient amarrés. A son tour, elle attacha Nymphéas. Puis elle descendit à terre. Perplexe, je l'arrêtais :

- Pourquoi est-ce-que tu ne veux pas qu'on dorme ici ? Je ne vois pas de danger ?

Sans un mot, elle me désigna le plafond. Je levais la tête et découvris des rangés de chauves-souris, leurs nids, leurs bruissements d'ailes à peine perceptibles et leurs yeux luisants. J'eus un frisson, mais recommençais à interroger Gwen :

- Mais... les chauves-souris ne sont pas si dangereuses ? N'est-ce pas ?

- Ce n'est pas des chauves-souris que je parle.

Elle pointa une fois de plus son doigt vers le haut, montrant une jeune bête toute excitée. Celle-ci tournait en ronds, de plus en plus proches de la surface de l'eau. Je m'approchais, fascinée par le ballet de la chauve-souris, quand soudain il me sembla voir luire un croc pendant une fraction de secondes, avant que la petite bête disparaisse, happée. Je sursautai et reculai brusquement. Un liquide rouge flottait, là où la chauve-souris volait quelques instants auparavant.

- Qu'est-ce... qu'est-ce-que c'était... ?

- Moondir. Ce monstre marin garde la grotte. Il connaît les effluves et les façons de naviguer de chacun. Il est capable de se souvenir de toi des années après t'avoir rencontré. Et surtout, Moondir reconnaît ses amis. Je ne dis pas que ce sont tous des gens biens, mais il veille sur ses bateaux comme un trésor : tu repars avec le navire que tu avais en arrivant, ou tu ne repars pas.

- O...ok... Et du coup c'est pour... Moondir que tu ne tiens pas à rester dormir ici, tu ne veux pas réfléchir toute la nuit au monstre marin sous tes pieds ?

- Certes oui, mais aussi parce que Moondir nous tolère seulement dans sa grotte, et que si tu laisses quelque chose de vivant chez lui, c'est à lui. Je ne veux pas être dévorée dans mon sommeil.

- Ah... d'accord.

Gwen sortit de la grotte par un tunnel que je n'avais pas vu, et je m'empressais de la suivre, ne voulant pas me retrouver seule avec Moondir le monstrueux gardien.

J'allais m'engager dans la mince rue qui menait à la ville, quand Gwen m'arrêta brusquement. Elle me tendit une cape que je n'avais pas remarqué et murmura :

- A partir de maintenant tu restes avec moi. Pas d'initiatives, pas de bêtises, on ne se perd pas de vue une seconde. Un pas de travers à Mas Andreas pourrait nous être fatal.

Je déglutis et enfilais le manteau dont la capuche couvrait mon visage. Gwen m'attrapa le bras et m'entraîna à sa suite, dans un dédale de petits chemins et rues crasseuses, longés par des bâtiments plus ou moins délabrés. J'avais l'impression que le ciel se calmait, l'atmosphère restait tendue mais plus aucune catastrophe ne s'abattait sur nos têtes. Je soupçonnais Gwen d'être à l'origine de ce changement, comme je l'avais souvent entendu marmonner à propos des nuages et puis il suffisait qu'elle soit de mauvaise humeur pour qu'il se mette à pleuvoir... J'allais lui demander une confirmation, mais à cet instant elle changea de cap pour se diriger droit vers un bâtiment auquel se balançait plusieurs enseignes. Trois plaques se balançaient au vent : l'une portait le symbole de restauration, l'autre celui d'un marchand et la dernière le signe d'hébergement. C'était un endroit où l'on pouvait manger, acheter des vivres et rester dormir ? Je n'avais jamais vu de boutique de ce genre ! Sur la façade, on pouvait déchiffrer le nom de ce lieu, gravé dans le bois : Le Dernier Refuge avant le Déluge.

Gwen s'engouffra tête baissée dans cette auberge particulière et je la suivi. L'intérieur était étonnamment organisé et propre. Des tentures séparaient distinctement les trois activités du Refuge : dans la première zone, la plus étendue, des tables s'alternaient et des personnes mangeaient, riaient et discutaient bruyamment. L'ensemble semblait coordonné par un jeune roux à la large carrure. Dans la deuxième partie, des produits, des marchandises et des vivres se vendaient sous la supervision d'un homme un peu plus maigre, mais dont les cheveux et la stature ne laissait aucun doute quant à son lien avec le chef cuisinier. Et enfin, la plus petite et dernière délimitation était simplement faite d'un large bureau derrière lequel un adolescent rouquin prenait les noms des hôtes et les dirigeait vers l'étage afin de leur montrer leurs chambres.

Avant d'avoir pu se diriger vers aucune des pièces de tissu, notre chemin fut barré par une très grande femme à la chevelure de feu, aux larges hanches et aux traits tirés.

- Vous venez d'entrer dans ma propriété, l'accès à mon Refuge est réservé aux personnes dignes de confiance, aux fréquentations plus ou moins correctes, et dont l'identité m'est familière...

Je la coupais en protestant :

- Quoi ? Mais vous ne pouvez pas connaître tout le monde ! C'est...

Gwen m'asséna un coup dans les côtes qui souffla ma phrase et ma respiration.

- Bien sûr que si, elle peut. La Matrone est là depuis des années et avec ses fils c'est la seule capable de faire tourner un établissement respectable sur Mas Andreas, ne lui manque pas de respect Nawen.

La femme pinça les lèvres en un mince sourire et dit d'un ton un peu plus chaleureux :

- En voilà une amie bien sage que vous avez là miss... Nawen. A qui ai-je l'affaire ?

Cette dernière question s'adressait à Gwen. Mon amie souleva alors son capuchon pour dévoiler son visage. Quelques murmures coururent derrière nous et elle déclama en savourant son effet :

- Membre de la Guilde des messagers, je me nomme...

- Ma petite Gwen !!!

La Matrone s'exclama en se jetant sur elle, la coupant dans un cri :

- Mais tu as tellement grandi ! La dernière fois que je t'ai vu tu étais haute comme trois pommes ! Quelle belle femme tu deviens ! Roh la la ça fait tellement longtemps... Et.... Est ce que c'est vrai ce qu'on raconte à propos de Phil ? Ma pauvre petite tu dois être déchirée... De quoi as-tu besoin ma Gwendoline ?

Les joues rouges et la Matrone lui ébouriffant les cheveux, Gwen avait un peu perdu de sa crédibilité. Et mes éclats de rire ne devaient pas aider. Elle répondit pourtant, en éloignant la Matrone du milieu de la salle pour éviter l'attention insistante de certains clients.

- Dans l'immédiat j'ai seulement besoin de vivres et d'un lieu pour passer la nuit... J'ai repris la mission de Phil tu sais mais c'est... , elle me jeta un regard, compliqué.

Gwen échangea avec la Matrone quelques mots que je ne pu saisir, puis me fit signe de la rejoindre. Suivant la grande femme rousse, nous montâmes un escalier en colimaçon qui arrivait aux chambres.

- Je vous laisse la 51, si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez.

Puis elle enlaça Gwen, avant de redescendre pour continuer à faire tourner le Refuge. Nous entrâmes dans une chambre lumineuse, où trônait deux lits simples et une armoire. L'une après l'autre, nous laissâmes tomber nos affaires, et je m'écroulais telle une crêpe sur un des lits.

- Euh... bon Nawen je vais aller acheter de quoi manger les prochaines semaines, la nuit tombe donc si tu veux dormir...

Je répondis en grognant et sombrais rapidement.

Un bruit sourd me réveilla. Je sursautai et tombai de mon lit. Échevelée et encore embrumée par le sommeil, je me levais péniblement et allais voir à la fenêtre ce qui se tramait au dehors. La brume éclairait les rues sales de Mas Andreas et le curieux manège qui avait lieu dans celles-ci.

Des hommes habillés de noir couraient après un jeune garçon. L'un d'eux dégaina un pistolet et commença à tirer sur l'adolescent, qui esquiva sans même se retourner, prenant appui sur les tôles présentes dans la ruelle. Mais alors que je pensais qu'il allait continuer sa course, il fit demi-tour et envoya son poing s'écraser dans la figure de l'un de ses assaillant, qui s'écroula en ébranlant le mur derrière lui. Le jeune homme commença alors à remonter la rue, abattant un à un ceux qui le poursuivaient. Soudain, une vingtaine d'hommes surgit de tous les côtés, et j'étouffai un cri lorsque, après une minute de lutte acharnée, ils le rattrapèrent, l'immobilisèrent et le ruèrent de coups. Puis ils l'empoignèrent et le traînèrent à la suite d'autres enfants que je n'avais pas vu. Tous pleuraient, faibles et maltraités, mais aucun ne criait, menacé par les hommes en noir.

Sans comprendre, je les vis faire entrer violemment les enfants dans un large bâtiment, pour ne plus les en faire ressortir. Mais quand l'un des hommes revint et échangea une liasse de billets avec ses camarades, je réalisai ce qu'il était en train de se passer. Du trafic d'esclaves ! Pire, du trafic d'enfants esclaves ! Mais les pauvres bouts de choux, ils n'avaient rien demandé ! Quelle horreur...

Je me reconnue dans leurs petits yeux larmoyants, mais je ne pouvais rien faire pour eux... À moins que... En quelques secondes j'évaluais le nombre de gardes à l'entrée du bâtiment et un sourire naquit sur mon visage. Rapidement j'enfilais un short et un débardeur plus couvrant, et ouvris la fenêtre. Je jetais un œil à Gwen, qui dormait toujours. La pauvre, elle était épuisée, je n'allais quand même pas la réveiller ! Et puis ça ne me prendrais pas plus d'une heure, je serais de retour demain matin. Ni vu, ni connu !

J'ouvris la fenêtre, montai sur le rebord. Je pris appui sur le bord du toit et lançai mes jambes en avant, pour les re balancer en arrière et arriver au dessus du bâtiment. Je relevai la tête. M'éloignai de quelques mètres et, tout en reculant, sorti mes attributs félins. Puis je pris appui sur la cheminée derrière moi, couru et m'élançai dans le vide. Je sortis mes griffes avant de m'écraser sur la coupole en verre et, en tentant de me rattraper, un affreux crissement retentit dans la nuit.

Retenant ma respiration, j'attendais que quelqu'un me repère, mais personne ne vint. Je jetais un coup d'œil en bas vers les gardes, mais ils avaient à peine réagit. Soulagée, je me laissais glisser le long des vitres, jusqu'à une fenêtre ouverte qui me permit d'entrer à l'intérieur.

Je marchais silencieusement, tel une ombre dans la nuit, entre les caisses remplies d'armes que contenait la salle de stockage que je venais de découvrir. Un bruit derrière la porte m'informa qu'un homme en noir allait entrer, alors immédiatement je me recroquevillais dans un coin plus sombre. Il arriva en ayant l'air de chercher quelque chose, et une idée me traversa l'esprit : mon infiltration serait bien plus simple en me faisant passer pour l'un des leurs ! Je n'aurais pas besoin de me cacher et je n'aurais qu'à dire que j'ai... reçu l'ordre d'emmener les enfants ailleurs, oui voilà.

Je me faufilais derrière le garde et, en moins de quelques secondes, je claquais la porte, fis l'obscurité et l'assommais. Puis je lui ôtais son pantalon et sa veste en tâchant de le toucher le moins possible, et enfilais l'uniforme par dessus mes vêtements nocturnes. Je récupérais également sa casquette, sous laquelle je roulais mes cheveux. Et voilà, j'allais passer I-NA-PER-ÇUE !

Je sortis de la salle en sifflotant pour me donner une contenance, et m'engageais dans le couloir. Je n'étais pas vraiment plus avancé, je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où ils gardaient leurs esclaves prisonniers... Je perçu un autre bruit devant moi, faillis me cacher, mais me rappelais que l'uniforme me protégeait, et je continuais à marcher en me dirigeant vers cette discussion houleuse que j'entendais avant même de voir.

- ... uisque je vous dis qu'il faut le tuer ce gosse ! C'est le jeune qui organise tous les réseaux des gamins des rues, et qui protège ces merdeux ! Si nos rafles nocturnes ramènent bien moins d'enfants qu'avant c'est par sa faute ! Il nous provoque, se fout de nous et étend son influence sur Mas Andreas ! Il a déjà négocié avec quelques mafieux afin de sécuriser les autres gosses, et si ça continue il sera bientôt plus puissant que nous !

- Tttt, je n'aime pas ton point de vue...

La seconde voix était bien plus doucereuse que la première, et me fit froid dans le dos. Je ne voyais toujours pas son propriétaire, mais il reprit :

- Premièrement, personne n'est plus influent que MOI. Et deuxièmement, si ce jeune homme est si important, faisons un exemple ! Vendons le comme un chien, ou écrasons le comme un cafard dans l'Arène, envoyons un message à tous les gamins des rues et tous ceux assez fous pour faire alliance avec lui : « nous sommes les plus forts, voyez votre leader ce que nous faisons de lui, vous n'avez plus de protection, vos rues sont à nous et vous avec » ! Dans tous les cas le résultat est le même, nous reprenons le contrôle des gamins de l'île, simplement que dans ma version l'impact psychologique est conséquent...

Un homme brun et sec apparut enfin dans mon champ de vision, et lorsqu'il prit la parole je l'identifiais comme étant celui à qui appartenait la première voix.

- Soit vous avez raison patron. Mais s'il s'échappe ? Ce serait la troisième fois, nous savons qu'il en est capable, et tout nos bénéfices disparaîtraient !

Alors qu'il lui répondait, je vis enfin l'homme dégoûtant auquel il s'adressait. Chauve, en surpoids, et comprimé dans un costard violet dont il me semblait que les boutons allaient sauter à la moindre respiration.

- Tu n'as qu'à faire en sorte qu'il ne s'enfuit plus, c'est ton travail non ? Tu as déjà de la chance vu que ce gosse est le seul à s'être déjà échappé de nos prisons, que ça ne se produise plus jamais. Tu n'auras qu'à le faire combattre dans un duo la nuit prochaine et il mour...

Il s'interrompit en m'apercevant, et un sourire vicelard naquit sur son visage.

- Excusez-moi mademoiselle, que faites vous ici ? Vous faites votre ronde ?

Prise au dépourvue, j'acquiesçais en priant pour que ça passe : j'étais face au grand patron de ce lieu, si je me faisais griller maintenant j'étais mal. Son sourire s'élargit et ce qu'il dit me glaça le sang :

- Oui c'est bien ce que je pensais... Voyez vous mademoiselle il faut se renseigner avant d'infiltrer un lieu que l'on ne connait pas... Car, tristement pour vous, il n'y a aucune femme dans les rangs de mes associés et vous êtes maintenant ma propriété, jeune fille...

Il me lança un regard vicieux et je lâchais :

- Eh merde...

Puis tout s'accéléra. Une dizaine de gardes que je ne l'avais même pas vu appeler surgirent et je me lançais à l'attaque. Tant pis pour ma couverture, j'avais pas été très maligne sur ce coup là. J'eus le temps de griffer quelques hommes en noir mais rapidement ils m'immobilisèrent et me placèrent pieds et poings écartés face au patron répugnant. Il approcha son visage à quelques centimètres du mien et susurra :

- Je n'ai pas l'habitude de croiser des espionnes femelles, surtout que j'ai l'impression d'être tombé sur une perle rare...

Il caressa mes oreilles et reprit, pendant que je tentais de ne pas lui vomir à la gueule.

- Ce n'est pas souvent que les esclaves se jettent dans mes bras, mais c'est encore plus rare que ce soit une zoan... Comme tu sembles ignorer mes règles, je vais te les expliquer, ma petite chatte...

Une peur profonde et animale montait en moi et lorsqu'il arracha la veste de l'uniforme que j'avais volé, découvrant mon maigre débardeur, je cru que mon heure était arrivée. Alors qu'il continuait, une dame qui me sembla être esclave arriva avec une tenue de cuir, qu'elle commença à m'enfiler, pendant que les hommes en noirs bloquaient toujours le moindre de mes mouvements.

- Alors, sache que je me prénomme Enzo Grannt et que je suis le patron de l'Arène, le stade dans lequel tu te trouve, ainsi qu'un homme très influent sur Mas Andreas, notamment dans le trafic d'esclaves. Les combats clandestins que j'organise chaque nuit me rapportent un argent fou et je crois que tu as très envie d'y participer... n'est ce pas ?

- Allez vous faire enculer !

Ma joue me brûla et j'eus l'impression que ma mâchoire se décrochait sous la puissance de son coup. Il prit mon menton entre ses doigts gras et me cracha doucement :

- La nuit prochaine tu entrera dans l'arène, avec ce gosse de malheur qui me pourrit la vie, et vous vous battrez contre mes gladiateurs les plus féroces, jusqu'à cracher vos tripes par le cul ! Et tu me donneras un bon spectacle hein, ma petite chatte !

L'esclave avait fini de m'habiller et les hommes en noirs me lâchèrent enfin. Je cru que j'allais avoir un peu de répit, mais le patron s'avança et m'enserra les poignets dans des menottes grinçantes. Alors que j'étais déjà au bord des larmes, assez choquée d'avoir été déshabillée devant et par des inconnus, humiliée et traitée comme un animal, Enzo m'attrapa par les cheveux et me traîna violemment jusqu'à un couloir plus sombre que les autres. Il s'arrêta brusquement, ouvrit une porte, et me jeta dans ce que je reconnu être un cachot. Puis il hurla en refermant la cellule :

- Ça t'apprendra, salope ! Isalyn, je te présente celle avec laquelle tu vas mourir demain !

Dans une demi-obscurité, je tentais de me remettre et de faire le point : j'étais seule, enfermée, Gwen ne savait pas où j'étais, on m'avait habillée en gladiatrice pour me faire combattre à mort puis me vendre comme esclave... on pouvait difficilement faire pire. Je serrais les dents et lâchais un feulement.

- Euh... ça va madame ?

Je sursautais, et me tournais vers la voix. Un jeune homme sorti de l'ombre, et je le reconnu comme celui que j'avais vu se battre contre les hommes en noir dans la rue. Est-ce que c'était à lui qu'Enzo s'était adressé ? Il avait dit « Isalyn, je te présente celle avec laquelle tu vas mourir demain », était-ce lui le gamin qui protégeait tous les enfants de Mas Andreas et avec lequel j'allais devoir combattre ?

- C'est toi... le garçon qu'on appelle Isalyn ?

- Ouaip', pour te servir. Par contre t'es gentille mais je suis plus un gosse donc « garçon » ça va bien deux minutes, je suis juste Isalyn.

Derrière lui je vis quelques enfants recroquevillés et il continua en les désignant :

- Tous ceux dans cette cellule vont participer aux combats de demain et vont crever.

- Euh... je croyais que les gagnants pouvaient être achetés en tant qu'esclaves ?

Si j'avais mal compris ça, la situation me semblait de plus en plus désespérée... Isalyn partit d'un rire sec, avant de reprendre durement :

- D'abord, nous n'avons aucune chance de vaincre les gladiateurs de ce fils de sa mère d'Enzo, et ensuite excuse moi mais je préfère largement crever que de vivre comme un esclave. S'il faut faire mon choix je n'aurais pas d'hésitation.

Je croisais son regard sombre et résigné et un frisson me parcouru. Il n'avait plus l'air d'être un enfant depuis longtemps, mais qu'avait-il vu pour avoir un regard comme celui-ci si jeune ?

- Quel âge tu as Isalyn ?

- Douze. C'est quoi ton nom ?

- Nawen. Pourquoi est-ce-que tu aides les gamins des rues de Mas Andreas ?

- Ma mère a accouché dans la rue, j'ai fait mes premiers pas dans la rue, et c'est aussi dans la rue qu'on m'a abandonné lorsque les adultes ont lâchement fuit leur pays par peur des criminels. Tous les enfants ont besoin de parents. L'île est notre mère et notre patrie, je les protège du mieux que je peux de mon côté. Tu as peur de mourir Nawen ?

- Oui. J'ai aussi peur de mourir avant d'avoir accompli mes rêves. Tu veux t'en sortir ?

- Évidement. Mais même si j'ai confiance en mes capacités, si on s'en sors je m'échapperais avant de devenir esclave ou en tout cas je mourrais en essayant. Et puis j'ai trop de gens à sauver alors j'espère que tu ne comptes pas sur moi là.

- Ne t'inquiète pa...

- Je ne m'inquiète pas.

- Laisse-moi finir ! Je disais, ne t'inquiète pas, on sortira tous vivants d'ici.

- Permet moi d'en douter. A moins que tu ai un équipage prêt là dehors pour venir te sauver, ou des pouvoirs gigantesques, tes espoirs sont vains.

- Je n'ai pas d'équipage mais une capitaine, et je pense que les hommes que nous aurons à combattre ne pourront pas contrer mon fruit du démon. Quant à l'espoir, ça reste la chose la plus importante, une fois que tu l'as perdu c'est tellement plus difficile de se relever...

- Il reste la haine. Mais...

A l'évocation de mes pouvoirs, les enfants derrière Isalyn avaient commencé à s'agiter, et il s'interrompit un instant pour les regarder.

- Mais je n'ai pas d'autre choix que de te faire confiance, si nous devons nous battre côte à côte. En tout cas t'as intérêt à être vachement balèze...

Une minuscule étincelle avait jaillit au fond de la prunelle d'Isalyn et de ses protégés, et une vague de culpabilité me submergea. Je leur avais redonné un peu d'espoir mais ce n'était que des paroles en l'air... J'ignorai si je serais assez forte pour vaincre les hommes d'Enzo, et comment dire qu'il y avait bien une capitaine qui m'attendait, mais qu'elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où je me trouvais et qu'elle interviendrait probablement pas. Je n'allais pouvoir compter que sur moi même.

Un sifflement d'Isalyn me sorti de mes pensées. Ce qui ressemblait d'abord à un signal devint une petite musique, semblant être un code puisque tous les enfants des rues se répartissaient dans le cachot, se roulant en boules en commençant à s'endormir. Une fois qu'ils furent tous allongés, Isalyn cessa de siffler et me murmura :

- C'est notre couvre-feu. Tu n'es pas obligée de t'y plier mais si j'étais toi j'irais dormir, on aura besoin de toutes nos forces demain.

Puis il alla s'adosser assis contre un mur, dans une posture de semi-veille qui ne devait jamais le quitter. Alors je l'imitais, et tentait de trouver la position la moins désagréable pour m'assoupir.

Je pensais que je ne trouverais jamais le sommeil, mais mon infiltration et les récents événements m'avaient épuisés et je sombrais en moins d'une heure.

Lorsque je me levais le lendemain, après une nuit douloureuse et pas vraiment réparatrice, l'après midi était déjà bien entamé. Dans les couloirs de l'Arène l'agitation ne faisait que grimper, on entendait des gardes, des gladiateurs et des esclaves courir dans tous les sens. A la lumière du jour, je redécouvrais les enfants avec lesquels je m'étais endormie. Il étaient vêtus du même cuir que moi, avec plus ou moins de tissu selon les tenues, mais surtout, ils étaient maigres. Ces enfants étaient clairement mal nourris et j'eus une envie furieuse de leur cuisiner tout ce que je pouvais trouver. Isalyn était celui qui faisait le plus illusion, ses muscles étaient les plus apparents et lui conféraient une stature plus adulte, bien que lorsque je scrutais ses cheveux noirs, ses yeux sombres et son visage encore légèrement rond, j'arrivais à voir l'adolescent qu'il était vraiment.

Dès qu'il vit que je ne dormais plus, il se dirigea vers moi et frappa sèchement mon épaule.

- Hey ! Non mais ça va pas ?

- Échauffe toi.

- Pardon ?

J'avais dû mal entendre ?

- Échauffe toi j'ai dit, ou je le ferais. Nous sommes le premier duo, on passe dans deux heures maintenant : je ne veux pas mourir parce que ma coéquipière a un claquage au milieu du combat.

Ce jeune homme m'étonnait, de part sa façon de montrer son affection et de prévoir chaque issue possible... Je me levais et m'étirais en tous sens, sous le regard méfiant d'Isalyn, qui attendait de voir comment j'allais me préparer. Je commençais par détendre les parties de mon corps courbaturées, car même si c'était vrai que les chats dormaient n'importe où, je préférais tout de même mon matelas au sol de pierre de la prison. Puis j'essayais de reproduire les exercices d'échauffement que j'avais pu voir les soldats de la Marine effectuer, tâchant surtout de préparer mon corps et avoir l'air crédible auprès des enfants. Ce fut plutôt réussi, sauf pour Isalyn qui me glissa avec un sourire :

- Belle impro, c'était bien rattrapé pour quelqu'un qui se s'échauffe jamais...

Je ne lui demandais pas comment il m'avait découverte, mais lui fut reconnaissante de ne pas m'afficher devant les autres gamins des rues.

L'attente qui commença ensuite me sembla durer une éternité. J'avais envie de me battre, d'enfoncer mon poing dans la figure d'Enzo et de ramener tous les enfants sains et saufs, et en même temps j'angoissais pour l'issue du combat, autant pour moi que pour Isalyn.

Finalement, un homme en noir vint nous chercher.

- C'est l'heure de mourir. Le gamin et la chatte, venez.

Il nous attrapa par la chaîne reliant nos menottes, et tira moi et Isalyn hors de la cellule. Alors que nous avancions le long du couloir, mon compagnon d'infortune me demanda en chuchotant :

- Euh... pourquoi est ce qu'il t'a appelé la... « chatte » ?

- Je suis une Zoan, Isalyn.

- Sérieux ?

Il me sembla percevoir un peu d'intérêt dans sa voix.

- Putain c'est cool... Tu t'es déjà éveillée ? Je suppose oui, sinon tu n'aurais pas eu l'air si sûre de toi hier... Formidable, je commence enfin à croire qu'on a une chance !

Avant que j'ai pu le détromper, le garde nous rappela à l'ordre en beuglant :

- PAS DE DISCUSSION ENTRE LES ESCLAVES !

Aussitôt nous nous tûmes. J'essayais tout de même de croiser le regard d'Isalyn, afin de lui faire comprendre que non, mon fruit du démon ne s'était pas éveillé, et que quoi qu'il imagine j'en étais incapable... Mais il gardait la tête vers lui, un sourire en coin comme s'il élaborait un plan. Et merde...

Plus nous avancions, plus des clameurs retentissaient. Nous arrivâmes face à une grille faisant entrer énormément de lumière, et que je devinais mener jusqu'à nos combats. Le gardien nous fit passer de l'autre côté et allait pour s'éloigner quand je le retins.

- Attendez ! Vous n'allez pas nous enlever nos menottes pour le combat ?

- Non. Démerdez vous c'est la règle ici.

- Qu... quoi ?

Qu'est-ce que c'était que cette histoire, en plus nous démarions avec un désavantage ?

- Mais... quand saurons nous que c'est notre tour de rentrer ?

Derrière moi, des annonces au micro se firent entendre, eh bien que je ne pu pas comprendre tous les mots, j'entendis distinctement les termes « Résistant des rues », « Isalyn », « Zoan rarissime » et « Veuillez les applaudir et les acheter ! »

D'une voix lasse, le garde me répondit :

- Bah voilà, c'est maintenant, je vous souhaite une mort rapide...

Avec Isalyn nous nous retournâmes et, bien malgré nous, marchèrent vers la lumière des combats.

- Quand faut y aller, faut y aller...

Nous passâmes la dernière porte, et je fus éblouie soudainement. Les cris du public m'arrachaient les oreilles et j'avais la désagréable sensation d'être au centre des regards. A côté de moi, j'entendis Isalyn murmurer :

- Eh beh, ça va chier des bulles carrées...

Alors peu à peu ma vision s'habitua, et je compris ce qu'il se passait. J'entrais dans l'Arène.























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Hey les gens !!! On est de retour ! Pour vous jouer un mauvais tour ! ^0^

On aimerait s'excuser pour les mois sans publications passés et à venir car, entre nos examens, nos gros problèmes personnels, et l'année prochaine notre entrée au lycée, nous n'avons pas pu et ne pourrons plus nous voir une fois par semaine comme avant (les joies de l'écriture à quatres mains ^^').

C'est très compliqué pour nous, mais nous n'abandonnerons pas Nawen et Gwen ! Alors même si nous publirons désormais de façon irrégulière (très irrégulière) nous avons toujours cette histoire à raconter jusqu'au bout du tome 2, même si ça doit être laborieux et nous prendre un, deux ans, nous le ferrons ! Par fidélitée pour vous nos chers lecteurs, comme pour nos personnages, comme pour cette promesse faite à nous même.

Nous espérons donc que ce chapitre vous a plu, n'hésitez surtout pas à nous laisser vos avis sur tout et n'importe quoi ^w^ Sans vouloir promettre quoi que ce soit, vous aurez normalement le 28 avant la fin du mois d'août (on a de l'inspiration pour les flashs backs hein *^*)

Allez allez allez, on est motivés ! Encore merci à vous et sur ce, à dans un temps indéterminé pour le prochain chapitre ! ^0^

Des bisooous !

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