Chapitre 25 : QG
« QG »
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Cela faisait désormais plusieurs heures que nous étions enfermés dans cet espèce de placard. Kuro avait fini par s'endormir et je pense que je m'étais également assoupi. J'aurai sûrement mieux fait d'utiliser ce temps pour trouver un moyen de sortir d'ici, mais je ne l'avais pas fait. Tout était redevenu calme, dans cette petite pièce c'était comme si le temps s'était arrêté, et pour une fois, je voulais me laisser porter. Hiro et cet homme semblaient avoir décidé de nous prendre en charge, et même si c'était sûrement imprudent de ma part, je voulais leur faire confiance.
La porte s'ouvrit quelque temps plus tard. Hiro fut le premier à entrer dans la pièce. Il me salua d'un signe de la main et voyant que je venais sûrement tout juste de me réveiller, il se tourna et fit signe aux personnes qui le suivaient de faire moins de bruit. En me redressant, je remarquai qu'il était effectivement accompagné de trois autres personnes. L'homme qui m'avait enfermé ici, ainsi que deux femmes que je n'avais jamais vues. Toutes deux m'adressèrent un bref signe de tête.
Je fis l'effort de me relever pour saluer à mon tour les personnes qui venaient d'entrer. Kuro, privé de son coussin, se redressa également en frottant ses yeux. Il leva la tête pour m'observer, et en me voyant m'incliner, il m'imita et baissa lui aussi la tête.
« Woh ohoh. Eh bah, si on m'avait dit que tu t'inclinerais un jour devant moi, je ne l'aurais jamais cru. »
Je me redressai, soufflant silencieusement à la remarque de mon ancien camarade de classe, puis je reportai mon attention sur l'homme qui se tenait face à moi.
« Je vous remercie pour ce que vous avez fait. »
« Oh, il est encore bien trop tôt pour nous remercier gamin. »
Il se retourna vers les deux personnes qui les accompagnaient. Cette fois encore, il n'eut pas besoin de prononcer le moindre mot pour se faire comprendre. L'homme, qui occupait de toute évidence le rôle de chef et les deux inconnues s'avancèrent vers l'une des étagères. Ensemble, ils la firent glisser lourdement sur le côté pour libérer un passage. En les voyant faire, j'eus presque l'impression de me trouver dans un film, accompagné d'un groupe d'espions un peu étranges. Je ne savais toujours pas qui ils étaient ou ce qu'ils me voulaient, mais il y avait une chose dont j'étais sûr, ces gens étaient parfaitement organisés.
« Ne perdons pas de temps, dépêchez-vous. »
Derrière moi, Kuro se mit presque aussitôt à grogner. J'étais bien trop occupé à observer les autres pour voir ce qu'il se passait derrière moi. Hiro tenait le garçon dans les bras, ou du moins, il essayait. Il s'était sûrement dit que le porter était une bonne idée et que nous perdrions moins de temps ainsi, mais c'était évident que le garçon ne se laisserait pas faire. Kuro frappait et se débattait comme une bête sauvage. Son comportement ne m'étonnait pas plus que ça, au contraire. Je m'empressais de les rejoindre pour prendre le relais. Je pris Kuro dans mes bras, et sans un mot, je m'engageai dans le passage à la suite des autres. Le garçon s'accrocha rapidement à moi en lançant des regards meurtriers vers Hiro qui avait osé le toucher sans son accord.
Je ne savais pas où nous allions, ni où ces couloirs devaient nous mener, mais je les suivais sans discuter. Je n'avais de toute façon pas le choix, ils me surveillaient. Leur chef fermait la marche et à chaque fois que je me retournais ou que je n'avançais pas assez vite, il posait sa main sur mon épaule pour m'encourager à accélérer le pas.
Nous avions marché ainsi, une bonne vingtaine de minutes sans échanger un mot, avant que le groupe devant moi finisse par s'arrêter. Hiro passa devant pour dégager le passage et ouvrir la porte qui nous permettrait de sortir. La porte était cette fois-ci dissimulée dans le fond d'une armoire. Je suivis les autres pour me retrouver dans le salon d'une maison, qui me semblait à première vue, parfaitement normal. À condition, bien sûr, d'oublier les passages secrets...
La jeune fille, sortie en premier, s'était empressée de fermer les rideaux avant de nous faire signe de la rejoindre. Je posais Kuro sur le sol et m'avançais vers eux. Le garçon restait à mes côtés tout en surveillant les autres d'un mauvais œil.
Leur chef me fit alors signe de m'installer sur le canapé, ce que je fis. Kuro grogna une fois de plus contre Hiro qui lui tendait la main, l'invitant à le suivre. Le garçon courut pour me rejoindre et s'installer sur mes genoux, jugeant que là, on arrêterait peut-être de l'embêter. Je resserrais mes bras autour du garçon, ravi de cette décision. Tant que je ne savais pas exactement qui ces gens étaient, je ne voulais pas être séparé de Kuro. Hiro nous lança un regard, l'air déçu, puis il finit par quitter la pièce, seul.
« Bien, alors. J'imagine que tu dois avoir des questions. »
Je relevai les yeux pour regarder l'homme qui venait de prendre la parole. À la lumière, je pouvais désormais mieux voir son visage. C'était un homme proche de la cinquantaine, peut-être même un peu plus. Les cheveux grisonnants, mais très soigné, très propre sur lui. Il n'avait en aucun cas le profil d'un révolutionnaire ou d'un espion de film.
Il m'avait demandé de m'asseoir, mais lui était resté debout et nous regardait de haut, les bras croisés. Le fait d'être le seul assit, ne m'aidait pas à me sentir à l'aise, bien au contraire. Face à lui, j'avais l'impression de me retrouver face aux supérieurs, un peu trop charismatiques, avec qui j'avais dû travailler.
« Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous présenter. Je suis London. »
Il tendit une main que je serais par politesse, et même si j'avais parfaitement conscience qu'il me connaissait déjà, je répétai mon nom pour répondre à sa présentation.
« Sakuyama Shinto, enchanté. ...Mh et, je ... Pourquoi est-ce que vous m'avez aidé alors que je suis recherché et que-- »
« Pourquoi ? Eh bien, parce que tu avais besoin d'aide. C'est évident. »
Sa réponse me laissa perplexe. Ce n'était pas l'explication que j'attendais. Ce n'était pas une explication du tout et je n'appréciais pas le ton qu'il employait. Je tournai la tête vers les deux autres personnes présentes dans la pièce, espérant obtenir une meilleure réponse. En croisant mon regard, la jeune fille baissa automatiquement les yeux, mais la seconde personne m'adressa un sourire.
« London a longtemps travaillé dans le même service que toi, celui des enfants maudits. Il a un parcours assez similaire au tiens alors il sait ce que tu as vécu. Et en réalité, on le sait tout. J'ai conscience que nous ne sommes pas nombreux, et sûrement pas ceux que tu attendais, mais nous ferons tout notre possible pour t'aider toi et ces enfants. »
Je ne saurai dire pourquoi, mais cette femme dégageait quelque chose de rassurant. Plus que ce London ou même que Hiro. Ce n'était pas seulement à cause de ses paroles. Il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose de bienveillant. Je lui répondis par un sourire, tout en prenant le temps de l'observer. Je lui aurai d'abord donné une quarantaine d'années, mais elle semblait finalement assez jeune. Ses cheveux tirés en arrière et la fatigue affaissait les traits de son visage, mais elle devait tout juste dépasser la trentaine.
« Je m'appelle Garenn. Contrairement à London ou à toi, je n'ai jamais mit les pieds dans un laboratoire. Mais je t'aiderai du mieux que je peux, Shinto, parce que mes filles ... » Elle marqua une pause, et détourna le regard. « ...Mes filles étaient dans le centre où tu travaillais. Anna et Sonia, elles étaient adorables, tu as dû les rencontrer, et ... et je suis sûre que si tu avais eu de l'aide, elles seraient toujours en vie aujourd'hui. »
Je ne connaissais pas leur nom, mais j'avais facilement compris que les enfants dont elle parlait étaient les jumelles qui étaient aux centre. Cette femme, Garenn, elle me souriait toujours, mais son sourire était désormais empli d'une tristesse qu'elle ne parvenait plus à cacher. En la voyant face à moi, je ne pouvais m'empêcher de me sentir terriblement coupable de ne pas avoir pu lui ramener ses filles.
« Je suis désolé. Si j'étais arrivé plus tôt, je... »
Ah. C'est vrai, aux informations, ils m'avaient accusé d'avoir tué tous les autres enfants du centre. Y comprit les jumelles.
« Mais je n'ai pas fait ce qu'ils ont dit ! Vous savez... je ne les pas... tué. Quand je suis arrivé, ils étaient déjà ... Ils étaient ... C'était déjà trop tard. Et il ne restait que... Il ne restait plus que... »
En voyant que j'avais du mal à trouver mes mots, Kuro avait relevé la tête pour me regarder, intrigué. Et mon expression avait sûrement dû l'inquiéter puisqu'il avait posé sa main sur ma joue. Je rebaissais les yeux vers lui pour lui sourire et le rassurer.
« Ne t'en fais pas, Shinto. Je sais. »
La voix de cette femme était devenue plus tremblante. Elle s'était mise à pleurer. Elle pleurait, mais elle se forçait à sourire, encore.
« Tu as fait de ton mieux. »
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