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à lire avec In my remains de Linkin Park
chapitre premier :
Une chute rapide
Tout était prévu. J'avais ma seringue dans mon sac et j'avais réussi à choper la dernière place au fond de la classe.
Cinq minutes avant que la cloche ne sonne, je me plantai l'aiguille de la seringue dans la peau avant de rapidement la ranger. C'est quelques instants après que la sonnerie retentit. Tous les élèves se ruèrent vers la sortie de la salle et, comme l'habitude que l'on m'avait imposé, j'en sortie en dernière. Je montai lentement les marches du bâtiment jusqu'au dernier étage autorisé, puis prit celles menant au toît, la tête baissée. Je poussai la porte battante qui n'était jamais fermée et allais m'asseoir en tailleur, dos au mur, les hallucinations commençant à faire leurs effets. Les sons commençait à être déformés et les couleurs de plus en plus inversées. Je tournai lentement la tête et remarquai un sac noir contre le mur sur ma gauche. Encore des hallucinations. Je me sentais presque bien là, au centre de ces oiseaux jaunes volant et cet arc-en-ciel fait de noir, de blanc et de rouge.
Lorsque la cloche sonna pour annoncer que le dernier cours de la matinée allait débuter, je redressai avec peine et allais m'asseoir sur la rambarde collée au mur, rouillée par le temps, face au rebord, juste devant la cour vide.
Je repensai douloureusement à ma vie qui n'avait toujours été que pleurs et sang une dernière fois. Je n'avais rien à perdre après tout. Non, rien du tout.
Personne ne me pleurerait, et c'était mieux ainsi. Je préférai mourir que de devoir vivre. Traitez moi de lâche, je ne vous contredirais pas. Aujourd'hui, vous aviez le droit. Je n'allais pas pleurer pour ça. Non. Seulement pour mes dix-sept années de vie totalement inutiles. Ça faisait tout de même mal de se dire que c'était comme cela que tout allait se terminer.
Alors que je pensais encore et encore, j'entendis la porte du toit sur lequel j'étais être poussée, et une voix de garçon dire "à plus" avant d'hoqueter.
- Hé, qu'est-ce que tu fais là?! Franchement, tu devrais descendre, c'est carrément pas solide...!
Les pas du garçon se rapprochèrent rapidement de moi. Je soupirai, c'était le moment. Même mon suicide allait être gâché, mais c'était maintenant ou jamais. La drogue rendrait normalement ma mort moins douloureuse. En tout cas, un peu moins douloureuse que tout ce que j'avais eu à endurer jusqu'ici.
On entendit sans doute la rambarde grincer depuis les escaliers lorsque je pris l'élan nécessaire pour élancer mon corps dans le vide.
J'entendis les pas précédemment rapides se mettre à soudainement fouler le sol et une voix crier des choses incohérentes.
Ce fut bizarre comme sensation, de tomber ainsi, aussi rapidement. L'adrénaline et la peur prit possession de mon corps. Ainsi, flottante dans les airs, j'étais carrément terrorisée. Mais cela ne dura pas. Deux choses dures vinrent se loger sous mes aisselles tandis qu'une voix grave murmura près de mon oreille :
- C'est bon, je te tiens.
Quoi ? JE N'ÉTAIS PAS MORTE? Je ne pouvais donc pas mourir en paix non plus?!
- Lâche-moi! me débattis-je quasi-instantanément.
Sans que je ne m'en aperçoive, des larmes coulèrent sur mes joues et je murmurai ce qui voulait en réalité être un cri.
- Lâche-moi, s'il te plaît. C'est mon seul vœux!
- Arrête de dire des conneries.
Fit la voix de l'homme qui me retenait de mon précipice - m'enfin, de ma porte de sortie. Elle était si basse et si grave que je compris qu'il redoublait d'efforts pour ne pas glisser avec moi. Grâce aux grincements, je devinais qu'il s'était jeté sur la rambarde et avait la tête au niveau du rebord. Il essayait tant bien que mal de me remonter, en vain. C'était peine perdue : j'avais bloqué mes pieds dans une fissure de la façade.
- Lâche-moi! j'ordonnai de nouveau.
Je continuai à lui hurler dessus alors que ma voix se brisait sur mes derniers mots.
- Non! Enlève tes pieds de là, VITE!
- Non! Je veux mourir... JE VEUX CREVER! hurlais-je, décidée.
- Arrête tes conneries putain! Lâche sinon c'est nos deux corps qui se retrouveront en bas!
La rambarde grinça et commença à se décrocher du sol sous nos poids. Elle basculait de plus en plus vers le vide.
- Lâche-moi, putain! lui ordonnais-je, LÂCHE-MOI SINON TU VAS TOMBER AVEC MOI! hurlais-je en pleurs.
- Non. fit ce garçon d'un air entêté bien qu'apeuré. Toi, lâche. Tu accepterais de me faire mourir? HEIN?!
- S'il te p...
- NON.
La rambarde finit par craquer et sans sa dernière impulsion vers l'arrière, nous serions morts tous les deux.
Sous la force de son geste, il recula jusqu'à se retrouver plaqué au mur opposé en haletant, le tout avec ma tête sur son torse qui se soulevait rapidement.
On entendit la vielle rambarde faire écho trois escaliers plus bas quelques secondes après.
Alors qu'il reprenait sa respiration, déterminée, je tirai sur mon bras et couru vers le bord, mais d'un geste violent, il me ramena droit sur son torse, juste face à lui.
- N'y pense même plus, grogna-t-il.
Il appuya encore plus fermement sur mon poignet ce qui me fit lâcher un cri de douleur.
- AÏE!
Il remonta ma manche avant que je ne puisse avoir le temps de me dégager.
- Putain, tu t'es droguée...
J'essayai une dernière fois de sortir de la barrière que me créait ses bras et de me sortir de là dans une dernière tentative, mais d'un geste violent, il me fit ré-atterrir contre son torse.
J'abandonnai alors et me laissai aller entre ses bras réconfortants. Il se laissa alors à son tour glisser contre le mur et s'asseoir sans ne jamais me lâcher. Il me cala entre ses jambes en faisant des mouvements réconfortants dans mon dos, respiration haletante.
Mes larmes mouillaient son tee-shirt et bientôt je me retournai face à lui, rouge de colère.
- C'est à cause de toi tout ça! T'aurais dû me laisser crever! Ma vie n'est qu'un enfer, et lorsque j'ai ENFIN la possibilité d'y mettre fin, lorsque j'ai finalement l'opportunité de crever, tu m'en empêches, alors qu'on ne se connaît même pas!
Je donnais des coups malgré moi inoffensifs sur son torse sans que je ne veuille vraiment le blesser, et il encaissa tout sans dire un mot, en me regardant faire avec une certaine mélancolie et tristesse dans les yeux.
- D'abord, haha comment ne pas deviner?! ironisais-je, ma naissance, c'est le pire de mon histoire. Puis après vient ma famille, puis l'école et, le pompom sur le gateau : MON VIOL! SUPER HEIN?!
Je déteste la vie, tout ce que je veux c'est mourir, je laissai retomber mes bras le long de mon corps, juste mourir, c'est quand même pas la lune hein?! Je veux juste mourir... mourir... crever et ne plus jamais exister.
Mes bras lancèrent leur dernier coup puis s'immobilisèrent sur son torse avant de glisser lentement.
Je baissai la tête et me m'entourais de mes bras comme pour me réchauffer en reniflant. Je calais ma tête sous son menton en respirant fort, attrapai son tee-shirt dans ma main droite et m'y agrippais comme à une bouée. Surpris par mon geste, il mit un peu de temps à réagir, mais il me serra finalement instinctivement dans ses bras, geste le plus affectif que j'avais eu en plusieurs années.
- D'accord, d'accord, je comprends... Shhht. Ça va aller... fit-il doucement en me caressant affectivement les cheveux. D'abord, dis-moi c'est quoi ton petit nom?
Après plusieurs secondes de silence et de reniflements, je répondis à contre-cœur.
- A...Alycia.
- C'est joli, murmura-t-il gravement.
Un silence presque total nous engloba ensuite alors qu'il faisait des ronds de son pouce dans mon dos, technique très apaisante d'ailleurs.
Il m'aida à me relever après une quinzaine de minutes, lorsque j'arrêtai enfin de pleurer en fait et, alors que je pensais qu'il allait m'aider à marcher en voyant comme je titubais, il me porta en mettant son bras sous mes genoux et son deuxième sous mes aisselles. Il me lança un regard furtif mais ne mit pas longtemps à me regarder de nouveau. Ses yeux étaient rapidement revenu sur mon visage lorsqu'ils avaient vu mon œil au beurre noir, seule chose que je n'avais pu camoufler avec du maquillage. Je le cachai avec honte en collant ma tête à son torse, ce qui le poussa à reprendre sa route sans poser de questions. Il descendit alors les trois escaliers avec moi dans ses bras, et alla à l'acceuil pour demander un pass de sortie. Sans ne jamais me quitter, il sortit de l'établissement et se dirigea vers le parking relié à ce dernier. Il me déposa sur sa moto alors que je ne réalisais pas vraiment et murmurai des choses incompréhensibles, étant toujours sous l'effet de la drogue. Je ne réalisais pas ce qu'il se passait mais avec la vitesse que nous prîmes, j'eus la merveilleuse idée de détacher mes mains de sa taille, idée qui se réalisa avant même que je n'en ai conscience.
Et sans son brusque dérapage, je serais morte d'un accident de moto. Il descendit brusquement et frustré de son engin après s'être excusé à la voiture de derrière, et après nous avoir déposé sur le bas-côté de la route. Je le regardai s'énerver avec une certaine inquiétude.
- Putain! Tu peux pas juste t'accrocher sans essayer à chaque fois que tu en as l'occasion, de crever?!
Il donna un violent coup dans son deux roues ce qui me fit sursauter de peur. Il s'accouda finalement à ce dernier en soupirant. Il avait l'air dépité devant mon corps et mon cerveau qui ne contrôlaient plus rien, submergés par la quantité importante de drogue que je m'étais inséré. Mais soudain, son visage s'illumina, et très vite, il commença à enlever sa ceinture.
- Euh... tu fais quoi là? lâchais-je en paniquant.
Il me regarda avec ce regard et ce sourire sournois qui me rappelaient beaucoup trop de mauvais souvenirs accompagnés à de telles gestes sans me répondre.
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