[ Bonus ] If they deserve their happy end too...
Précédemment...
Nous étions tous les deux assoupis au bord du lac, exténués après nous être amusés comme des enfants dans cette eau fraîche. La pluie d'étoiles filantes allait avoir lieu quelques heures plus tard.
Et si, la maman n'était jamais arrivée avec cette déesse, voici ce qu'il se serait passé...
Des bruits me réveillèrent de ma micro-sieste. Les colombes volaient dans les cieux pour annoncer la venue de cet événement qui ne se produisait qu'une paire de fois dans l'année.
Je secouais tendrement l'épaule de mon amant, toujours endormi à mes côtés tout en lui chuchotant quelques mots doux pour l'extirper délicatement du voile de Morphée. Il me ferait la gueule sur le moment, mais, je savais que l'instant d'après il serait heureux.
— Tiens-moi la main et fais un vœu, Chrysomallos.
— Bien sûr, petit prince.
J'étais émerveillé par la multitude de boules de feu qui filaient à une vitesse ahurissante dans le ciel. Elles semblaient à la fois si loin et si proche. Je tentais de les toucher du bout des doigts mais ceux-ci se trouvaient en réalité, à quelques milliers de kilomètres de moi. Je me levais et courrais autour du lac pour suivre les étoiles, toujours à moitié nu. Mais ce n'était pas grave, rien ne l'était à ce moment-là. Pas tant que je l'aurais lui, à mes côtés. Il me couvait de son regard amoureux, regard dans lequel toutes les étoiles du ciel se reflétaient.
Allongé là dans cette nappe, il exhibait chacun de ses muscles. Posant là, comme un dieu grec. Il pouvait avoir le contrôle sur moi, d'un seul regard.
Tu es beau, tu sais ?
Je sais, je ne suis la meilleure version de moi-même que pour te satisfaire, petit prince.
Je ne masquais pas mon petit ricanement dû à la gêne, je me contentais de lui donner un petit coup à l'épaule pour lui intimer de se taire. Je sentais son regard réprobateur sur mon omoplate droit et le savais en train d'arquer son sourcil de façon peu esthétique.
D'un mouvement parfaitement synchronisé, nous levâmes les yeux vers les cieux. Le tableau se peignait devant moi, ce fond noir avec ces étincelles vives. Je lâchais sa main pour les croiser devant moi. Je fermais les yeux tout en vidant mon esprit pour me répéter en boucle ce souhait si simple que je voulais voir se réaliser.
Faites que nous soyons heureux pour le restant de nos jours. Qu'importe la situation, je nous veux juste les plus heureux du monde.
Faites que nous soyons heureux pour le restant de nos jours.
Faites que nous soyons heureux pour le restant de nos jours.
Cela devrait suffire. Lorsque je soulevais mes paupières, elles avaient disparu et avaient emporté avec elles mon précieux vœu. Je me tournais vers Chrysomallos, tout content. Il regardait déjà mes yeux.
— Tes yeux brillent, mon amour. On dirait que tu vas t'embraser.
Un léger frisson fit trembler mon corps tout entier. Et il le remarqua. Il fit demi-tour en m'exposant sa musculature dorsale imposante, même dans la semi pénombre. Je ne le vis revenir vers moi que lorsque je sentis le tissu de ma veste se poser sur mes épaules.
— La vue te plaît ? Il me semblerait que oui, vu ton regard affamé. Fais gaffe, Achille, je ne suis pas comestible hein, termina-t-il d'une manière qui laissait supposer qu'il parlait à un enfant en bas-âge.
Je me mis à bailler sans la moindre gêne, l'adrénaline retombait et l'épuisement prenait le dessus.
— Fais gaffe à pas gober une mouche, petit prince.
Je ne bougeais pas. Je venais de faire une sieste mais j'étais déjà si fatigué que je pourrais m'endormir sur place. Je restais figé quelques secondes avant de sentir un bras passer sous mes genoux et un autre dans mon dos.
— Dors, petit prince. Je vais nous ramener à la maison sains et saufs, ne t'en fais pas.
Je calais instinctivement ma tête dans le creux de son cou et m'endormis en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, bercé par les effluves de son parfum naturel.
Mes rêves furent bien différents des nuits précédentes. Ils étaient bien plus érotiques, basés sur la précédente vue qui avait été offerte à mes yeux.
Cela reflétait sans doute mes fantasmes les plus fous. Je m'imaginais ce qu'il se serait passé si je n'avais pas eu envie de dormir. S'il m'avait déposé dans cette nappe après que nous ayons observé les étoiles. S'il avait usé d'une fraction de sa force pour me posséder, encore plus durement que les fois différentes.
Si nous nous étions endormis dans les bras l'un de l'autre, ensevelis tous les deux dans ce liquide séminal.
Je sentis du mouvement autour de moi. Quelqu'un me déshabillait. Je pensais toujours être au milieu de mes songes, mais la réalité me frappa lorsque je sentis un gant froid passer sur ma peau.
— Du calme, petit prince. Laisse-moi te nettoyer correctement.
— T-tu n'allais pas me...
— Te ?
— M-me... Nan, laisse tomber. C'était pas important.
— Jamais petit prince. Je ne vais jamais ainsi profiter de toi, voyons.
— Hmm... hmm...
— Pourquoi ? Tu voudrais, petit prince ?
Je ne lui répondis pas. Pendant que l'on parlait, il avait terminé sa tâche, alors je n'avais pas besoin de lui répondre. Je fis mine de me retourner dans mon sommeil et partis réellement dans le monde des songes.
— Tu ne t'en sortiras pas si bien, petit prince.
Devais-je émerger de ce sommeil si réparateur ? Je n'en ressentais nullement l'envie. J'avais l'intime conviction que ma mère et ma fiancée ne seraient bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
L'essence même de mes rêves avait changé. L'atmosphère qui était faussement pure l'était dorénavant réellement. Je ne sentis même pas ma boule au ventre que je n'avais pas su débusquer auparavant se dénouer. J'avais passé une nuit dans un état de légèreté que je ne souhaitais plus quitter.
Je me sens bien, sans aucun impératif.
Je sentis une douce odeur me parvenir aux narines. Un agréable effluve.
Ptet que j'avais un impératif des plus urgents.
Je sortis des draps en moins de temps qu'il en fallut pour le dire et courrais en direction de la salle à manger en attrapant au passage un t-shirt que j'enfilai à la hâte.
— Que nous as-tu préparé de bon ?
— Nous ? C'est uniquement pour moi, me répondit Chrysomallos un sourire aux lèvres.
— Je- Tout ça pour toi ? Mais noonn je vais t'aider à manger sinon tu vas devenir énorme, chéri.
— Tu t'inquiètes pour mon poids ? Je déçu, je pensais que tu m'aimerais toujours comme je suis, rétorqua-t-il avec une moue visible.
— Me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. En plus à cause de cette délicieuse odeur, je meurs de faim maintenant.
— Alors, petit prince. Un petit compromis, ça te va ?
Je hochai vivement de la tête en m'assurant de le regarder avec des yeux brillants.
— Dis-moi, de quoi as-tu rêvé la nuit dernière ? Pour te tortiller comme ça dans mes bras et produire ces sons si jolis ? J'ai cru que tu étais en manque.
— Oh, euh, ça. Je peux pas te le dire.
— Alors tu ne pourras pas manger.
Il se leva et commença à ranger les assiettes dans la cuisine.
Je restais à impuissant à peser le pour et le contre.
M'exposer valait-il le coup contre toutes ces bonnes choses ?
Largement.
— Attends ! l'interrompis-je alors qu'il entamait son dernier aller-retour.
Il se tourna vers moi un sourcil levé et un sourire aux lèvres.
— Je me demandais quand est-ce que tu allais craquer. Maintenant, visiblement. Allez, petit prince, raconte-moi tout, je t'écoute.
— Je- euh. Laisse-moi quelques minutes pour préparer mon pitch.
— Va droit au but.
— Bon, j'ai rêvé de toi.
— Développe, je sais que je te hante dans chacun de tes rêves.
— J'ai rêvé qu'à la simple force de tes bras, tu m'exposais comme tien devant le monde entier.
— Tu veux que je t'exhibe devant les animaux des bois avoisinants ?
— Mais non ! Je pensais que tu voudrais rentrer dans ton palais. Tu sais en tant que prince.
— Je te rappelle que je suis une bête.
— Et moi que tu peux me faire confiance, chéri. Est-ce que tu veux rentrer chez toi ?
— Tu me suivrais ?
— J'irai partout là où tu iras, grand prince.
J'étais plutôt fier de moi, j'étais parvenu à tourner la conversation à mon avantage. Comme lui.
Je ne m'étais jamais réellement posé la question. Aimerais-je retourner à une vie de château ? Avec lui, la réponse ne pouvait être que positive.
Il s'en était allé pour rapporter tout ce qu'il avait emmené en cuisine.
Je ne voulais pas autant vivre dans le passé, je savais que je ne profitais pas suffisamment des moments présents, c'en devenait désolant.
— Eh, petit prince. Tu manges ?
Pas de réponse.
— Petit prince ?
Toujours pas de réponse.
Je sentis une petite claque sur ma cuisse nue.
— Aïe, tu m'as fait mal gros fou.
— Désolé, je ne suis pas patient. Qu'est-ce qui te tracasse, petit prince ?
Voyant que je ne répondais pas, il poursuivit en relevant mon menton avec deux de ses doigts pour que je le regarde dans les yeux.
— Tu sais, moi aussi je suis faible parfois. Moi aussi, je me fais rattraper par les souvenirs du passé. Mais c'est le cerveau qui est ainsi constitué et même si tu essaies de lutter contre de toutes tes forces, tu n'y arriveras pas.
Il se leva pour aller faire je ne savais quoi. Je restais stoïque sur cette chaise, ne sachant plus où me placer. Pourquoi fallait-il toujours que j'alourdisse les atmosphères légères ?
Une musique s'éleva doucement. Un air de pop ?
Quand les premières notes de la chanson surgirent, je la reconnus.
Avec Patrocle, nous l'avions entendue dans les couloirs du château quelques jours avant de partir et l'avions baptisé comme notre hymne. Notre chanson.
— M'accorderiez-vous cette danse, petit prince ?
— Mais avec plaisir, votre honneur.
Il m'entraîna au milieu de la piste improvisée tandis que je chantais déjà à tue-tête. Les paroles se faisaient confuses mais ne s'embrouillaient guère dans mon esprit. En me concentrant, j'entendais Patrocle m'accompagner sur ces refrains symboliques.
So no one told you life was gonna be this way
Your job's a joke, you're broke
Your love life's DOA
It's like you're always stuck in second gear
When it hasn't been your day, your week, your month
Or even your year, but
I'll be there for you (When the rain starts to pour)
I'll be there for you (Like I've been there before)
I'll be there for you ('Cause you're there for me too)
You're still in bed at ten
And work began at eight
You've burned your breakfast
So far, things are going great
Your mother warned you there'd be days like these
But she didn't tell you when the world has brought
You down to your knees that
I'll be there for you (When the rain starts to pour)
I'll be there for you (Like I've been there before)
I'll be there for you ('Cause you're there for me too)
No one could ever know me
No one could ever see me
Seems you're the only one who knows
What it's like to be me
Someone to face the day with
Make it through all the rest with
Someone I'll always laugh with
Even at my worst, I'm best with you, yeah
It's like you're always stuck in second gear
When it hasn't been your day, your week, your month
Or even your year
I'll be there for you (When the rain starts to pour)
I'll be there for you (Like I've been there before)
I'll be there for you ('Cause you're there for me too)
I'll be there for you
I'll be there for you
I'll be there for you ('Cause you're there for me too)
I'll be there for you - The Rembrandts (1995)
Par la suite, de nombreuses musiques de mon enfance passèrent. Je m'éclatais à danser sur chacune d'elles quand bien même les paroles m'échappaient, je faisais de mon mieux.
Une heure passa, puis deux, puis trois et enfin la nuit tomba sur l'extérieur en même temps que la fatigue grandissait en moi. Les dernières notes résonnèrent et je me laissais fondre dans le canapé, vidé de mon énergie.
— Petit prince, tu es déjà fatigué ?
— Il faut que je prenne une douche, je pue, décidai-je fermement.
— Bah vas-y, fais comme chez toi. Tu veux que je t'accompagne ?
— Non, c'est bon. Tu iras après moi.
— Bien, tu mangeras après ta douche.
— Oui, papa, lui répondis-je jovialement en fonçant vers la salle de bain.
Nous étions tous les deux dans mon lit, lumières éteintes et le ventre plein. Je cherchais le sommeil qui ne semblait pas décidé à venir me voir. Et si j'en croyais les bruits que provoquaient les allers-retours de Chrysomallos dans lui draps, lui-aussi galérait.
— Toi aussi, t'arrives pas à dormir ?
— A chaque fois que je ferme les yeux, je repense sans cesse à tes petits bruits et à ce putain de fantasme d'exhibitionnisme.
Oh
Re oh
Ah bah ça pour une surprise, ce n'était visiblement pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Il n'allait pas me lâcher la grappe sur cette affaire de sitôt. J'en étais certain. Je sentais mes hormones réagir à ces quelques mots et dans ma tête, tout se mélangeait. Il n'y avait que cette envie de me faire baiser qui dominait toute autre chose.
Je rabattis la couverture pour me libérer de son emprise et sortis du lit, dos à celui-ci. Je me débarrassai de mon t-shirt et me retournai pour montrer à mon amant à quel point la bosse proéminente de mon caleçon était dérangeante.
— Aide-moi.
Deux simples mots, mais il les avait compris. Il descendit ses deux yeux sur mon corps exposé et m'attrapa par les hanches de ses deux mains. Il réussit à échanger nos positions tandis que son poing s'abattit sans aucune pitié sur ma partie intime.
Je couinais à cause de cette insatisfaction constante mais aussi de la douleur qu'il me faisait ressentir. Je sentais mes jambes se crisper et ma tête commencer à tourner lorsqu'il entama des vas-et-viens sur mon membre dur.
— Petit prince, regarde dans quel état tu m'as mis. Tu es fier de toi ? me susurra-t-il à l'oreille tout en donnant un coup de hanche qui me fit sentir son excitation.
— Aide-moi, répétai-je.
— Que veux-tu que je te fasse ?
— Ce que tu veux, mais aide-moi juste putain !
— Tut tut tut, langage, mon amour. Et si j'étais méchant avec toi et que je t'utilisais pour mon propre plaisir sans te laisser atteindre ta libération, tu aimerais ?
Je secouais la tête de gauche à droite visiblement sans grande conviction puisqu'il le remarqua.
— Menteur, je sens à quel point tu es en train de souiller ton caleçon.
Je fermais les yeux et sentais mes jours rougir de honte. Je voudrais me fondre dans le matelas et ne plus revenir, mais je voulais aussi qu'il me bénisse de son corps. Je me sentais relever mon bassin et d'un accord commun, il me débarrassa de mon caleçon. Nu comme un vers, je ne pouvais rien faire d'autre que d'attendre. Attendre qu'il m'utilise comme il l'avait dit plus tôt.
Je sentis une cavité buccale humide encercler le gland de mon pénis, une langue aventureuse se déplacer tout au long de ma queue et une chaleur divine me pomper de la meilleure des manières. Je me mouvais au même rythme que lui tout en accrochant mes bras aux barreaux du lit.
Je ne savais de quelle manière, je parvenais à m'empêcher de gémir, je retenais ces bruits d'une expertise qui m'étonnait.
De ses mains, il caressait chacune des parties auxquelles se doigts avaient accès. Je ne savais par quel miracle, ses mains étaient froides créant un contraste déstabilisant.
Je baissais mon regard vers lui, concentré sur sa tâche précédente. Mais il dut sentir que je le fixais puisqu'il leva les yeux vers moi. Yeux empreints d'une malice et d'un air de défi non négligeables. Ses cheveux soyeux appelaient ma main, je voulais de mes dix doigts déranger la précision chirurgicale qui construisait chacune des parties de son corps, faisant de lui, un être parfait jusque dans ses entrailles.
— Tu m'as appelé à l'aide, non ? Maintenant tu prends ce que je te donne, son intervention ne dura que le temps qu'il fallait. Après cela, il s'attela à nouveau à sa précédente mission.
Il ne me laissait pas le temps de respirer, nous, là encore, il s'amusait encore à contrôler la quantité d'air qui entrait dans ma trachée, alors que l'unique contact qu'il y avait entre lui et moi, était sa bouche sur mon membre.
— P-putain. Arrête-toi.
Ses yeux brillaient d'une lueur victorieuse cette fois. Il avait gagné et je l'avais laissé faire. Il aimait tant gagner qu'il s'était donné les moyens pour. J'allais répliquer mais il ne m'en laissait pas l'occasion puisque d'un habile coup de main, il parvint à me retourner face contre le matelas.
— Maintenant Achille, si tu fais le moindre bruit, ne t'attends pas à ce que je sois clément avec toi.
Je tentais de me retourner pour voir ce qu'il préparait mais sa grande main m'en empêcha en se plaçant devant mon visage.
— Ne bouge pas.
Voyant que je ne me soumettais pas à son second ordre, il se recula pour faire je ne savais quoi. Je savais qu'il me dardait d'un œil autoritaire.
Ne bouge pas.
Je me figeais alors même que je n'allais pas bouger de base. Son autorité s'incrustait dans chacun de mes pores, jusque dans les cellules de mon cerveau.
Alors j'attendis patiemment, soumis aux dangers du temps mais aussi à ceux de l'excitation. Aucun mot ne saurait décrire correctement ce que je ressentais actuellement à l'intérieur de moi. Si ce n'était un feu d'artifice d'émotions aussi contradictoires que complémentaires les unes des autres.
Au bout d'un moment qui m'avait paru s'étendre à l'infini, je sentis le matelas s'affaisser derrière moi. Enfin il montait sur le lit. Mon épiderme était déjà prêt à recevoir son contact, la chair de poule se levait alors que rien n'entrait en contact avec. Je courbais l'échine même si j'étais déjà dans une position vulnérable qui le laissait faire ce qu'il voulait de ma personne.
Mais il ne fit rien.
Pas même un simple effleurement de sa peau sur la mienne.
Pas même un simple souffle sur ma nuque qui n'attendait que cela.
Rien du tout.
— Petit prince, je vais te dire une chose très importante. Ce que je vais faire là maintenant, ne fait pas partie des pratiques sexuelles usuelles. Alors j'ai besoin que tu me dises si quelque chose ne va pas. Exprime-toi de toutes les manières possibles. Tape-moi, pince-moi, insulte-moi. Tu n'auras qu'à faire ça et je m'arrêterai. Tu m'as compris ?
Je hochai faiblement de la tête, désireux de poursuivre mais il n'était visiblement pas de cet avis.
— Non Achille. Tu dois me le dire clairement. Qu'est-ce que je t'ai demandé ?
— De te faire signe au moindre souci, au moindre inconfort, prononçai-je d'une voix que je ne reconnus pas en tant que mienne. Enfin il s'agissait de la mienne, mais en plus grave, empreinte de mon excitation momentanée.
— Bien, je ne te dirai pas ce que je ferais alors je compte sur toi pour me guider. Tout comme moi, je te guiderai. Si cela ne te plaît pas, alors tu n'auras qu'un mot à dire et je m'exécuterai.
Je ne savais que faire, je ne savais que dire. Il devait sentir que je n'étais pas complètement détendu, que j'avais le souffle légèrement plus court que d'habitude, un peu erratique même. Que mes épaules étaient crispées. Mais surtout que mes mains tremblaient un peu, emportant avec elle le reste de mon corps.
Je ne bougeais pas, paralysé par le fait de ne pas savoir. Mais je lui faisais confiance.
Je lui faisais tellement confiance que j'accepterais de traverser la mort avec lui, s'il me le demandait.
Je le sentis bouger derrière moi, ce qui augmenta d'un cran mon appréhension. Puis je sentis un tissu au parfum floral me barrer la vue. Me privant d'un de mes sens, le plus primordial à mon avis. Il ne partit pas, non. A la place, il laissa une traînée de baisers sur ma nuque en prenant garde à embrasser mes omoplates et chaque parcelle de peau qu'il croisait. De ses grandes mains, il massait pour défaire les nœuds que formaient mes nerfs.
Il prenait tout ce temps, sans jamais laisser paraître un seul signe de lassitude ou d'empressement. Pas une seule fois. Non jamais. Il était patient, et il procéda ainsi jusqu'à ce que mon corps entier soit détendu. Complètement.
— Bien. Je vais changer de position. N'oublie pas. Dès que ça ne va pas, tu me dis.
Il me laissa juste le temps pour refuser, chose que je ne fis pas. Bien évidemment.
J'étais là, allongé sur le ventre dans mon lit, les yeux bandés. A la merci de tout le monde et de personne.
J'eus presque le temps de prendre peur puisque je ne le sentis plus dans mon dos. il avait soudainement disparu.
Du calme Achille, du calme. Tu es maître de la situation, tu peux tout arrêter à tout moment.
Etrangement, il ne suffit que de cela pour que je me calme.
— Quelle belle peau laiteuse, remarqua Chrysomallos en passant sa main baguée sur ma cuisse droite.
Depuis quand portait-il des bagues ?
— Comme j'ai hâte de la marquer d'une couleur rougeâtre.
Je frémis d'impatience, j'arquai inconsciemment mon corps vers lui.
— Oh, Achille, c'est ce que tu veux ? me demanda-t-il alors même que la réponse était à sa portée. Achille, est-ce que tu veux que je te fesse jusqu'à ce que tu ne sentes plus ton postérieur ? répéta-t-il en remarquant l'absence de réponse.
Mais je craignais que ma voix ne craque si je tentais de faire sortir le moindre son de ma bouche. Je ne m'y résignais pas, privilégiant le langage corporel. Je tendis mes fesses vers l'arrière tout en gainant mes cuisses. Je sentais mes bras trembler mais ce n'était pas de la peur cette fois, c'était de l'excitation mêlé à de la hâte.
Putain, Chrysomallos, fais quelque chose, n'importe quoi. S'il te plaît... le suppliais-je.
— Langage ! me réprimanda-t-il d'une claque sur la fesse gauche.
Je fus pris d'un soubresaut avant que mon corps ne se remette de lui-même dans la position initiale.
— Tu en reveux en plus ? se moqua légèrement Chrysomallos dans mon dos.
Il réitéra ce mouvement, plusieurs fois, en alternant aux divers endroits, me faisait bien sentir la présence de ses bagues.
Une vague de claques résonnèrent en même temps que la pléthore de gémissements incontrôlés que mon corps produisait. Mais au bout de la dixième, si ce n'était plus, je ne me sentis plus capable d'en supporter davantage. Alors je fis ce que mon corps conçut comme étant le plus naturel, je m'appuyai sur mes deux jambes et basculais sur le dos, échappant à ses assauts sur mes fesses.
— C'est bien, petit prince. Très bien, même.
De légers sanglots me prirent mais je n'avais pas mal là. Non, sur l'instant T, ça me brûlait de l'intérieur avant que cela ne se transforme en dopamine et ne se distribue sur le reste de mon corps. Chrysomallos me câlinait, suçotait mon téton de façon experte tout en me chuchotant des douceurs. Non sans omettre de relever ce morceau de tissu pour me rendre ce qu'il m'avait privé plus tôt.
Il faisait cela avec une patience inégalable, me considérant comme un oisillon sous son aile. Nous étions affalés l'un sur l'autre sur le matelas, mais je savais que ce n'était que le début de cette nuit de folie. Qui pouvait prédire le temps qu'elle allait durer ?
Cela dura un moment avant que je ne lui fasse signe que c'était okay. Qu'il pouvait passer à la suite sans soucis. D'un seul mouvement, il baissa à nouveau le bandeau sur mes yeux, me faisant embrasser le noir de ma vision, et il se releva. Il partit chercher un petit quelque chose et revint vers moi. Il grimpa sur le lit et je le sentis en atteindre la tête grâce à l'affaissement du matelas à chaque centimètre gagné.
Il prit délicatement mes deux mains et les releva au-dessus de ma tête. Et j'étais bien trop haut perché dans mon précédent plaisir que je ne me rendis pas compte qu'il les avait en fait attachées aux barreaux, m'empêchant ainsi d'esquisser le moindre mouvement.
J'étais dans la même situation que tout l'heure, si ce n'était que je ne me trouvais plus sur le ventre, mais sur le dos. Mes fesses précédemment rougies frottaient contre le tissu du drap et m'empêchaient d'oublier leur précédant traitement, me faisant le ressasser encore et encore.
— Achille, arrête de te tortiller.
Ce n'était pas ma faute, je ne le faisais pas exprès. Mais toute cette imagination obscène avait un impact direct sur mon bas-ventre, provoquant un excès de tout.
— Ca ne t'a donc pas suffit ? Tu en veux encore ?
En voulais-je encore ? Mon corps ne le supporterait sûrement plus très bien. Mais en avais-je besoin ? Je secouais lentement de la tête et tentais du mieux que je pouvais de m'immobiliser. Je voulais la suite, qu'importe ce qu'il avait préparé.
Je sentis soudainement sur l'épiderme de ma cuisse, un nuage froid se déposer. Un nuage froid et léger. Doux et onctueux, il devait être. D'autres points comme celui-ci se déposèrent un peu partout sur mon corps. Ma poitrine, mon ventre, mes bras, mes jambes, mes clavicules et même l'une de mes aisselles ne furent pas épargnés. Il faisait cela, mais je n'avais aucune idée de ce qu'il avait derrière la tête.
J'étais donc ainsi, bouillant d'excitation avec des pointes de fraicheur sur ma peau. Attendant patiemment qu'il entreprenne quelque chose.
Ce fut chose faite, en effet, il lapa de sa langue mon pectoral droit ce qui me sembla être de la crème fouettée. Ce simple geste envoya des soubresauts partout dans mon corps comme s'il avait effleuré un nerf mais que les effets étaient inversés. Et il poursuivit jusqu'à ce que je ne sente plus qu'une simple zone pas nettoyée. Mais il marqua une pause, me rendant bien trop impatient.
J'étais soumis à ses désirs les plus pervers et la seule fonction qu'il me trouvait était d'être son assiette ?
Il passait autre chose sur moi pour en récupérer la crème. Puis il amena ce quelque chose à ma bouche que je gardais obstinément fermée.
— Ouvre.
Je voulais voir comment il me forcerait à le faire.
— Je ne le répéterai pas, Achille.
Quand il prononçait mon prénom, cela voulait dire qu'il perdait patience. Mais je voulais le pousser à bout.
— Bon, eh bien tu ne me laisses pas le choix.
D'une main, il encercla ma gorge de ses doigts. Il ne laissait plus l'air passer ce qui me força, au bout d'un moment, à ouvrir la bouche. Il profita de la recherche d'oxygène pour enfoncer cette chose sur ma langue. Je croquai, c'était doux et sucré.
— Tout ce cinéma pour une pauvre fraise, Achille. J'espère qu'elle est bonne au moins.
Je hochai vivement de la tête pour lui signifier que oui, elle était bonne.
— Bien, tu es prêt à passer à la suite ?
J'étais né prêt.
— Il est temps de te préparer maintenant, petit prince.
Il fit à nouveau entrer quelque chose dans la bouche, alors je croquai. Mais c'était dur et pas mangeable. Il fallait en fait que je l'enduise de salive. Cette chose avait la forme d'une grosse fraise de verre. Moins épaisse que la circonférence de Chrysomallos, elle ne passait néanmoins pas inaperçue. De son autre main, il partit à l'exploration de mon entre-jambe. Préparant mon corps au mieux à la suite.
Il était fort probable que je décède à la fin de ces ébats, mais au moins j'y aurais pris mon pied.
Mon pénis me faisait mal à force d'être ignoré. Et je sentais que la seule attention qu'on lui accorderait était au début lorsqu'il m'avait fait cette gâterie buccale.
Lorsque trois de ces doigts passèrent aisément par mon anus, il décida que c'était bon et fit pénétrer le jouet dans mon intérieur.
— Achille, je vais te délier les mains du sommier mais tu vas les garder attachées. Je veux que tu me suces.
Ma dernière fellation devait dater, j'aimais cette pratique mais je n'avais pas eu très souvent l'occasion de la lui faire. Comme promis, il enleva le foulard pour le rattacher sans la barre du lit et se coucha sur le lit. Ma vue m'était toujours arrachée alors je cherchais la bonne position à l'aveuglette sous les rires discrets de mon compagnon.
Je ne pouvais pas me servir de mes mains.
C'est challengeant.
Mais il m'avait fait tant de bien depuis le début de la nuit que je me devait de lui rendre la pareille. Il était allongé sur le dos juste à côté de ma précédente position. Il avait retiré son caleçon et je lui en étais reconnaissant.
Je l'enjambais d'un mouvement qui j'espérais était sensuel de son point de vue. Puis je m'attelais à cette tâche. Je m'appliquais. Je souhaitais être à la hauteur de sa précédente performance. Sa grande main attrapa une poignée de mes cheveux et il donna lui-même le rythme. Si quelques minutes auparavant j'avais peur de ne pas être suffisant, ses cris gutturaux me confirmaient tout l'inverse.
— Putain, Achille, tu es si bon.
Il n'accepta pas de relâcher ma tête avant de s'être déversé en moi et sur moi. Une quantité astronomique de sperme qui recouvrit une bonne partie de mon visage, coulant directement sur mon cou découvert. Il profita de cet instant d'égarement pour arracher ce tissu de mes mains.
— Et si beau, je te peindrais comme ça si tu n'étais pas si nécessiteux.
Je voulais qu'il me peigne ainsi, voir ce que cette vision érotique provoquait chez lui. La peinture était un art par lequel on pouvait s'exprimer de mille et une manières différentes. Et je voulais désormais découvrir son interprétation de moi, ainsi offert à lui, couvert de ses sécrétions orgasmiques.
Mais pouvais-je attendre qu'il finisse de peindre avant de jouir à mon tour ?
— J-je veux.
— Tu veux quoi, petit prince, parle clairement.
Je ne savais moi même pas ce que je voulais à ce moment. Je tentais de peser le pour et le contre mais à l'intérieur de moi, je savais que lui demander de me peindre était l'unique issue de ce cul-de-sac.
Je descendis du lit pour me mettre sur mes pieds, je trébuchai à plusieurs reprises à cause des fourmillements que je ressentais encore dans mes jambes. Je fouillais dans les placards de la chambre quand je sentis, dans mon corps des vibrations. D'abord faibles, Chrysomallos n'hésita pas à en augmenter la cadence, radicalement. Je manquais de près, la rencontre avec le sol.
— M-mon dieu, t'as pas osé quand même !
— On parie ? dit-il de manière rhétorique tout en amenant le jouet à ses capacités maximales.
— Oh, p-putain. Calme ce truc, merde.
— Langage, je ne me le répèterai pas, Achille, me gronda-t-il en éteignant cet objet de Satan.
Mais maintenant je n'avais plus aucune stimulation, je pus m'empêcher de justesse de gémir à cette perte. J'affichais une mine un peu ronchonne, comme celle d'un enfant mécontent avant de poursuivre mes recherches. Rapidement je tombais sur les objets de ma convoitise : quelques pinceaux et une toile ainsi que sa palette de peinture.
Parfait !
— Tu es sûr que tu ne veux pas que je m'occupe de toi tout de suite ?
Si, je le voulais tellement. Mais je m'empêchais de le penser parce que je voulais me voir en peinture, encore une fois.
— T'en fais pas, ta seule contrainte sera de devoir me peindre pendant que je me toucherai.
— Petit prince, c'est excitant de te voir prendre les devants, tu sais ?
— Au boulot avant que je change d'avis.
Sans discuter, il se posa derrière le chevalet et me donna quelques instructions. Je me plaçais comme il le voulait, sur le dos, les yeux dans les siens et les cheveux étalés à la manière d'une auréole.
Je respectais aussi ma part du marché en relevant mes jambes et en les écartant plus que nécessaire pour avoir accès à ma queue. Je ne comprenais pas pourquoi Chrysomallos souriait narquoisement derrière son chevalet, mais je n'allais sûrement pas tarder à le savoir.
Je n'avais pas tort sur ce point-là puisque la seconde suivante, je sentis l'objet vibrer à nouveau en moi, envoyant des sensations euphoriques dans tout le reste de mon corps, provoquant des frissons de plaisir sur tout mon corps et créant des sons aigus qui sortirent de ma bouche.
— Voilà, là c'est équitable, me fit remarquer Chrysomallos sans quitter son sourire en coin. Maintenant, touche-toi. Tu avais dit que tu le ferais, petit prince.
Il ponctua sa phrase d'un regard empli de malice, encore. Il ne me lâcha pas des yeux et me faisait comprendre que je devais m'exécuter. Sinon je risquais de le regretter.
Je tentais de trouver la position dans laquelle je sentirais moins ce jouet vibrer si fort contre mes parois mais j'avais l'impression qu'à chaque mouvement de mon corps, je ne faisais qu'aggraver les choses.
Je ne voulais pas énerver davantage Chrysomallos alors je me mis aléatoirement sur le dos tout en missionnant mes mains de se balader un peu partout sur mon corps. Je l'entendis prononcer un "bien" avant que le silence ne règne au milieu de mes bruits quelque peu honteux.
Il relevait de temps à autres les yeux de sa toile pour me complimenter. Jamais il ne m'interdît de venir, pas aucune fois. Je savais même que j'étais libre de jouir autant de fois que je le souhaitais. Mais une partie de moi ne le voulait pas.
Je veux jouir grâce à sa queue.
— Je sais, petit prince. Encore un peu de patience et je t'honorerai comme ton corps divin le mérite. Promis.
Je filtrais mal ses mots. Je perdais la tête à force d'être ainsi stimulé. Je ne voulais pas laisser cette boule quitter mon estomac tant qu'il ne serait à l'intérieur de moi.
Putain, arrêtez cette torture idyllique.
— Du calme beauté, je vais très bientôt m'occuper de toi.
J'entendais très bien son ton moqueur dans sa voix, je voyais presque son sourire en coin qu'arborait son visage. Mais je me devais de garder les yeux fermés. Juste le fait de le voir nu se révélait être un aphrodisiaque. Parce que son corps dans son entièreté n'était autre qu'un péché. Et fréquenter un homme comme lui s'apparentait à voler bien trop près des flammes, quitte à s'en brûler les ailes.
— Chrysomallos, tu es un péché vivant putain.
— Si tu le dis. Maintenant tu fermes ta gueule et tu continues.
— Pff, fis-je sans pour autant aller à l'encontre de ses ordres.
— Bien. Bon garçon.
A peine dix minutes plus tard, il traça sa dernière ligne de couleur. Il leva pour la énième fois les yeux de sa toile pour les ancrer dans les miens. Il exerçait une telle force sur moi que je fus obligé de soulever mes paupières.
Il engloba les trois pas qui nous séparait d'une seule enjambée. Puis souffla de sa voix grave à mon oreille.
— Petit prince, comment veux-tu que je te prenne ?
— Comme tu veux mais juste dépêche-toi, putain.
Il tira par mes deux pieds jusqu'à ce que je me retrouve au bord du lit.
— Comme je veux, tu as dit ? Et si moi, je veux juste te baiser jusqu'à ce que tu pleures ?
Je ne traitais pas correctement ses paroles. Je ne saisissais même plus ses mots. Non. Il n'y avait que sa voix grave qui ne faisait que de me rendre plus dur encore. Cet homme allait me rendre fou, j'étais fini.
Voyant que je ne disais rien, Chrysomallos me regarda dans les yeux s'assurant de mon bien-être. Je n'étais physiquement pas capable de quoi que ce soit. En fait, je voulais juste qu'il fasse quelque chose, ce qu'il voulait, je m'en contre-fichais. Je voulais juste venir avec sa queue entre mes jambes.
C'était mon unique souhait.
Sans même que je ne me rende compte de quoi que ce soit, je me retrouvais sur le ventre, la tête dans le matelas, les cuisses sur le bord.
Putain, je sentais que j'avais tellement hâte de ce moment que le temps s'allongea juste pour le plaisir de me faire d'autant plus patienter.
Je ne voulais plus que le ressentir lui, je voulais tellement apprécier ce moment à 100% que je bloquais ma respiration. J'avais mis tout mon corps en alerte comme si un danger imminent arrivait alors qu'il s'agissait de tout l'inverse.
Je crus fondre d'un mélange de joie et de colère juste lorsqu'il saisit le plug entre ses deux doigts pour le déplacer de gauche à droite sans pour autant le retirer. Il joua avec quelques instants avant de le laisser retomber sur le lit, à côté de moi.
Il caressait mes cheveux, mon ventre et mes cuisses tout en plaçant sa propre jambe sur le lit et en gardant la seconde dans le sol. Ensuite, quand il se trouva dans la bonne position, il remonta sa main gauche sur mon cou, alors qu'elle était précédemment sur ma poitrine. Ainsi, il releva presque mon dos contre son torse avant de me chuchoter quelques mots inintelligibles à l'oreille.
Lorsqu'enfin je sentis son gland contre ma fente, je crus crier de joie. Hurler de frustration quand il tourna autour comme la balle de golf qui ne voulait pas rentrer dans le but. Re crier de joie lorsqu'il décida finalement de me faire plaisir après toute cette frustration.
— Putain, je suis si bien. Je voudrais rester ainsi toute ma vie, Achille.
— Qu'est-ce qui t'en empêche ?
— Si je restais ainsi toute ma vie, comment pourrais-je voir ton beau visage ? Qui te ferait à manger ?
Il est vrai que vu ainsi...
— Je t'ai entendu, espèce de profiteur.
Je ne savais que répondre et dans tous les cas, il ne m'en laissa pas l'occasion puisqu'il quitta entièrement mon antre avant d'y revenir avec tant de puissance et de ferveur que je crus qu'il allait me casser en deux.
Il n'avait presqu'aucun appui alors que moi, je me sentais obligé laisser l'intégralité de mon corps sur lui. Alors que je sentais ce nœud si serré en moi enfin commencer à se défaire, je crus que mon âme allait par la même occasion se séparer de mon corps.
Si je ne laissais pas mon poids reposer complètement sur sa main, je l'aurais fait à ce moment. Il n'avait à aucun moment éloigné sa main de mon cœur, non, au contraire, il m'aida à me coucher sur le lit tout en accompagnant ma descente. La descente physique mais aussi la descente spirituelle.
— Tu vas bien, petit prince ?
— Hein ?
Voyant qu'il se mit à rire face à mon incompréhension, je ne pouvais que le suivre dans ce sentiment léger, qui amortissait ainsi la brume du plaisir qui peu à peu s'évaporait.
— Alors ? Tu vas bien ? répéta-t-il après s'être légèrement calmé.
Comment cela ne pouvait-il pas être le cas alors que nous étions tous les deux étreints sur un lit ? Bien sûr que j'allais bien.
Je haussais un sourcil face à sa question tellement je la trouvais absurde. Quelle idée même de la poser ?
— A la douche maintenant. Il faut que tu reprennes tes esprits rapidement qu'on fasse le point ensemble sur ce qu'on garde ou non comme pratique.
Douche ?
Il ne me laissa à peine le temps de me rendre compte de la situation que mes fesses décollèrent du lit. Je me blottis dans ses bras, la tête enfoncée dans on cou tandis que de sa grande main il caressait mon dos tout en chuchotant dans mots doux.
Je n'avais pas remarqué que l'entièreté de mon corps tremblait légèrement. Et qu'il avait pris cela pour un effroi soudain. Loin de moi cette idée. Mais j'étais bien trop bien contre son corps massif pour émettre le moindre signe d'opposition.
Il m'emmena dans une pièce que je n'avais encore jamais vue. Il n'y avait rien d'autre qu'une baignoire et un lustre led qui illuminait toute la zone. Notamment des rideaux noirs opaques présents aux quatre plans de la pièce.
Il me posa les deux pieds sur le sol et maintint ma taille pour s'assurer du retour de mon équilibre.
— Reste ici quelques minutes, je vais préparer le bain.
— Oui, oui, vas-y.
Je ne détournais pas le regard de ces mystérieux rideaux, une voix enfantine me soufflait de les ouvrir pour découvrir ce qu'il se cachait derrière. Je m'avançais prudemment et d'une main peu assurée je tirai un pan de rideau. Mes yeux durent s'habituer à l'obscurité pendant quelques secondes mais lorsque ce fut faire, je pénétrais dans ce nouvel endroit.
Une atmosphère humide régnait ici, la lumière s'alluma automatiquement en détectant ma présence mais je sentais bien que l'ampoule était défaillante. Il y avait toutes sortes d'artefacts, de couronnes, de bijoux... et de tableaux ici. Des dizaines de tableaux étaient empilés à la verticale, je voyais ceux du fond prendre la poussière alors je déduisis que ceux de devant étaient les plus récents. Une femme et un homme revenaient souvent. Ils étaient tantôt ensemble, tantôt séparés. Ils avaient tantôt une expression heureuse au visage, tantôt une expression triste ou colérique.
Puis, je me vis. Le tableau qu'il avait peint après notre première nuit ensemble. Celle où j'étais emmitouflé dans les draps. Celle où j'avais réellement l'air d'être un ange descendu des cieux.
— J'ne te dérange pas trop, petit prince ? me surprit Chrysomallos en apparaissant derrière mon dos.
Il m'attrapa par la main pour me mener à la baignoire, celle-ci était pleine avec des pétales de rose et de la mousse qui en débordait.
Il s'installa le premier et écarta les jambes afin que je puisse me placer entre elles. Je passais prudemment un pied par-dessus la paroi froide et le deuxième suivit. Mais je ne voulais pas me retrouver dos à lui, alors je descendis en lui faisant face. Je voulais me perdre dans ses yeux et loucher sur ses lèvres pleines.
— Tu es sûr d'être bien installé là, petit prince ?
Je n'avais pas eu d'autres choix que de me mettre à califourchon sur ses cuisses. Je fondis sur son torse tandis que mon visage retrouva son refuge dans son cou. Rapidement il encercla ma taille de ses bras solides.
— Je t'aime, Chrys.
Un silence plana après ma déclaration, en relevant la tête, je vis ses yeux grands ouverts de la même façon que ses lèvres étaient séparées.
C'est la première fois que je le lui disais si spontanément.
En remarquant l'inquiétude sur mon visage, il embrassa rapidement mon front avant de souffler d'une voix distraite.
— Moi aussi, tellement fort, petit prince.
L'eau cachait chaque partie de nos corps jusqu'à la taille, tandis que celles qui n'étaient pas submergées s'appelaient à chaque seconde qui passait. Je me sentais comme un toxicoman, devenu accro qu'au moment où je m'y attendais le moins, mais bien trop enfoncé pour ne serait-ce qu'espérer en ressortir.
Chaque partie de mon corps était avide du sien à un tel point que je ressentais l'envie viscérale de me lier à nouveau à lui. Ses mains trainaient, effleuraient ma taille, mais j'avais besoin de plus. Qu'il m'empoigne jusqu'à ce que je ressente l'empreinte de ses doigts sur mes côtes même quand il romprait son contact.
J'avais besoin de lui. Mais pas seulement de lui.
Une partie bestiale de ma personne était remontée, je ne ressentais plus que le besoin de m'accoupler. Comme si j'avais un succube pour ancêtre et que ce gène ne se réveillait que maintenant.
Je fondis sans trop tarder dans sa nuque, mordillant de mes dents chaque morceau de peau que je voyais. Je l'entendais gémir contre mon oreille et sentais sa prise sur mon bassin se resserrer.
Je ne pouvais me satisfaire de ce que j'avais, non. J'avais besoin de me servir moi-même si je n'avais pas ce que je voulais.
Alors ce fut ce que je fis. J'empoignais d'un habile coup de main son membre contre ma paume. Et sans même avoir besoin de guider, elle s'emboîta dans mon intimité comme si là avait toujours été sa place.
— Tu n'en as pas eu assez tout à l'heure ?
— Jamais avec toi, Chrys. Je compte bien te vider ce soir.
Je ne lui laissais pas le temps d'en dire davantage que je scellais nos lèvres tout en approfondissant mes mouvements à chaque descente.
Ainsi nous partagions nos sons obscènes dans le silence bien plus symbolique que n'importe quelle prise de parole, aussi importante était-elle.
Je voudrais rester lié à lui, à tout jamais.
Je me réveillais contre un torse dur. Ma tête enfouie contre des pectoraux dessinés, mon torse collé à son semblable. Mais surtout, je me sentais entier.
— Tu es réveillé, petit prince ? Je peux bouger ?
— Bah oui, pourquoi tu pourrais pas, je ne compris que lorsqu'il bougea. Oh. Oh, me répétai-je en réalisant. O-on a dormi comme ça ?
— Il faut croire que oui, tu ne m'as pas laissé partir. Tu ne te souviens pas, petit prince ?
— N-non.
Ces mots sonnèrent faux sur ma langue lorsque je les prononçais. En effet, une ribambelle d'images naquit dans mon esprit. Chacune d'entre elles avait le don de faire grandir ce sentiment de gêne en moi.
— Tu ne te souviens pas, Achille ?
Si ?
Je me revoyais debout, au milieu de la pièce, une expression que je ne me connaissais pas au visage. J'avais les poings serrés et mes yeux jetaient des éclairs à mon amant. Lui aussi était debout, face à moi, juste devant le lit.
Je fis un pas en avant, bien trop confiant pour que ce ne soit que moi. Chrysomallos, lui, me défiait du regard.
— Putain, j'ai vraiment fait ça ?
— Fais quoi, mon amour ? Je peux te laisser, je vais préparer de quoi manger, tu dois avoir faim, non ?
Me laisser moi et mes images obscènes ?
Je le vis se traîner au bord du lit de quelques gestes fluides et ne pus m'empêcher d'effleurer la peau de mes cuisses, là où ses grandes mains étaient pas plus tard que la veille. Il se contenta de briser sa nudité avec un simple caleçon.
Ne me dites pas qu'il va cuisiner nu et que je vais devoir rester ici ?
Je me levais prestement et effilai une robe de chambre pour le suivre. Avant cela, je me rendis aux toilettes et lorsque je faisais mes besoins une nouvelle image apparut. Moi dans cette exacte position, jambes fléchies sur le lit, Chrysomallos sous moi.
Cher cerveau, calme-toi s'il te plaît. Cordialement, Achille.
Arrivé à la cuisine, je m'installais directement sur une de ces chaises, et j'attendis simplement. A chaque mouvement de ses bras je voyais les muscles de son dos rouler. Je tentais de m'empêcher de le détailler trop précisément mais c'était peine perdue, mes yeux descendaient seuls.
Il se retourna, sûrement pour apporter ses préparations à la table et ce simple geste me rappela autre chose. Lui et moi, nus, après la douche lorsque je le retournais d'un coup de main pour le plaquer contre le mur.
Wow, il faut que je me calme.
— Oh, tu es là. Je ne t'ai pas entendu arriver. Tu aurais dû te manifester, petit prince. Tu es là depuis longtemps ?
— Non, t'inquiète pas. Et si nous allions manger ?
Sans l'attendre je m'attaquais aux plats, la diversité de ceux-ci me ferait toujours halluciner. Je mangeais avec appétit, s'il me disait que j'avais des papillons dans les yeux, cela ne m'étonnerait nullement.
— Dis, Achille. J'ai pu réfléchir ce matin pendant que je cuisinais.
— Oui ? A quel propos ?
— Je voudrais rentrer chez moi. Avec toi.
— Maintenant ?
— Non, pas forcément. Mais tout de même assez rapidement, d'ici deux-trois jours ? Si tu le veux, bien sûr, petit prince.
— J'irai partout où tu iras.
Ces dernières heures ici passèrent à une vitesse folle. Nous en avions profité pour visiter les alentours, écouter le chant des oiseaux et les accompagner, danser sur les airs de basse. Nous avions mangé comme des ogres, danser sous la pluie, dormi comme des marmottes.
Nous avions fait tout ce qui caractérisait l'enfant comme tel avant de devoir rejoindre la vie d'adulte.
La vie d'adulte.
C'était quelque chose qui me paraissait bizarre à réaliser.
La vie d'adulte.
On disait souvent d'elle qu'elle était enviée durant l'enfance mais rejetée une fois ce stade arrivé.
Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que je ressentirais, moi.
Je ne l'avais jamais connu, moi, cette vie d'adulte. J'avais juste connu la guerre durant la moitié de ma vie.
— Chrysomallos, ça fait quoi d'être un adulte ? lui demandai-je alors que nous venions de nous coucher. Est-ce que ça fait peur ?
— Petit prince, ça te fait peur ? Rien ne t'empêche de grandir en étant toujours un enfant. Les grands enfants existent aussi. Et puis, tu peux alterner. Un jour tu es un enfant, un autre, tu seras un adulte. Tu n'es pas obligé de faire quoi que ce soit si tu n'en as pas envie. On peut même rester ici si tu veux !!
— Nan, j'ai dit qu'on partirait, alors on partira.
— Bien, mais si tu ressens la moindre réticence, fais-le moi savoir. Dac ?
— Promis.
— Allez, dors maintenant, nous partons tôt demain matin.
Je me mis dos à lui afin de ne pas laisser mes pensées partir trop loin. Je fermais mes paupières pour trouver le sommeil. Morphée m'accueillit vite dans ses bras cette fois et m'emmena loin de toutes mes craintes, auprès de mon défunt meilleur ami.
— Patrocle, tu es là !
— Mais Achille, je suis toujours là, me répondit-il en pointant mon cœur.
— Pourquoi tu es triste ? Il s'est passé quelque chose ?
— Non, regarde, je souris !
— Patroooocle dis mooiiii. Je veux savoir. Tu peux tout me dire, tu sais ?
— Bon d'accord. Jenepourraisplusrevenirtevoirdanstesrêves.
— Attends, quoi ? Articule, steplaît.
— Je pourrais plus venir te voir dans tes rêves, Achille. C'est la dernière fois.
— Quoi ? Mais pourquoi ?
— Maman m'a rejoint hier, et elle veut plus que je la quitte. Aujourd'hui elle m'a juste laissé te souhaiter mes adieux.
— Ah, euh okay alors.
Je ne pouvais empêcher mes larmes de me monter aux yeux. Était-ce cela la vie d'adulte ? Laisser partir les gens que l'on aime sous prétexte qu'ils évoluent de leur côté ?
— J-je veux pas grandir, dis-je en reniflant.
Je sentis un bras sur mon épaule, Patrocle ?
— T-tu peux me toucher maintenant ?
— Chuut, Achille. Tout le monde grandit, c'est inexorable. Mais vois le bon côté des choses, tu as le droit de sauter tout habillé dans la piscine sans que personne ne vienne te gronder une claquette à la main. De manger 5 goûters. Si ça c'est pas génial, je sais pas ce que c'est.
— Oui mais tu seras plus là, toi.
— Mais Chrys, si. Je sais qu'au début je n'étais pas en faveur de votre relation, mais j'ai vu qui c'était. C'est le bon, Achille. Et puis, s'il te fait du mal, j'échapperai à la surveillance de maman pour lui botter le cul. Et il va les sentir passer moi je te dis.
Je riais de bon cœur à ses conneries. Il parvenait toujours à me remonter le moral.
— Achille, je te surveillerai toujours de là-haut. Mais je t'en supplie, arrêtez de baiser si fort, je galère à dormir.
— Tu peux me prendre dans tes bras ? lui demandai-je en ignorant sa précédente remarque.
— Tu veux me vider de mon énergie ? Allez, fais pas cette tête, viens là ! Je t'aime Achille. Je sais que tu vas être épanoui avec lui. tout se passera bien. Et ne t'en fais pas pour moi, j'ai bien vécu.
— Si la mort n'a pas de prix, la vie n'a pas de valeur, nous récitâmes cette phrase. Celle que j'avais choisi d'honorer après son départ dans les cieux.
Si la mort n'a pas de prix, la vie n'a pas de valeur.
Nous nous fîmes un dernier câlin avant que je ne le voyais partir au loin et disparaître finalement dans un nuage de fumée.
Je me réveillais différent. Patrocle n'avait jamais été loin de moi et je ne le réalisais que maintenant. Je sentais sa présence dans chacun de mes pores. J'étais comme un homme nouveau et complet. Mais en même temps, je me sentais vidé, pour X ou Y raison.
— C'est bon ? Tu n'as rien oublié, Achille ?
Cela faisait 2 jours que Patrocle m'avait fait ses adieux, et 2 jours que j'étais resté dans un état proche de la dépression. Chrysomallos m'avait répété un nombre incalculable de fois que c'était normal. Il m'avait raconté la manière dont il avait fuir sa maison à cause de ses sujets qui ne l'acceptaient pas sous sa forme bestiale, l'œuvre d'Athéna, puisqu'il refusait en premier lieu de remplir sa mission, et donc il se retrouva obligé de laisser sa famille derrière lui, pour la protéger des vices du peuple et de la déesse.
Après cela, m'avait-il dit, il s'était retrouvé dans un état si mauvais, dans ce même logement, dans un état si mauvais, qu'il avait songé à de nombreuses reprises de ne pas passer le lendemain parmi les vivants.
Merci qui vous voulez, il ne l'a pas fait.
Il se morfondait dans cet appartement, le cœur en miette, l'esprit en vrac. Son apparence humaine en ces lieux était une malédiction puisqu'il la perdait chaque fois qu'il souhaitait rentrer chez lui.
Mais le plus important était qu'il allait mieux. Il s'était repris car la vie était un don du ciel et qu'il fallait en savourer toutes les facettes. Pareille à une montagne russe, elle connaissait des hauts et des bas. Les bas les plus longs faisaient des hauts les plus sensationnels.
Il n'avait pas baissé les bras car il m'attendait.
Nous nous cherchions sûrement sans cesse depuis la nuit des temps.
— On y va ?
— J'arrive, affirmai-je en jetant un dernier coup d'œil à l'appartement.
Là où notre histoire avait commencé, mais aussi là où elle ne terminera pas.
Sur le palier de la maison se trouvait une décapotable. Une belle voiture rouge dont la carrosserie brillait au soleil.
Je me mis à rire aux éclats.
— Où tu l'as eue ?
— C'est la mienne, je l'avais cachée dans les buissons derrière la maison.
Cet homme était tout plein de ressources alors je n'avais pas de questions à me poser. Toutes nos affaires étaient déjà soigneusement entreposées dans ce coffre géant alors je pris place sur le siège passager et Chrysomallos démarra au quart de tour.
Je ne sus combien de temps le voyage durant puisque je m'étais assoupi à cause des bercements réguliers du véhicule. Ma tête callée contre la fenêtre, les oreilles soignées par cette douce mélodie produite par les cordes vocales de mon compagnon.
Je le surprenais de temps à autres en train de fredonner des airs de musiques plus ou moins connues.
Tu me manques
Dire cela fait que tu me manques encore plus
Tu me manques
Même si je regarde ta photo
Le temps est tellement cruel, je nous déteste
Pour une fois, nous voir est maintenant trop dur pour nous
Mon cœur court sur le temps
Je veux aller à l'autre bout de la Terre
En tenant ta main
Pendant combien de temps devrions-nous attendre en regardant la neige tomber
Pour avoir les jours de printemps, Ami
Comme une petite poussière, petite poussière flottant dans l'air
Est-ce que j'arriverai à toi plus rapidement
Si j'étais la neige dans l'air
Les flocons tombent
Et vont plus loin petit à petit
Tu me manques (Tu me manques)
Tu me manques (Tu me manques)
Combien de temps dois-je t'attendre
Et combien de nuits blanches dois-je passer
Pour te voir (Pour te voir)
Pour te rencontrer (Pour te rencontrer)
Passer par l'hiver froid
Jusqu'aux jours de printemps
S'il te plaît reste, s'il te plaît reste ici un peu plus longtemps
Est-ce toi qui as changé ? (Est-ce toi qui as changé ?)
Ou est-ce que c'est moi ? (Ou est-ce que c'est moi ?)
Je déteste ce moment, ce temps qui passe
On a changé tu sais
Comme tout le monde tu sais
Oui je te déteste, tu m'as quitté
Mais je n'ai jamais arrêté de penser à toi
Pas même un jour
Pour être honnête tu me manques, mais je t'effacerai
Parce que ça me blesse moins que de te blâmer
J'essaie de t'expirer en douleur
Comme de la fumée, de la fumée blanche
J'ai dit que je t'effacerai
Mais je ne peux pas vraiment te laisser partir maintenant
Les flocons tombent
Et vont plus loin petit à petit
Tu me manques (Tu me manques)
Tu me manques (Tu me manques)
Combien de temps dois-je t'attendre
Et combien de nuits blanches dois-je passer
Pour te voir (Pour te voir)
Pour te rencontrer (Pour te rencontrer)
Tu connais tout ça
Tu es ma/mon meilleur(e) ami(e)
Le matin viendra à nouveau
Tu me manques (Tu me manques)
Tu me manques (Tu me manques)
Attends un peu, juste quelques nuits
Je serai là pour te voir (J'irai là-bas pour te rencontrer)
Je viendrai pour toi (Je viendrai pour toi)
Passer par l'hiver froid
Jusqu'aux jours de printemps
Jusqu'aux jours où les fleurs bourgeonnent
S'il te plaît reste, s'il te plaît reste ici un peu plus longtemps
Spring day – BTS (2017)
Celle-ci était celle qui avait marqué mes songes, elle y faisait écho. Cette personne qui récemment était partie, et cette autre personne qui revenait pour m'aider, en ramenant le printemps avec elle. Pour faire disparaître l'hiver qui s'insinuait dans chacun de mes pores.
Mais je me demandais, qui était cette personne à laquelle il pensait en fredonnant ces paroles. D'un côté, j'avais une idée mais de l'autre, cette personne avait-elle saccagé son existence pour l'emmener dans ces méandres ?
— Nous sommes arrivés, petit prince.
Je levais une paupière après l'autre, l'esprit tranquille. L'estomac vide. Depuis combien de temps roulions-nous ? Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ? Depuis combien de temps n'avais-je pas vécu, réellement.
En y réfléchissant, je m'étais senti mourir dans le fond de mon âme à l'annonce de Patrocle. Nous suivions les mêmes pas depuis si longtemps. Nous courrions dans les mêmes airs de jeu, les mêmes dangers, les mêmes rêves. Et même peut être, les mêmes filles, si la vie nous en avait donné l'occasion. Quelle salope hein, la vie.
Je levai les yeux vers le ciel, à la recherche de l'étoile qui y brillait le plus, malgré le soleil au zénith.
Quelle conne hein, la vie.
Un éclat plus blanc que les autres se fit découvrir devant mes yeux, comme son approbation. Et c'était à ce moment que nous partions dans un lourd fou rire, tous les deux.
— Tu viens ?
Je secouais la tête, l'esprit plus léger maintenant que j'avais la certitude que Patrocle resterait avec moi, pour toujours. Ou que j'aille, il serait cette ombre qui me suivrait partout. Une sorte d'ange gardien.
J'arborais mon plus beau sourire sur mes lèvres avant de poser ma main sur celle que Chrysomallos me tendait.
— Avec plaisir, grand prince.
Nous sortîmes de la voiture, main dans la main tandis qu'une masse de personnes se faisait apercevoir non loin de nous. Il y avait à partir de là deux clans distinctes, ceux qui nous huaient et ceux qui nous acclamaient. Le mélange de toutes ces personnes créaient un boucan pas possible.
Sans m'en rendre compte, j'avais accéléré le pas, devançant tout le monde en me frayant un passage au milieu de tout ce monde.
— ACHILLE, ATTENDS-MOI.
Je n'entendais plus rien, je ne faisais qu'avancer à la recherche d'un endroit où je pourrais enfin faire reposer mes tympans. Je ne faisais que cela, avancer et fuir. Parce que parmi ces éclats de voix, celle de ma mère était la plus puissante.
C'est donc ce genre de fils que j'ai pondu ? Honte à moi.
Tout ça pour ça quoi.
C'est vraiment tout ce que je mérite ?
Ces phrases vides de sens se cognaient dans ma tête, terrassaient tout ce qu'il y avait de positif pour le transformer en mauvais. Je traçais si rapidement que personne ne pouvait prédire mon avancée, pas même moi.
A un tel point que je faillis tomber dans les douves.
Sans m'en rendre compte, je m'étais dirigé dans la mauvaise direction, celle opposé au château.
Un bras me tira en arrière avant d'habilement me retourner, alors je me retrouvais la tête enfouis dans un torse. Son torse. Une main se retrouva dans mon dos, comme un étau qui me cachait au reste du monde.
— Chuuuut Achille, tout va bien. Rentrons à l'intérieur, nous détendre.
Sans jamais me délaisser de sa proximité très proche, nous nous dirigeâmes dans la direction opposée. Il marchait derrière moi, sa main dans la mienne, ses doigts que je broyais des miens.
— Et si je te faisais la visite, petit prince ?
Je ne répondis pas, toujours en proie à cette panique saugrenue qui ne semblait pas vouloir quitter mon corps, ces spasmes qui s'atténuaient qu'un tout petit peu avec le temps en témoignaient. Je figeais mon regard sur nos doigts liés, laissant mes pensées me submerger.
C'est vrai ça, que fais-je là ?
Le méritais-je ?
Je sentis ses doigts définitivement quitter les miens et une peur infondée me regagna. Que se passait-il ?
— Tout va bien, nous sommes en sécurité maintenant, me répéta Chrysomallos en m'enlaçant par derrière. Et si nous allions manger ?
— Tu n'as pas besoin d'aller saluer le monde ?
— Ca peut attendre demain, tu es bien plus important que "le monde" petit prince.
Il me traîna à la suite parmi le dédalle de couloirs. Nous courrions tout en esquivant les gens qui passaient en nous jetant des regards incrédules. Je riais discrètement de la désinvolture dont faisait preuve Chrysomallos comme si ce n'était pas des personnes auprès de qui il représentait l'autorité.
C'était ce que j'aimais le plus chez lui, sa simplicité.
— Et voilà, votre Altesse. Nous sommes arrivés à bon port. Installez-vous je vous prie, je vous ramène de quoi manger aussitôt.
Chrysomallos qui marchait devant moi avait réussi avec une habilité déconcertante à me tirer une chaise afin que je puisse m'asseoir. Ensuite, il s'éclipsa sans un mot pour revenir quelques minutes plus tard avec une cloche dans chacune des mains ainsi qu'une toque sur la tête.
— Mais qu'est-ce que tu fabriques encore ? le questionnai-je en riant.
— Je sers mon petit prince qui a une faim de loup, me répondit-il en me rendant un sourire.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? J'ai pas une faim de l... m'interrompis-je lorsque mon ventre se mit à gargouiller.
— Tu disais ?
— Ta gueule, j'ai faim.
— Tu ne diras pas ça ce soir, petit prince.
Je ne dis rien et déclochais la nourriture. Il avait apporté un repas simple, des spaghettis bolognaises avec un peu de parmesan et des cocktails qui semblaient être du mojito.
Il n'y avait qu'une seule assiette de pâtes alors je ne pus m'empêcher de lui demander s'il mangeait, ce à quoi il me répondit par l'affirmative comme s'il s'agissait d'une évidence.
Sans l'attendre, je me saisis de la fourchette pour mettre quelques pâtes dans ma bouche. A ce moment, Chrysomallos s'approcha dangereusement de mon visage et lorsque je crus qu'il allait faire tout autre chose, il attrapa l'autre extrémité du spaghetti dans sa bouche.
Il retourna à sa place comme s'il s'agissait d'un rien et continua son manège jusqu'à ce que nous finissions le plat.
— A la tienne, petit prince, dit-il en me tendant le verre.
J'entrechoquai mon verre avec le sien et bus le reste du liquide d'une traite.
J'avais possiblement omis que je ne tenais pas bien l'alcool et que les idées se mélangeaient très vite dans ma tête.
Chrysomallos ne se gênait pas pour se moquer de moi. Il voyait bien que l'ivresse me montait aux joues. Moi je n'avais qu'une envie, faire la fête ou courir en caleçon dans la noirceur des rues.
Je ne connaissais pas cette voix dans ma tête qui cherchait à m'en empêcher, enfin je ne la reconnaissais pas.
Mais je connaissais cette aura.
On n'oubliait jamais celle d'un ange gardien.
Et le mien m'avait promis de rester avec moi, pour toujours. Contre vents et marées.
Je savais que deux êtres formidables veilleraient sur moi, jusqu'à la fin de mes jours et plus longtemps encore.
Je me dirigeais à la fenêtre pour admirer les cieux et compter les étoiles afin de trouver la plus brillante de toutes.
Un jour, nous nous retrouverons. Mais l'heure n'est pas encore venue. Tu me dis de vivre pour moi, mais je vivrai pour nous deux. Patrocle, j'ai hâte de te revoir mais je veux faire les 400 coups avec Chrysomallos avant, tu m'en voudrais pas ?
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