Gare de King's Cross, Premier Septembre, jour de la rentrée à Poudlard.

Sur les quais bondés de sorciers adultes ou trop jeunes pour rejoindre l'école, trois adolescents couraient à en perdre haleine. Leur train partait dans à peine deux minutes, et ils n'auraient aucun moyen de le rattraper si par malheur ils n'arrivaient pas à y monter à temps.

— C'est ta faute si on arrive en retard, Cissy ! hurla un jeune garçon aux cheveux bruns et épais. La prochaine fois, évite de prendre deux heures pour t'habiller.

La jeune fille en question et également cousine de Sirius, Narcissa Black, rougit et essaya de balbutier quelque mots, mais la seule chose qui sortit de sa bouche fut un genre de grognement.

— Laisse-la, Patmol, souffla James Potter.

La blonde s'empourpra encore plus et trébucha presque, mais heureusement, Potter la rattrapa. Les trois amis réussirent à monter dans le train de justesse, au moment où les roues de celui-ci se mirent en mouvement. A peine à l'intérieur, Narcissa abandonna les garçons et se dirigea vers le dernier wagon, espérant y trouver ses meilleurs amis.

Mais elle eut beau chercher, ceux-ci étaient introuvables. Ce ne fut qu'en jetant un coup d'œil dans le dernier compartiment qu'elle poussa un soupir de soulagement.

Une jeune fille d'environ son âge était assise sur la banquette, un livre de sortilèges entre les mains. Son épaisse et longue crinière de feu recouvrait son visage tout en laissant paraître ses grands yeux vert émeraude plus denses que la pierre précieuse et son visage pâle parsemé de taches de rousseur.

Comme si celle-ci avait senti que quelqu'un la regardait, elle leva la tête et regarda dans sa direction. Un grand sourire barra sur son visage et elle ne put retenir son enthousiasme.

— Cissy ! J'ai cru que tu avais raté le train !

— Non, répondit la concernée, gênée. Mais c'est vrai qu'on a bien failli.

Elle pénétra dans le compartiment en refermant la porte derrière elle avant de se précipiter et de faire un câlin à son amie. Puis, se rendant compte que leur second acolyte manquait à l'appel, elle fronça un sourcil.

— Dis-moi Lily, tu t'es de nouveau disputée avec Severus pendant les vacances ?

La jeune rousse regarda son amie avec étonnement, et haussa les épaules avec nonchalance.

— Pas cette fois. Il n'a peut-être juste pas encore trouvé notre compartiment. Tu sais, il est tellement tête en l'air.

Sans attendre davantage, elles se racontèrent alors leurs vacances. Les deux amies avaient tant de choses à se raconter !

— Alors tu as passé un mois avec James ? s'exclama Lily, un tantinet jalouse.

— Oui, s'écria alors un garçon aux cheveux gras en faisant coulisser la porte, et apparemment le jour de votre "revoyure", il lui a fait de l'effet le Saint Potter !

Narcissa rougit légèrement mais démentit ce que son meilleur ami, Severus Rogue, venait de dire. En effet, Cornedrue l'avait un peu chamboulée, mais jamais elle ne l'avouerait à voix haute. Elle ne voulait surtout pas se mettre sa meilleure amie à dos pour une histoire de garçon.

Depuis leur première année à Poudlard, James courait après Lily. Il lui avait souvent demandé de sortir avec lui, mais la rousse avait toujours refusé. L'an passé, cependant, la jeune gryffondor avait tout de même avoué à Narcissa qu'elle aimait James, au plus grand étonnement de la blonde.

— Sirius n'a pas arrêté de dire que Saint Potter avait été trop mignon avec la petite Cissy. J'ai surpris une de leurs conversations...

— Severus, laisse-la tranquille avec ça ! souffla Lily.

La rousse regarda son amie pendant un long moment. Elle mourait d'envie d'en savoir plus sur l'été de son amie avec James mais ne souhaitait pas la brusquer non plus.

— Je ne l'ai pas vu beaucoup tu sais, il est resté avec Sirius et moi je tenais compagnie à ma tante, répondit la blonde à la question informulée de son amie.

— Pourquoi tu t'intéresses à Saint Potter ? demanda Rogue de sa voix traînante.

— Parce que... Je sais pas, il... enfin...

Narcissa rit devant la réaction de Lily. Elle ne lui avait donc rien dit, mais pourquoi ? Ses deux meilleurs amis avaient toujours été comme des frères et sœurs, c'était si inhabituel.

Severus par contre, prit une mine renfrognée. Ce n'était pas juste. James était un coureur de jupons, un crâneur qui obtenait toujours tout ce qu'il voulait. Ce jeune homme était intelligent, beau, fort, doué au quidditch, il avait de l'argent et toutes les filles à ses pieds. Alors que Severus se trouvait peu attirant avec ses cheveux gras, son teint blanc comme un linge. Aucune fille n'était intéressée par lui et il était nul au quidditch.

Quelques années plus tôt, James avait décidé qu'il voulait sortir avec Lily. La seule source de bonheur que Severus avait et qui avait encore échappé à James. Lily et Narcissa étaient comme ses petites sœurs et il était hors de question que Saint Potter les touche ou leur brise le cœur.

Lily avait refusé plusieurs fois les avances de James, mais maintenant, Severus en était sûr, elle était amoureuse de lui. Le jeune homme aux cheveux noirs détestait, déteste et détestera Potter pour toujours et à jamais.

Les deux filles papotèrent le reste du trajet tandis que Severus ne dit pas un mot, bouillonnant de rage. Une rage qu'il repoussait constamment pour Lily mais qu'il ne saurait retenir pour toujours.

Le train finit par s'arrêter et tous les élèves en sortirent, excités pour certains, apeurés pour d'autres. Narcissa, Lily et Severus trouvèrent rapidement une calèche qui devait les monter jusqu'au château qui surplombait le paysage et montèrent dedans.

— Eh ! Attendez, je viens avec vous !

James monta alors juste avant que le carrosse ne démarre et s'assit à côté de Lily, en face de Narcissa.

La rousse ne sut que dire, la blonde n'osa pas parler et Severus bouillonnait de rage intérieurement. Quant à James, il est perdu dans l'océan des yeux de la jeune Black. Le trajet se passa dans le plus grand silence, ce qui satisfit tout le monde.

***

La répartition fut longue. James ne put s'empêcher de fixer Narcissa durant une bonne partie du repas. Leur yeux se croisèrent une fois, cependant la jeune femme détourna vite le regard.

Malheureusement pour elle, Severus l'avait vue et comptait bien la questionner plus tard. Quant aux amis de Potter, ils essayèrent en vain d'attirer l'attention de ce dernier sans comprendre ce qui se passait. Lily, elle, préféra se dire que James regardait Rogue avec rage plutôt que Narcissa avec passion.

À la fin du souper, tous les élèves se dirigèrent vers leur dortoir et les préfets-en-chef vers leurs appartements. Ces derniers, qui n'étaient que quatre, étaient répartis dans deux appartements au cinquième étage.

Cette année, Narcissa était la préfète-en-chef de Serpentard. Elle marcha donc vers son nouveau logement. Une fois que la jeune fille arriva, en voyant son nouveau colocataire, sa tête se décomposa : James Potter.

— Cissy ! s'exclame le beau jeune homme.

— Je m'appelle Narcissa.

— Et moi c'est James ! répondit-il du tac au tac avec son sourire charmeur.

— Je sais, dit la jeune fille un brin agacée. Je t'ai donné mon prénom car tu n'as pas l'air de t'en rappeler.

Le garçon fit un genre de petite courbette.

— Bienvenue dans notre appartement, votre altesse Narcissa.

La jeune femme ne put s'empêcher de rire et rougir. Elle finit par entrer et regarda autour d'elle. L'appartement était assez sobre. Il y avait deux chambres, chacune avec une porte de couleur différente. Celle de James était rouge et or, quant à celle de Narcissa, elle était verte et argent, en hommage à leurs maisons respectives. Ils avaient une salle de bain pour deux, une petite cuisine et un grand living dans les tons blancs.

— Comment se fait-il que tu sois préfet-en-chef ? demanda Cissy.

Elle savait que ce n'était pas Lily, elles en avaient discuté dans le train. Mais la blonde espérait que ce serait quelqu'un de responsable comme Remus, pas quelqu'un qui allait la déconcentrer et de qui elle devait cacher ses sentiments. Quelle catastrophe !

— J'en sais rien, répondit-il, songeur, mais ça ne me dérange pas vu que je suis avec toi !

Il s'approcha de la jeune fille et tenta de l'embrasser. Narcissa posa un doigt sur ses lèvres et le repoussa.

— Ce qui s'est passé chez Sirius reste chez Sirius. De plus, c'était une grosse erreur. Tu aimes Lily, non !?

— Et toi ? Qui aimes-tu, Cissy ?

— Je... j'aime... Lily ! Et il est hors de question que tu brises le cœur de ma meilleure amie pour un simple caprice d'été.

Le jeune homme baissa les yeux et acquiesça sans grande conviction avant de partir se coucher. Narcissa le regarda s'éloigner en soupirant. Son cœur se fissura et des larmes menacèrent de couler sur ses joues. La jeune fille aurait donné n'importe quoi pour que James démente ce qu'elle avait dit, mais apparemment elle avait vu juste, il s'ennuyait juste pendant les vacances et elle l'avait simplement divertit.

Lily était sa seule véritable amie. Bien sûr, Narcissa s'entendait avec les Nott et les Greengrass, de Serpentard également, mais elle ne pouvait pas être elle-même en leur présence. La jeune fille devait continuellement porter un masque de glace et prétendre que les nés-moldus étaient une abomination. Tandis qu'avec Lily, la blonde pouvait dire ce qu'elle voulait sans être jugée. De plus, les deux jeunes filles avaient beaucoup de points communs : leur intelligence, leur amour des livres, leur amitié avec Severus, leur haine pour les épinards... Il n'y avait qu'une seule chose que Narcissa ne pouvait se résoudre à dire à son amie. Un terrible secret qui risquerait de briser leur amitié. Et ce secret s'appelait James...

Sirius était loin de la vérité quand il avait dit que son meilleur ami avait fait un peu d'effet à la blonde. Elle était tombée sous son charme dès sa première rencontre avec lui en première année. La jeune blonde n'avait jamais eu beaucoup de courage et elle avait toujours préféré rester avec son cousin. James avait été le premier à être gentil avec elle. Il ne l'avait pas considéré pour son nom mais pour la jeune fille qu'elle était.

Elle pensait avoir réussi à enfouir ses sentiments au plus profond d'elle-même, mais ils avaient refait surface durant les vacances lorsque ses yeux azur avaient croisé ceux de braises du jeune homme. La jeune femme finit par aller se coucher et s'endormit dans la seconde, laissant sa lampe de chevet allumée.