Chapitre 52 : ... dites la vérité
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Ca y est, jeudi est arrivé ! 🥳
Bonne lecture !
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— Et du coup, on aimerait que ce soit toi qui fasse le discours d'adieux à mamie lors de la cérémonie funéraire au temple, Jimin. T'es ok ?
— Hein... quoi ? Oui, bien sûr.
— T'as rien écouté en fait.
— Si, si... Attends... quoi ?! Madame Min est morte ?!
Non, effectivement, j'ai rien capté de cette conversation. Hobi me regarde avec un air mi-agacé, mi-amusé.
— Je déconne, j'ai bien vu que t'en touchais pas une depuis quelques minutes alors je voulais voir à quel point tu m'écoutais pas. Mamie va très bien, ne t'en fais pas.
— Ah... ouf...
Les mains à plat sur le comptoir, je jette un regard circulaire au magasin. Il est midi trente et le samedi est mortel à cette heure, comme d'habitude. Jin est sorti faire une course pendant sa pause et ne devrait pas tarder à rentrer, ce qui me permettra de me poser quelques minutes dans l'arrière-boutique pour reprendre mes esprits. Mon cerveau est trop dissipé aujourd'hui. Je ne suis pas du tout à ce que je fais et ça se ressent sur mon travail...
— Tu veux m'expliquer ce qui ne va pas ?
— Non, c'est bon, ça va...
— T'es sûr ?
— J'ai pas envie de t'embêter avec ça, Hobi.
— Ok.
Il s'assied sur le haut tabouret derrière le présentoir en plexis qui contient les en-cas chaud, croise les jambes l'une sur l'autre, joignant les mains sur son genou et me regarde intensément.
— Quoi ?
— Tant que tu m'as pas expliqué ce qu'il se passe, je reste comme ça.
— Bah ca va pas être pratique pour bosser, ça c'est sûr.
— M'en fous.
Il va pas lâcher le morceau. Je le connais comme si je l'avais fait.
— Ca fait des mois qu'on se voit presque plus au boulot à cause de mes horaires. La dernière fois qu'on a bossé ensemble t'étais enjoué et tout allait bien. J'arrivais pas à te faire taire tellement tu me parlais de Namjoon, de Kook, même de tes parents, t'étais remonté à bloc, prêt à vivre ta vie comme tu la veux. Et aujourd'hui à part "Salut", t'as rien dit. Tu marmonnes tout seul, t'es pas attentif à ce que tu fais et tu t'es déjà trompé deux fois en rendant la monnaie ce qui, depuis que je te connais est arrivé... bah deux fois, aujourd'hui. Tes phéromones sont un appel à la déprime. Donc je dirais que t'as besoin de parler, alors parle. Je t'écoute.
Est-ce que vraiment je suis si transparent que ça ? Faut croire que oui...
— C'est Namjoon...
— Ca ne va pas avec lui ?
— Si, ça va super. Il est génial. Mais il a des problèmes avec ses parents.
— Ses parents ? Genre Kim Entreprises ? Ces parents-là ?
— Ouais, ceux-là...
Je résume la situation en quelques mots à mon collègue, dont le visage se ferme de plus en plus. Il est outré. Il est tellement sensible à l'injustice, son parfum se fait terreux, les tournesols sont entrain de pourrir dans un vase dont on a pas changé l'eau depuis des jours.
— Hobi... Je murmure en plissant le nez.
— Pardon.
Il inspire et expire plusieurs fois pour se reprendre. Les nuages qui s'étaient amoncellés au-dessus du champ de fleurs se dissipent et il affiche un air plus serein.
— Désolé, c'est plus fort que moi... Je ne peux pas comprendre que des parents puissent agir ainsi envers leur enfant.
— Moi je peux comprendre...
— Vous avez vraiment pas de chance, tous les deux. Quand je vois les miens, ils sont tellement cools...
— Tu leur a présenté Yoongi ?
— Ils sont au courant qu'il vit chez moi, que c'est un oméga et ils ont aucun souci avec ça... Pour eux, que je sorte avec un alpha, un bêta ou un oméga, c'est un fait aussi banal que si je choisissais fraise plutôt que vanille comme parfum de glace. Mais Yoon est un peu flippé à l'idée de les rencontrer, il veut faire bonne impression. Limite il va leur amener son CV et une lettre de recommandation écrite à la main par sa grand-mère, tu vois le genre. Alors j'attends encore un peu.
— Il a beaucoup de chance de t'avoir.
— Et Namjoon de t'avoir, toi.
— Je suis pas sûr... si on ne s'était pas rencontrés et finalement mis ensemble, il ne se poserait pas autant de questions sur son avenir... peut-être que c'est ma faute si maintenant il ne se contente plus de suivre ce que ses parents veulent pour lui... je réponds, le regard dans le vague.
Hoseok me regarde avec un air indéchiffrable.
— Waw... tu peux pas penser ce que tu viens de dire...
— Euh ? Quoi ?
— Attends, tu t'entends parler deux secondes ?! T'es entrain de dire que finalement il aurait été mieux pour Namjoon que ses parents le manipulent comme ils veulent et dictent sa vie sans qu'il se rebelle jamais ? C'est comme si tu disais "J'ai utilisé un antidote pour rendre à un zombie son humanité mais en fait je pense que j'ai mal fait." C'est débile.
— Hyung...
— Non, laisse-moi finir. Je pense que tu es la meilleure chose qui soit arrivée à Namjoon. Avec ton attitude et ta rébellion tu lui as montré l'exemple avant que son cerveau soit complètement anesthésié par un travail trop prenant et des obligations par-dessus la tête. Il a sans doute la sensation d'avoir dormi une grande partie de sa vie et toi, Jimin, tu débarques comme le Prince Charmant. Et en un coup de baguette magique tu lui ouvres les yeux d'un baiser et maintenant il se décide enfin à vouloir vivre sa vie pour lui, à faire ses propres choix. Imagine si ca n'était jamais arrivé ? Un jour, à l'orée de la cinquantaine il se serait réveillé un matin, il se serait regardé dans le miroir de sa salle de bain hyper luxe, aurait jeté un oeil à sa montre qui coûte plus cher que le bras qui la porte et aurait réalisé qu'il ne sait plus qui il est devenu. Et là, ça aurait été une cata. Si ca se trouve ses parents lui auraient même imposé un mariage, comme les tiens essaient de faire avec toi. En fait, vous êtes pareils tous les deux. Vos parents ne mêlent beaucoup trop de vos vies.
— Mais heureusement pour vous, vous êtes têtus et vous êtes ensemble, donc plus forts que l'adversité.
Cette voix, juste derrière moi, me fait sursauter. J'étais tellement pris par le laïus de mon collègue que je n'ai pas entendu Jin rentrer et se poster dans mon dos.
Mon patron pose son sac sur le comptoir avant de me prendre dans ses bras et de me serrer fort contre lui. C'est tout chaud. Hoseok se joint à notre câlin en se serrant contre mon dos et nous restons enlacés pendant quelques minutes, le temps que j'assimile tout ce qui vient de m'arriver dans la figure.
Je suis la meilleure chose qui soit arrivée à Namjoon ? OMG. Comment je vais me remettre de ça ?
— Jimin ? demande Jin en se redressant un peu pour me faire face.
— Oui ?
— On peut discuter ? Viens dans la réserve. Ca te dérange pas de continuer tout seul, Hobi ?
— Je vais essayer de m'en sortir avec la horde de clients qui attend devant le comptoir, Hyung. Répond notre ami en montrant l'espace vide devant la caisse avec un grand geste théâtral.
Seokjin s'esclaffe de rire avant de reprendre son sac d'une main et de me saisir le poignet de l'autre, m'attirant doucement à sa suite.
Une fois à l'abri des regards, il m'invite à m'asseoir sur une des chaises alors qu'il met de l'eau à chauffer pour un thé.
Un silence s'installe dans la pièce, alors que je le regarde préparer notre boisson et s'installer ensuite face à moi sur un tabouret.
— Jimin. Tu sais que tu peux tout me dire ?
— Oui, Hyung.
— Je n'ai pas tout entendu avec Hoseok, mais quelque chose ne va pas avec Namjoon?
— Si, ça va c'est juste que... ses parents...
Et là, c'est le drame. Y penser pendant des heures, en parler à voix haute une fois et devoir encore me répéter me donne la sensation que cette situation est gravissime et que jamais je ne trouverai de solution satisfaisante. La peur que Namjoon décide finalement de me quitter pour que je n'aie pas à supporter un fardeau en plus, comme il l'appelle, revient au grand galop semer la zizanie dans mon coeur et je fonds en larmes.
Devant Seokjin.
Qui accessoirement, est mon patron.
Mais c'est aussi mon Hyung. Un de mes Hyung. Celui qui prend sans doute son rôle le plus à coeur, celui qui agit comme une maman poule avec son poussin. C'est pourquoi, alors que mes premières larmes n'ont même pas encore eu le temps d'atterir sur mon jeans, je me sens soulevé de ma chaise et retrouve encore une fois son étreinte réconfortante. En équilibre sur la pointe des pieds, je serre très fort la taille de Jin. J'ai l'impression qu'entre ses bras, rien ne peut plus m'arriver pour l'instant.
D'une main il me caresse les cheveux et me murmure des paroles d'encouragement.
Par réflexe, j'essaie de ne pas l'incommoder avec mes phéromones qui doivent envahir la pièce et être étouffantes, mais quand je me souviens que Jin est un bêta qui n'y est pas sensible, je me laisse complètement aller. C'est épuisant de toujours devoir faire attention à réfréner ses émotions.
De longues minutes s'écoulent alors que mes larmes en font autant, trempant l'épaule de mon Hyung qui continue ses gestes tendres.
Quand enfin, un dernier hoquet m'échappe et que je m'écarte un peu de lui, Jin a déjà un mouchoir en papier à la main et m'essuie les joues. Après avoir déposé un bisou sur mon front il me fait rasseoir.
— Bois un peu de thé et après tu vas tout me raconter.
J'acquièce en tendant la main pour saisir la tasse fumante qu'il glisse vers moi sur la table. Après quelques gorgées qui réchauffent chaque fibre de mon corps, je me lance dans de nouvelles explications et je parle de tout. Mes parents, le marieur, Namjoon, ses parents à lui. J'en viens même à parler de mon TFE, de la manière dont mon promoteur, Mr Jeongun m'a imposé un sujet dont je ne voulais pas. Je laisse échapper l'information que je ne veux pas travailler dans la puériculture. A ce moment-là, Seokjin hausse un sourcil mais ne m'interrompt pas, écoutant attentivement tout ce que j'ai sur le coeur.
Une fois tous mes tracas dévoilés et exposés devant lui, mon patron s'affaisse un peu dans son siège, la mine sombre et les mains jointes. Il a l'air de réfléchir intensément.
— Bon, alors pour commencer on va déjà mettre une chose au clair: tu resteras ici autant de temps qu'il le faudra. Quand tu auras terminé tes études, je suis ok de t'engager à temps plein.
— Mais... tu n'as pas déjà assez de personnel Hyung ? Tu as le budget pour payer un temps plein supplémentaire ?
— Ca serait limite... mais ça ira. Il est possible que tes horaires soient plus ou moins variables en fonction des besoins, tu travailleras peut-être la nuit de temps en temps. Mais on en est pas encore là. Je suis convaincu que tu as les capacités pour t'épanouir dans un travail qui pourrait te plaire, la seule chose c'est que tu ne sais toi-même pas encore ce que tu veux. On t'a tellement bourré le crâne avec la puériculture sans te laisser entrevoir d'autres possibilités que des petits boulots temporaires que finalement tu n'as aucune idée de ce qui existe comme emplois. Je suis certain qu'il y a pleins de choses qui pourraient te convenir. Quand tu seras diplômé, tu viendras bosser ici et on cherchera dans les offres d'emploi quelque chose qui corresponde vraiment à tes capacités. Parce que tu en as, Park Jimin. N'en doute jamais.
— Merci, je ne sais pas quoi dire...
— Bah juste le premier mot de ta phrase c'est suffisant. Me répond-t'il en souriant. On est une famille, Jimin. Je l'ai toujours dit et je le pense.
Il se penche pour siroter une gorgée de thé chaud avant de reprendre :
— En ce qui concerne ton TFE, je pense que tu dois juste laisser couler, je sais que ce doit être extrêmement frustrant parce que ton sujet était vraiment bien et intéressant. Mais tu n'as pas vraiment le choix et puis, tu as commencé le travail. Autant aller jusqu'au bout, faire des étincelles à tes examens, obtenir ton diplôme et ensuite laisser tout ça derrière toi. Ta rancoeur et ton prof fermé d'esprit.
Mes épaules s'affaissent un peu. Je sais qu'il a raison. Je pense comme lui depuis longtemps mais l'entendre de sa bouche me permet de valider cette capitulation, de la rendre légitime et ainsi acceptable.
Quel soulagement que de lâcher prise.
— Ensuite, pour Namjoon... C'est vraiment délicat. Je peux me renseigner auprès de mon avocat pour savoir quelles sont ses options, si tu veux. Et si lui le veut aussi.
— Tu... tu as un avocat, Hyung ?
— Mes parents en ont toujours eu un et par extension c'est le mien aussi. Quand on a un commerce, ça peut toujours être utile. C'est un ami de la famille, alors je lui fais confiance à cent pour cent.
— Et tu crois qu'il pourrait nous aider à rompre ce contrat ?
— Peut-être pas à le rompre, mais en tout cas à savoir si juridiquement parlant, Namjoon peut tenter quelque chose et quelles sont les possibilités. Parle-lui et si il est d'accord, alors je me renseignerai de mon côté. En attendant... je pense que pour éviter qu'il ne s'attire plus d'ennuis, il devrait retourner vivre chez ses parents. De toute façon, si j'ai bien compris, il a tout chez eux, même ses cours... Et vous reprenez après-demain ?
— Oui... il vit chez moi depuis qu'il est rentré du Japon et que ses parents l'ont forcé à ramener ses affaires chez eux... Son père voulait le voir en rentrant de voyage mais il a décidé de ne pas y aller. Je crois qu'il ne sait juste pas quoi faire, mais à se cacher comme ça sans répondre à leurs appels, j'ai peur qu'il n'envenime la situation.
— Je pense que ce n'est pas la bonne chose à faire, effectivement.
Nouveau silence.
— On va laisser Hobi prendre sa pause, mais je pense que Namjoon devrait appeler de lui-même ses parents et leur donner ses conditions, celles que tu lui as conseillées. Et pour sa "fugue" si on peut l'appeler ainsi, il peut simplement arguer que ses instincts d'alpha ont très mal réagit au fait de perdre son indépendance ajouté au fait de ne plus être capitaine de l'équipe, ce qui équivaut à être chef de meute. Et on sait tous à quel point ce sentiment de pouvoir est important pour les alphas... Ca se tente. Mais ses parents vont le serrer de près, il aura sans doute peu de liberté de mouvements. Ils sont au courant que Namjoon a quelqu'un dans sa vie ?
— Je ne pense pas...
— C'est peut-être pas plus mal. Ils pourraient te considérer comme le noeud du problème, celui qui fout le bordel dans la tête de leur fils et tenter de déstabiliser Namjoon en s'en prenant à votre relation.
— Je n'avais pas pensé à cela. Je réponds, les sourcils froncés.
— Ce n'est qu'une hypothèse, mais au point où on en est et vu ce que tu m'en as raconté, je préfère tout envisager. Aller, laissons Hoseok manger, sinon il va tomber là.
Nous nous levons d'un seul mouvement pour nous diriger vers la porte de la réserve qui donne sur le magasin. Une main sur la clenche, Jin se retourne vers moi une dernière fois pour m'adresser un clin d'oeil assorti d'un sourire rassurant.
— Ca va aller, Jimin. Tout s'arrange à la fin, tu verras.
☆
— Je suis rentré !
En poussant la porte de mon studio, je ne m'attendais pas à tomber sur une pièce vide, toutes lumières éteintes.
— Nam ? Je chuchote, au cas où il se serait endormi.
Mais il n'y a personne dans la pièce principale. L'odeur de Namjoon est ténue, presque inexistante, comme s'il était parti depuis plusieurs heures.
Par acquis de conscience et parce que je commence à paniquer, j'ouvre la porte de la salle de bain à la volée, pour rencontrer, là aussi, un espace vide.
— Namjoon ??
Je sais que ça ne sert à rien de l'appeler, visiblement il n'est pas là. Mais à part chez ses parents... Où a-t'il pu aller ??
Soudain, l'angoisse que j'avais ressentie un peu plus tôt dans la journée quant à la possibilité qu'il décide de me quitter pour me "préserver" de tous ses ennuis me traverse le coeur, glaçant chacun de mes os et m'embrouillant l'esprit si fort que les larmes me montent aux yeux.
Tremblant je sors mon téléphone de la poche de ma veste et m'énerve quand je n'arrive pas à le déverouiller avec mon empreinte digitale, avant de me résigner à utiliser le code à quatre chiffres.
Je lance l'appel vers son numéro avant de coller l'appareil à mon oreille, fébrile.
Inspire. Expire. Inspire. Expire.
La sonnerie retentit. Une fois, deux fois... plus le temps passe et plus mes jambes me semblent en coton.
Enfin, après ce qui me semble être une attente interminable, Namjoon décroche.
— Allô ?
— Joon ! Où es-tu ?
— Je suis à l'univ avec Tae, pourqu... Oh! j'avais pas vu l'heure ! Je suis désolé ! Tu es rentré depuis longtemps ?
— Je viens d'arriver et tu n'étais pas là, je...
— Je rentre tout de suite, de toute façon on avait fini.
J'entends qu'il écarte un peu le téléphone.
— Tae, c'est bon pour toi ?
La voix de son cousin me parvient de loin :
— Yep, c'est bon, merci pour ton aide.
Il reprend un peu plus fort:
— Salut Jimin !! Me lance Taehyung d'un ton enjoué.
— Tu veux lui parler ? Demande Namjoon à quelqu'un.
Un silence puis un voix à laquelle je ne m'attendais pas me parvient :
— Hyung ?
— J... Jungkook ?
— Ouiii ! Désolé on a monopolisé Nam Hyung, on est entrain de bosser sur le projet de compte Insta et de Discord et comme il était tout seul aujourd'hui quand il a sonné à Tae on lui a proposé de venir nous voir. T'es rentré chez toi ?
— Oui, je viens d'arriver.
— On peut passer aussi ? Ca fait trop longtemps qu'on s'est plus vus tous les quatre !
— Oui, sans problème. Je vous attends.
— A de suite !!
J'entends Jungkook s'éloigner et quelques bruits de chaises qui bougent sur le sol avant que Namjoon ne me parle à nouveau :
— Je suis vraiment désolé, j'aurais dû t'écrire un message ou te laisser un mot.
— C'est rien...
— On arrive tout de suite, ok ?
— Ok.
Nous raccrochons et je m'appuie contre le plan de travail de la cuisine, derrière moi.
J'ai vraiment cru que... qu'il était parti.
Ca ne va pas de se faire des frayeurs pareilles, Jimin ! L'appart empeste le stress !
J'ouvre vite la fenêtre et allume les lumières avant de ranger mon sac, mes chaussures et ma veste. Dans ma presque panique j'ai tout lâché par terre dans l'entrée.
Quelques instants plus tard nous sommes tous les quatre installés autour de la table. Jungkook me raconte comment avancent la refonte du journal de l'université, ainsi que la sélection des omégas qui vont rejoindre l'équipe pour créer la rubrique spéciale qui nous sera dédiée. Il est tellement heureux que ses phéromones chassent rapidement jusqu'à la dernière molécule d'angoisse qui trainaît, nous contaminant tous d'une légère euphorie.
— On mange ensemble, les Hyung ? Propose-t'il après avoir tellement parlé que j'ai cru qu'il avait oublié de respirer.
C'est dans ces moments-là que ma situation financière devenue précaire récemment se rappelle à mon bon souvenir... Je n'ai plus assez de riz pour faire un repas pour quatre, dont deux alphas et je ne peux pas me permettre d'offrir à manger à tout le monde...
Percevant mon air gêné, Jungkook s'approche à quatre pattes de moi et s'agenouille tout près.
— Je suis désolé, Kookie... Je n'ai plus assez à manger ici et je ne commande plus dehors, je dois faire attention à mon budget. Je murmure en baissant la tête.
Il va être déçu. Depuis le temps qu'on a plus fait ça, une soirée tous les quatre à rire, discuter et jouer pendant des heures, ou à regarder un film en mangeant... J'ai la sensation que ces moments d'insouciance sont si loin, on dirait presque qu'ils ont été vécus par une autre personne.
— Hyung ?
Je relève la tête, Jungkook est tout près de moi, à me regarder avec ses grands yeux.
— Justement, j'ai travaillé pendant les vacances, j'ai fait un peu de babysitting et aussi aidé ma tante dans son magasin, alors j'ai des sous et je voulais vous offrir le repas à tous !
— Quoi ? Kookie, non. C'est hors de question !
— Mais...
— Cet argent tu dois l'économiser pour plus, tard. Tu en auras besoin.
— C'est pas pour un repas que je vais payer, Hyung ! En plus c'est toujours vous trois qui me nourrissez, pour une fois que je peux rendre la pareille !
— Justement, on est tes Hyung alors t'as pas à nous offrir à manger, non mais on aura tout entendu ici !
— Mais j'ai faiiiiiiiiim !!!! Je vais mourir si je mange pas !
— Suce un glaçon.
Notre fausse dispute pourrait durer encore longtemps si elle n'était pas interrompue par Taehyung:
— Jimin ?
— Quoi ?
— C'est quoi encore ton numéro d'appart ?
— 19 / 3 , pourquoi ?
— Comme ça.
Il tapote sur son téléphone avant de le reposer sur la table.
— Les Tteoppokkis et les Hotteoks arrivent dans trente minutes plus ou moins.
Cette déclaration me décroche la mâchoire alors que Kook lance ses deux poings en l'air en signe de victoire.
— Yeaaaaaah !!!! Merci Tae, t'es vraiment le meilleur !!
Toujours à genoux, il contourne la table pour se jeter sur son petit ami, celui-ci le réceptionnant du mieux qu'il peut en riant.
— Tae, pourquoi t'as fait ça ? Je demande, énervé.
— Bah, Kookie avait envie qu'on mange tous ensemble. Et moi aussi. Alors j'ai pris les devants.
— Mais je ne pourrais pas te rembourser !
— Qui a parlé de rembourser quelqu'un ? C'est moi qui offre !
— Mais je... je n'ai pas besoin qu'on me fasse la charité.
— Hey, Minie...
Namjoon prend ma main, m'attirant à lui pour me serrer dans ses bras.
— Si je l'ai fait, c'est parce que ça me fait plaisir. Ca aurait été pareil si tu avais pu me le rembourser. J'ai juste envie qu'on passe cette soirée tous ensemble avant de reprendre l'univ lundi matin. Explique Taehyung avec un sourire.
— Hyung, je sais que t'es fier et que tu veux être indépendant, mais tu dois accepter qu'on a envie de te gâter et de s'occuper de toi de temps en temps. Renchérit Jungkook.
— Je...
Oh non, non, non. Pas ça ! Pas encore !
Stop ! Park Jimin, je t'interdis de pleurer devant...
Trop tard.
Une unique larme roule le long de ma joue pour ensuite se jeter depuis l'arrête de ma mâchoire dans le vide. Namjoon ne voit pas mon visage, mon dos étant contre son torse, mais mes phéromones ne trompent pas et il me serre plus fort contre lui, comme pour me protéger de ma propre tristesse.
— Hyung !! Non, pleure pas !! S'il-te-plaît ! On voulait pas que tu sois triste !!
Jungkook réagit immédiatement à ce que je dégage, repoussant sans ménagement Taehyung qui le laisse filer, alors qu'il me saute presque dessus. Namjoon se retrouve donc avec deux omégas entrain de pleurer sur ses genoux, se serrant dans les bras l'un de l'autre en s'excusant mutuellement de fautes qui n'en sont pas.
— Hey, calmez-vous les garçons... Tente Namjoon.
La situation a basculé du tout au tout en l'espace de quelques minutes, Kook est complètement désemparé face à mes pleurs. Il n'a pas l'habitude que je me laisse aller ainsi, puisque je fais toujours le fort, le fier. Celui sur l'épaule de qui il peut pleurer, lui. Celui qui écoute ses problèmes, ses peurs et ses espoirs et le rassure quand il faut avec les mots justes. Mais depuis quelques temps c'est moi qui ait besoin qu'on les trouve, ces mots justes.
Hoseok et Jin on déjà commencé à panser mes plaies, en me rassurant à tour de rôle. Etre à présent dans les bras de mon meilleur ami, qui diffuse du mieux qu'il peut des phéromones d'appaisement en même temps que mon copain et Taehyung, c'est tout ce qu'il me manquait pour rassembler les morceaux de courage qui s'étaient éparpillés un peu partout.
Trouver l'appartement vide, après le sous-entendu de Nam d'il y a quelques jours m'a vraiment mis un coup de stress. Combiné à tous les tracas de ces derniers temps, au soulagement de la proposition de Seokjin de continuer à travailler pour lui après mon diplôme, de son aide éventuelle pour tirer Namjoon de ce guêpier... Tout ça, c'est trop.
Alors j'ai besoin d'évacuer, de faire descendre la pression.
Quand le livreur sonne à la porte, je suis toujours enserré dans plusieurs paires de bras. L'une d'elle défait son étreinte pour récupérer la commande et revenir quelques instants après déposer le tout sur la table.
L'odeur de nourriture réveille mon estomac qui gargouille bruyamment, nous faisant tous sourire.
— Hyung, vient manger, ça te fera du bien. Murmure Jungkook à mon oreille.
Il se détache de moi et me prend doucement la main pour m'asseoir en tailleur à ses côtés. Namjoon quant à lui me caresse le dos. Ses joues aussi son mouillées et pour me faire pardonner de l'avoir mis dans cet état je les essuie de mes pouces avant de lui déposer un bisou sur les lèvres.
— Je suis désolé. J'ai vraiment plombé l'ambiance.
— C'est rien, Hyung. Les amis c'est là pour ça aussi. Répond Jungkook.
— Nam nous a expliqué ce qu'il s'est passé avec ses parents. En fait, j'en avais déjà une petite idée. Mon oncle et ma tante on téléphoné chez moi pour savoir si ils l'hébergeaient. Forcément ce n'était pas le cas. Alors ils m'ont demandé si je savais où il était. J'ai dit qu'il était sans doute chez un pote dans une des chambres du campus.
— T'as dit ça ? Je demande, les yeux écarquillés.
Taehyung hausse les épaules, l'air nonchalant:
— C'est ni la première ni la dernière fois que je mens à mes parents. Et puis je savais parfaitement que Nam était chez toi. Après tout on le voit quasiment plus à la résidence de l'univ depuis que vous sortez ensemble. Il répond avec un clin d'oeil. Mais surtout, je savais bien que si je le leur disais, ils risquaient d'envoyer le chauffeur le chercher. Et j'ai pas envie de ça. Ils agissent comme des cons. J'ai de la chance que mes parents soient pas comme eux, j'aurais déjà fugué depuis des années sinon. Franchement, je sais pas comment t'as fait pour les supporter aussi longtemps, Nam. Dit-il en se tournant vers son cousin.
— Franchement, j'en sais rien. Il faut croire que je dormais.
— Et il a fallu que tu rencontres Jimin Hyung pour qu'il te réveille avec un bisou comme la Belle au Bois Dormant ! Lance Jungkook, les yeux brillants. C'est super romantique !
— C'est marrant, Hobi m'a dit pareil tout à l'heure. Je lance, un peu perdu dans mes réflexions.
— Ah oui ? Demande Namjoon, un sourcil levé, dans l'attente que je poursuive.
— Oui je... j'en ai parlé avec Hoseok et... et Jin. Je suis désolé, Nam, je ne voulais pas être indiscret mais ils ont vu que j'allais pas bien et ils m'ont cuisiné alors j'ai craqué et je leur ai expliqué pour tes parents et... tout en fait.
Il soupire un peu et il suffit de cela pour que l'angoisse pointe le bout de son nez. Peut-être que je n'aurais pas dû... au final, c'est sa famille, leur vie privée. Il n'a sans doute pas envie que ses problèmes soient racontés à des gens qu'il connaît à peine...
— C'est rien. T'avais besoin d'en parler. Déclare-t'il en me prenant la main.
— T'es pas fâché ?
— Je t'avoue que je ne suis pas enchanté de savoir que tout le monde est au courant de ce qu'il se passe mais... non, je ne suis pas fâché.
Pour appuyer ses paroles, il prend mon visage en coupe et dépose un long baiser sur mes lèvres, me faisant rougir... Après tout, nos amis sont juste là... Et ça ne rate pas, quand il me relâche pour respirer, Jungkook nous regarde avec les yeux brillants et un grand sourire, les mains jointes comme s'il était en prière.
— Oh. My. Goooooood. Je pense que je m'en remettrai jamais ! A chaque fois que vous vous faites des bisous devant moi je me sens si ému !
— T'as pas l'impression que t'en fais un peu trop, le microbe ? Je demande en lui faisant une pichenette sur le front.
—Aïeuh! T'es vraiment un Hyung de mauvaise qualité, dommage qu'il soit trop tard pour te ramener au magasin et t'échanger contre un modèle plus sympa !
— Tu sais ce qu'il te dit le modèle de mauvaise qualité ?!
Ni une ni deux, je passe mes mains sur ses côtes pour le chatouiller, connaissant parfaitement ce point faible de mon meilleur ami depuis des années. Il se tortille sous mes assauts, haletant et criant.
— Hyuuuuuung !!! AHAHAHAAH !!! STOP arrêêêête !!!!
— Alors, c'est qui la mauvaise qualité ?!
— Au secouuuuuuurs !!! Taetae aide-moi !!!
Le dénommé regarde la scène en riant, avant de se tourner vers son cousin qui lui aussi rit de nous. Ils haussent ensuite les épaules et se jettent sur nous pour nous séparer, mais c'est sans compter ma capacité à m'accrocher à mon Dongsaeng préféré... et sa capacité à lui de changer d'avis aussi vite que l'éclair. Car sentant que j'arrête de le chatouiller et que je m'accroche à lui, Jungkook en fait de même en m'encerclant de ses bras.
— Noooon, Hyuuuung !!! Me lâche pas !!
Tout le monde s'arrête, Taehyung et Namjoon éclatent de rire, chacun tenant son copain par la taille, tentant de nous séparer.
— Je comprends plus rien, il faut faire quoi, les séparer ou les laisser s'entretuer ? Demande Namjoon à son cousin.
— Franchement, tu sais quoi... Viens on s'assied et on prend les paris. Répond Taehyung.
Chacun lâche prise pour s'écarter et nous laisser enlacés sur le tapis de mon studio. Nous rions aux éclats tous les deux en continuant de nous chatouiller.
Un peu plus tard dans la soirée, blotti dans les bras de mon copain, je me souviens de cette scène et ris tout seul avant de m'endormir.
Peu importe ce qu'il nous arrivera demain, cette journée m'a prouvé qu'avec des amis comme les miens, je n'éviterai pas les emmerdes mais au moins, ils les adouciront toujours.
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Hehe, les fans de Jin, Hobi et Kook seront content.e.s après ce chapitre... 🥰
Ca me fait penser, vous avez un perso préféré dans cette fic ?
Vous savez ce qu'il se passe cette semaine ?
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Genre, samedi ?
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C'est l'anniversaire de notre Hobi-love !!! Mon alter-ego, notre soleil de tous les jours !
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Et pour fêter ça, comme à chaque anniversaire d'un membre, nouveau chapitre!
🥳🥳🥳
Alors je vous dis à samedi pour la suite !
I 💜U
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