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Chapitre 15

— Tu es très émotif, Tyler.

Lazare me regarde. Nous sommes trempés tous les deux, mais ne faisons rien pour nous abriter de la pluie. L'arbre sous lequel nous nous sommes réfugiés suffit. On entend toujours le martèlement des gouttes contre les feuilles, les plantes, le sol. Il est moins fort qu'avant, peut-être un peu plus apaisant, aussi.

— J'ai besoin d'aide.

Avec lui, j'arrive à le dire. Je ne réfléchis pas à mes paroles, pas trop longtemps. Je me concentre sur sa réponse pour ne pas regretter mon aveu, ou alors ne pas paniquer totalement. Mais bizarrement, je me sens calme, ici, je n'ai pas peur. Les monstres sont loin.

— Je peux te proposer un truc, si tu veux.

J'acquiesce. Nos dialogues sont simples. Nous n'avons pas beaucoup parlé, jusqu'ici : entre nous, tout passe par un silence décoré de détails à la fois importants et insignifiants. Nous ne posons pas de question à l'autre. Je ne sais pas ce que fabriquait Lazare dans la forêt alors qu'il pleut ; il ne sait pas pourquoi je suis revenu vers lui.

— Viens.

On hésite un moment à sortir de notre abri de fortune, parce que la pluie tombe encore et qu'on est si frigorifiés qu'on sent à peine le bout de nos doigts. Des gouttes s'accrochent à nos cheveux, perlent au niveau de nos cils, glissent le long de nos joues. Mais je m'en fiche, et je crois que lui aussi.

Une nouvelle fois, il attrape ma main et me guide dans la forêt. On dirait qu'il en connaît le moindre recoin, parce qu'il avance avec une assurance incroyable. Moi, je peine à le suivre puisque chaque mouvement est rendu désagréable à cause des vêtements qui collent à mon corps gelé. Je cligne des yeux et me concentre sur la chaleur de sa paume. Un frisson électrique me parcoure, aussi déstabilisant qu'agréable. Nous marchons ainsi un moment ; lui, toujours très droit, confiant, qui montre le chemin et moi, qui veut éviter les gouttes au maximum et s'accroche fébrilement à ses doigts pour ne pas le perdre.

— J'aime beaucoup la pluie, me lance Lazare, en haussant le ton pour que je puisse l'entendre.
— J'ai l'impression qu'elle me noie, je réponds.
— Elle te lave. Elle te débarrasse de tous les mauvais trucs. Elle te noie pas ; elle te permet de respirer. Il faut regarder autour de soi après la pluie : tout semble nouveau, réparé.
— Tout est mouillé.
— Ce n'est qu'une question de temps, ça. Le soleil revient toujours.

J'accélère pour entendre la fin de sa phrase, parce qu'il a baissé d'un ton et le martèlement de l'averse couvre sa voix si familière. Quand je me prends les pieds dans les racines, sa main se resserre sur la mienne. Il ne me jette pas un regard, mais je sais qu'il a peur que je tombe.

— J'aime bien être sous la pluie, quand même. Tu vois, la plupart des gens se mettent à courir pour l'éviter. Ils se planquent un peu partout pour pas être trempés. Souvent, je me demande qui est le con qui a décrété que la pluie, c'était mauvais.

Un temps de silence entre nous. Quelques gouttes viennent s'échouer dans mon cou et je lâche une petite exclamation de surprise par ce contact glacé.

— Je cours, moi, quand il pleut.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je dis ça. Peut-être pour montrer à Lazare que je ne vaux pas la peine qu'il reste avec moi, ou pour lui signifier que je ne suis pas à la hauteur de ses attentes. En tous cas, ça provoque quelque chose en lui car il se retourne vers moi et s'arrête. Un sourire compatissant étire ses lèvres. Par réflexe, je détourne légèrement la tête pour ne pas croiser son regard, de peur d'y déceler quelque chose qui casserait la confiance fragile qui m'enveloppe depuis qu'il est là.

— J'peux t'apprendre. À rester sous la pluie sans avoir peur, je veux dire.
— Peur de quoi ?
— De ce que les autres vont penser. Pas beaucoup de monde aime la différence.

Je crois que le temps ne compte plus vraiment. Le ciel reste définitivement gris, mais à l'intérieur de moi, je découvre des émotions colorées. Elles explosent, grandissent, m'envahissent. Je ne sais pas vraiment pourquoi la présence de Lazare provoque tant de choses, je ne sais pas réellement non plus si je veux pouvoir mettre des mots dessus. Ces sensations inexplicables, je les aime bien comme ça.

— Je veux bien. Que tu m'apprennes, je veux dire.

De nouveau, il sourit.

— D'accord.

Puis, il reprend sa marche. Je ne le comprend pas vraiment. Il paraît détaché des choses, mais en même temps, on dirait qu'il se préoccupe de ce qu'il se passe autour de lui. Je le vois à sa manière de poser ses pieds avec délicatesse sur le sol, quand il prend garde à ne pas écraser les plantes sur sa route. Je le remarque à la façon dont il n'arrête pas de lisser le ruban rouge entre ses doigts, pour veiller à ce qu'il ne soit pas trop abîmé par la pluie. Je le sens par sa main qui se resserre sur la mienne quand je trébuche un peu, ou à ses ralentissements l'air de rien quand il se rend compte que je traîne en arrière. D'un autre côté, c'est comme s'il n'appartenait pas au monde dans lequel nous évoluons. Comme si, justement, il faisait attention pour ne pas abîmer cet endroit auquel il est étranger.

— Où tu m'emmènes, Lazare ?

Il ne répond pas tout de suite. Ses dents effleurent ses lèvres roses, rapidement.

— Tu verras.

Son ton aussi, semble habiter un étrange paradoxe. Il parle d'une façon détachée qui habituellement m'aurait fait me sentir petit, minuscule, mais chez qui je décèle aussi un lointain amusement, ou une gentillesse attentionnée. Je ne sais pas. Je ne comprends pas vraiment non plus.

— Là, regarde.

Les rochers ont remplacé les fougères et les fourrés. De grands arbres tendent leur branches vers le ciel, accueillent la pluie et les nuages, les regardent passer au-dessus d'eux. Ils continueront leur chemin, et les troncs, eux, resteront là, immobiles, puissants. Cette pensée me rassure. Lentement, je tourne mon regard vers Lazare, qui a posé une main sur la pierre humide et froide. Il ferme les yeux. Parfois, des frissons traversent son corps, glissent le long de son dos et secouent légèrement ses bras. Je m'accroche un peu plus à sa main, parce que j'ai l'impression qu'il va disparaître à tout moment, de la même manière qu'il surgit à chaque fois devant moi.

— Attends, Tyler. Je peux pas monter si tu me lâches pas.

Un petit rire suit ses paroles. Je rougis et le relâche un peu, soudain embêté par mon geste. Une fois libéré, Lazare tend ses bras et glisse ses doigts dans de petites failles de la roche. Avec facilité, il se hisse au-dessus du sol. Je l'observe prendre appui sur les irrégularités de la pierre, grimper encore plus haut. D'un mouvement rapide, il replace le tissu rouge qui risquait de se détacher de sa ceinture, ce qui manque de le faire tomber. Un hoquet de frayeur m'échappe et j'avance, puis recule immédiatement, oscillant entre le réflexe de le rattraper s'il tombe, ou celui de reculer pour me protéger, moi. Finalement, je reste immobile et le surveille avec attention, l'estomac noué par l'angoisse. Lorsqu'il arrive enfin en haut, je laisse échapper un soupir de soulagement.

— Là, à toi.
— Quoi ?
— Je vais t'aider, Tyler.
— Tout est mouillé. Je vais tomber.
— Fais-moi confiance, d'accord ? Tu ne tomberas pas.

Il tend sa main vers moi. Malgré la pierre qui doit être glacée, il est étendu sur le rocher. Ses vêtements ne doivent pas beaucoup le protéger du froid et je grimace pour lui.

— Le début est facile. Ensuite, je pourrais t'aider. Tu peux le faire. 

Je peux le faire. Mon cœur bat à vive allure. Je reste un moment silencieux, immobile. La pluie tombe sur moi, elle ne m'épargne pas ; pour elle, je suis au même niveau que les plantes, les arbres, la terre, la roche, je suis quelque chose à mouiller, à hydrater, à imprégner de vie, de froid et de sentiments. Cette pensée me rassure. Je n'aurais pas aimé qu'elle fasse une exception pour moi. Lazare a raison : la pluie, ce n'est pas si mal, finalement.

— D'accord, je souffle.

Le son de ma voix est couvert par celui des gouttes et pourtant, Lazare sourit, comme s'il m'avait entendu. Il laisse son bras pendre contre la pierre, ses doigts tendus vers moi. Ça aussi, ça me rassure. Il va m'aider. Il me protège. Je ne crains rien.

Je me place au même endroit que lui et observe les failles dans le rocher. Elles sont disposées au hasard, comme si quelqu'un était passé par là et avait décidé de pousser quelques endroits de la pierre pour y former de petites cavités un peu partout. Je les effleure du bout des doigts et les agrippe pour rejoindre Lazare. Avec Ana, on s'amusait à escalader à peu près tout dans la maison. Souvent, c'était elle qui m'entraînait dans ses bêtises, et on se retrouvait tous les deux bloqués en haut d'une armoire. Ici, cependant, tout est différent. Si je suis devenu expert pour grimper sur n'importe quel élément du mobilier, je ne peux pas en dire autant pour les rocs trempés. La peur se forme dans mon dos, me donnant l'impression qu'un regard menaçant est posé sur ma nuque. Pour y échapper, j'arrête de réfléchir et m'accroche au rocher.

Très vite, je me retrouve éloigné du sol. Je serre les dents et reste crispé ; l'idée effrayante de tomber ne me quitte pas. La pluie ne me facilite pas les choses, puisque je dois sans cesse cligner des yeux pour chasser les gouttes qui perlent à mes cils. Je continue quand même d'avancer, surtout car je me sens incapable de redescendre. Mon seul point de repère est la main tendue de Lazare, qui semble toujours se rapprocher un peu plus. Je n'ose pas vraiment le regarder, de peur que tout s'effrite si je détourne les yeux du rocher.

— Tu y es presque, annonce la voix familière de Lazare.

Elle me ramène à l'incendie, encore une fois. Je ne peux pas l'empêcher : la même phrase revient hanter mon esprit, accompagnée de ce timbre si semblable à celui du garçon près de moi. Je ferme les yeux dans une tentative précipitée de chasser les flammes qui dansent devant mon regard. Ce n'est pas le moment d'y repenser.

Soudain, mon pied dérape et je perds l'équilibre. Un petit cri m'échappe quand je perçois le vide en-dessous de moi. Je resserre mes mains sur mes prises, essaye de reprendre mon souffle qui s'est brusquement accéléré, de calmer les battements affolés de mon cœur. Je ne suis pas tombé. Je vais bien.

Quelque chose attrape vivement mon poignet droit. Sous la surprise, je manque de lâcher totalement ce qui me retient de la chute. Puis, je lève le regard pour croiser celui de Lazare, vert et brillant, comme si la pluie s'était elle aussi invitée dans ses yeux, en plus de la forêt.

— Je t'avais dit que je ne te laisserais pas tomber.

Il s'est penché en avant pour pouvoir me toucher. Son T-shirt blanc, que je ne remarque que maintenant, ploie vers le vide, alourdi par le poids de l'eau qu'il a absorbé. Les manches de sa chemises sont remontées sur ses bras et sont toutes plissées.

— Viens, tu y es presque. Tu vas voir, ça en vaut le coup.

Je souffle pour évacuer la peur qui bat contre ma peau et glace mon sang, puis recommence à escalader. Cette fois, je fixe Lazare et pas la pierre. Si tout s'effrite autour de lui, j'ai le sentiment que lui, il restera. Chaque mouvement est lent, précautionneux, anxieux. Mais j'avance, je grimpe. Au bout d'un moment, je parviens à la hauteur de Lazare et il m'aide à me hisser en haut du rocher. Là, je me laisse tomber sur le dos et calme mon souffle affolé. Mon guide se redresse et se penche légèrement au-dessus de moi, souriant. Il a l'air un amusé.

— Ça va ?

J'acquiesce et tourne mon regard vers le ciel. Les gouttes s'écrasent sur mon visage, forment des perles qui roulent sur mon corps ou se mêlent à mes vêtements déjà imbibés d'eau. Elles ne me noient pas ; elles me nettoient, me lavent de tout ce qui ne me correspond pas. J'entrouvre les lèvres pour qu'elles tombent aussi dans ma gorge et tire un peu la langue comme je le faisait, enfant. Avec Lily et Ana, on faisait le concours de celui qui attrapait le plus de gouttes d'eau sur sa gorge. Il n'y avait jamais de gagnant, parce qu'on ne disait pas la vérité sur nos résultats.

Lazare me regarde. Ses cheveux collent à sa peau et rattrapent la pluie qui tombe dessus. Sans réfléchir, je passe ma main dedans pour enlever un minimum d'eau, qui dévale alors le rocher. Ça le fait rire et il se relève.

— Eh, regarde, Tyler. T'as même pas regardé autour de moi ! C'est pour ça que je t'ai fait monter, moi.

Je me redresse sur mes coudes, les sourcils légèrement froncés. Un sourire effleure mes lèvres. Pour une fois, je ne pense plus à tous mes problèmes, à mes doutes, à mes peurs. Je ne pense plus ni à moi, ni à ma famille, ni à Azelle, ni aux autres. Il n'y a que la forêt, la pluie et Lazare. C'est tout ce qui compte. Tout ce qui importe.

Sa main pointe l'horizon. Je suis du regard la direction qu'il indique pour faire face à des arbres, qui mêlent sapins et grands troncs fins. Les couleurs se mélangent, passant du vert éclatant au gris des rochers, tout en mettant aussi en avant le marron des troncs et celui, plus foncé, de la terre. Sur ce roc, je me sens grand. J'ai l'impression qu'on peut dominer le monde, ou alors vivre sans que personne ne se préoccupe de nous, sans que personne ne nous enferme dans des boites, dans des cages dont on n'arrive plus à s'échapper ensuite. Mon sourire s'élargit, mon regard s'illumine. Si Lazare contient dans ses yeux la forêt et la pluie, le mien renferme la terre et les troncs. Celui d'Azelle correspond à la pierre. C'est peut-être pour cela que la forêt nous plait autant.

— Je voulais te proposer de hurler ce qui te faisait pleurer ici, parce que ça résonne, c'est génial. Mais en fait, j'ai l'impression que ça va déjà mieux, non ?

J'acquiesce lentement. Oui, ça va mieux. Je ne me sens plus autant perdu. Je me sens un peu moins prisonnier. Mes chaînes se détendent, même si elles ne s'effacent pas. Ça fait un bien fou.

— Tu peux quand même crier. Ça aide toujours.

Lazare est à genoux contre la pierre. Son regard papillonne sur les feuilles, comme porté par le vent. Je me redresse et m'installe à côté de lui. Comme j'ai peur de glisser, j'agrippe son poignet. De mon autre main encore libre, je compresse ma manche brûlée. Alors, je prends une grande inspiration et hurle :

— JE SUIS VIVANT !

Et pour une fois, cette phrase ne provoque pas une douleur effroyable dans mon cœur. Au contraire même, elle réchauffe mon corps plus qu'auraient pu le faire les rayons du soleil.

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