Hello Fille-aux serpents...

Je ne sais pas si j'aurai le courage de poster cette lettre. Certainement que non. Certainement qu'elle rejoindra le tas qui s'amoncelle dans la poubelle. Un tas de papier gâché alors que cela devient si rare... Gâché, ouais... C'est exactement ce que je ressens actuellement. J'ai l'impression d'avoir gâché la plus belle chose qui me soit arrivée.

Je suis vraiment désolé pour ce que je t'ai dit, Enola. Pour ces mots si durs et brutaux que je t'ai envoyés au visage. Pour autant, je m'excuse encore, mais ne vais pas dire que je ne les pensais pas. Non, je ne regrette pas de t'avoir balancé cette vérité. Elle fait mal oui, mais si c'est ce dont tu as besoin pour prendre conscience de la situation alors soit. Si je dois être celui qui te secoue, te fait pleurer, cracher ce surplus d'émotion que tu engranges depuis des mois, je serais cet homme. À contre-coeur, mais je le serais.

Tu ne peux pas continuer ainsi Enola. Tu ne peux pas continuer à t'enfermer, à rejeter ton père, Calie, moi, ta passion. Tu ne peux pas t'isoler et transformer ton chagrin en haine. Tu ne peux pas demander en sang le remboursement de chacune de tes larmes. Les Naufrageurs ne t'apporteront rien de bon, je t'en prie, Enola, ouvre les yeux. Leur nom est on ne peut plus significatif. Ils ne te sauveront pas, ils ne t'apporteront aucun apaisement, ils te noieront. Ne fais pas en l'honneur de ta sœur quelque chose qu'elle n'aurait jamais voulu. Renonce à cette folie avant qu'il ne soit trop tard. Avant que tu ne te perdes et ne perdes tout ce qui compte pour toi. Tu as toute la vie devant toi, Enola. La pire chose que tu puisses faire au nom d'un mort est bien de la gâcher.

Avec tout mon amour,

Eden.