47. ACHILLE
Heart upon my sleeve, Avicii ft. Imagine Dragons.
LE GARÇON ÉTAIT ALLONGÉ DANS L'HERBE SAUVAGE, au centre d'une clairière bordée de pins et de chênes. Le soleil perçait au travers des branches, tendues telles des bras pour saisir les vifs rayons de l'astre. La chaleur lui brûlait les joues et le front, pour le baigner dans un état béat d'apaisement et d'harmonie dans cet endroit silencieux. Rien ne lui était plus agréable que le son des feuillages menant une danse orchestrée par la brise automnale.
C'était l'après-midi, le soleil baissait déjà, bien qu'il restât quelques heures de plus après son départ. Achille se releva finalement en position assise, posant ses mains à plat de chaque côté de son corps. L'herbe se dressait entre ses doigts enfantins, les chatouillaient. Elle était encore bien verte en ce dernier trimestre de l'année; l'hiver se faisait moins rude depuis des années, de sorte qu'elle souffrait moins du gel et de la neige.
Il n'y avait guère d'animaux pour lui tenir compagnie, bien que cela ne lui manquait pas, puisqu'il avait toujours vécu sans leur présence. Ses parents lui avaient conté comment ils grouillaient les forêts jadis, comment ils vivaient avec les êtres humains, dans leurs maisons, comment ceux-là en élevaient certains simplement pour mieux les engraisser et les manger plus tard. Cette partie du récit ne manquait jamais de les faire frémir, ses frères et lui. Ils ne pouvaient soutenir le fait qu'un animal en mangeait un autre, alors qu'il ne lui était pas nécessaire de le faire.
Néanmoins, cette époque était différente et, avare de denrées à dévorer suite à la grande catastrophe environnementale, l'être humain eut assez tôt raison des autres espèces animales. À présent, il n'en restait plus là où il en gambadait des dizaines auparavant, l'air n'abondait plus en insectes de toutes les teintes et de tous les genres. Le silence s'était installé sur la Terre, le silence éloquent d'un génocide animal perpétué par l'espèce humaine et toujours inavoué.
Le vent se leva soudainement et souffla aux oreilles d'Achille, dont le visage s'illumina d'un sourire. Il appréciait ces moments de solitude où ce n'étaient que la nature et lui, sa conscience et son esprit en tête à tête. Le jeune garçon chérissait les moments passés avec ses frères, mais il n'aurait pu se passer de ces périodes journalières passées seul au milieu de ces arbres majestueux, les yeux perdus dans le bleu du ciel — ou alors le blanc, le rose, l'orange —, savourant ces minutes de calme loin de l'agitation insubordonnée des autres enfants et de leur tendance à se courir après à travers bois tout le jour.
Le seul qui comprenait surtout ce besoin de se retirer au calme, d'accorder du répit à son esprit surchargé et fatigué était Hade. C'était un petit garçon à la peau de la couleur de l'écorce du plus bel arbre de la forêt, et aux yeux d'un brun chaud. Il lui venait parfois à regretter la pâle blancheur de sa propre peau qui se confondait avec le teint glacé du ciel un jour pluvieux, alors que celle de son frère lui donnait l'illusion d'être le souverain de la Terre et de ses bois. Il aurait même encore préféré être vert puisque cela aurait fait de lui le maître incontesté au milieu des hautes herbes et des marécages.
Entre les deux garçons était nés de solides liens, une relation entre deux âmes bruyantes dont les langues peinaient à se délier, contrairement à leurs deux autres frères qui étaient des petits garçons tout à fait explosifs et extravertis. Ceux-là s'appelaient Elior et Roan — avec qui Achille partageait le même sang.
À eux quatre, ils représentaient une myriade de couleurs qui apportait le sourire, à tel point il était amusant qu'ils furent chacun aussi différents d'aspect. Hade était noir de peau, alors que les trois autres étaient blanc. Il arborait des cheveux noirs crépus et Achille des cheveux noirs plutôt bouclés. Tous deux avaient des yeux d'un brun sombre, quasi noir. Roan, son frère, était une beauté lumineuse: il était blond avec des yeux verts. Enfin, Elior avait les cheveux roux et des grands yeux couleur noisette.
Ils tenaient chacun plus ou moins de l'apparence de leurs parents, mais leurs caractères en étaient éloignés. Ils étaient dotés de qualités et de défauts propres à eux, savant mélange des personnalités de leurs parents et de leurs frères, de sang comme de coeur.
Achille, Hade, Roan et Elior étaient liés inextricablement, pour l'éternité. Il n'était rien de plus fort que leur amitié, qui se fissura néanmoins lorsqu'ils furent arrachés de leur foyer boisé, emmenés loin de leurs parents qu'ils ne revirent jamais plus. Par-dessus tout, au fil des années, les liens entre eux changèrent, se tordirent, et ne purent être davantage à la mort des deux êtres solaires.
Il ne restait à présent plus que les deux enfants lunaires, Achille et Hade, pour veiller l'un sur l'autre et raviver les braises de souvenirs de leur enfance, bien que leur présent leur paraissait tellement pénible qu'ils auraient nettement préféré avoir rejoint leurs frères.
Achille émergea du long sommeil qui l'avait tenu inconscient durant de longues heures et se releva sur un coude. Se frottant les yeux, il se remémora les derniers événements, peu à peu, alors qu'il se rendait compte qu'il ne savait pas où il se trouvait. Autour de lui, rien n'était familier, hormis les personnes qui s'y trouvaient avec lui. Ce détail ne le consola qu'à peine puisqu'il cherchait seulement un visage en particulier, en vain. Le jeune homme se massa le crâne, agité d'une migraine persistante, et se releva tout à fait en position assise.
Il faisait partie des premiers garçons à s'être réveillé, peut-être dû au fait que son cerveau était bien encombré pour le tenir longtemps en état de sommeil. Achille porta son regard autour de lui, examinant les lieux: il était assis sur le sol d'une espèce de grande pièce de teinte grise, sans meubles, et pourvue d'une seule fenêtre — au moins n'était-il pas encore sous terre.
Achille tourna sa tête à sa gauche, en direction de la porte. Il remarqua que la salle était séparée en deux; en effet, un espace d'à peine trois mètres s'étendait entre la porte principale et celle menant à la zone où ils étaient détenus. Les deux parties étaient séparées d'une immense vitre d'un matériau transparent et certainement solide — trop pour être brisé. Par ailleurs, à la hauteur d'un torse d'une personne adulte, se trouvaient dans la vitre deux systèmes de trappes, pour le moment verrouillées.
La porte de la pièce était coulissante, ce qui signifiait que nul autre qu'un individu autorisé et enregistré dans le système de mémoire des empreintes digitales pouvait l'ouvrir. En revanche, la seconde porte, d'une qualité moindre manifestement, était conçue pour pivoter sur des gonds et pour s'ouvrir avec une clé.
L'adolescent tourna ensuite de nouveau son attention à sa droite, vers la fenêtre. Il constata qu'elle était hors de portée et, de toute manière, dotée d'une deuxième vitre par-dessus, d'un matériau semblable à celui de la paroi entre les deux zones, donc incassable sans outil adapté.
Achille ne sut combien de temps il patienta, assis contre le mur latéral, l'esprit vide. Il observait, indifférent, les adolescents s'éveiller autour de lui. Le garçon nota qu'il avait été placé avec ses compagnons de travail des souterrains. Ils ont su que j'étais avec eux, avait-il pensé. Il n'y porta cependant pas plus d'intérêt, car cela n'avait, en réalité, aucune utilité.
Qu'est-ce que cela faisait qu'ils savaient à quel groupe il était rattaché? C'était plutôt une chose normale qu'ils sachent, étant donné toutes les informations que le gouvernement détenait sur chaque individu. Eux n'avaient pas ou plus de puce — elle était retirée à ceux assujettis dans les galeries —, mais d'autres méthodes étaient possibles pour en apprendre beaucoup sur leur personne.
Achille se figura que, s'ils avaient connaissance de son passé et de ce qu'il était devenu, il devait alors représenter un parasite dans la matrice. Il avait enduré trop de drames, trop souffert pour qu'il fût probable qu'il redevienne un jour assez capable pour retravailler avec efficacité et rigueur dans les sous-sols.
— On est où, là?
La voix s'éleva, faible, dans la basse luminosité et le silence funeste de la pièce, en écho au massacre de la veille — du moins, si c'était le samedi. Elle appartenait à un frêle garçon âgé d'un an de moins qu'Achille, à la face angélique mangée par l'acné et encadrée d'épais cheveux bleus. Il venait de se réveiller et était troublé de l'endroit où il se trouvait.
— On a été faits prisonniers, hein? Ils vont nous renvoyer là-dessous? gémit-il, le ton angoissé.
— Tais-toi au lieu d'apeurer tout le monde, grogna un autre garçon, réveillé avant Achille. Ça changera rien de s'apitoyer sur son sort.
— Depuis combien de temps on est là? s'enquit un autre, sans interlocuteur en particulier.
— Aucune idée. D'après le soleil par la fenêtre, ça pourrait bien être le matin, même si on aurait du coup dormi plus longtemps qu'on a jamais dormi, conjectura le deuxième garçon.
Achille soupira, pris de lassitude. Ils étaient comme des jouets que l'on passait de mains en mains, dont on voulait qu'ils furent assez forts pour le travail manuel, mais pas assez intelligents pour penser par eux-mêmes. Cela valait autant pour les dirigeants que pour les rebelles. Leur évasion n'avait jamais été leur idée, la rébellion ne s'était jamais réellement formée dans leurs têtes — ils n'avaient pas le temps pour ça —, et voilà que tous ces efforts n'avaient conduit à rien, si ce n'était leur causer plus d'ennuis qu'ils n'en auraient causé de leur propre action.
Tout avait toujours été manipulation, venant de n'importe quel camp. Ils ne choisissaient pas, il leur avait été retiré cette liberté le jour où avait été décrété la suppression de leur statut d'être doté de droits et d'une identité individuelle. Ils n'étaient plus que des esclaves, des opprimés, des laissés-pour-compte. Si révolution il y avait, rien ne présageait qu'ils seraient victorieux dans le cas de figure où le gouvernement était renversé.
Certes, les rebelles avaient pour dessein de les emmener loin des souterrains, mais il était impossible que le pays ne se noie pas si nul ne travaillait dans les galeries. Or, les conditions étaient si mauvaises que personne ne déciderait sûrement de son plein gré d'y exercer, même pour la pérennité de la France et de sa population.
De ce fait, Achille ne parvenait pas à faire entièrement confiance aux Éternels: qu'est-ce qui prouvait qu'ils comptaient vraiment sauver tous les travailleurs des galeries? Ils avaient en effet fait évader seulement les plus jeunes, sous la capitale, alors qu'il était peut-être plus judicieux de sauver en premier les adultes. Ceux-là auraient représenté de plus amples forces pour combattre les dirigeants, et certainement des esprits moins malléables que ceux d'enfants et d'adolescents aux enfances volées.
— Ils sont où Arthur et Hade? On les a plus vus depuis le chaos du centre commercial, remarqua un adolescent.
Achille tourna sa tête devant lui, une émotion confuse dans les yeux. Il avait refoulé cette pensée de l'absence de son ami qu'il avait constatée dès son réveil, afin d'éviter la panique qui aurait tôt fait de le submerger. À présent que ce questionnement avait été prononcé par un autre à haute voix, l'affreuse vérité résonnait dans sa tête et ses pires craintes se réveillèrent.
À l'autre bout de la pièce se tenait assis en tailleur Thomas, tordant ses doigts avec mélancolie. Lorsque le nom d'Arthur emplit le silence de la salle et de sa tête, il leva les yeux vers le garçon qui venait de parler.
— Arthur est mort, annonça-t-il, mollement, comme s'il n'en avait pas encore tout à fait pris conscience.
Davantage de yeux s'ouvrirent cette fois. La nouvelle avait jeté un voile d'accablement dans la pièce. Un autre d'entre eux avait perdu la vie.
— Et Hade... Hade, je ne sais pas, continua Thomas.
L'adolescent ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil en direction du jeune homme aux cheveux noirs tombant sur son front, Achille, pris de vagues à l'âme violentes. Thomas nourrissait le désir de se lever et de le rejoindre, simplement pour s'asseoir à son côté, compatir en silence, mais il n'osait pas le déranger. Il était lui-même profondément affecté de la perte d'un être cher, or il savait qu'Achille avait enduré de plus douloureuses tragédies encore. En outre, leurs relations n'étaient pas des plus amicales, bien qu'à cet instant il aurait souhaité qu'elles le fussent, après tout ce qui s'était passé.
— C'est la merde, conclut un autre adolescent aux cheveux gris.
— Peut-être qu'ils veulent nous tuer, vu qu'on était avec les rebelles.
— À mon avis, ils vont simplement nous menacer et nous jeter de nouveau dans les souterrains. C'était vraiment stupide de croire qu'on pouvait s'en sortir. On aurait été où?
— Dans la forêt..., suggéra le garçon paniqué de tout à l'heure.
Quelques-uns d'entre eux tournèrent leurs yeux vers Achille. Ils savaient que l'adolescent et ses amis avaient vécu dans les bois avant d'être consignés au travail forcé dans les galeries — d'où leurs cheveux. Pour chacun d'eux, vivre dans la forêt relevait d'une utopie absurde; en effet, se trouvant en bordure du pays, il était interdit de s'y aventurer, puisqu'il était possible de rejoindre un pays voisin par leur traversée.
Par ailleurs, les arbres étaient abattus au fil des années par le gouvernement afin de les transformer en quelque meuble ou machine pour le pays. De ce fait, alors qu'il n'y avait déjà plus d'arbres dans le Milieu, ceux dans l'Arcade commençaient à disparaître lentement également.
— Achille, tenta le jeune homme aux cheveux gris.
L'intéressé conserva son regard perdu dans le vide, la voix lui parvenant tel un bourdonnement lointain. Son esprit se trouvait dans une clairière éloignée, baignée de soleil, encadrée d'arbres, de feuillages d'un vert éclatant, dans laquelle gambadaient des enfants, veillés par leurs parents.
— Achille, tu penses qu'il est possible d'aller habiter dans les bois?
L'adolescent aux cheveux noirs sortit finalement de sa léthargie. N'étant plus qu'une coquille vide, sa voix sonnait comme celle d'un défunt, rauque et grave. Son teint était blâfard, et ses yeux empruntaient le même sentier: ils étaient froids.
— Non.
— Pourquoi? Vous l'aviez bien fait avec Hade et... et les autres..., hésita son interlocuteur.
— Ils nous ont retrouvés. C'est fini. Il n'y a plus rien à faire, nous ne sommes que des foutus pantins, alors acceptez-le et arrêtez de pleurer.
Sur ces mots, Achille se tourna sur le côté, de sorte à ne plus affronter les regards réprobateurs des garçons. Immédiatement, comme s'ils étaient observés et qu'avait été attendu que leur conversation prenne fin, la porte principale coulissa, découvrant un homme de grande taille, les cheveux bleus, le visage carré et apathique, mais les yeux enflammés et vivaces. Il se rapprocha jusqu'à la seconde porte, sous les yeux suspicieux des occupants de la pièce.
— Achille, j'aimerais que tu viennes avec moi, dans la seconde, ordonna-t-il, posant ses yeux sur le garçon recroquevillé sur la droite.
— Eh bien moi je n'aimerais pas, marmonna l'adolescent en retour.
— T'as tout intérêt à ramener ton cul ici avant que je vienne te chercher moi-même, gamin.
— Qu'est-ce que vous lui voulez?
Thomas n'avait pu s'empêcher de poser la question à l'homme, tant parce qu'il s'inquiétait pour le sort du jeune garçon, comme pour lui faire gagner un peu de temps, pour qu'il se décidât de lui-même à se lever.
— Mêle-toi de ce qui te regarde, rétorqua-t-il sans même le regarder.
— J'ai dit: qu'est-ce que vous lui voulez? Et, tant que j'y suis, qu'avez-vous fait de Hade? Pourquoi n'est-il pas avec nous, hein? insista Thomas en se mettant debout.
La mort d'Arthur l'avait dépouillé de son habituel enthousiasme et l'avait gorgé d'une fureur qui ne faisait que gagner en intensité. La cruauté des policiers envers Hade la veille et le dessein obscur qu'ils nourrissaient pour Achille avaient semé la révolte en lui; il souhaitait en découdre.
— Pose encore la moindre question et je viens te régler ton compte, tu es prévenu.
— Pourquoi vous êtes un pareil enfoiré?
L'homme fit les gros yeux, enragé. En plus de ne pas l'avoir écouté, Thomas l'avait insulté. Sa nature ardente eut aussitôt raison de lui et, extirpant une clé de sa poche pour la tourner dans la serrure, il ouvrit la porte à la volée. Il fonça d'un pas véhément en direction de Thomas, dont ses compagnons autour de lui ouvraient de grands yeux terrifiés à la vue du colosse bouillonnant.
— Quelle aimable créature de venir quand je l'appelle, susurra en ricanant Thomas.
Il n'avait pas conscience qu'il s'était mis en danger, il ne se sentait pas vulnérable. L'adolescent était devenu invincible dès l'instant où Arthur était mort, parce qu'il n'avait plus rien à perdre; la douleur n'était plus qu'une distraction et la mort une délivrance. Avec son coeur cassé et vide de joie, et les blessures que les policiers lui avaient faites sur le corps, avec sa peur qui constamment lui tordait le ventre, il était roi.
— Je vais te faire regretter ce que t-
Thomas se jeta en avant sur l'homme, suivi des autres adolescents. Aucun n'avait prévu d'agir de la sorte, mais ils étaient chacun mués d'une colère et d'une impuissance trop longtemps refoulées. L'union faisait la force et la peur, foudroyante, n'était plus qu'un bruissement dans leurs poitrines, le feu de la haine crépitant plus fort.
— Mais qu'est-ce que v-
Au moins une quinzaine de garçons avaient pris d'assaut le corps de l'homme, le ruant de coups, lui crachant des paroles venimeuses à la figure. Tout ce temps, la porte était restée entrouverte, et seul Achille l'avait remarqué. Les adolescents autour de lui avaient l'esprit entièrement obnubilé par l'offensive sur l'homme aux cheveux bleus.
Thomas se détacha de la foule furieuse et porta son regard vers la dite porte: une lueur passa dans ses yeux; il venait de constater qu'elle n'était pas fermée. C'était leur chance, celle d'Achille, en particulier. Un seul d'entre eux pouvait tenter de s'enfuir pour le moment, mais le risque était grand puisqu'ils ne savaient si des policiers ne se cachaient pas de l'autre côté de la porte.
Thomas baissa les yeux vers l'homme que les adolescents prenaient grand soin à faire souffrir. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que d'autres policiers n'arrivent, du fait de l'attente, des réactions inquiétantes que la puce enregistrait ou parce que, peut-être, une caméra les observait — bien qu'aucune n'était en vue. Il s'accroupit à son chevet, capta du regard un poignard à sa ceinture: l'outil adapté pour ce que le jeune homme s'apprêtait à faire.
— Maintenez-le, ordonna froidement Thomas, soudain sérieux.
Le couteau était entre ses mains à présent. Les travailleurs ne prirent pas la peine de poser de questions, ils étaient trop heureux de se défouler pour formuler des scrupules. Thomas attrapa la main droite de l'homme et la plaqua sur le sol, sous les paroles affolées et injurieuses de l'individu. Puis, posant la lame juste au-dessus de la deuxième phalange de l'index, le garçon trancha en quelques secondes le doigt de l'homme, sans flancher.
Laissant le couteau dans le sang se répandant autour de la main mutilée de l'homme, il souleva du bout des doigts celui à l'instant tranché et se remit debout. Thomas se dirigea d'un pas galvanisé vers Achille, qui les observait du coin de l'oeil depuis le début, ne laissant transparaître ni exaltation ni blâme. Un trouble naquit dans ses pupilles quand le garçon aux cheveux bleus ébouriffés lui tendit le doigt de l'homme, au bout sanglant:
— Fiche le camp, Achille. Sauve ta peau. Sauve celle de Hade, si tu veux, mais ne tente rien pour nous. Allez, va-t'en! Dépêche-toi!
Une émotion mêlée de reconnaissance et de colère envers cet acte évoquant de la pitié frémit sous la peau du jeune garçon. Il accepta dans sa main le présent de Thomas et, avec pour projet d'en effet sauver Hade, Achille hâta le pas jusqu'à la porte, d'une démarche chancelante.
— À bientôt, Achille, murmura Thomas.
La porte coulissa. Alors que le garçon se glissait dans un couloir vide du moindre individu, il répondit avec les mêmes mots à Thomas, ne sachant véritablement s'il signifiait qu'ils se reverraient un jour dans la vie, ou alors dans la mort.
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Aujourd'hui, c'est la St Achille alors je voulais marquer le coup pour mon personnage favori♡
J'ai beaucoup aimé écrire la partie italique alors j'espère qu'elle vous a plu·e·s? En fait, j'ai adoré écrire le chapitre entier, même si la fin n'est peut-être pas des plus crédibles je crois :')
Deux questions: où pensez-vous qu'ils sont détenus? Pensez-vous qu'Achille parviendra à s'enfuir avec Hade ou même seul?
— Bisou mes griffeurs♡
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