Hey vous avez vu ? J'ai encore posté avant 22h ... J'me sens fière 😅

★

— Je vais aller lui péter les genoux !

— Ou pas ? Je te rappelle qu'il s'agit de mon patron, Kook.

— M'en fous ! Il a pas à draguer mon beau-frère comme ça !

— Alors, de un, il est pas au courant que Namjoon et moi sommes... peut-être en couple. Et de deux, c'est quoi ce nouveau titre que tu lui as dégoté ?

— Bah Hyung, si Namjoon et toi vous vous mettez ensemble, il devient automatiquement mon beau-frère, c'est logique.

— Je ne sais pas dans quel univers parallèle c'est logique, mais admettons. Tu n'iras pas agresser Kim Seokjin.

— Tu vas lui parler alors ?

— ...

— Hyung! Sérieux, tu vas rien lui dire ? Tu vas faire semblant alors que lui espère que Namjoon s'intéresse à lui ? T'es vraiment cruel.

— C'est fascinant de voir à quelle vitesse t'es capable de retourner ta veste, toi. Le déplacement d'air m'a presque propulsé à dix mètres. On vient de passer de la promesse d'une mort atroce à moi qui suis la cruauté incarnée... Ca vaut de l'or quand-même.

— Ne nous arrêtons pas aux détails. Tu DOIS lui parler, Hyung. Imagine s'il le découvre par lui-même et qu'il réalise que tu ne lui a rien dit ? Il va se sentir super mal. La honte.

Vu sous cet angle, Kook a raison. C'est injuste de ma part de laisser Jin espérer alors que je suis presque sûr à présent qu'il ne se passera rien entre lui et Nam...

— Parle-lui ce soir, Hyung.

— Je vais essayer, Kook.

— Au plus vite tu désamorçeras cette situation, au mieux ce sera. Là c'est trop gênant, et pour lui et pour toi. En plus si Nam Hyung ne se doute de rien, imagine si ton patron lui propose un date...

— C'est vrai que ça serait vraiment gênant pour lui.

— Préviens-le avant qu'il soit trop accro.

— T'as raison... Mais je ne sais pas trop comment aborder le sujet. C'est délicat.

Jungkook s'approche et me prend dans ses bras pour me donner du courage. Il dégage des phéromones de réconfort qui me détendent instantanément.

— Sérieux, Kook, j'ai pas besoin que tu me cames à la fraise des bois pour me motiver, tu sais.

— Chut. Laisse-toi faire.

Nous restons enlacés quelques minutes, au milieu du couloir.

Au loin j'entends des pas qui s'approchent et deux odeurs bien connues me parviennent à travers ce buisson de fraises qui nous entoure.

— Et moi alors, j'ai pas droit à un câlin ?

Mon ami me lâche à la seconde pour faire volte-face et se jeter dans les bras de son copain qui le réceptionne sans vaciller sous le choc.

Namjoon, quant à lui, s'approche de moi, les yeux brillants et un sourire timide aux lèvres.

— Salut, je suis content de te voir.

— Salut. Moi aussi.

Ma voix est faible et tremble légèrement d'émotion. Il s'approche encore et entrelace nos doigts. D'un coup d'oeil je vérifie que personne ne nous observe. Taehyung et Jungkook s'embrassent à pleine bouche sans retenue, alors que de notre côté, un simple effleurement de nos paumes me semble déjà aux limites de la décence.

— Je voulais te voir avant que tu partes travailler. Je t'ai acheté un sandwich au poulet. J'espère que tu les aimes toujours autant.

— Oh mais... C'est gentil, il ne fallait pas. Mais... merci.

Je n'ose pas lui dire qu'un reste de riz avec des légumes se trouve dans mon sac à dos. Il a l'air si heureux de me faire cette surprise.

Il glisse le sandwich dans ma main libre et je baisse le regard vers cette offrande pour le relever vers lui l'instant d'après. Il me semble que tout s'efface autour de nous. Tout est flou sauf son visage. J'inspire doucement, si je ferme les yeux, je pourrais me croire transporté loin, à l'autre bout du pays dans une forêt ensoleillée. Ses yeux clairs ont happé ma conscience, plus rien n'existe mis à part cet instant. Tant de choses passent entre nous à travers nos regards. Je me sens apaisé, comme si j'avais trouvé ma place, comme si là, maintenant, était le but ultime de mon existence entière. Je sais pertinement que ce sont les phéromones produites par Namjoon qui me mettent tant à l'aise. Il ne force pas, elles viennent naturellement. Est-ce que c'est parce que c'est moi ? Parce que, de mon côté que sens un timide parfum de violettes se frayer un chemin sur le tapis de mousse qui recouvre le sous-bois de cette luxuriante forêt, recouvrir de mauve le sol et se mêler à l'odeur des troncs d'arbres, des feuilles humides gorgées de sève, à la poussière dorée voletant dans l'air et le silence.

Namjoon esquisse un mouvement du bras, je ne réagis pas, mon esprit est trop loin d'ici, trop apaisé, la réalité défile au ralenti, comme un film dans ma vision périphérique. La pulpe de ses doigts frôle ma joue, la caressant de haut en bas, délicatement. Je retrouve cette sensation de profond bien-être qui m'avait envahi lors de notre au revoir sur le trottoir glacé devant mon immeuble.

Son visage s'approche de quelques centimètres et ses yeux jonglent entre les miens, me posant une question silencieuse. Je ne veux plus réfléchir, de toute façon j'en serais bien incapable en cet instant. Bouger ma tête de même un millimètre pourrait briser ce moment, alors je ferme juste les paupières, dans un consentement muet.

Je n'ai que quelques secondes à attendre avant qu'une douce sensation m'envahisse, partant de mes lèvres jusque dans mon coeur et mon ventre. Sa paume épouse parfaitement l'arrondi de ma joue à présent et ses lèvres pressent un peu les miennes, sans forcer. Il s'écarte et revient, encore. Il a penché un peu la tête, l'angle d'impact n'est plus le même et nos bouches se fondent encore mieux l'une sur l'autre. Je crois que je couine faiblement, j'en aurai sans doute honte plus tard. Ma main abandonnée par la sienne sur mon visage remonte entre nous. Je ne contrôle plus vraiment ce que je fais car je la pose à plat sur son torse qui frémit légèrement à mon contact. Tout est si... tendre.

Quand, finalement, Namjoon recule pour rompre le baiser, sa respiration est un peu plus saccadée, la mienne est carrément erratique. C'était... magique. Je n'ai pas d'autre mot pour décrire ce moment.

Il me sourit encore plus, ses fossettes réapparaîssent pour mon plus grand bonheur et je rougis violemment en réalisant que nous sommes toujours au milieu du couloir. La réalité me rattrappe brutalement, me tirant de ce rêve éveillé. Taehyung et Jungkook nous regardent, mon meilleur ami fait mine de chasser quelques larmes d'émotions et je ne trouve rien d'autre à faire que de lui tirer la langue.

Namjoon et moi tenons toujours chacun un bout du sandwich, il le lâche pour me le laisser et regarde sa montre.

— Tu ne vas pas être en retard au travail, Minie ?

Soit les champs magnétiques terrestres sont en vrac, ou alors ce doit être qu'une météorite vient de frôler notre atmosphère mais je ne relève même pas le fait qu'il m'appelle ainsi en public. Pourtant il en aurait fallu beaucoup moins que ca pour que je lui balance une claque, avant.

13h. Je dois absolument démarrer maintenant.

— Si. Je dois y aller.

Je devrais me dépêcher, mais mes jambes sont en coton. Est-ce que ça va me faire cet effet à chaque fois qu'il va m'embrasser ? Parce que si je dois m'en remettre pendant deux heures pour un baiser, on va avoir un problème de planning...

— Alors fonce, je te retrouve ce soir.

— Oui... oui j'y vais. Salut tout le monde !

Je jette un regard rapide à nos deux amis, puis à nouveau sur Namjoon qui me sourit toujours. Un au revoir de la main et quelques pas rapides plus tard et me voilà sur mon vélo, en direction du magasin.

Comment décrire ce que je ressens en ce moment ? De la béatitude ? De la joie ? Impossible à dire. Mais alors que je m'apprête à passer la porte de la supérette, je plonge mes doigts dans la poche droite de ma veste et caresse doucement le gri-gri que j'avais demandé à Beom-Seok en murmurant un léger "merci".

☆

J'engloutis mon sandwich rapidement, l'appréciant encore plus sachant qu'il s'agit d'un cadeau de Namjoon.

— Bon appétit, Jiminiiiie.

— Merchi Hobi.

Hoseok travaille avec moi jusque 16h30 aujourd'hui, quand je suis arrivé au magasin il y avait une petite file devant la caisse alors qu'il servait un salary man en snacks chaud. Je lui ai donc prêté main forte directement et après trois-quart d'heure je peux enfin me poser quelques minutes pour manger.

Un petit groupe de collégiennes feuillette des magazines people non loin du comptoir, pendant qu'un couple de personnes âgées fait leurs courses au rayon frais.

Assis sur le tabouret à l'abri des regards, je mâche consciencieusement chaque bouchée, me remémorant avec émotion notre deuxième baiser.

— Alors ?

— Mmmh ?

— Tu as parlé à Namjoon ?

— Euh... oui.

— Et ?

Le sourire de mon collègue s'élargit au fur et à mesure que mes joues rosissent et qu'une expression timide prend place sur mon visage.

— C'est pas vrai ! Vous êtes en couple ? Ca y est ?

— Bin... on ne s'est pas dit ça comme ça, mais il m'a acheté ce sandwich aujourd'hui et on s'est embrassé à l'université.

— Quoi ?! Devant des gens et tout ?

— Il n'y avait que Jungkook et son copain.

— Alors c'est fait !

— J'en sais rien, j'imagine.

— JImin, il te faut quoi ?! Un papier officiel signé par un ministre pour acter que vous êtes ensemble ? Il t'a fait une surprise et t'a embrassé devant son cousin et ton meilleur ami ! Si ce n'est pas une officialisation de votre relation, je me rase les sourcils !

Je pouffe de rire à l'idée d'Hoseok sans sourcils et termine mon repas.

Plusieurs clients plus tard, alors que je recharge la machine à café en grains et qu'Hoseok range le présentoir à magazines, il lève la main et fait de grands signes à quelqu'un de l'autre côté de la rue. En me penchant je constate qu'il s'agit de Yoongi, qui rend son salut à mon ami d'un air réservé, sourit légèrement et continue son chemin.

Hoseok soupire de contentement. Il lui en faut vraiment peu pour être heureux, à le voir on pourrait penser que son copain vient de lui acheter des centaines de fleurs et de peindre une fresque lui déclarant son amour en face du magasin, alors qu'à mon sens il a été assez froid.

— Comment ca va toi, Hyung ? Avec Yoongi je veux dire.

Il se retourne vers moi, toujours aux anges, ce qui me fait sourire.

— Merveilleusement bien. J'ai l'impression qu'on se complète sur tous les plans. Tu vois, il canalise mon énergie. Je sais que parfois je peux être épuisant, j'avais peur qu'il ne le supporte pas. Lui qui est si calme et réservé. Mais en réalité, on est comme le Yin et le Yang, on s'équilibre parfaitement.

— Waw. Tu en parles comme du grand amour de ta vie, Hyung.

— Il est encore trop tôt pour l'appeler ainsi... En tout cas je n'avais jamais ressenti un tel apaisement avec quelqu'un d'autre. Et tu sais, l'autre jour il m'a dit qu'il avait la même impression. Même Madame Min a remarqué qu'il sort plus, il ne s'enferme plus dans sa chambre pendant des jours entiers sans voir personne. Bien sûr, il travaille de chez lui donc il n'a pas d'horaires à respecter ni de collègues à cotoyer, mais par exemple quand sa grand-mère reçoit des amies, il passe les saluer maintenant. Ce qui était encore impensable il y a quelques mois à peine...

— Tu as vraiment une influence positive sur lui.

— Et lui sur moi. Tu sais, c'est Yoongi qui m'a encouragé à me proposer pour reprendre les heures de cours de ma collègue qui part en congé maternité. Je lui en ai parlé un soir et il m'a beaucoup encouragé. Personnellement, je n'osais pas parce que j'avais peur de ne pas être à la hauteur, ma collègue est vraiment très douée. Et je ne voulais pas chambouler l'organisation du magasin en y travaillant moins. Sauf qu'au final, Jin m'a dit que cette nouvelle tombait à pic puisqu'il avait l'intention de retravailler en journée et d'engager quelqu'un pour les nuits pour le remplacer. Il me donne confiance en moi.

Il pose sa main à plat sur son coeur en fermant les yeux, un sourire lumineux sur son visage. Il est si beau ainsi.

— D'ailleurs, elle ne doit pas commencer cette semaine la nouvelle ?

— Si ! Et Seokjin a déjà trouvé une deuxième personne.

— Déjà ?! C'est rapide! Il ne voulait pas attendre ?

— Apparemment il est pressé de réorganiser les horaires et de pouvoir adopter un rythme de vie plus naturel pour lui.

Deux clientes entrent à ce moment-là et nous les saluons chaleureusement. L'une d'elle aborde mon collègue pour lui poser une question et il les renseigne avec le sourire, comme à son habitude. Un peu plus tard j'encaisse leurs achats et les remercie de leur visite.

— Au fait, Jiminie, tu n'as pas encore eu l'occasion de parler à Jin Hyung de Namjoon ?

— Non...

— Tu ne lui a pas écrit ?

— Je préfère lui en parler de vive voix.

— Je comprends...

Quelques minutes passent alors que nous sommes plongés dans nos pensées.

— Tu sais, Hyung, j'ignore totalement comment aborder le sujet sans le blesser...

— C'est délicat. Mais au plus vite ce sera fait, au mieux ce sera. Soit simple et honnête, comme tu l'es d'habitude. Il sera sans doute un peu déçu, mais au moins il n'espérera plus que quelque chose se passe avec Namjoon. Je t'assure qu'il avait l'air vraiment mordu hier... Même Yoongi en a été choqué. Je crois qu'il a eu une sorte de mini coup de foudre.

— Aaaaaaah!!!! Mais Hyung, me dit pas ça, c'est encore pire ! Comment je vais oser briser ses espoirs ?!

— Jiminie, c'est pas ta faute. Ca arrive tous les jours que les gens se fassent des illusions ou interprètent mal les comportements de leurs semblables. En plus, Jin est un bêta donc il n'a pas notre avantage de pouvoir décoder facilement les intentions des autres via leurs phéromones. Je suis certain de Namjoon n'a, à aucun moment, donné l'idée qu'il était intéressé par lui pour autre chose que sa conversation... Mais Jin ne peut pas le savoir, lui. Bien sûr que toutes les autres personnes présentent dimanche soir auraient réagi si un parfum de séduction avait flotté dans l'air, et alors tu aurais été vite fixé. Jin Hyung ne peut pas le deviner comme ça, et de ce que je comprends, Namjoon est dans le cas inverse. Il n'a pas réalisé que Jin pouvait avoir succombé aussi vite à son charme parce qu'il n'a pas senti quoique ce soit qui l'indiquait. Et vu que dans son esprit je suis sûr qu'il n'y a que toi, il n'a pas pensé à mal une seule seconde... Il faut que Jin sache, avant qu'il ne s'implique de trop, qu'il se fasse des films dans sa tête et que ce soit encore plus difficile à accepter.

— Tu as raison...

— Comme souvent.

— Ca a quand-même été hyper rapide...

— Mini coup de foudre, je te dis.

☆

Lorsque Yoongi passe prendre mon collègue à 16h30, je le salue d'une manière plus enjouée que d'habitude, me souvenant de ce que m'a raconté Hoseok sur leur relation si fusionnelle.

— Salut Yoongi Hyung ! Hobi est entrain de se changer, il arrive.

— Tu me donnes du Hyung maintenant ?

— Euh... je peux pas ?

Il fronce les sourcils et je me sens comme pris en faute.

— Si, tu peux.

Et il me sert mon premier vrai sourire de sa part, dévoilant ses gencives toutes roses.

— Co...comment tu vas ?

— Ca va, beaucoup de taf pour le studio.

— Tu fais de la musique, c'est ça ?

— Yep. Et la demande explose en ce moment. Heureusement que je suis inspiré. Me répond-t'il avec un clin d'oeil.

Pas besoin de sous-titres pour comprendre qu'Hoseok est son inspiration.

— J'ai déjà entendu de tes compos ?

— Elles passent à la radio.

— Sérieux ?! Mais t'es une star en fait !

Il rit et ses yeux disparaîssent.

— Non, pas vraiment. Je compose les mélodies et j'écris parfois des paroles, mais comme je ne chante pas et n'apparaît nulle part d'autre que dans les credits des chansons, personne ne me connaît vraiment de vue. La plupart des gens ne savent de moi que mon surnom.

— Tu as un surnom ? C'est quoi ?

— SUGA.

— Comme le sucre en anglais ? Je demande, interloqué.

— Non, pas comme ça. En anglais c'est "sugar", là c'est SUGA comme "shooting guard" au basket.

— Tu joues au basket ?!

— J'ai fait partie de l'équipe de mon lycée, oui. Je joue beaucoup moins, maintenant.

Je comprends aisément pourquoi. Jouer en équipe avec une anxiété sociale, le combo est difficile à réaliser.

— Namjoon aussi joue au basket.

— Yes, on en a un peu parlé l'autre jour. D'ailleurs il m'a invité à assister au match inter-régional.

— Oh, et tu vas y aller ?

— Je ne sais pas encore...

Bien sûr. Il faut procéder par étapes. Mais je n'ai aucun doute quant à l'influence positive de Hobi sur son copain, nous n'avons jamais eu une conversation aussi détendue depuis que je le connais. Il est presque méconnaissable.

Ce dernier nous rejoint après avoir récupéré ses affaires.

— Bonjour toi.

Hobi dépose un léger baiser sur les lèvres de Yoongi, ce dernier y répondant avec naturel, sans aucune gêne. Leurs mains se trouvent pour ne plus se séparer.

— On y va ?

— Yes. Mamie nous attend, elle a préparé des muffins.

— Waw j'ai hâte! Dépêchons-nous !

Mon collègue me colle un rapide bisou sur la joue et entraîne son copain vers la sortie.

— A plus Jiminie ! Ecris-nous pour nous raconter comment ca se sera passé avec Jin Hyung !

— Promis !

Ils traversent la rue pour se diriger vers l'appartement de Madame Min alors que quelques personnes entrent dans le magasin. Je salue les nouveaux venus et reprend mon poste derrière la caisse, tout sourire. Voir Hobi si heureux me réchauffe le coeur encore plus.

Je n'oublie pas ma mission du jour : annoncer à Jin Hyung que, malheureusement, son crush est déjà pris... Mais pour l'instant je me concentre sur ma tâche, relayant ces préoccupations au second plan.

☆

Vers 18h20, alors que je suis seul assis sur un petit tabouret dans le rayon cosmétique au fond du magasin, entrain de réassortir et ranger les produits, la porte s'ouvre, faisant tinter le carillon.

— Bonsoiiir !!

Je me redresse pour accueillir mon patron qui est tout sourire.

— Bonsoir Jin Hyung. Tu vas bien ?

— On ne peut mieux ! Et toi Jiminie ?

— Oh... ca va.

— Tu es sûr ? Tu as une petite mine...

— Si, si, tout va bien.

— D'accord... Tu peux finir ce que tu fais, je vais déjà prendre la caisse. Tu pourras y aller juste après.

— Merci, Hyung.

Aller Jimin... Dis-lui quelque chose, amorce la conversation tant que vous êtes seuls.

— Au fait, Hyung...

— Ouiii ?

Oh non... Il a l'air tellement heureux, accoudé au comptoir avec son téléphone dans les mains.

— Euh... tu aurais une minute après pour qu'on discute d'un truc ?

— On peut le faire maintenant si tu veux ? Tant qu'il n'y a personne ?

— Non, non... Ca va, c'est pas urgent, ca peut attendre.

— Ok, comme tu veux.

Je me réinstalle sur mon tabouret, hors de vue, et me donne plusieurs claques mentales. C'était l'occasion et bien entendu j'ai tout gâché ! Qui sait si je vais trouver un autre moment propice pour lui parler ?!

Alors que je rumine contre mon manque de courage, la douce musique du carillon de l'entrée résonne encore une fois, annoncant l'arrivée d'un client.

Je suis sur le point de me redresser pour saluer la personne quand une exclamation de Seokjin m'arrête et la bouteille de dissolvant que je tiens en main manque de m'échapper.

— Namjoon-ah! Bonsoir !

— Bonsoir, Jin Hyung.

Namjoon.

Oh.

Mon.

Dieu.

Je fais quoi, je fais quoi, je fais quoi, JE FAIS QUOI ?????!!!!!!

Pourquoi il est là ?! Pourquoi ils se retrouvent tous les deux ici ?!

Toujours en squat, j'écoute attentivement, sans oser respirer, la suite de la conversation.

— Comment ca va ?

— Bien et toi ?

— Très bien ! Qu'est-ce qui me vaut le plaisir de ta visite ?

— Je viens chercher Jimin.

— Ah. Il a presque fini, il ne va plus tarder. Jimin ! Namjoon est là !

Aïe. Voilà... toutes les issues sont fermées, je n'ai plus d'autre choix que de me lever et de faire un timide signe de la main vers Namjoon, qui me sourit.

— Bonsoir Jiminie, surprise !

— Bonsoir, Hyung. Tu... es venu me chercher ?

— Oui, je voulais faire le chemin du retour avec toi. Jungkook m'a envoyé l'adresse du magasin tout à l'heure. J'ai déjà acheté notre dessert.

— M...merci. Je me dépêche.

— Prend ton temps.

Je termine de ranger les quelques produits qui restaient, ramasse le carton vide et le tabouret pour me diriger vers l'arrière-boutique, le feu aux joues. Je n'ose pas regarder vers eux, de peur de trahir l'émotion qui m'anime. Il fallait bien entendu que ça se passe ainsi ! Alors que je n'ai même pas encore eu l'occasion de parler de Namjoon à Seokjin !!!

Bon, aller Jimin, respire. Inspire. Expire. Encore. Calme toi. Ton coeur bat trop vite on entend que lui !

Je me lave les mains et enfile rapidement mes vêtements. J'ai peur de les laisser seuls trop longtemps.

Mon sac sur le dos, je m'approche de la porte qui était restée légèrement entre-ouverte, me laissant parvenir quelques bribes de conversation. Mais alors que j'ai la main sur la clenche, une question de mon patron me paralyse.

— Namjoon... Ca te dirait qu'on se fasse un truc ensemble un de ces jours ?

Pas de réponse. Mon coeur va exploser. L'attente est insupportable. Je déglutis. On doit m'entendre respirer dans tout le quartier...

— Je veux dire, tous les deux ? Rien que toi et moi ?

J'entends l'espoir et l'appréhension dans la voix de mon patron... Et je me sens encore plus mal de ne pas lui avoir tout dit dès qu'il a mis les pieds dans le magasin tout à l'heure.

— Jin... Je...

— C'est un peu tôt ? Pardon, je suis désolé...

— Non, ce n'est pas ça.

— Ah non ?

— Non... C'est juste que... je suis en couple. Avec Jimin.

Un blanc. Un silence pendant lequel j'imagine la déconfiture sur les si beaux traits de Seokjin.

— Mais il... il ne m'a rien dit.

— C'est tout récent.

— Mais il... vous...

— Je suis désolé si mon comportement t'a laissé penser que j'étais intéressé.

— Non, c'est rien. Ce n'est pas toi, c'est moi qui ai mal interprété, visiblement.

— Pardon.

— C'est moi qui m'excuse. C'est gênant comme situation.

Après avoir bloqué ma respiration, je passe la porte et apparaît sous les regards conjugués de Jin et de Namjoon. L'un arbore un air très déçu, l'autre très gêné.

— Ah ! Jimin ! Lance Seokjin.

— Hyung... Je vais acheter à manger si ça ne te dérange pas...

Je leur tourne le dos et me dirige vers le rayon des plats préparés, stressé comme jamais. Mon dos me brûle tant je sais qu'ils ne me quittent pas des yeux. Quand je reviens vers la caisse, nous sommes tous les trois rouges comme des tomates.

— Laisse, c'est pour moi Jiminie.

— Non, Hyung. Tu m'offres déjà assez souvent à manger comme ça, en plus là ce n'est pas que pour moi...

J'ai baissé les yeux articulant difficilement la dernière partie de ma phrase.

— J'insiste, ça me fait plaisir. Me répond Jin Hyung en souriant faiblement.

— D'... d'accord.

Je m'empresse de reprendre les plats.

— A demain, alors ?

— A demain. Je te présenterai Ha-neul qui fera sa première nuit.

— Ok... bonne soirée, Jin Hyung.

— Bonne soirée, les amoureux.

Le ton employé est un peu déçu mais c'est dit avec le sourire. Je m'en veux d'avoir hésité à lui en parler, visiblement Seokjin accepte mieux que je ne le pensais le fait que son crush soit déjà pris...

Nous avons à peine franchi la porte que Namjoon m'attrappe la main avec douceur pour m'entraîner à l'abri des regards, sur le côté du magasin.

— Je suis désolé que tu aies dû entendre ça... Ca va ?

— O... oui.

— Je ne voulais pas lui laisser croire que quelque chose était possible alors j'ai été assez direct. Il faut que tu saches que je voudrais vraiment qu'on soit ensemble, officiellement. J'allais profiter de notre moment à deux pour te le dire, mais ton patron a un peu précipité les choses.

— Ce n'est rien. En fait... je savais qu'il avait un crush sur toi. Il m'en a parlé lundi soir... Mais je n'ai pas osé lui expliquer la situation parce que je ne savais pas réellement ce qu'on était toi... et moi.

— Oh, Jiminie.

Il prend mon visage en coupe et presse ses lèvres sur les miennes, presque avec précipitation. Comme pour me faire comprendre qu'il est sérieux dans ses déclarations et sceller ainsi notre mise en couple.

Je n'ai pas l'intention de lui dire que c'est pour ça que j'étais si triste les autres jours et que j'ai annulé notre précédente soirée ensemble.

Nos lèvres se séparent alors que nos souffles se mélangent.

— On y va ?

J'acquièce, déjà transporté ailleurs.

Namjoon est venu en vélo, ce sera la première fois que nous roulons ensemble. Est-ce que pour toute personne qui se met en couple, les premières fois qui peuvent passer pour anodines prennent un air aussi... sacré ?

Nous traversons la ville sans un mot, l'air sifflant à nos oreilles, l'humidité et le froid de décembre fouettant nos joues. Quand la piste cyclable est trop étroite, Namjoon se décale pour rouler quelques mètres derrière moi, mais lorsque c'est possible il me rattrappe en quelques coups de pédales et se maintient à ma hauteur, tout sourire.

La nuit est claire avec quelques nuages, illuminés par l'éclairage de la ville en contre-bas.

Nous passons par les mêmes rues que je prends plusieurs fois par semaine, et pourtant, tout me semble revêtir un nouvel aspect. J'ai envie de partager pleins d'anecdotes avec Namjoon. De lui parler des vies de familles que j'observe en passant dans les quartiers résidentiels, des cerisiers en fleurs au printemps qui, quand ils perdent leurs pétales, recouvrent la chaussée d'une couche rose pâle très glissante mais pourtant magnifique à observer. De la fois où j'ai aidé un vieux monsieur à récupérer son chapeau qui s'était envolé dans une bourrasque alors qu'il traversait la rue devant moi. Et bien sûr, j'ai envie de lui parler de Eun Jung et de Beom-Seok. De ma rencontre avec leur chat, qui par la suite m'a amené à cotoyer ces deux omégas si gentils et drôles. De Beom et de sa magie des campagnes, dont une partie se trouve actuellement dans la poche de ma veste et de son épouse qui adore les émissions de concours de chant. Peut-être qu'un jour je pourrai les présenter, tous les trois ?

Tu t'avances un peu, Jimin. C'est tout nouveau cette relation, et en plus, c'est la première fois que tu es en couple ! Sérieusement, j'ai tellement changé que si je ne flottais pas dans une sorte de bulle de bonheur quand Namjoon est proche de moi, je pourrais prendre peur.

Arrivés chez moi, nous rentrons nos vélos et montons les escaliers. Namjoon a repris ma main dans la sienne, son pouce me caresse doucement. Mes mains sont minuscules comparées aux siennes et disparaîssent presque entièrement quand elles sont jointes.

J'ouvre la porte, sans faire tomber mes clés, cette fois-ci.

Une fois rentrés, Namjoon me débarrasse de ma veste, la suspend au porte-manteau, fait de même avec son manteau et se retourne vers moi, prenant encore une fois mon visage entre ses mains et m'embrassant avec empressement, me coupant la respiration.

— Je suis désolé, c'était plus fort que moi.

★

Alors, rassuré.e.s ?

J'aurais du temps ce dimanche pour continuer l'écriture, j'en suis au chapitre 43.

Du coup je pense que si je garde ce cap, je peux continuer à vous poster 2 chapitres par semaine. Ca me permet d'avancer dans l'histoire tout en gardant des chapitres d'avance au cas où... 

Ca vous convient comme rythme ?

I 💜U