Ma gorge s'assèche immédiatement, je cligne plusieurs fois des yeux et je sens mon cœur s'accélérer dans ma poitrine. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes et je tente de prendre une profonde inspiration.

- Bien sûr, je réussis à murmurer.

- Tu veux venir chez moi ?

Je hoche la tête et elle me sourit. Sa main trouve la mienne et elle me tire gentiment. En marchant, je me fais la réflexion que je ne suis jamais allée chez elle. Tout ce que je sais, c'est qu'elle vit chez son oncle et sa tante. Je me demande à quoi ressemble sa chambre.

Une fois descendues du bus, nous nous dirigeons vers une petite maison proche de la bibliothèque.

- Mes parents vivaient à la campagne, ça m'a fait un choc quand je suis venue vivre en plein centre-ville, dit Soraya.

- Où est-ce que tu préfères vivre ?

- En ville, je pense ! répond-t-elle après un petit temps de réflexion.

- J'ai toujours vécu en ville, je me verrais mal habiter en campagne, j'avoue.

Soraya rit et je me sens plus légère. Je me dis que ce qu'elle veut me dire ne peut pas être si grave et je savoure ces petits moments ensemble. Je me rends compte qu'elle m'a manqué aujourd'hui ; pour la première fois depuis que j'ai commencé l'université, je ne l'ai pas vu de toute la journée et ça m'a fait bizarre. Mais c'est aussi la première fois que nous nous revoyons depuis que nous nous sommes embrassées. Je souris au souvenir de cette nuit, de la sensation de ses lèvres contre les miennes et du son de sa voix qui me dit qu'elle m'aime. Je suis Soraya qui entre.

- Je suis à la maison ! crie-t-elle.

Nous retirons nos chaussures et nos vestes quand une femme arrive. Elle a les mêmes cheveux bruns que Soraya, mais ses yeux sont brun chocolat et son nez est un peu plus long. Ses yeux se posent sur moi et elle sourit en s'approchant.

- Bonjour, tu dois être Arwen, dit-elle en me serrant la main. Je suis Leslie.

- Enchantée Madame.

Leslie m'invite à venir. Je rencontre son mari, Noah, qui semble assez distant, mais Soraya me dit qu'il est fatigué et que ce n'est pas personnel. Assez rapidement, Soraya prend ma main et m'entraîne dans sa chambre. Elle ouvre la porte et me laisse entrer. Sans surprise, ce qui prend le plus de place, c'est sa bibliothèque qui est remplie de livres. Je me demande si elle les a tous lu. Vers la fenêtre, il y a un grand bureau sur lequel sont posés son ordinateur, des fiches, des post-it et des cahiers ; il y a aussi trois photos que Soraya me montre. La première montre ses parents, la deuxième, sa sœur, Selene, et elle et la troisième, les quatre ensemble. Soraya repose les cadres, un léger sourire aux lèvres.

Nous finissons par nous installer sur son lit.

- J'aime bien ta chambre, je finis par dire.

- Merci ! C'est là que je préfère écrire, ici et la bibliothèque d'à côté.

Je ris doucement, mais je sens que la conversation tourne en rond. Je me demande ce qu'elle veut me dire et je sens mon estomac se tordre.

- Tu voulais parler ? je lance

- Euh, oui. J'ai passé toute la journée à repenser à hier et à savoir qu'est-ce que ça voulait dire.

- Je ne suis pas sûre de comprendre...

Soraya baisse les yeux et fixe ses mains jointes. Elle prend une profonde inspiration.

- Je t'aime, mais j'ai une tonne de questions, reprend-t-elle. C'est complètement nouveau et je ne sais pas ce que je... ce qu'on est censées faire ?

Je ris, pas pour me moquer, mais parce que je me rends compte que nous avions passé la journée à se poser les mêmes questions. Je prends doucement ses mains dans les miennes.

- À vrai dire, je ne sais pas non plus, j'admets. Tout ce que je sais, c'est que je t'aime et que tu me rends heureuse. Ça me terrifie, mais en même temps, c'est toi que je veux. C'est aussi nouveau et je ne sais pas s'il y a vraiment des ''règles'', mais je veux apprendre, si c'est avec toi. Enfin, si tu le veux aussi.

Sans rien dire, Soraya prend mon visage dans ses mains et se rapproche doucement. Ses yeux me demandent la seule chose que je souhaite à ce moment précis. Ses lèvres se posent contre les miennes et je sens mon angoisse s'envoler. Mes bras s'enroulent autour de sa taille et je la serre contre moi. Je sens son cœur battre contre le mien et je suis heureuse.

- Je ne veux que toi, murmure Soraya. Je suis tienne, tant que tu voudras de moi.

La gorge nouée d'émotions, je caresse son visage et je l'embrasse. Dans ce baiser, je lui dis que je suis aussi sienne et que je l'aime.

Allongée contre elle, dans son lit, je me sens à ma place. Je suis la personne la plus heureuse du monde.

- Tu es ma copine, souffle Soraya.

Ma copine. Mon cœur bat rapidement, comme s'il essayait de quitter ma poitrine pour rejoindre la fille couchée contre moi. Pour rejoindre ma petite amie.

Mais une question reste dans le coin de ma tête et commence à prendre de plus en plus de place. Soraya remarque que j'ai perdu mon sourire et elle me prend la main.

- Qu'est-ce qui te tracasse mon cœur ?

- C'est un détail et c'est idiot...

- Dis-le-moi.

Soraya s'est assise et me regarde, avec des yeux réconfortants qui me calment un peu. Je m'assieds aussi et remonte mes genoux contre ma poitrine avant de les entourer de mes bras. Je soupire et rassemble mes pensées.

- Je ne sais pas quoi faire de nos tatouages.

Soraya me regarde d'un air pensif et compréhensible. Encore une fois, nous avions dû avoir les mêmes pensées, les mêmes questionnements.

- Honnêtement, commence-t-elle, je n'ai pas envie de savoir maintenant. Je sais que je veux être avec toi, peu importe qu'on ait le même tatouage ou pas. J'ai envie de profiter, d'être heureuse avec toi et quand on se sentira prêtes, on regardera.

Elle me fixe un peu avant d'ajouter :

- Sauf si ça t'angoisse vraiment et que tu veux vérifier maintenant.

Je m'approche et l'embrasse encore.

- J'attendrais, je veux juste être avec toi, je murmure.

Soraya sourit, me prend dans ses bras et m'embrasse doucement. Je me sens légère, heureuse et entière.

Nous sommes le 4 décembre et je suis avec Soraya.