Chapitre 76 : Se soutenir
Et bon lundi ! Commençons la semaine en douceur. 🥰
Bonne lecture !
★
" Le mouvement #BalanceTonAlpha ne semble pas vouloir s'essouffler.
En effet, suite à l'agression d'un oméga sur le campus de l'Université d'Etat, un véritable raz-de-marée s'est élevé sur les réseaux sociaux, dénonçant la culture du viol et les agressions apparemment monnaie courante sur le campus.
Entre-temps, le mouvement a pris de l'ampleur, dépassant les murs de l'établissement pour toucher le monde du travail, la sphère privée ainsi que politique.
De nouveaux hashtags ont fait leur apparition sur Twitter, notamment. On peut y lire #BalanceTonAlphatWork, #OmegaPasConsentant, #TouchePasMonOmega, #NonMonsieurAlpha, ...
Mais une autre limite a encore été dépassée ce matin, lorsque les passants ont découvert, sur les murs de l'Université de grandes affiches collées pendant la nuit avec les Hashtags mentionnés, ainsi que des slogans Omégistes. Le mouvement dépasse les frontières du virtuel pour s'inviter dans la vie réelle et d'autres bâtiments un peu partout en ville ont subit le même sort... "
☆
POV: Jimin
— C'est dingue...
— Je ne te le fais pas dire ! C'est entrain d'exploser partout en ville ! Il y a des affiches collées devant les grandes entreprises, les écoles, même les ministères ! J'ai vu les photos, c'est impressionnant ! Ceux qui ont fait ça doivent être des dizaines pour réussir à coller toutes ces affiches en une seule nuit !
— C'est moi où je te sens admiratif, Hobi Hyung ?
— Franchement ? Ouais. Et Yoongi pense pareil. Il prend toutes celles qu'on croise en photo sur son portable et il les repartage sur Internet. Il m'a même dit que ça l'inspirait de ouf pour des nouvelles compos ! C'est plus une étincelle, Jiminie, c'est carrément un incendie !
Le ton excité de Hobi me fait sourire.
Nous sommes jeudi et j'attends Bae devant chez moi. Il termine son dernier examen aujourd'hui et nous nous retrouvons ensuite pour manger un bout ensemble, comme c'était convenu. Namjoon est resté à l'appartement pour peaufiner les derniers détails de sa présentation de TFE qui doit avoir lieu demain.
Nous discutons encore quelques instants jusqu'à ce que je reconnaisse la silhouette de l'oméga au loin, en provenance de l'univ.
— Hyung, je dois te laisser, Bae arrive.
— Okiiii Jiminie ! On se voit au magasin ! Byyyyye amuse-toi bien !
— Bye Hyung ! Bonne aprem avec Yoongi.
— Il te fait des bisous !
Derrière Hoseok, une voix renfrognée s'exclame "J'ai jamais dit ça!" et je rigole. Ils sont adorables tous les deux à se chercher en permanence.
Je raccroche et glisse mon portable dans la porte arrière de mon jean au moment ou Bae me rejoint, un sourire de soulagement dessiné sur les lèvres.
— Salut.
— Salut.
J'avoue que je ne sais pas trop comment agir, la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était dans un des couloirs de l'université entre deux sessions d'examens et nous n'avions échangé que quelques mots formels pour prendre de nos nouvelles.
Mais je n'ai pas besoin de réfléchir plus car Bae m'enlace et me serre contre lui. Maladroitement je lève les mains pour lui rendre son étreinte.
— Je suis content que tu sois là. Je murmure. Comment tu te sens ?
— Ca va... j'en pouvais plus de ces exams, ça fait du bien d'avoir fini.
Nous nous séparons pour échanger un sourire.
— T'as faim ? Je demande.
— Je crève la dalle.
J'éclate de rire à sa réponse parce que juste quand il le dit son ventre émet un gargouillement sonore et il me suit dans mon hilarité.
— Tu veux manger quoi ?
— Franchement ? Là j'ai envie d'un truc dégueulasse genre un double cheese avec supplément bacon, des frites recouvertes de cheddar et de jalapenos avec un milkshake fraise bourré de chantilly.
Je peux savoir pourquoi on est pas devenus potes avant ? Sérieux ce mec est génial.
— Alors on y va, je connais un endroit que tu vas adorer, si tu le connais pas déjà.
Nous longeons l'avenue bordée de magasins et de restaurants avant de bifurquer dans une ruelle plus étroite où la fraîcheur nous enveloppe agréablement. Je ne suis plus venu ici depuis des siècles ! Jungkook et moi mangions de temps en temps dans ce petit fast-food quand nous avions une fringuale nocturne, mais comme depuis des mois je n'avais plus les moyens de manger dehors et encore moins le temps de voir mon meilleur ami, nous ne sommes plus venus ici. Pourtant on sous le gras ou pour fêter nos réussites à l'école.
Une petite enseigne au néon représentant un burger débordant de salade, tomate et fromage grésille un peu plus loin et Bae a déjà les yeux remplis d'étoiles rien qu'à sentir l'odeur qui s'échappe par l aération qui donne dans la rue.
— "Ot's" ? Je connais pas...
— Tu vas plus pouvoir t'en passer, crois-moi.
Le décor de la salle joue à fond la carte du diners rétro américain. Les sièges sont en skaï rouge, les tables ont des angles ronds recouverts de chrome et le comptoir du fond est surmonté du menu avec des photos représentant les différents burgers et hot-dogs proposés. Une odeur caractéristique de friture embaume tout le magasin. Il y fait bien meilleur que dehors, la clim fonctionnant en plus des ventilos de plafond qui sont là pour le décor.
Bae a déjà l'eau à la bouche alors que nous nous approchons du comptoir en passant devant plusieurs tables occupées.
— Bonjour ! Bienvenue chez Ot's ! Qu'est-ce que je peux vous servir ?
Bae parcourt le menu rapidement, repérant ce qui lui fait envie avant de commander exactement ce qu'il m'a dit sur le trottoir un peu plus tôt. Pour ma part je prends un menu cheese avec des frites et un soda. Chacun paie sa commande et la serveuse nous souris en envoyant la commande derrière elle en cuisine.
— Merci, on vous amène ça à table dans quelques instants !
Nous nous installons tout sourire à la première table libre, Bae balançant son sac à dos sur la banquette à côté de lui. Il porte un t-shirt noir qui lui colle déjà aux omoplates à cause de la chaleur de l'extérieur. Perso j'ai juste enfilé des baskets basses et je porte mon sempiternel jean clair avec un t-shirt gris trop grand pour moi.
Il soupire en s'affalant contre le dossier avant de se redresser en grimaçant.
— Aich, je déteste quand je transpire et que ça me colle !
Il passe la main dans le bas de son dos pour tirer sur son t-shirt et s'aérer un peu.
Un silence prend place entre nous. Je suis un peu gêné, je ne sais pas trop comment engager la conversation...
— Et du coup, t'as quelque chose de prévu pour les vacances ? Demande-t-il, l'air intéressé.
Merci Bae.
— Je vais passer à temps plein dans le magasin où je travaille déjà.
— Trop cool. Félicitations.
— Merci. Et toi ?
— Je pars en voyage avec mes parents en Europe.
J'écarquille les yeux. En Europe ? La classe !
— Waw. Trop bien ! Vous allez où ?
— Principalement dans les capitales. Mes parents rédigent des guides de voyage et travaillent en ligne principalement. Ils font des reportages et des vlogs aussi.
— C'est trop cool. Je répond, impressionné.
— Ouais. Mais du coup ils sont parfois longtemps absents pendant l'année scolaire. Là je vais pouvoir les accompagner comme ce sont les vacances. Au départ j'étais sensé partir avec...
Bae se ferme d'un coup.
J'ai compris: Jung.
J'avance la main sur la table pour la poser sur la sienne qui tremble légèrement. Ses yeux s'humidifient mais il efface ses larmes naissantes d'un revers de son autre main.
— C'est rien. Ca va passer.
— Tu veux en parler ?
— Non, ça va. Je vois ma psy bientôt, là j'ai juste envie de profiter de la fin des exams et... de ce putain de burger de la mort que je vois arriver vers moi !
Entre le début et la fin de sa phrase, j'ai l'impression qu'il est passé du puit le plus profond et sombre au ciel le plus dégagé et lumineux. Ses phéromones font un virage à 180 degrés et il réceptionne l'assiette que lui apporte la serveuse pour la poser devant lui avec un regard carnassier.
J'éclate de rire alors qu'elle dépose également ma commande devant moi en nous souhaitant un bon appétit.
— T'avais vraiment faim en fait !
— Franchement, ouais. J'aurais bouffé un t-rex.
Nous n'attendons pas plus pour nous nous jeter sur notre repas et pendant de longues minutes plus un mot n'est échangé entre nous.
Ce n'est que quand il commence à être rassasié que Bae reprend la conversation là où elle s'était arrêtée :
— Et du coup, t'aime bien ton taf ?
Je m'essuie les lèvres avec une serviette en papier portant le logo du fast food avant de répondre en haussant les épaules légèrement :
— C'est pas le job de rêve, au départ je cherchais juste un petit boulot pour me faire de l'argent et devenir autonome vis-à-vis de mes parents. J'avais déménagé près de l'univ et je voulais assumer un maximum de mes dépenses. Mais en fait l'équipe est cool et le patron est vraiment sympa.
— Et tu te vois faire ça toute ta vie ?
— J'en sais rien. Je me projette pas pour l'instant. J'essaie de pas voir trop loin sinon ça va me stresser.
— T'as raison. De toute façon on peut être sûr de rien quand on est un oméga...
Sa conclusion est pleine de rancoeur et me fait de la peine. Je décide de lui retourner la question, espérant lui changer les idées.
— Et toi ? Quand t'auras fini l'univ tu veux faire quoi ?
— J'en sais rien du tout. J'ai jamais bossé comme étudiant, mes parents me laissent pas mal de liberté tant que je déconne pas. Ils sont assez ouverts d'esprits, je pense que je pourrais encore leur dire que je veux me lancer dans le padding, la pédicure médicale ou la photographie ça serait pareil pour eux.
— C'est cool d'avoir des parents qui te soutiennent. Je réponds, amer.
— Ouais... j'ai cru comprendre que c'était un peu tendu avec les tiens ?
— Un peu ? Je ricane.
— Pardon, c'est indiscret ?
— Nan... Ca va. Disons qu'ils veulent absolument que je vive selon leurs principes à eux qui sont d'une autre époque : marié en sortant du lycée à un alpha puissant et riche qui me mettra en cloque le plus vite possible pour m'enfermer dans une villa quatre façades avec jardin.
— Aich... Ouais, je vois. Et toi c'est clairement pas ton style.
— C'est le moins qu'on puisse dire...
Pendant quelques instants nous réfléchissons, chacun perdu dans ses pensées en sirotant nos boissons.
— Les miens m'ont jamais parlé de ça. Ils étaient contents pour moi quand j'avais un copain et super ouverts. Appa m'a emmené lui-même chez le doc à l'approche de mes premières chaleurs pour m'expliquer correctement la contraception, les inhibiteurs, tout ça...
Il s'interrompt quelques secondes, le regard dans le vague.
— Ils sont vraiment cools. Depuis toute cette histoire ils me soutiennent à fond. Je sais pas ce que je ferais sans eux.
Pendant les minutes qui suivent, Bae me raconte l'histoire de ses parents. Quand il parle de son Appa, employé dans un petit café à côté de l'université et la manière dont il a pris des cours par correspondance pour pouvoir accompagner son alpha pendant ses voyages en tant qu'assistant, ses yeux s'illuminent et on sent vraiment l'admiration dans sa voix.
— Qui sait, peut-être que tu pourras faire pareil ? Je demande, le sourire aux lèvres.
— Je pense pas, je suis pas doué pour les langues.
— T'as déjà essayé ?
— Papa m'a appris les bases de l'anglais et de l'espagnol. Je parle très mal. Répond-t-il en riant.
La conversation continue sur un ton léger et nous sortons du restaurant après un long moment, retrouvant la chaleur de cette après-midi de juin.
Bae est vraiment une personne que j'apprécie de plus en plus. Drôle, rebelle et sans langue de bois, il se laisse porter par ses émotions et est assez fier de son second genre. Contrairement à moi qui me suis déprimé pendant des années en maudissant la différence de traitement entre les alphas, bêtas et omégas, lui a pris le parti d'affirmer son statut sans rougir. Bien sûr, il ne cautionne absolument pas cette société alpha-centrée, d'ailleurs il m'a avoué au détour de la conversation être très intéressé par le mouvement omégiste. Il suit plusieurs comptes sur les réseaux sociaux et avait même hésité à participer au collage d'affiches qui a eu lieu pendant la nuit. Mais comme c'était juste avant son dernier examen et qu'il voulait être en forme, il a renoncé avant de se jurer de le faire la prochaine fois.
Il hésite même à se porter bénévole dans un centre qui accueille les omégas en détresse qui viennent y chercher refuge. Plus nous discutions et plus mon admiration pour lui grimpait les échelons.
Je vérifie l'heure sur mon téléphone avant de proposer:
— Il est encore tôt, tu veux qu'on se balade un peu ? Je t'aurais bien proposé de venir à l'appart' mais Namjoon travaille pour son jury de demain...
— T'en fais pas, c'est cool. Je vais rentrer à la maison, je suis crevé et j'ai besoin d'une douche, si ça te va ?
J'opine et il sort son téléphone pour le porter à son oreille après avoir composé un numéro.
— Appa ? C'est moi. Oui c'était sympa. Je rentre en bus ou vous passez me prendre ?
— ...
— Ok, je vous attends alors.
Il raccroche avant de s'adresser à moi :
— Mes parents sont dans le coin, ils avaient une course à faire, je dois les retrouver devant l'univ.
— Je t'accompagne. Je propose en me mettant en route à ses côtés.
Pendant les minutes qui suivent nous discutons encore de manière éparse, jusqu'à arriver devant l'université, nous postant à l'ombre du mur.
— Je suis content que les journalistes soient partis. Déclare Bae en laissant un regard couler vers l'entrée un peu plus loin.
— Moi aussi.
La conversation de mardi avec le directeur me revient soudain en tête. J'ai complètement oublié de lui en parler... Mais finalement je ne sais pas si c'est une bonne idée. En tant que mon sauveur et ex petit-ami de l'agresseur, il serait aussi sous le feu des projecteurs si son identité venait à être connue...
— Au fait, le dirlo t'as pas contacté récemment ? Je demande, prudent.
— Le dirlo ? Non, pourquoi ?
Pendant les minutes qui suivent je lui résume brièvement ma convocation dans le bureau au premier étage du bâtiment qui se trouve de l'autre côté du mur où nous nous trouvons.
— QUOI ?! Mais quel putain d'enfoiré de merde ! S'exclame Bae, lançant ses bras au ciel. Heureusement que t'avais ton avocat avec toi, il l'a bien remis à sa place !
Bae fulmine et laisse échapper des phéromones d'énervement avant de se rendre compte que je fais un pas en arrière. Son odeur quand il est en colère me ramène à des souvenirs que je préfère encore éviter. Il paraît que la mémoire olfactive est la plus puissante de toutes. J'imagine que c'est en partie ainsi qu'il devait sentir quand il est venu me sauver de Jung et ses amis.
— Oh. Pardon.
— C'est rien. Je répond en fronçant tout de même le nez.
— Je suis content que tu aies été bien accompagné. Dit-il en posant une main sur une de mes épaules. Par contre il ne m'a pas contacté... Mais s'il le fait, crois-moi bien qu'il va m'entendre ! Je vais lui dire ma façon de penser à ce connard égoïste !
— Mais tu ne risques pas de te le mettre à dos ? Tu as encore une année à tirer...
— Franchement, je m'en fous. C'est pas la seule université avec un cursus spécial oméga.
Wow. Je pensais être un oméga "rebelle" mais je crois que je viens de trouver mon maître.
A cet instant, le téléphone de Bae sonne deux fois et il vérifie ses notifications.
— Ah, mes parents sont passés devant nous, ils se sont garés un peu plus loin. Merci pour cette après-midi, c'était vraiment sympa et le burger m'a fait du bien !
— Merci à toi aussi. Et... merci pour tout. Merci mille fois.
C'est le moment que je redoutais. Depuis que nous nous sommes retrouvés tout à l'heure je pense en partie à ce que je vais lui dire de vive voix pour le remercier. Mais j'ai peur de raviver encore de mauvais souvenirs chez lui... Quelque part, je me sens coupable. Je sais parfaitement que je n'y peux rien, que ce qui est arrivé n'est pas ma faute mais malgré cela...
Je ne peux m'empêcher de penser que Bae a perdu son petit ami, la personne qu'il aimait de tout son coeur... Et je n'ose pas imaginer ce qu'il doit ressentir. Si je devais perdre Namjoon, alors que je l'aime du plus profond de mon être, je serais dévasté.
Bae ne respire pas la joie de vivre et ça se comprend. Il se tient comme si un poids de plusieurs tonnes lui pesait sur les épaules. Il parle, plaisante, s'énerve et s'intéresse bien entendu, mais au fond de ses prunelles une petite flamme a bien du mal à rester vaillante. Ses phéromones sentent la rose couverte de pluie, prête à se faner à tout instant. Il donne le change mais son masque est fissuré. J'ai vu une partie de sa détresse lorsqu'il parlait de ce voyage en Europe qu'il devait faire en compagnie de Jung et de ses parents.
— Oh Jimin.
Sans prévenir, Bae me prend par les épaules pour me regarder bien en face pendant quelques secondes avant de me serrer contre lui.
— Tu n'as pas à me remercier. C'est normal. Je ne pouvais pas te laisser dans cette situation. Je... pour tout te dire, je m'en veux énormément de ce qui t'est arrivé. Je pense que si j'avais été plus attentif, plus vigilant et si j'avais réussi à contenir Jung, tout cela ne serait pas arrivé. Au final, mon malheur est en partie de ma faute : je me suis voilé la face pendant des mois, je l'ai cru quand il m'a dit qu'il gérait. Peut-être que je ne voulais pas voir que la situation était entrain de déraper et qu'il devenait dangereux... Alors ce que j'ai fait, te venir en aide, c'était vraiment la moindre des choses.
Je l'écoute, le menton posé sur son épaule, complètement abasourdi. Je me rends compte que chacun d'entre nous, Bae, Jungkook, Namjoon et moi, nous nous flagellons tous chacun de notre côté, tournant et retournant les évènements dans nos esprits en étant convaincus que nous sommes fautifs, que nous sommes responsables... Et tous, nous nous offusquons contre les autres qui ressentent exactement la même chose que nous. Pourquoi cela nous semble-t-il une évidence que les autres ne sont pas responsables des mêmes choses pour lesquelles nous savons parfaitement que nous ne le sommes pas non plus alors que nous nous imposons ces pensées si sombres à nous-mêmes ?
— Bae...
Nous nous écartons et mon regard se pose sur ses joues trempées de larmes.
— Tu n'es pas reponsable. A aucun moment. Et si ça peut te rassurer, je ne l'ai jamais pensé. Même si tu ne m'avais pas sauvé, même si finalement... Je me tais, je ne parviens pas à le dire. Même si...
— Tu n'as pas besoin de le dire.
Je respire un grand coup.
— Merci. Je ne t'aurais quand-même pas tenu pour responsable, d'accord ?
Ses yeux jonglent avec les miens, ses iris clairs semblent refléter le ciel tel deux petits lacs de montagne qui débordent et se transforment en ruisseaux sur les collines de ses joues.
— Merci à toi. Je... tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien d'entendre ça.
Il me serre à nouveau contre lui avant de déposer un bisou sur ma joue et de sécher les siennes du revers de la main.
— Bon j'y vais, sinon ils vont s'inquiéter.
— Ok. On s'appelle ? Je demande.
— Ouais, on s'appelle.
Il me salue une dernière fois de la main avant de se retourner et de s'éloigner vers la file de voitures garées le long du trottoir.
— Bae !
— Oui ?
Il pivote sur lui-même pour me regarder, l'air interrogateur.
— Passe de bonnes vacances et un bon voyage, si on ne se voit plus.
— Merci ! Je t'enverrai des photos si tu veux ?
— J'adorerais !
— Alors c'est noté. A plus Jimin !
Il se détourne à nouveau et remonte la rue jusqu'à ce qu'au loin une portière s'ouvre côté passager et qu'un homme en sorte avant de le prendre dans ses bras et de le faire monter à l'arrière.
☆
Assis en tailleur au milieu du lit, je relis pour la cinquième fois le même paragraphe de mon roman entamé hier soir.
Mon regard louche vers le réveil. Encore trente minutes avant la fin théorique de la présentation de TFE de Namjoon...
Raaaaaah ! Ce que le temps me semble long ! Je m'angoisse tout seul.
Ce matin il est sorti de l'appartement avec son sac à dos à bout de bras pour ne pas froisser sa chemise, qui lui allait merveilleusement bien, d'ailleurs. Je ne l'avais jamais vu dans une tenue plus formelle comme celle-là, à chaque fois qu'il avait une réunion chez Kim Entreprises on ne se voyait pas avant... Et OMG, comme il est sexy !
Bon, clairement ce n'était pas le moment de penser à cela, mais je n'ai pas pu cacher très longtemps l'effet que le combo jean noir - chemise - lunettes - cheveux coiffés en arrière me faisait...
— Comment tu me trouves ? Je suis présentable ? M'a demandé Nam en sortant de la salle de bain.
Comme il n'obtenait pas de réponse il a levé les yeux vers moi pour voir que j'avais la bouche entre ouverte et les yeux qui ne savaient plus où regarder.
— Bon... apparemment ça va...
Il a rit avant de s'avancer vers moi pour me prendre dans ses bras.
— On dirait bien que tu aimes me voir en chemise...
— Tu... je... ça... tu...
Son hilarité n'a fait que grandir au fur et à mesure que je bredouillais des syllabes incohérentes, complètement sous le charme.
Un peu après il est parti, me laissant en pyjama dans l'entrée. Je lui ai fait signe depuis la fenêtre et comme nous avons pris cette petite habitude, il s'est retourné pour me répondre avant de se diriger vers l'université.
Et maintenant, j'attends.
Si tout va bien, la semaine prochaine à cette heure-ci nous serons tous les deux diplômés et à la recherche d'un appartement pour déménager plus près du magasin.
En attendant, nous allons signer nos contrats de travail avec Seokjin demain, avant de profiter d'un week-end entier de congé.
Nerveux, je me ronge un ongle, l'oeil vissé sur les secondes de mon réveil qui défilent les unes derrière les autres... Encore quinze minutes...
Je pense qu'il faut que je me rendre à l'évidence: je ne parviendrai jamais à me concentrer sur ce bouquin tant que Namjoon ne sera pas rentré et ne m'aura pas raconté dans les détails sa présentation.
Soudain mon téléphone sonne, me faisant sursauter. Je me précipite pour regarder le nom du contact appelant... Jungkook.
— Allô ?
— Jiminie Hyung ! Comment ça va ? T'as eu des nouvelles de Nam Hyung ?
— Non, pas encore, il termine dans dix minutes normalement.
— Aaaaaaaaaah !!!! C'est looooong ! Je stresse !
— Faut pas, il va gérer, j'en suis sûr.
— Tu stresses pas toi ?
— Naaaaan, j'ai confiance.
— Hyung... on me la fait pas à moi.
Ce gamin me connaît vraiment trop bien.
— Ouais, bon, je flippe peut-être un petit peu. Mais vraiment pas beaucoup.
— C'est ça. Vu comment tu angoissais pour mes exams à moi, plus que pour les tiens, je suis certain que t'as plus d'ongles à l'heure qu'il est !
Juste quand il me dit ça, je suis entrain d'entamer celui de mon index droit. Pris en flag, je le cache dans mon dos comme s'il était avec moi dans la pièce alors que je sais parfaitement qu'il ne peut pas me voir.
— N'importe quoi !
— Ahahahahaha ! Ca c'est le ton de quand t'es pris en flag !
— Bon, ça va hein ! Et le respect aux aînés il est mort ?
— Ahahahah et quand tu joues la carte du Hyung, t'es encore moins crédible.
— Pfffff... Pourquoi je reste ton pote en fait ?
— Parce que je suis drôle, adorable, gentil, mignon et qu'en plus je danse bien.
— T'essaie de me vendre quoi exactement ? Un date avec toi ?
— Ooh ouiiiiiii ça fait si longtemps qu'on s'est pas fait un truc à deux Hyung !!!
Son ton est un savant mélange de plainte, d'excitation et de bonheur. Je souris, il a raison, ça fait un sacré bout de temps qu'on s'est pas fait une sortie rien que tous les deux.
— On peut s'organiser çà pour la semaine prochaine si tu veux ?
— OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!
J'écarte le téléphone de mon oreille, il va me percer un tympan ce con. Après quelques minutes à discuter du programme de notre sortie entre oméga, Jungkook redevient sérieux :
— Au fait, je voulais te dire, il y a de nouvelles plaintes qui ont été déposées à la police de la part de certains omégas que j'ai rencontrés. Bae m'a bien aidé, même si quelques uns étaient méfiants envers lui parce qu'il est l'ex de tu-sais-qui.
— C'est super, Kook. T'as vraiment géré.
— Merci Hyung. Tae m'a bien aidé aussi. Pourtant avec ses examens et sa présa il avait pas beaucoup de temps mais c'était vraiment cool de me sentir soutenu par lui.
— Je suis désolé si je n'ai pas été d'une très grande aide, Kookie. Je déclare, peiné.
— Hyung !! Je veux pas entendre ça, ok ? C'est normal que tu te sois préservé et que tu sois resté un peu à l'écart. L'important c'était de te remettre et de te reposer.
Quand Jungkook se prend pour mon Hyung, ça me fait sourire et me réconforte. Il est trop chou ce gamin.
Alors que nous discutons encore des récents évènements et des actions omégistes de plus en plus virulentes partout en ville et dans le reste du pays, j'entends la clé tourner dans la serrure de la porte d'entrée.
— Kook, je te laisse, Nam rentre !
— Okiiii on s'entend bientôt de toute façon ! A toute et envoie moi un message pour me raconter comment ça s'est passé pour sa présa !
— Promis! Bye !
— Byyyyyye !
Au comble de l'excitation, je traverse la pièce pour me retrouver face à Namjoon. Il défait ses laçets sans me regarder.
— Nam ?
— ...
— Comment ça s'est passé ?
Il relève la tête et son expression rieuse me fait bondir le coeur dans ma poitrine.
— Je voulais te faire une blague, genre que ça avait été galère ou que j'avais tout foiré mais j'arrive pas à rester sérieux. Je suis trop mauvais acteur. Dit-il en riant à moitié. Ca s'est super bien passé !
— Yaaaaaah !!!
Au comble du bonheur je lui saute dans les bras et il me réceptionne sans difficulté, passant ses mains jointes sous mes fesses pour me soutenir alors que je l'enlace comme un koala avant de lui déposer une multitude de baisers sur les lèvres.
— Raconte !!
— Je suis rentré, j'ai commencé la présa et j'ai répondu à leurs questions. Ils étaient contents et apparemment impressionnés. Il y en a un qui a essayé de chicaner et qui a parlé du fait que mon comportement pendant ces dernières semaines n'a pas été approprié pour l'image de l'université et il demandait si ils pouvaient cautionner ça en validant mon TFE et mon année. Mais les autres se sont ligués contre lui et m'ont défendu becs et ongles.
— Attends... devant toi tout ça ?
— Ouip. Moi aussi ça m'a étonné. J'aurais préféré qu'ils en parlent après quand j'étais parti mais visiblement le gars pouvait pas supporter de ne pas me dire "mes quatres vérités en face".
— C'est dégueu de te faire un coup pareil pendant ta présa ! Comme si t'étais pas déjà assez stressé comme ça !
— J'ai pensé pareil mais vu comment les autres ont pris mon parti, j'ai juste regardé. Franchement c'était jouissif. J'aurais dû amener des lunettes 3D et du popcorn.
— Et du coup ?
— Du coup, Monsieur Park, j'ai l'honneur de vous annoncer que la semaine prochaine, tous les deux nous serons fraîchement diplômés et qu'il est tout à faire possible que votre humble alpha ait obtenu une grande distinction pour son travail de fin d'année.
— Youpiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !!!!
C'était plus fort que moi, j'ai crié. Je l'enlace encore plus fort en frottant ma joue contre la sienne, déposant mon odeur de violette partout sur lui. Une histoire d'instinct.
Namjoon rit de plus belle en se dirigeant vers la pièce principale avant de s'asseoir sur le lit.
Nous nous observons quelques secondes, les yeux brillants de joie avant qu'il propose:
— J'ai pensé au programme du reste de la journée.
— Ah bon ?
— Etant donné que tu ne travailles pas aujourd'hui, qu'est-ce que tu dirais qu'on sorte tous les quatre avec Kook et Tae pour fêter ça une première fois ce soir ? Et en attendant on pourrait éplucher les sites de location pour contacter quelques agences immobilières et se rapprocher un peu plus de notre futur chez nous ?
S'en est trop, je pense que je vais pleurer.
Oh.
En fait, je pleure déjà.
Namjoon sourit en essuyant mes larmes de ses deux pouces avant de prendre mon visage en coupe.
— Ca te fait plaisir à ce point-là Minie ?
— Te moque pas de moi, ce sont toutes ces belles choses qui nous arrivent après cette année de merde, ça m'rend émotif.
— Oooh vient là mon ange.
Il m'enferme dans son étreinte réconfortante en me berçant d'avant en arrière, déposant quelques baisers sur mes cheveux.
— Tu vas voir, on va être heureux. Me murmure-t-il à l'oreille.
Et je le crois. Oh que oui, je le crois.
★
Et voilà. Chapitre de transition pour entamer la dernière ligne droite ! Le prochain sera plus long.
Petit secret de fabrication : quand nous étions étudiantes avec ma bestie, il y avait un petit resto de burger dans la ville où nous allions à l'école qui s'appelait "Ot's" et qui avait réellement le décor des diners américains des années 50... J'avais envie d'un burger quand j'ai écrit ce chapitre faut croire. 🍔🍟😅
Je vous dis à jeudi pour la suite !
I 💜 U
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