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Chapitre 23

14 janvier 2021

Aujourd’hui, les marques qui ornent mon visage font peur à voir. J’ai passé la nuit à cauchemarder. J’avais enfin trouvé une piste pour Constance. Lieu d’habitation : un petit cimetière de village. Autant dire que le réveil en sursaut a été tragique pour pouvoir me rendormir à trois heures. Je soupire et me pose lourdement sur ma chaise. À ce rythme-là, mon corps ne va jamais tenir la distance. J’essaie de me concentrer et range les papiers sur mon bureau. Ce matin, je dois faire un bilan avec quatre vendeurs. Je sais que mes propos ne vont pas leur plaire, mais je me dois d’être transparent.
Les deux premières rencontres se passent plutôt bien. Chacun comprend les tenants et les aboutissants des changements que l’on doit effectuer et cela me soulage de ne pas avoir à batailler. Seulement, je sais que mon troisième interlocuteur ne sera pas aussi docile. Arnaud devait le voir hier, mais il était en déplacement et malheureusement notre client n’avait qu’aujourd’hui comme créneaux disponibles, or mon frère est absent. Je consulte une dernière fois les documents et repasse en revue les éléments de mon discours. Je dois être bref et concis, car mon avis sur cet homme n’a pas changé, quelque chose me turlupine. Je repositionne mon bloc-notes, son dossier, mon stylo et décide de franchir la porte de mon bureau.
Il est déjà là, dans la petite salle qui jouxte nos espaces respectifs. Malgré la pluie de ce mois de février, ses cheveux châtain sont parfaitement coiffés et ses yeux noirs semblent, quant à eux, me scruter de long en large. D’un geste de la main, je l’invite à me suivre et à s’installer sur une des chaises disponibles.
— Bonjour Monsieur Costa, je me suis permis de vous faire venir pour faire un point sur votre appartement. Comme vous le savez, nous avons eu plusieurs appels, quelques visites, mais malheureusement les potentiels acquéreurs nous disent tous la même chose… Votre bien est trop cher par rapport au reste du marché. À ce rythme-là, vous ne le vendrez pas dans les semaines à venir. La crise n’aide pas, mais je pense réellement que vous ne pourrez pas obtenir un tel –.
— Et c’est de vous qu’elle est tombée amoureuse.
Sa voix me coupe violemment. J’ai l’impression de me prendre un immeuble de dix étages face à la dureté de son ton. Je le fixe, mais je ne vois pas notre lien.
— Je ne comprends vraiment pas ce qu’elle a pu vous trouver. Vous semblez tellement pathétique avec vos petites phrases toutes faites.
Si je n’étais pas déjà assis, je tomberais sûrement de ma chaise. Je ne comprends pas ce revirement d’attitude et ces propos. Serait-ce lui, l’ex de Justine ? Pourtant il n’y a rien de sentimental entre nous, nous sommes amis avec des avantages qui au final ne sont même plus là.
— Quand elle est revenue, j’ai essayé de me remettre avec elle. Elle était mal en point, mais je voulais d’elle. Mais elle, elle n’avait que votre prénom à la bouche. Joan, Joan, Joan… J’aurais pu écrire des livres sur son histoire dramatique. Nous aurions été le couple goal, l’homme qui l’a sauvé de ce monstre, ça aurait été —.
Je ne le laisse pas finir. Je fais le tour de mon bureau, l’attrape par le col, le soulève et le plaque contre le mur. Ma première impression était la bonne. Ce type est l’ancien petit ami de Constance. C’est de sa faute si elle a vécu ce drame. Il est entièrement responsable. Rien de lui n’a été épargné à cause de lui. Elle aurait dû garder cette étincelle, elle aurait dû vivre, rire et aimer sans jamais n’avoir peur. Mon sang pulse à tout rompre dans mes veines. Mon cœur bat bien trop vite, bien trop douloureusement. Mon corps est tendu et lutte avec toute cette haine. Mon coude contre sa pomme d’Adam, je le fixe afin de comprendre ce qu’il me veut. Parce qu’à cet instant, je ne rêve que d’une chose, c’est de l’étriper, lui faire subir un dixième de ce qu’elle a vécu. Je suis prêt à en venir aux poings pour libérer la colère qui me broie les entrailles. La lueur dans son regard me fait craquer, je ne peux pas me contenir.
Sans réfléchir, je lui assène un coup de genou dans son appareil reproducteur. Un type aussi misérable, odieux et exécrable ne devrait pas pouvoir avoir de descendant. Je suis rempli de cette rage qui m’a consumé pendant des mois, voire des années. Mon poing suspendu dans les airs est arrêté en plein vol par Éloise qui a sûrement dû entendre tout le vacarme que nous faisons. Sa paume posée sur mes phalanges, elle tente d’abaisser ma main pourtant c’est trop dur. Le rictus qui se dessine sur son visage sonne le glas de ma décision. Je me décale et lui offre mon plus bel uppercut. Il tombe au sol lamentablement. Je me retiens, c’est une véritable bataille avec moi-même. Je recule, souffle, attrape ma veste et quitte l’agence en courant. J’ai cédé à l’ultime besoin primaire que je ne pouvais repousser. Sous la pluie, je laisse mes pas me guider loin de ce type. Malheureusement, je ne vois rien d’autre que son regard, sa façon de s’exprimer. Il espérait utiliser Constance comme un vulgaire trophée, un passeport pour la célébrité. J’aurais dû le tuer, j’aurais dû lui montrer ce que nous avons subi. Il ne faut pas que je fasse demi-tour sinon je pourrais franchir un cap impardonnable.
Je cours sans réfléchir jusqu’à reconnaître la fontaine des quatre-parties-du-Monde devant moi. J’y suis beaucoup venu lorsque mon esprit était embrumé par la poudre blanche qui obscurcissait mes songes. Je tripais sur cette statue, imaginant mon ange voyager à travers le monde entier. Mes pensées commencent à divaguer. J’ai besoin d’elle. Il faut que je sache. Et si elle n’était plus en vie ? Ou si elle m’avait complètement oublié ? Ou si elle aussi était tombée dans la drogue ?
Non, c’est impossible. Je refuse de me laisser envahir de nouveau, alors j’attrape rapidement mon téléphone. J’écris une nouvelle fois ces quelques lettres à mon seul ami capable de calmer ma rage.
« J’étouffe ». Deux mots, un signal qui suffit à faire comprendre ma détresse. Sa réponse ne se fait d’ailleurs pas attendre et il me donne rendez-vous à la salle, l’unique endroit où je peux vider l’océan de haine dans lequel je suis en train de me noyer. Je fais demi-tour et me dirige directement vers les transports en commun. Je ne prends même pas la peine de repasser chez moi pour prendre une tenue de sport. Je passe le trajet, tête baissée, caché par ma capuche, musique dans les oreilles. Je fais mon possible pour rester dans ma bulle et ne pas éclater tous les misérables types que je croise en cet instant. Ma jambe tambourine et j’ai de plus en plus de mal à me maîtriser.
Le signal sonore m’indique mon arrêt et je sors en trombe de la rame. Je ne réfléchis pas, quitte la station, marche droit devant et arrive enfin à destination. Mon parrain m’attend sous le porche à l’entrée du gymnase, main dans les poches, regard sombre. Sans un mot, il me fait entrer et nous passons par son bureau dans lequel il me lance un jogging. Aucune question, juste un silence pesant qu’il va falloir évacuer.
Je m’enferme dans les toilettes dont l’odeur laisse à désirer et me change. Il n’y a pas de haut, tant pis pour ce que je compte faire je n’ai pas besoin de ressembler à une nonne.
Je me dirige directement dans la salle de boxe où Malik m’attend près du sac.
— Tape ! Vide tout ça, parce que ce regard je le connais.
Je n’ai pas besoin qu’il m’encourage davantage et je sors mes tripes. Mon poing part à la rencontre de ce sac de frappes qui a déjà bien vécu. Je pourrais tout défoncer. Ce putain de fils de pute est venu me voir, comme une espèce de bête de foire. Cet enculé est la deuxième personne que je déteste le plus au monde après Charles. Je ne vois plus que son visage, ses yeux noirs et son sourire mesquin. Mon sang pulse tout comme les coups que je lance. Mon corps bouillonne. Gauche, crochet, droite, jab, uppercut, gauche, jab, droite, crochet. Tout y passe. Mes mains sont ensanglantées, mais je n’arrive pas à calmer cette colère qui me consume.
Je me perds dans ma haine la plus profonde, celle qui me brûle depuis des années. Il vient de rallumer d’un coup d’étincelle les braises que je venais d’éteindre. Mes muscles sont en feu et l’oxygène commence à me manquer. Je n’arrive tout simplement plus à me maîtriser.
Des bras m’encerclent soudainement, je me sens pris au piège. J’essaie de me débattre, c’est peine perdue. Je suis sur le point d’exploser lorsqu’une odeur familière me parvient. Je sors de ma torpeur et saisis la portée de la force qu’il faut à mon parrain pour me maîtriser. Je ne lutte même plus et tente de reprendre une respiration correcte. Je relâche tout. Mon dos se voûte, mes épaules s’affaissent et mes jambes peinent à me maintenir debout. Les mots sortent comme une libération.
— C’est son ex. Il est venu me voir, comme une bête curieuse. C’est de sa faute si elle s’est fait enlever. Si ce mec ne l’avait pas trompée, elle n’aurait jamais rencontré ce fou. Il l’a brisée.
Le dire à haute voix me broie les entrailles et me replonge dans les confidences de Constance. Je revois encore son regard quand elle m’a parlé de sa trahison. Il a fissuré un premier rempart, il a laissé entrer le loup dans la bergerie et elle l’a payé cher. Ses mots me reviennent en mémoire et je n’arrive pas à les chasser. Les hommes sont tous des monstres.
Elle a raison. C’est trop dur. J’aurais dû faire plus. J’ai terriblement mal. Je m’effondre.
Assis au sol, je ferme les yeux et tente tant bien que mal de rassembler mes pensées, mais mon cerveau n’entend que le son de sa voix. Tout me revient comme un boomerang. Chaque aveu résonne dans ma tête. Il ne me laisse absolument aucun répit. J’essaie d’observer autour de moi et il me faut quelques secondes pour réaliser que Malik m’a relâché. Les notes de Another Day in Paradise parviennent à mes oreilles et le poids du monde sur mes épaules semble s’alléger.
« Oh, think twice, ’cause it’s another day for you and me in paradise
Oh, think twice »
— J’ai peur de replonger.
C’est dit, c’est un fait. Je lutte perpétuellement pour ne pas retomber dans la dépression et dans toute la colère que je canalise. Et malheureusement ce genre d’événement ne fait que me pousser un peu plus vers le fond.
— Tu replongeras pas. Je le sais, je te connais. C’est clair que tu vas devoir lutter, mais tu craqueras pas, car tu sais que toi et elle c’est pas fini.
Toi et elle c’est pas fini. J’aimerais avoir sa positivité pourtant je n’arrive pas à m’en convaincre. Alors je prie pour que Malik ait raison et c’est à cet infime espoir que je me raccroche…
Deux semaines que je suis un automate. Dormir, manger, travailler. Simple et efficace. Je n’ai pas envie de faire semblant et de mentir à mes proches, je l’ai déjà fait bien trop souvent. J’ai annulé mes rendez-vous avec Justine et refusé les appels de Malik. Cette rencontre avec l’ex petit-ami de Constance m’a complètement perturbé. Je ne songe qu’à une chose le rappeler pour qu’il me donne le numéro de mon ange. Mais j’ai conscience qu’il n’en sait pas plus, sinon il ne serait pas venu me voir.
Millimitrer ma vie pour ne pas avoir de mauvaises surprises et garder le cap. Mes entretiens professionnels se passent bien, mais je vois bien les regards de mon frère, surtout depuis que je lui ai dit qu’on annulait le mandat avec M. Costa. Il guette le moindre signe cependant je ne compte pas céder. Tout est absolument carré. Je vais travailler tous les jours, je fais mes courses, je vais courir deux fois par semaine que j’alterne avec deux séances en salle. Hormis le fait que je ne vois pas mes proches, tout se passe bien.
Ça fait plus d’une heure que je suis devant ma feuille à attendre que l’ensemble des traits ressemblent à quelque chose. Malheureusement c’est un échec cuisant. À me couper du monde, je me sens creux, mais j’ai conscience que c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
Alors que je range tout mon matériel pour aller me doucher, je suis coupé dans mon élan par la sonnerie de mon téléphone.
× Si tu ne réponds pas, je débarque chez toi ×
Court et efficace, du grand Malik. Je sais que je ne vais pas avoir d’autres choix que de céder à sa menace si je ne veux pas le voir arriver à l’appartement et surtout alerter mes proches.
J’ai à peine le temps de taper ma réponse qu’il me rappelle déjà.
L’échange est bref, mais il me donne rendez-vous la semaine prochaine dans un bar de mon quartier sous peine de poser ses valises dans ma chambre. Il me prévient que ça me laisse huit jours pour reprendre un semblant de vie sociale et ne plus ressembler à un ermite. Je raccroche et me pose sur le canapé. Je réalise que je me suis coupé du monde depuis ma rencontre avec l’autre fou. Je sais que Malik a raison, je sais que je dois prendre sur moi. Il fait ça pour mon bien et je me promets de faire de mon mieux…

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