Quelle nuit difficile, Månen n'a pas beaucoup dormi et pour cause, elle ne sait absolument pas où se trouve Peter, pas de nouvelles depuis hier soir, pas de réponses à ses appels, pas de messages venant de Karen ni de monsieur Stark, rien! Si ce n'est l'angoisse et la peur qui pèse comme une pierre dans son estomac. Comme tous les soirs le jeune héros était sorti faire une patrouille pour s'assurer que tout allé bien. Bien qu'il soit Spider-Man membre des Avengers, il continue à faire ses tours de garde dans les quartiers les plus mal famés de New York.

Six heures du matin et Månen est dans son lit à se retourner une énième fois. L'inquiétude et la crainte lui interdisant de fermer les paupières , l'anxiété de tous les scénarios possibles faisant piquer ses yeux, des larmes silencieuses glissant sur ses joues. Et s'il était blessé, mourant, ou prisonnier ou elle ne sait quoi. Un léger souffle s'échappe de ses lèvres. Elle ne veut pas pleurer. Peut-être qu'elle panique pour rien.

Six heures et demie, un bruit provenant du salon la fait se lever, dans la précipitation elle se prend les pieds dans ses draps et manque de tomber, elle se rattrape au mur et se dépêche de courir vers le salon. Les mains moites et les larmes aux yeux. Il est enfin rentré à la maison.

Oui mais voilà, rien n'avait préparé Månen à cet effroi, voir Peter ainsi. Il est à la maison oui mais il n'a vraiment pas l'air bien. Son costume est couvert de rouge pourpre partout du sang, du sang qui tâche son corps, son masque dans sa main, son visage est tuméfié ses cheveux sont sales et emmêlés, il se tient légèrement penché sur un côté, ses côtes semblent être douloureuses et il a vraiment l'air pas mal secoué.

-"Mon Dieu Peter mais..." La phrase de Månen reste en suspens, il vient de passer à côté d'elle mais sans même la regarder ou lui parler.

Surprise et terrifiée la jeune secrétaire, pose sa main sur le bras du jeune héros qui se dirige vers la salle de bain au fond du couloir. Mais ce n'est pas Peter, non, jamais il n'aurait fait ça. Le jeune homme se dégage avec rage sans un regard, sans se retourner, sans un mot, se dirigeant d'un pas traînant et pesant. Mais que lui arrive-t-il ?

-"Peter ?" Interroge Månen dans un souffle. Une sensation d'effondrement déchirant son cœur, une perle salée glissant jusqu'à son menton.

Le jeune homme lui tourne le dos et avance jusqu'à la porte du fond, sans se retourner, d'une voix froide et tremblante il lui adresse enfin la parole.

-"C'est bon Månen. Laisse tomber."

Ces quelques mots finissent de détruire le peu de courage qu'il lui reste et alors que le bruit de serrure de la porte de la salle de bain se fait entendre, les jambes de la blonde flanchent et elle s'écroule en larmes sur le sol. Le cœur lourd.

Une heure plus tard, la jeune secrétaire est à son poste, en avance. Les larmes se sont taries mais la rougeur de ses yeux ne trompe pas.

Surpris Tony écoute son Intelligence Artificielle lui indiquer que Månen est en avance ce matin et qu'elle a l'air fatiguée.

Le milliardaire fronce les sourcils et l'inquiétude rampe dans ses veines, que s'est-il passé entre les deux jeunes gens pour qu'elle soit là si tôt?

-"FRIDAY, surveillance vidéo s'il te plaît." Demande l'homme.

Immédiatement un écran apparaît devant les yeux du père adoptif de Peter, et il n' y a plus aucun doute, il se passe quelque chose entre les deux amoureux. Il se dirige vers l'ascenseur et descend jusqu'au rez-de-chaussée, il fait d'abord un détour vers la machine à café et file retrouver la blonde.

-"Mademoiselle Evans!" Interpelle le milliardaire. "Vous êtes bien matinale." Dit-il afin de lancer la conversation.

Dans l'appartement de Månen, Peter est enfermé dans la salle de bain, il pose son téléphone sur le plan vasque, il appuie sur l'araignée au centre de son costume et celui-ci se détend, doucement, Spider-Man le fait glisser et le décolle de ses plaies sanglantes, arrachant de fins lambeaux de peau, l'hémoglobine coulant en fins filets sur son corps meurtri. Ses mains tremblent, cette nuit il a morflé.

Ses types ont bien failli le tuer... Et que se serait-il passé s'ils y étaient parvenus ? Månen aurait souffert. Alors qu'il était attaché à cette voiture qui le traînait sur des kilomètres, quand ils lui ont fracassé les côtes à coups de batte de Baseball, quand il s'est battu de toutes ses forces mais qu'ils étaient bien trop nombreux, pour qu'enfin ils finissent par le laisser et qu'il en profite pour fuir, fuir comme un lâche. Tout ce temps il a pensé à elle et à elle. À toutes les deux, son amie et son amour. Il y a pensé quand il tirait ses toiles à travers la ville chaque mouvement le faisant tomber dans une atroce agonie. Quand il a vu son visage creusé de fatigue et couvert de larmes. Il ne peut pas lui faire subir tout ça, c'est trop égoïste de sa part. Il n'en a pas le droit. Il va s'éloigner d'elle. Mais ses idées ne sont pas claires, il a si mal, mal partout, sa tête et ses yeux, ses sens, son corps, c'est une agonisante agonie.

L'eau coule sur son dos, l'eau cristalline se teinte de rose et tourbillonne vers le siphon. Ça brûle, c'est insupportable, il serre les dents et souffre en silence il pose son front contre le mur frais essayant d'atténuer sa migraine. Espérant que l'eau fera disparaître avec elle cette sensation de vide et de détresse, il a l'impression de revenir des mois en arrière, il sent cette créature infâme se réveiller en lui, cette peur de décevoir, ce chagrin qui lui rappelle comme il est faible et inutile, bête et stupide. Il a tellement mal partout qu'il est incapable d'avoir une pensée rationnelle. Peter Parker l'être humain le plus nul qu'il soit. Il se déteste. Ses sens sont trop sensibles.

Il est assis en survêtement et tee-shirt contre la baignoire, posé à même le sol froid, chaque surface semblable à du papier de verre. C'est intolérable, il est dans le noir et pourtant ses yeux crient de douleur, il entend tout trop fort, tout même le murmure de la ville qui s'éveille. Son téléphone dans les mains, les bras enroulés autour de son corps, la douleur est seule spectatrice de sa détresse.

Dans la tour des Avengers, à l'accueil, Tony Stark est en grande discussion avec sa jeune secrétaire. Il ne comprend pas pourquoi son fils adoptif a agi ainsi alors qu'il est plus que certain que le jeune homme aime cette femme, plus qu'il ne pourra jamais aimer personne.

-"Je vais vous faire remplacer aujourd'hui." Dit-il posant sa main sur l'avant-bras de la blonde dans un geste affectueux. "Vous allez monter avec moi et vous reposer dans la chambre d'amis pendant que je m'occupe de Peter." La jeune femme veut répliquer mais l'homme ne la laisse pas faire. "Croyez-moi, je sais quoi faire."

Månen se laisse guider espérant que son patron puisse aider le héros rouge et bleu.