Du 26 décembre au 31 décembre, j'ai balancé mon temps entre ma famille, mes révisions et la lecture du manuscrit de Soraya. J'ai préféré ne pas ajouter mes amis, en me disant que je les reverrai pour le Nouvel An. Même s'ils me manquent évidemment. Je meurs d'envie de revoir Soraya pour lui parler de son cadeau de Noël. Mais avec mes études, j'ai lu une petite dizaine de chapitres sur trente.

Dans le bus, de la musique dans les oreilles, je me replonge dans ma lecture. La plume de Soraya est vraiment fluide et agréable, je ne vois pas le temps passer et je manque de louper mon arrêt. Je descends précipitamment et vais dans un magasin pour ressortir avec un bouquet de lys blanches. Je marche d'un pas déterminé en direction du cimetière ; depuis l'enterrement de mon père, ce mardi de mars. Son absence continue de transpercer mon cœur et la culpabilité me tord l'estomac, mais je sais que je dois affronter son fantôme et mieux vaut commencer l'année sur une note positive. En passant les portes, je coupe ma musique et range mes écouteurs et mon téléphone dans mon sac. Malgré le fait que je ne sois pas revenue depuis en tout cas six mois, je me souviens du chemin jusqu'à sa tombe. Je marche rapidement et silencieusement, adressant un léger signe de tête aux rares personnes que je croise. En arrivant devant sa pierre tombale, je reste devant sans bouger. Puis je dépose les fleurs dans le vase prévu à cet effet avant de reculer d'un pas.

- Coucou papa, je sais que ça fait un moment que je ne suis pas venue. Je suis désolée, mais c'était trop difficile de revenir. Sache que tu me manques chaque jour et qu'il ne se passe pas un jour où je ne me sens pas coupable...

Je prends une profonde inspiration et je commence à lui dire ce qu'il s'est passé dans ma vie. Je lui parle de mon expérience universitaire, de ma colocation avec Avery et surtout de ma relation avec Soraya. Au bout d'une demi-heure, je lui dis au revoir en lui promettant de venir plus souvent. En quittant le cimetière, je sens qu'un poids immense vient de se retirer de mes épaules.

***

Pour fêter la nouvelle année, nous avons prévu de faire une petite fête entre amis, Asia, Hayden, Sonia, Abby et Soraya. Les parents de Sonia ne sont pas là et ils nous laissent leur maison pour la soirée. Je finis de me préparer. Je lisse ma robe qui arrive au niveau de mes genoux ; j'enfile des bottines qui cachent mon tatouage. Je prends mon sac et je pars après avoir salué mon frère.

Je marche jusqu'à chez Sonia, en ayant hâte de passer du temps avec mes amis et avec Soraya. En arrivant, Abby me prend dans ses bras et récupère mon manteau. Je vais dans le salon et remarque que je suis la dernière arrivée. Je vais saluer mes amis, le cœur rempli d'amour. Nous discutons pendant quelques minutes avant que Sonia revienne avec des bouteilles de vin japonais. Nous nous servons chacun et chacune un verre avant de trinquer à cette nouvelle année. Nous nous installons à même le sol et je me colle contre Soraya. Même avec le peu d'alcool dans mon système, je me sens plus légère et j'ai envie d'être proche de ma petite amie, contact physique qu'elle est heureuse de me réciproquer. Les verres continuent, les conversations s'allègent et les rires se multiplient. À minuit, nous crions « bonne année » en se faisant un câlin collectif. Puis, je prends Soraya dans mes bras ; elle me tire par le bras pour m'entraîner sur le balcon. Nous nous asseyons à même le sol, l'une en face de l'autre, ma main dans la sienne. Soraya m'embrasse doucement et je sens les battements de mon cœur s'accélérer. À cet instant précis, je me sens parfaitement à ma place, dans ses bras, dans cet univers, avec cette fille. Je l'embrasse et je me penche pour murmurer à son oreille.

- Je t'aime, Soraya.

- Moi aussi je t'aime.

Je glisse ma main dans ses cheveux et je me sens en paix. Je me sens également sûre de moi, de notre amour et je crois en notre destin.

- Soraya ? je chuchote

- Oui mon cœur ?

- J'ai envie de vérifier nos tatouages.

Ses yeux s'agrandissent et se remplissent de larmes. Elle se penche pour m'embrasser avant de prendre mes mains pour que nous nous levions.

- En même temps ? elle me demande

Je hoche la tête. Elle commence un décompte de trois. À trois, je retire ma chaussure droite pour exposer mon tatouage. Je prends un petit instant avant de regarder Soraya. Mes yeux scannent son corps à la recherche de ce dessin. Plus mon regard descend, plus je sens mon cœur battre de plus en plus fort. Mes jambes manquent de me lâcher quand je regarde sa cheville droite. Où il y a une étoile filante. La même que la mienne. Je relève la tête pour croiser les yeux verts de Soraya. Mes yeux se remplissent de larmes et quand son corps entre en contact avec le mien, je fonds en larmes. Je la serre contre moi et je sens mon épaule s'humidifier, signe que Soraya pleure aussi. Vu de l'extérieur, nous devons avoir l'air stupide, l'une contre l'autre, en train de pleurer avec une chaussure en moins. Mais je m'en fiche, parce que je suis la personne la plus heureuse au monde.

- Tu es mon âme sœur, murmure Soraya. Je souhaite passer une année de bonheur avec toi.

Je me penche pour l'embrasser. Dans ce baiser, je lui transmets tout mon amour, mes promesses de futur avec elle et mon bonheur à cet instant précis. Nous finissons par remettre nos chaussures et nous nous rasseyons sur le sol. Dans les bras de Soraya, je suis à la maison.

- Souriez les filles !

Je tourne la tête vers Asia qui a son téléphone à la main. Je me rapproche de Soraya et Asia nous prend en photo. Elle nous les envoie dans la foulée et je les poste sur Instagram, avec l'accord de Soraya. Je mets comme description : « Très heureuse de commencer 2023 avec cette fille merveilleuse ! Je t'aime ❤️ »

Je me penche vers Soraya et pose ma tête sur son épaule. Au final, nos amis nous rejoignent sur le balcon et nous commençons l'année comme ça. Je suis enfin entièrement heureuse et en paix.