❁ Chapitre 8 ❁
Chan vérifiait pour la énième fois l’adresse sur la carte de visite. Il avait repéré un parking non loin de l’immeuble auquel il devait se rendre et le stress commençait à l’envahir. En fait non, il était stressé depuis plusieurs heures déjà, il n’avait pas osé croiser le regard de Mina une seule fois de la journée, il était rentré directement après le travail, n’avait rien su avaler et avait pris une douche avant de passer une bonne demi-heure à chercher ce qu’il allait mettre.
Il avait l’horrible sensation d’être un adolescent la veille de son premier rendez-vous, et il devait constament se répéter qu’il était un adulte et qu’il n’en était pas à sa première soirée en compagnie d’une jeune femme, loin de là. Pourtant cette fois c’était différent, la situation n’avait rien de comparable à ce qu’il avait déjà pu vivre auparavant.
Dans quoi s’était-il embarqué ?
Il considéra la possibilité de faire demi-tour plusieurs fois mais se retrouva finalement sur le parking, trop près du but pour faire marche arrière. Il coupa le contact et laissa l’arrière de son crâne reposer contre l’appui-tête. Il soupira en fermant les yeux.
— Mais qu’est-ce que je fous…
Il jeta un oeil à sa montre, il était presque l’heure. Tel un robot guidé par une commande extérieure, Chan attrapa sa veste et sortit du véhicule. Il repéra vite le bâtiment en question et entra. Il se dirigea vers l’ascenseur et pressa le bouton du cinquième étage, comme indiqué sur la carte de visite. Il semblait s'agir d’un immeuble résidentiel, pourtant Chan doutait du fait que Mina vivait réellement là. Elle ne devait pas laisser les clients venir directement chez elle, et cet endroit devait être son “lieu de travail”.
L’homme lui avait demandé si elle avait des problèmes d’argent pour faire cette activité en dehors de son métier de secrétaire, mais si elle arrivait à louer deux logements, alors elle ne devait pas être tant dans le besoin que ça.
La cage de métal s’ouvrit sur un couloir blanc et gris. Chan n’avait encore croisé personne depuis son arrivée devant le bâtiment et c’était tout aussi bien, il n’aurait pas su où se mettre s’il avait rencontré une connaissance. Il trouva facilement le numéro 59 et hésita à taper. Il n’y avait pas de nom, rien qui indiquait qu’il se trouvait au bon endroit. Il prit une profonde inspiration, au pire il pourrait toujours prétendre s’être trompé de numéro, il n’y avait rien de suspect à cela.
Il pressa le petit bouton à côté de la porte et il entendit une petite mélodie retentir. Son coeur s’était mis à battre à mille à l’heure. Il se rassura en se disant qu’il pourrait toujours dire stop ou partir, du moins c’est ce que Mina lui avait promis. Pour autant, il était stressé. Il entendit la porte être déverrouillée et s’entrouvrir, laissant apparaître la tête de la jolie blonde dans l'entrebaillement.
— Vous êtes donc venu, dit-elle avec un sourire malicieux.
Chan déglutit et se racla la gorge.
— Ou-oui, je n’allais pas vous faire faux bond tout de même.
— J’apprécie. Vous entrez ?
Elle ouvrit la porte en plus grand et son invité hésita. Il était arrivé jusque là, il aurait eu l’air ridicule de faire demi-tour maintenant.
— Je ne vais pas vous manger, pensa bon de préciser Mina, du moins pas tout de suite.
Chan frissonna, cette remarque était pour le moins prometteuse. Il rassembla le peu de courage qui lui restait et pénétra à l’intérieur de l’appartement. Il avança juste assez pour que sa secrétaire puisse refermer la porte mais s’arrêta dans le petit couloir. Il faisait sombre, l’éclairage était discret, la décoration baroque, dans les tons noirs, rouges et dorés. Chan se rappela du surnom de sa subordonnée “Queen Mina” et se dit que l’ambiance générale collée plutôt bien à ce nom.
— Vous allez resté planté là longtemps ? dit-elle en passant à côté de lui pour ouvrir la marche.
— En fait je… je ne devrais peut-être pas être là.
Elle s’arrêta et lui fit face, les bras croisés devant sa poitrine.
— Vraiment ? Moi je pense que justement, si vous êtes venu jusqu’ici c’est que vous en aviez envie. Je ne vous ai forcé à rien, vous aviez le choix de venir ou non et vous êtes là, alors arrêtez de faire des manières. Votre vie privée et votre boulot sont barbants alors la curiosité et l’attrait de la nouveauté vous excitent. Vous êtes intrigué, la preuve, votre attitude envers moi a changé au travail. Est-ce que la mienne a changé ? Non, pourquoi ? Parce que moi je sais ce que je veux, je sais ce que je recherche, contrairement à vous.
Chan papillonna des yeux, il avait toujours du mal à se faire à l’idée que sa secrétaire n’avait pas de filtres et qu’elle n’hésitait jamais à lui dire tout ce qui lui passait par la tête. Il prit quelques instants pour l’observer, ne manquant pas de remarquer sa robe moulante noire plutôt décolletée. Face à son silence, Mina soupira.
— Qu’est-ce qui vous plaît monsieur Bang ?
Celui-ci reprit contact avec le monde extérieur.
— Comment ça ?
Mina lui fit signe de la suivre dans la pièce principale, toujours dans le même style que l’entrée. Elle lui indiqua de s’installer dans un petit fauteuil en velours bordeaux tandis qu’elle prenait place contre une table ouvragée. Chan n’avait jamais vu un décor pareil, il avait l’impression d’être sur un plateau de film historique ou alors dans une chambre à thème d’un love-hôtel, et vu la seconde activité de sa secrétaire, il devait plutôt s'agir de ça.
— En terme de sexe, finit-elle par répondre.
Le jeune homme toussota, sentant le rouge lui monter aux oreilles. Il remerciait la faible lumière de la pièce et les rideaux fermés, avec un peu de chance, Mina n’y verrait que du feu.
— Euh je… enfin… Pourquoi cette question ?
La blonde eut un petit rire.
— À votre avis ?
Il déglutit et passa la paume de ses mains sur ses cuisses. Il n’avait pas prévu que la discussion en viendrait si vite à cela.
— Tout ce que vous direz ou qui se passera ici restera entre nous, précisa-t-elle, vous pouvez parler en toute honnêteté. Et je ne suis pas non plus là pour juger vos tendances, bien au contraire.
— Et bien… Je ne suis pas sûr de savoir. Rien de spécial, articula-t-il après un temps de réflexion, je dirais… classique ?
— Vraiment ? C’est drôle, je vous imaginais plutôt du genre à aimer lâcher prise, à vous faire diriger.
— Non, enfin pas spécialement…
— Et moi je suis sûre du contraire, dit-elle en se redressant.
Elle s’avança doucement posant une main délicate sur l’épaule de son supérieur tout en faisant le tour du fauteuil pour s’arrêter derrière lui. Son autre main alla trouver la nuque du jeune homme qu’elle massa dans des mouvements experts. Chan ferma les yeux, c’était particulièrement agréable, il se laissa ensuite bercer par la douce voix de Mina près de son oreille.
— Vous pensez aimer ce qui est “classique” comme vous dites, mais c’est uniquement pour la simple et bonne raison que vous n’avez jamais eu l’opportunité de goûter à autre chose. Je suis aussi persuadée que votre dernière relation remonte à plusieurs mois, voire peut-être même années ?
— L’année dernière… laissa échapper Chan dans un soupir.
Un rictus se dessina sur les lèvres de la blonde et elle se mordit la lippe inférieure. C’était toujours tellement plus intéressant de recevoir des hommes qui n’avaient pas assouvi leurs besoins sexuels depuis longtemps…
— Je pourrais… vous attacher, commença-t-elle en malaxant l’épaule de son invité. Les mains pour commencer peut-être ? Et vous bander les yeux ? C’est toujours beaucoup plus grisant lorsque l’on est dans le noir total, les autres sens en sont décuplés.
— Et… ensuite, vous me feriez quoi ?
Chan avait presque totalement oublié qu’il était en compagnie de sa secrétaire, il profitait juste de l’instant et écoutait attentivement ses propositions alléchantes.
— Je préfère commencer doucement, je ne voudrais pas vous brusquer. Je pourrais ensuite vous caresser, vous toucher… faire monter l’excitation en vous jusqu’à ce que vous me suppliiez de vous soulager… Et peut-être que je le ferai… ou pas… Tout dépendra de si vous avez été sage ou non.
— Comment ça sage ? soupira Chan.
Sa respiration s’était faite plus lente, plus profonde, presque comme si elle l’avait mis sous hypnose alors que ça n’était pas vraiment le cas.
— Ça, ça sera à moi d’en décider.
Elle retira ses mains de son corps et alla s’asseoir dans le fauteuil en face, à à peine un mètre de lui. Chan ouvrit lentement les paupières et cligna plusieurs fois des yeux pour se ressaisir. Il croisa ensuite le regard de la jolie blonde, il ne comprenait toujours pas pourquoi elle lui faisait autant d’effets, pourquoi il était prêt à faire tout cela alors que son bon sens lui criait que ça n’était pas une bonne idée. Ils étaient collègues de travail, il était son supérieur, rien de tout ce qu’elle venait de lui proposer n'était une bonne idée. Ils devaient en rester là, Chan devait partir et oublier tout ce qui venait de se passer et de se dire.
— J’ai quelques points à préciser avant que vous ne preniez votre décision, dit Mina en croisant les jambes.
— Des précisions ?
— Oui, comme dans tout contrat. Premièrement, vous ne devez rien attendre en retour, pas de sentiments, pas de contrepartie, nous ne sommes pas et ne serons pas un couple, ce que je vous propose n’est en rien une relation amoureuse. Ensuite, je ne veux pas que vous en parliez au bureau.
— Je n’y pensais même pas.
— Parfait alors. Vous pouvez m’en toucher un mot si nous sommes seul à seule mais c’est tout. Et enfin, le point le plus important.
— Oui ?
— Vous êtes libre de me dire stop à tout moment, de ne plus venir, bref, d’arrêter dès que cela vous chante.
Chan hocha pensivement la tête.
— Et donc, si je suis d’accord avec tout cela ?
Mina esquissa un sourire malicieux.
— Dans ce cas je vous offre la première séance.
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