- Neyls.

La voix du blond venait de résonner derrière le plus jeune. Ses mains tenaient fermement les barreaux du petit pont, son cœur battait fort dans sa poitrine et ses lèvres tremblaient.

Il venait enfin d'arriver, il l'avait attendu presque une bonne heure, il avait réfléchi à des tonnes de scénario. A comment Tairon réagirait, s'il allait le renier ou bien rester à ses côtés. Il avait peur, extrêmement peur et pourtant, il devait lui faire face, lui balancer toute la vérité.

Il ne pouvait plus vivre dans ce mensonge, impossible.

Alors, lentement, le noiraud se retourna vers celui qui faisait battre son cœur. Ses yeux se plantèrent dans les siens. Mon dieu que Tairon était beau et impressionnant. Ses cheveux blonds en bataille soulevés par le vent, ses yeux bleus percent, son teint hâlé, Neyls l'aimait de plus en plus. Mais pas seulement pour ça, il l'aimait aussi pour son caractère, sa gentillesse, son humour, son sérieux quand il veut et bien plus encore.

Le blond le regardait, ils étaient face à face, chacun sans rien dire. Pourtant Neyls savait qu'il voulait dire quelque chose mais, cette fois-ci c'est lui qui devait prendre les devants pour une fois.

Il prit une grande inspiration, serra ses poings, détourna le regard du blond et osa enfin parler.

- Je suis désolé Tairon, mais il faut que tu saches une chose...

Il ne le regardait pas mais pourtant il savait pertinemment que le blond l'observait, les sourcils froncés. Il le connaissait par cœur après tout.

- Qu'est-ce que je dois savoir ? Demanda-t-il doucement.

- C'est à propos du numéro de téléphone...

- Quoi ? Comment ça du numéro de téléphone ?

- Tu... Tu te souviens de où tu l'as trouvé ?

Tairon sembla réfléchir un instant avant de reprendre la parole.

- Oui, dans les toilettes publics.

Le noiraud se mordit nerveusement la lèvre inférieure pour s'empêcher de craquer.

- Et tu te souviens de ce qu'il y avait d'écrit à côté ?

Encore une fois, le blond se mit à réfléchir, un peu plus longtemps cette fois. Il ne comprenait pas ou il voulait en venir.

- Oui je m'en souviens, c'était un truc du genre "Appellez moi, je baise gratuitement". Neyls je comprends pas, ou est-ce que tu veux en venir...?

Une larme roula le long de la joue du noiraud à l'entente de cette citation. Il releva le regard vers le blond qui se rapprocha lentement de lui. Il voulait le regarder dans les yeux, mais il n'y arrivait pas, il avait tout simplement honte.

Honte des paroles qu'il allait prononcer.

- J'avais cette réputation...

- Pardon ?

- Désolé Tairon, je suis pas celui que tu crois... Le Neyls tout innocent, je suis pas comme ça...

- Attend, tu... Tu veux dire que ce qu'il y avait de marqué, c'était pour de vrai ?

- Pas totalement...

- Je ne comprends pas.

- Laisse moi t'expliquer depuis le début alors.

Neyls planta cette fois-ci son regard dans celui de Tairon. Le blond hocha simplement la tête, légèrement confus par la situation. De son côté, Neyls se retourna de nouveau vers le fleuve, le regard vide. Devoir se rappeler, expliquer tout cela, ça le rendait mal, extrêmement mal mais il devait le faire. Il n'avait plus le choix à présent, il n'y avait plus aucun retour en arrière.

- Je t'ai menti, je n'ai pas eu des problèmes qu'au collège. A vrai dire... Le pire était à mon année de seconde. Je venais d'arriver en cours d'année, je n'avais aucun ami, j'étais nouveau et timide. Un jour, j'ai rencontré un garçon, plus âgé que moi. Il était super gentil avec moi, pourtant il avait la réputation d'être un garçon froid et arrogant alors qu'avec moi, il était tout le contraire. Il est rapidement devenu mon ami, je me sentais bien avec lui... Pourtant, un jour il m'a proposé de me présenter ses amis en dehors du lycée, j'ai accepté mais je n'aurais pas dû finalement... C'était le genre de garçon à boire, fumer, coucher avec n'importe qui, juste pour le plaisir. Ils m'ont proposé de fumer, j'ai accepté, ils m'ont proposé de boire, j'ai accepté, ils m'ont proposé une fille, j'ai accepté...

Ses mains ou plutôt tout son corps tremblait. Il se sentait misérable, pitoyable, dégoûtant. Tairon n'avait rien dit depuis le début, il n'osait même pas le regarder, il avait peur et pourtant, il n'avait pas fini. Il ne voulait pas l'entendre poser des questions maintenant alors il reprit aussitôt la suite de son histoire.

- Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté tout ça, j'étais mal dans ma peau, je voulais juste me sentir mieux mais de la mauvaise façon... J'ai commencé avec cette fille puis après avec une autre... Puis un jour, j'ai tout arrêté, je me sentais sale, horrible et j'ai réalisé que tout ça c'était pas moi... Que je pouvais peut-être encore changer. Alors j'ai parlé aux garçons, j'ai annoncé que je voulais plus faire ça, que je ne voulais plus traîner avec eux. Bien évidemment ils l'ont mal prit, ils m'ont insulté puis ils m'ont lancé la réputation d'être la "pute" du lycée... Et si tu as trouvé ce numéro dans les toilettes, c'est parce qu'un des gars l'a écrit... A-Alors tu vois, je ne suis pas ce que tu crois Tairon...

Sa voix venait de se briser à sa dernière phrase, il venait de craquer.

Les larmes coulaient sans s'arrêter, il plaqua ses mains sur son visage pour sangloter. Il se sentait faible, il se haïssait d'être comme ça. Il ne voulait plus regarder Tairon dans les yeux, il devait le dégoûter.

"Tu es misérable" voilà ce que le noiraud se répétait dans sa tête.

- M-Maintenant laisse moi Tairon... Tu dois me détester... Réussit-il à dire entre deux sanglot.

Il pleurait encore, sans s'arrêter. Il aurait tellement aimé revenir en arrière ou bien effacer tout ça de sa mémoire. Le silence du blond le rendait encore plus mal. Peut-être qu'il était déjà parti ? Il n'osait même pas se retourner pour vérifier.

C'était sûrement le cas, Tairon l'avait abandonné.

Du moins, c'est ce qu'il croyait.

Le noiraud sursauta lorsqu'il sentit deux bras entourer sa taille pour le serrer doucement. Le souffle chaud de Tairon s'écrasa dans son cou et son cœur loupa un battement. Il retira lentement ses mains de son visage pour observer sur le côté le blond, qui venait de poser sa tête sur son épaule. Son regard était dirigé vers le fleuve, puis il le détourna ensuite vers Neyls qui avala sa salive. Ses joues étaient humides et il commençait enfin à calmer ses sanglots grâce à la soudaine présence du plus âgé. Il se posait des tonnes de questions, il était perdu à son tour.

Tairon ne lui en voulait pas ?

- Je vais te dire quelque chose Neyls, fit-il soudainement.

- Q-Quoi ?

- Je t'aime toujours, peu importe ton passé, peu importe tes choix. Je t'aime pour qui tu es à présent, pas pour ce que tu étais auparavant. Tu dois peut-être te détester d'avoir fait ça mais, tout le monde fait des erreurs dans la vie n'est-ce pas ? Tu es sûrement tombé sur le mauvais chemin avant mais... Maintenant tu as appris ? Je sais que tu es une bonne personne Neyls, et je ne cesserai jamais de te le répéter. Alors, ne pense pas que je te déteste, c'est faux. Je t'aime toujours de la même manière.

Cette fois, Neyls se remit à pleurer mais pas pour la même chose. Ces paroles l'avaient touché.

Pourquoi Tairon était aussi bon, compréhensif, adorable ? Il avait vraiment de la chance de l'avoir à ses côtés, qu'est-ce qu'il aurait fait s'il ne l'avait pas rencontré ? Il serait probablement encore en train de se morfondre...

La main du blond se posa sur sa joue pour sécher ses larmes avec son pouce. Ils se regardèrent dans les yeux, sans rien dire.

Tairon lui souriait tendrement alors que Neyls se retourna pour se mettre face à lui. Il était collé aux barreaux du pont tandis que le blond posa ses deux mains sur chaque côté des barreaux.

- Neyls, tu m'aimes ?

Quelle question, bien sûr qu'il l'aimait. Il l'aimait comme jamais il n'avait aimé quelqu'un.

- Oui, je t'aime...

Le blond se mit à sourire avant de rapprocher doucement son visage de celui du plus petit. Neyls ferma lentement les yeux, son cœur battant la chamade. Les lèvres de Tairon s'écrasèrent enfin sur les siennes, une deuxième fois. C'était agréable, doux et apaisant pour le noiraud. Le blond mouva doucement ses lèvres contre les siennes et Neyls suivit doucement le rythme. Le noiraud se sentait tellement mieux à présent, grâce à lui...

Aucun des deux garçons ne voulaient arrêter ce baiser, ils s'étaient tellement manqués pendant presque une semaine entière... Ils avaient besoin de se le montrer.

Le vent fouettait leur visage, les passants les regardaient d'un œil interrogateur, le bruit du fleuve résonnait dans leurs oreilles et pourtant, rien ne venait interrompre leur échange.

Et maintenant, plus rien ne se mettrait en travers de leur amour.

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Je viens de me rendre compte que certaines personnes ont pu publier des commentaires déplacés lors de la révélation de Neyls.
Petite mise au point : On ne balise pas quelque chose comme ça et on ne dit pas "je m'attendais à pire" tout en souhaitant par derrière un v*ol.
" ça aurait été plus tragique qu'il se fasse v*oler " vous allez bien pour dire des choses comme ça ? Depuis quand on souhaite un truc du genre dans une fiction ou ailleurs ? Depuis quand on romance cet acte ?
Je n'accepte pas de tels commentaires.
Arrêtez aussi de minimiser les violences morales et sociales . Chacun et chacune va vivre la chose d'une manière différente et personne n'a son mot à dire là-dessus.
Le prochain commentaire désobligeant que je vois là-dessus fera office d'un signalement.

Merci aux personnes qui ont pu réagir à cela !