à lire avec summer 2016 de LEJ

chapitre deux :

Un peu d'attention

Nous avions finis le trajet mes mains accrochées à sa taille par sa fine ceinture.

Il gara la moto et descendit de celle-ci avant de me faire descendre et de me reprendre dans ses bras afin de me porter. Il baissa la poignée et donna un coup de pied dans la porte ce qui la fit s'ouvrir en grand. On passa une cuisine ouverte sur le salon, dépassa un mur et nous arrivâmes devant une porte. Il l'ouvrit pendant que je disais des choses incohérentes, submergée par la drogue. Nous traversâmes des escaliers et un couloir beige, avant d'arriver devant une autre porte. Il l'ouvrit, me faisant découvrir ce que je devinai être sa chambre. On ne pouvait pas dire qu'elle était organisée mais... une chambre d'adolescent lambda quoi.

Au lieu qu'il me dépose quelque part dans sa chambre, il continua à marcher et me déposa finalement dans une baignoire. Attends où?!

Je réalisais que nous nous trouvions dans une nouvelle pièce seulement au moment ou il enclencha un petit objet et que le jet d'eau fut dirigé droit sur moi.

- Au moins, ça fera redescendre la drogue.

- Quoi?! Non attends, c'est bon, je suis plus droguée...AAAH! Putain de merde! C'est froid! Je t'assure que je ne suis plus drogué s'il te p... putain! Non arrête c'est encore plus froid là! MERDE!

Je me tortillais dans tous les sens en tentant de stopper l'eau alors qu'il s'amusait clairement de la situation.

- Allez, un peu plus froid pour le fun! rit-il.

- Non arrêteuUH! PUTAIN JE TE DÉTESTE LITTÉRALEMENT! JE VAIS TOMBER MALADE!

Il rigola et arrêta le jet d'eau. Je le fusillai du regard en me redressant, sauf qu'en voulant sortir de la baignoire, je glissai et m'étalai dans ses bras.

- Vengeance!

Je lui fit un clin d'œil et me reculai toute seule, déjà en direction de la porte menant à sa chambre.

Il râla en se plaignant d'être mouillé, la blague!

- Tiens, la serviette, sèche-toi, j'essaie de te trouver un haut.

Il me balança une serviette bleue en pleine figure. Je grimaçai en faisant ce qu'il me demandait, sans râler, pour une fois. Il se retourna vers moi avec un tee-shirt et un short de basket à la main.

- Tiens, j'pense que ça va faire l'affaire.

Je pris les vêtements et hochai la tête avant de le regarder fixement lorsque je vis qu'il ne bougeait pas.

- Un problème? demanda-t-il.

- Hum, eh bien... rougis-je en bégayant. Il sembla comprendre.

- Ah, oui, je suis bête.

Il me montra immédiatement son dos, me permettant de retirer mon legging et ma chemise rouge à carreaux. Même mes sous-vêtements étaient mouillés. Je retins un soupir en enfilant son long tee-shirt blanc, me sentant quelque peu nauséeuse. Son haut m'arrivait juste au dessous des genoux. Ce garçon était vraiment grand. J'enfilai le short et fit un nœud à la taille pour combler le grand vide qu'il laissait.

- C'est bon.

Il se retourna et sourit immédiatement.

- Ça te va magnifiquement bien!

- Vas-y, moque toi, maugréai-je.

- Je te le jure! il souriait comme un enfant, ce qui me déclencha un petit sourire en coin à mon tour. Tu peux t'allonger si tu veux, je me met juste en pyjama.

- Okay.

Il fouilla dans son armoire pour en sortir un autre tee-shirt manches courtes cette-fois, et le même short qu'il m'avait donné mais en gris. Il se déshabilla rapidement en commençant par son haut que j'avais malencontreusement mouillé. Il le jeta dans son panier à linge sale, me laissant découvrir un corps très clairement sculpté par le sport, et assez bien musclé pour son âge.

- Attention, tu vas baver, sourit-il.

Je me sentis rougir de nouveau en détournant le regard. Il en profita pour mettre son short gris en riant. Il vint finalement s'asseoir en face de moi sur la couverture.

- C'est nul, t'es beaucoup moins bavarde là.

- C'est, c'était l'effet de la drogue.

- Hm...

Je hochai la tête, mais sentant un malaise s'installer, j'essayai de lui montrer un peu d'interêt.

- Et sinon, tu t'appelles comment toi?

- Jackson.

- Joli aussi.

- Merci, me sourit-il visiblement sincèrement alors que je lui répondait déjà par un sourire similaire.

Nous nous regardions droit dans les yeux, et ce, sans la moindre gêne. Ce semblait être le genre de personne qui te laisse toujours une bonne pensée après t'avoir salué. Il était brun et, avec ça, il avait hérité de yeux gris. Ce devait être la deuxième ou la troisième personne que je rencontrais avec des yeux pareils de ma vie. Je m'y perdis quelques secondes, me demandant tout de même ce qu'il pouvait bien penser de moi, ainsi que de ma banalité omniprésente. Je retins un soupir. Jackson avait l'air d'être assez ouvert et populaire. Il avait un nez plutôt fin et homogène, commençant en courbe et finissant tout droit, accompagné par des lèvres assez pulpeuses, en harmonie avec le reste de son visage. Grâce à notre proximité, je remarquai une armée de petites tâches de rousseurs quasi-imperceptibles sur ses pommettes, juste sous ses yeux, ainsi que des grains de beauté, eux, bien visible. L'un d'eux s'était formé juste au-dessus de son sourcil gauche tandis qu'un autre avait prit place au dessous de sa lèvre inférieure, du côté droit de son visage. Son menton précocement masculin laissait naître une barbe d'adolescent discrète, bien taillée. J'avais d'ailleurs remarqué que lorsqu'il souriait ou riait, une fossette venait creuser sa peau mate, un petit peu plus haut que son nævus, au niveau de sa joue.

Alors que je l'observais toujours avec autant de concentration, lui, semblait s'être perdu dans ses pensées à force de faire durer ce faux duel de regards. C'est pourquoi il sursauta quand son téléphone vibra, faisant exploser la petite bulle d'ambiance reposante dans laquelle nous nous étions plongée. Mais il le sortit aussitôt de sa poche et sourit en voyant le destinataire.

Je me demandai qui cela pouvait bien être pour réussir à lui faire oublier la suicidaire dans sa chambre en seulement quelques messages. Voyant qu'il était concentré, et ne voulant pas le déranger, j'en profitai pour observer ce qui m'entourait. Les murs étaient en bois, construits dans un marron assez clair, mais le plafond ainsi que le sol étaient blancs. L'ambiance de cette pièce contrastait avec celle de la douche totalement blanche ou encore celle du couloir beige. Il n'y avait pas grand chose dedans, juste le strict minimum c'est à dire : un lit, une armoire, un bureau, une commode et deux trois ptites choses par ci par là; assez impersonnelle.

Je soupirai bientôt d'ennui, le dos contre la tête de son lit. Il releva la tête et sembla enfin se souvenir de ma présence.

- Ah, euh... merde, désolé. Bouge pas, je t'apporte de quoi grignoter.

- Hmm.

Je forçai un sourire. Il sortit de sa chambre, les yeux toujours rivés sur son téléphone. Au bout d'environ cinq minutes, mon dos commença vraiment à me faire mal. J'avais déjà eu pire comme douleur mais avec ce que j'avais subis la veille, je préférai ne pas trop abuser de mes capacités. Je m'allongeai sur le lit et sans me contrôler, m'endormie une dizaine de minutes après en fixant le plafond, totalement plongée dans mes pensée.

***

Je me réveillai avec le dos endolori malgré mes précautions, et les yeux gonflés. Je sentis une honte infâme m'envahir lorsque je me rappelai de la manière dont j'avais pleuré devant Jackson ainsi que de ma tentative de suicide qui avait échoué.

Un plateau était posé sur la commode à mes côtés avec un petit mot dessus. Je le posais sur mes genoux après m'être redressée puis pris le petit papier entre mes doigts pour le lire.

"Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé! Il faut croire que j'ai mis trop de temps car quand je suis revenu, tu t'étais déjà endormie :-/

N'hésite pas à monter quand tu te réveilles, je serais normalement au salon.

Xx, Jackson."

Je souris quelque peu, avant de me forcer à manger la moitié du pain au chocolat ainsi que du jus qu'il m'avait ramenée. Je n'avais réellement aucun appétit. Cela faisait bien deux jours que je n'avais pris aucun repas, et mon estomac semblait l'avoir accepter assez rapidement.

Je n'avais aucune notion de l'heure et espérais qu'il ne soit pas trop tard. Après m'être brossé les cheveux avec mes mains et réarrangé le t-shirt qui était de travers, je sortis de sa chambre, plateau en main, vachement gênée. La situation me dépassait.