Je pars dans la chambre et ferme la porte.

-John ? Ça fait longtemps, dis-moi ! Comment vas-tu, je lui demande d'une voix faussement enjouée ?

-Ne fais pas l'idiote avec moi, tu veux ! Dois-je te rappeler que tu m'as planté à l'autel ?

-Arrête de faire le rancunier ! Dois-je aussi t'apprendre que nous ne nous aimions pas, alors mariage ou non, qu'est-ce que cela change ?

Je fais comme si ce n'est rien de grave mais au fond de moi, je panique...

-Ce n'est pas une raison pour me fausser compagnie le jour du mariage ! Tu m'as humilié, devant tout le monde !

Il commence à hausser le ton, ce qui signifie qu'il est très légèrement énervé.

-Ecoute, je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé. J'ai paniqué et je suis partie sans réfléchir aux conséquences et...

-Si tu crois que je suis bonne sœur pour te pardonner aussi vite et au téléphone, tu te fourres bien le doigt dans l'œil !

-Je ne t'ai absolument rien dit pourtant quand tu as couché avec l'autre pute que tu tiens pour secrétaire ! Je ne t'ai fait aucune remarque alors que nous savions tout les deux la vérité !

-Ce n'est pas la même chose !

-Tu sais quoi, j'en ai déjà marre de te parler, tu m'enmerdes, mais royalement !!

C'est à moi de m'énerver maintenant, il se fout totalement de moi !

-Nous n'en avons pas terminé tout les deux, Ava. Je te retrouverai et tu regretteras ce que tu m'as fait !

-Mais bien sûr, cause toujours tu m'intéresses !

-Je devrai t'intéresser pourtant "chérie" car tu subiras un pire sort que Mathieu, tu te rappelles de Mathieu ?

Je peux sentir d'ici le sourire maléfique qu'il affiche sûrement. Mais lorsque j'entends le nom de Mathieu, je ne peux m'empêcher d'avoir des frissons. Une boule se forme alors dans mon estomac.

-Tu n'es qu'une pourriture John !

-Moi aussi je t'aime Ava.

Et il raccroche.

Mais il se fout de moi, ce n'est pas vrai ! S'il croit que j'ai peur de lui... Bon on va s'arrêter là car on sait tous que j'ai bien peur de lui.

Mais ce n'est pas vraiment lui qui me fait peur, ce sont plus ses chiens de gardes. Ce sont des colosses et des brutes qui font assez peur avec leur prestance et leur carrure.

Flashback :

L'année dernière, en été au Mexique avec John, je me rappelle que nous étions allés nous promener en ville. Nous rigolions face à tout ces mexicains qui ne comprenaient un traître mot de ce qu'on leur disait. Mais il reçut un message vers 16h nous forçant à rentrer plus tôt que prévu à la villa. J'étais déçue John me demanda donc de l'accompagner au sous-sol car il avait quelques trucs à régler.

Je ne comprenais déjà pas ce qu'il se passait quand nous arrivâmes dans une salle poussiéreuse, sale et remplie de toiles d'araignée. Je me rappelle de cet épisode car il m'avait traumatisé. Bref, au milieu de la salle se trouvait un jeune homme, à la tête baissé. Je ne voyais donc pas son visage mais il semblait avoir la vingtaine, il était jeune.

-Qu'est-ce qu'il fait là, j'avais demandé à John.

Il ne m'avait pas répondu et m'avait fait taire en un signe du doigt.

-Alors, Mathieu, dit-il en accentuant son prénom. Où est mon argent ?

-Je...je... ne l'ai pas, finit-il précipitamment sans lever la tête.

-Tu ne l'as pas ?

-Ecoute-moi –il leva la tête et je vis son visage blessé, des hématomes sur les deux joues et l'œil droit au beurre noir, ce n'était pas joli à voir- je...je te promets que je te rendrai ton argent mais je n'ai rien là, je...je...

Je me rappelle de l'air désespéré qu'il arborait, sa voix transpirant la peur.

-Tu n'as pas respecté le délai et tu dois payer pour ça !

John fit un signe de tête et l'un de ses bras droit arriva, c'était Titan. Titan ne porte pas ce nom pour rien, il est aussi imposant par sa carrure que barbare dans ses actes.

Il se mit alors à ruer de coups le pauvre jeune homme. J'avais crié dès le premier coup qu'il avait porté, mes larmes dévalaient sans s'arrêter. John m'avait alors fait sortir de la pièce et avait essayé de me consoler. Peine perdue, il avait gâché l'une des plus belles journées passées avec lui et je lui en avais voulu pendant deux semaines. John ne m'avait plus reparler de Mathieu et j'imaginais donc qu'il était mort. 

Fin du flashback.

Je quitte alors la chambre énervée. Lorsque j'arrive au salon, Hayden et Aïcha se sont tut et une certaine tension y régnait. J'espère vraiment qu'ils n'ont pas entendu ma conversation téléphonique...

-Qu'est-ce qu'il se passe ici ? –ils me dévisagent sans répondre. Pourquoi vous me regardez comme ça, je leur demande froidement.

-Euh... rien, on discutait juste, n'est-ce pas Aïcha ?

Il semble gêner et Aïcha très tendue mais elle répond comme si de rien n'était.

-Oui, ne t'inquiète pas. Et toi, pourquoi tu fais cette tête ? Qui est-ce qui t'a téléphoné pour que tu sois énervée ?

-Personne. Allons manger.

Je ne suis pas prête pour en parler, sinon je risque de péter un câble et on va éviter le désastre. Je pars en direction de l'ascenseur sans vérifier qu'ils me suivent.

Au restaurant, nous mangeons dans une ambiance assez froide. Personne ne parle, tout le monde semble concentré sur son assiette.

-Bon, qu'est-ce qu'il se passe vous deux, je finis par me lancer après avoir terminé mon plat ?

-Mais rien, répondent-ils en même temps.

Ils se regardent puis baissent la tête.

-Jouer pas aux cons avec moi et parlez parce que je commence vraiment à en avoir marre de votre attitude de gamins !

-Ava, ça ne sert à rien de t'énerver, essaie de me calmer Aïcha.

-C'est plutôt à nous de te demander ça !! Depuis que tu as reçu ce coup de fil, silence radio ! Tu ne parles plus et tu es énervé ! A qui est-ce que tu parlais et surtout que t'as-t-il dit pour que tu sois dans un état pareil, s'énerve à son tour Hayden !

-Je ne suis pas obligée de tout vous dire que je sache !

-Parce ce que c'est un secret ?

-De la part de l'homme qui cache je-ne-sais-combien-de-chose, franchement tu devrais te faire petit !

Le ton commence à monter entre nous deux et des clients du restaurant se mettent à nous dévisager.

-Ava, calme-toi, me dit Aïcha. Ce n'est pas la peine de faire une scène au restaurant, tout le monde nous regarde.

-Alors dîtes-moi ce qu'il se passe merde ! Depuis tout à l'heure, quand je vous ai interrompu, aucun de vous deux ne dit un mot ! Alors que toi Aïcha, je te connais et tu passes ta vie à parler. Et toi Hayden, j'ai bien compris que ton don c'est de mettre les gens à l'aise en ayant toujours de la conversation, alors maintenant où est le problème ?

Ils ne me répondent pas, en fait ils fuient carrément mon regard.

-Bon ok, vous avez gagné ! Vous ne voulez pas parler, ne parlez pas ! Moi en tout cas, je m'en vais.

-Ava, non reste, me demande Hayden.

Je ne l'écoute pas et quitte le restaurant sous le regard désapprobateur des clients du restaurant, mais je m'en fous, je suis au bout de les insulter à voix haute mais le peu de raison que j'ai me force à me taire.

Ils m'énervent, ils m'énervent tous, j'en ai marre. Mais qu'est-ce qu'il me cache pour se taire comme ça ? Ils parlaient de moi, c'est pour ça ? L'hypocrisie ?

Non je me fais des films, quoique...

Je pars m'asseoir sur un fauteuil du grand hall d'entrée et prends un magazine people posé sur la table basse situé près de mon siège.

Je le feuillète mais je ne lis rien, ne voit rien, je suis perdue dans mes pensées. Je ne veux pas retourner dans la suite, les voir m'énerverai encore plus.

Leur comportement est suspect, surtout celui d'Aïcha : elle n'est pas la même lorsqu'il y a Hayden et je ne sais pas pourquoi. Je mentirai si je disais que ça ne me fait rien, au contraire. De la jalousie ?

Ce n'est pas possible, enfin je ne sais pas, je ne sais plus... Mais une chose est sûre, c'est que je n'ai pas le droit d'être jalouse. C'est vrai, qui suis-je pour être jalouse ? Je ne suis pas sa mère, sa sœur, sa cousine, sa femme et encore moins sa petite-amie pour lui faire une crise.

Hayden est un adulte responsable qui fait ce qu'il veut avec qui il veut et ce n'est en aucun cas mon problème. Même si j'avoue que l'imaginer avec une autre fille me donne un haut-le-cœur. Et si Aïcha était tombé amoureuse de lui ?

Je ne sais pas si c'est les émotions qui me font penser aussi follement ou si c'est la vérité.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Pourquoi tu es d'aussi mauvaise humeur ? Tu étais pourtant très bien ce matin.

Aïcha venait de s'asseoir sur le fauteuil en face du mien.

-Tu n'es pas avec Hayden, lui demandai-je sèchement.

C'est méchant mais je n'ai pas envie de lui parler.

-Il est retourné dans la suite car il avait du travail. Mais dis-moi Ava.

-Pourquoi je te le dirai ? Vous ne voulez même pas me dire ce qu'il s'est passé entre vous deux, alors pourquoi moi je le ferai ?

-Je suis là en paix, s'il te plaît Ava. J'essaie juste de comprendre ce qu'il t'arrive. On s'inquiète avec Hayden.

Et voilà quoique je lui dise, elle ne me répondra jamais donc moi aussi, je ne lui répondrai pas.

-Ne me parle pas de lui !

Je suis sur les nerfs, et malheureusement pour Hayden, c'est lui qui se prend toute ma colère. Mais c'est de sa faute pour tout les secrets qu'il ne me dit pas.

-Arrête tes conneries et écoute-moi ! Hayden s'inquiète pour toi et il a raison. Tu n'es pas très facile à vivre et pourtant il tient à toi, bien plus qu'il n'y paraît.

-Mais bien sûr...

-De quoi tu lui en veux ?

-Il m'énerve à ne rien dire ! Toujours à me cacher des trucs qui, je le sens, je devrai savoir. Mais il refuse de me dire quoique ce soit !

Ma cousine blêmit mais continue.

-Pourquoi tu réagis comme ça ? Ce n'est pas ton mari à ce que je sache.

Je la regarde avec des yeux noirs, prête à commettre un meurtre.

-Mais c'est vrai, se défend-elle, calme-toi. Vous êtes un faux couple, dois-je te le rappeler ? Il n'est, donc en aucun cas obligé de te parler s'il n'en a pas envie. Et à mon avis, même si vous étiez mariés, il ne te dirait jamais tout.

J'ai du mal à l'admettre mais elle a raison, même si je sens qu'elle aussi me cache quelque chose. Hayden a le droit d'avoir ses secrets, mais je sens que l'un d'entre eux est très important et que ce secret pourrait changer notre destin...

Voyant que je ne lui réponds pas, Aïcha reprend :

« Tu ne joues pas seulement un rôle, tu as pris la place du personnage et tu crois ainsi que tu es la femme, du moins la futur femme d'Hayden. »

-Mais ne me prends pas non plus pour une folle qui ne sait plus faire la différence entre la réalité et l'histoire !

-Ba je ne sais pas, peut-être un peu...

Je lui frappe le bras et on explose de rire. Elle a toujours su me redonner le sourire avec ses vieilles blagues.

-Non mais sérieusement, tu ne dois pas lui en vouloir. Hayden s'inquiète pour toi et il tient énormément à toi, je le soupçonne même d'avoir des sentiments pour toi.

-Euh, je t'arrête tout de suite ! Hayden n'a pas de sentiments pour moi, ce n'est que de la comédie, en dehors de ça, nous sommes juste amis.

-Bien sûr mais il y a des signes qui ne trompent pas. Seulement par la façon dont il te regarde...

-Bon on a compris, je la coupe. Tu me l'as répétée quinze fois aujourd'hui. Et puis de la part de la meuf qui a essayé de le draguer sous mes yeux...

Elle fait un « O » avec la bouche avant de rigoler.

-En fait, je crois que toi aussi tu as des sentiments pour lui, me dit-elle.

-Ne dis pas n'importe quoi, tu veux.

-Mais arrête t'es jalouse !! Mon Dieu, elle est jalouse ! Je n'arrive pas à y croire, elle est jalouse !

-Mais qu'est-ce que t'as aujourd'hui ? Tu n'arrêtes pas de te répéter, je te rassure, on comprend ce que tu dis ! Même si c'est faux...

-C'est vrai !!

-On peut changer de sujet ?

-Si tu veux, mais je ne m'avouerai pas vaincu avant que tu n'avoues tes sentiments !

-Un jour peut-être...

-Bien sûr que tu me le diras ! Et une dernière chose, fais tout de même attention avec Hayden.

Hein !! Alors là, je suis paumée, j'ai raté un épisode ! Il y a une seconde, elle voulait que je le saute dessus et maintenant elle me demande de faire attention ? Je ne comprendrai jamais cette fille...

-Pourquoi tu me dis ça ?

-Pour rien, hésite-t-telle, juste comme ça. Puis voyant que je ne suis pas convaincu du tout : je dis cela juste parce que tu ne le connais pas du tout et je ne voudrais pas que tu sois déçu par lui à un moment où à un autre pour X raison.

-Tu commences vraiment à ma faire peur à dire ça tu me caches quelque chose...

-Mais non, c'est juste de la prévention.

-On ne parle pas de contraception tu sais, je n'ai pas besoin de prévention, je ris.

-Mais arrête de dire n'importe quoi ! Sinon c'était qui la personne qui t'avait appelé ?

Je peux vous dire que je perds mon sourire direct. Penser à lui ne fait que me mettre en colère.

-Ce n'était pas important.

-Ava, tu sais que je ne te crois pas ?

-Aïcha, je suis fatiguée et je n'ai vraiment pas envie d'en parler là.

-Ok d'accord, j'ai compris. Bon il va falloir que j'y aille moi aussi, il commence à se faire tard.

En effet, il est déjà 20h. On se dit au revoir et Aïcha retourne prendre ses affaires dans la suite et e chauffeur d'Hayden la ramène à la maison. Quant à moi, je ne suis toujours pas allée dans la suite, je n'ai vraiment pas envie de voir Hayden, enfin pas trop.

A 21h, je me force à retourner dans la suite. Je rentre au moment où Hayden s'apprêtait à sortir. Il venait de se laver : ses cheveux étaient mouillés et il portait un bermuda beige à carreaux rouge et un T-shirt blanc qui épousait parfaitement son corps.

On se regarde puis je finis par le contourner sans dire un mot. Mais il me retient avant que je ne parte.

-Attends une seconde, tu étais où ?

Je peux sentir la colère qui l'anime mais pas seulement, il semble... inquiet ? Pour qui ?

-Quelque part entre la Terre et le ciel, dis-je en essayant de m'extirper de sa poigne, peine perdue...

-Cela ne me fait pas rire Ava, je commençais à m'inquiéter ! J'allai te chercher !

-Pourquoi ?

-Parce que je m'inquiétais !! Je n'ai pas compris ta réaction à table, et d'ailleurs, je ne la comprends toujours pas. Qu'est-ce qu'il t'a pris ?

J'inspire un bon coup : « Tu sais très bien pourquoi ! »

-Tu es partie parce qu'on ne voulait pas parler ? Je t'en prie ne me dit pas que ce n'est que pour ça ?

-Tu sais quoi, tu m'énerves ! J'en ai marre de toi !

Je tire mon bras plus fort et finis par me dégager mais il ne dit pas son dernier mot puisqu'il se place face à moi, les yeux luisants de colère dans les miens.

-Ava, je sais que quelque chose ne va pas, dit-il en se contenant.

-Ah oui et comment tu sais ça, je le coupe ?

Quand je suis énervée, j'ai une réaction tout à fait normale : je provoque l'autre, j'essaie de le mettre à bout.

-Parce que depuis ce putain de coup de fil, tu casses les pieds de tout le monde ! Tu t'en prends plus particulièrement à moi alors que je n'ai rien fait !

-Ne te crois pas si innocente que ça !

-Je ne le suis pas et je l'assume, mais toi...

-Oui moi, dit-il en se rapprochant de moi.

-Tu n'es qu'un coureur de jupons, arrogant et qui, le pire dans tout ça, n'a pas le courage de me dire la vérité en face. Je sais que tu me caches des choses ici, tu ne m'en parles jamais ! Même cette histoire avec Aïcha. Si vous vous plaisez, dîtes-le, et on arrête cette comédie sur le champ !!

-Tu es complètement folle, je rêve ?

-Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne me connais pas, qui est tu pour juger si je suis folle ou non ?

Bon, je m'enfonce un peu beaucoup toute seule, mais faisons comme si de rien n'était...

-Je te connais bien plus que tu ne le penses Ava ! Mais j'avoue que ton comportement aujourd'hui me déçoit énormément !

Je ris faussement.

-C'est-à-dire ? Mais tu as cru que j'étais là pour te faire plaisir ou quoi ?

-Tu es une gamine qui fait la gueule pour rien, qui vexe par la même occasion son entourage sans même s'en rendre compte et enfin qui possède une fierté plus grosse qu'elle-même. Je te félicite, tu fais preuve d'un bel égoïsme à ignorer les autres !

Moi qui cherchais à me défouler, ma colère est retombée d'un coup. Ses mots m'atteignent, particulièrement l'un d'entre eux : « égoïsme ».

C'était le terme qui m'avait anéanti autrefois ; celui qui m'avait rendue aussi perplexe que malheureuse. C'était le terme employé par mon père lorsqu'il nous avait abandonné avec ma mère en me disant : « Tu n'es qu'une jeune fille égoïste et tu finiras comme ta mère ». Il détestait ma mère et je n'ai jamais su pourquoi. Depuis mes dix ans, je n'ai plus eu de nouvelles de lui.

Les larmes me montent aux yeux et une seule coule. Hayden me voit et semble regretter ses mots mais je détourne la tête ne pouvant le regarder plus longtemps.

-Ava, je suis déso...

Je ne le laisse pas finir que je pars m'enfermer dans le dressing. Il était devenu mon refuge. Je m'assis par terre contre la porte et mes larmes coulèrent d'elles-mêmes, je n'arrive pas à les contrôler.

Je ne pleurs pas souvent, je pleurs même très rarement mais c'est vrai que mon père a toujours un thème assez... dur pour moi. je n'ai jamais pu digérer ce qu'il a fait surtout ce qu'il vient de faire.

En bonne fille que je suis, j'avais invité mon père à mon mariage avec John, à savoir que nous n'avions plus de contact depuis mes dix ans. Il n'avait pas changé d'adresse, je lui avais donc envoyé une lettre accompagnée de mon faire-part. J'avais ainsi découvert par internet que celui-ci s'était remarié et qu'il avait eu deux fils. Vous vous rendez compte, j'ai découvert que j'avais deux petits demi-frères de douze et huit ans !

Enfin, le mariage a été annulé donc au final je ne l'ai pas rencontré. Mais ce que je n'avais pas vu, c'était qu'il m'avait envoyé une lettre où il me prévenait qu'il ne serait pas présent à mon mariage parce que c'était une mauvaise idée après toutes ces années. Il me disait aussi qu'il avait tourné la page et qu'il avait refait sa vie, que je devais aller de l'avant.

Je l'ai très mal pris. Durant mon enfance, il a toujours été mon héros, puis quand il est parti, je pensais que ce n'était que temporaire et qu'il allait finir par revenir. Mais avec le temps, j'ai bien vite compris qu'il ne reviendrait pas même si j'espérais que l'on reprenne contact un jour. Maintenant, j'ai la certitude que nous deux c'est fini, je ne suis plus sa fille et lui n'est plus mon père. Je suis la fille de ma mère et voilà.

Mes larmes sont intarissables et j'entends Hayden de l'autre côté de la porte, s'excusant et me suppliant de lui ouvrir.

Je me lève et lui ouvre la porte après avoir séché mes larmes pour essayer d'avoir l'air correcte mais je crois que le résultat est pire.

Lorsqu'il me voit, il me prend dans ses bras, s'excuse, me berce et me console tandis que je me remets à pleurer dans ses bras. Au bout de cinq minutes, mes larmes ne coulent plus mais j'ai le visage enfoui sur son cou, écoutant les battements de son cœur, ça me calmait.

Je m'éloigne de lui.

-Tu vas mieux, me demande-t-il d'une voix douce.

J'hoche la tête en guise de réponse.

-Ava, je suis vraiment désolé pour ce que je t'ai dit, je ne le pensais pas, c'était faux. J'étais sous l'emprise la colère.

-Ne t'inquiète pas Hayden –je ne reconnais plus ma voix- ce n'est pas de ta faute, enfin pas totalement si j'étais en colère. Et si je ne l'avais pas été, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Et puis, tu n'as fait que me dire la vérité.

-Non, ce n'est pas vrai – il prend mon visage en coupe et me force à le regarder dans ses yeux. Je peux y lire beaucoup de douceur, de tendresse et de regrets- écoute-moi Ava, tu n'es pas une gamine, tu as de la fierté mais pas beaucoup. Et surtout, tu n'es pas égoïste. Tu es tout le contraire : tu as un grand cœur et tu aimes ta famille par-dessus tout. Alors ne me dis plus jamais que les conneries que j'ai dîtes étaient vrais.

Une larme roule sur ma joue mais il l'essuie avec son pouce. J'ai des frissons sur tout le corps.

-Je...il...faut que...j'aille me laver, je lui dis difficilement.

Et je quitte précipitamment le dressing.

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Voilà le chapitre 9!!

J'espère qu'il vous a plut, il est un petit peu plus long que les autres et il se passe beaucoup de choses.

On découvre un peu plus l'histoire d'Ava. Qu'en pensez-vous?

Et les caractères de nos deux héros, vous les aimez malgré leurs disputes?

N'hésitez pas à coter et à commenter si vous avez des questions ou des suggestions.

A la prochaine et bisous de moi!!