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Chapitre XXXV : Look What you made me do - Taylor Swift

Ethan

Je regarde Iris depuis l'autre côté de la vitre sans tain. Ses yeux et joues sont rougies par les larmes. Will m'a raconté qu'elle n'avait même pas résisté lors de son interpellation hier soir. Elle était assise à la table et semblait les attendre. La colère a pris la place du chagrin sur ses traits depuis qu'elle est assise ici, face à mon ami qui l'interroge. Les preuves sont assez accablantes pour justifier une garde-à-vue et elle le sait. Elle sait d'autant plus qu'en fouillant, on trouvera des traces du transfert d'argent. Impossible qu'elle est tout fait disparaitre en si peu de temps. Manque de chance pour elle que les domaines financiers et médicaux soient les seuls encore sous contrôle informatique...

Son visage tente de rester neutre alors qu'elle répète le même discours que celui qu'elle m'a tenu. Dorianne et moi témoigneront en accord avec ses dires sur un homme violent, car il s'agissait de la vérité. Je veux qu'elle fasse face à la conséquence de ses actes, pas l'enfoncer. Avec ces contacts dans le milieu juridique, elle écopera certainement de quelques années de prison et une amende considérable. Au lieu de la peine de mort. Juline a raison, l'argent est la seule chose plus puissante que la justice. Enola n'aurait pas cette chance...

— Bon, nous en avons terminé... conclut Will.

— Je veux voir mon frère, l'interrompt Iris, le regard impérieux.

Mon ami ne se laisse pas impressionné par son ton sec et referme son dossier.

— Ethan n'est pas autorisé...

— Je connais vos règles. Mais il n'était pas non plus censé enquêter sur la mort de notre père et pourtant, vous acceptez les résultats de ses recherches sans sourciller. Nous ne sommes plus à une exception près.

Will ne répond rien et fait signe à deux collègues de la raccompagner dans sa cellule. Iris ne se débat pas et se lève, digne. Son expression est devenue impassible alors qu'elle me regarde à travers la vitre.

— Je pensais que la famille passait avant tout. Félicitations, Ethan, tu es le digne héritier de tes parents.

Je croise les bras sur mon torse et la regarde se faire emmener, le menton haut. Cette famille nous a tous détruit alors que nous étions censés nous soutenir. Nous nous sommes entre-tués et ce, sans besoin d'aide extérieure. Si vouloir que justice soit rendue me rapproche de mon père, alors soit... J'accepte cette comparaison.

Je m'étire et quitte la salle sans un regard pour mes collègues, dont l'expression de dégoût et pitié m'indiffère. J'entends presque leurs murmures. Pauvre gars, découvrir que sa sœur a tué son père... Il l'a dénoncée... Il a dénoncé sa sœur et ne semble même pas s'en émouvoir. Tout le monde s'attend à ce que je m'effondre, mais je l'ai déjà fait. Maintenant, je resterai debout. Quoi qu'il m'en coûte. Je rejoins le bureau de Will et l'y attends en regardant par la fenêtre le paysage tapissé de neige grisâtre. Il entre quelques minutes plus tard. Je me tourne vers lui et déteste la compassion que je lis dans ses yeux. Je le coupe avant qu'il ne dise quoi que ce soit.

— Je ne veux rien savoir. Iris a raison, je me suis assez mêlé de cette histoire, je vous laisse à présent faire le travail.

Je me concentre sur ma respiration en clignant des yeux. Je déteste l'amertume que je sens dans ma voix. Will n'est pas dupe mais n'insiste pas.

— Tu as de nouvelles de l'hôpital ?

— Toujours en soin intensif, l'opération s'est bien passée. Les médecins sont confiants même s'ils ne le disent pas encore ouvertement.

Je hoche la tête. L'équipe que Will a envoyé dans le centre-ville hier a découvert une scène bien sanglante. Jo baignait dans une mare écarlate, des coups de couteaux à divers endroits et le Naufrageur était mort depuis un moment quand les secours sont arrivés. Mon cœur se serre légèrement. Jo a été transféré d'urgence. Je ne comprends toujours pas pourquoi le chef ne l'a pas tué. Il n'a laissé aucune chance à l'ancien Naufrageur qui s'est pris une balle dans la gorge. En revanche, Jo a dû se débattre, en témoigne les nombreux traumatismes que m'ont détaillé les médecins urgentistes. Il aurait dû mourir, c'est un miracle qu'il soit encore debout... J'ai également eu l'occasion d'échanger avec la police scientifique et le légiste. J'ai raconté que Jo m'avait confié ses doutes sur cette maison qui semblait abriter des trafiques louches. J'ai tenté de le dissuader, mais il m'a prévenu à la dernière minute avant de s'y rendre. Lorsque je l'ai recontacté, inquiet d'être sans nouvelles, ce n'est pas lui qui a décroché.

Tout dans la scène de crime, les blessures des deux victimes correspond à une attaque par derrière. Chris, indic de Jo', est tombé en premier alors que ce dernier a sorti son arme pour se défendre. Il a d'ailleurs dû toucher l'agresseur car d'après la PTS, il y a des projections de sang qui ne sont pas le sien et qui ne se correspondent pas niveau direction. Selon eux, le meurtrier était plus grand que Jo, gaucher, et a été blessé au niveau de son bras directeur. C'est fou tout ce que des traces de sang peuvent avouer. Les analyses sont parties au labo mais sans grande conviction. Même si par miracle, il y a un match, il suffit que les directeurs soient grassement payés et nous n'aurons jamais de nom.

— Tu as prévenu Enola ? me demande doucement Will, interrompant mes réflexions.

Je grimace discrètement. J'aurais aimé mais quand je suis parti, elle n'était pas réveillée. Je ne l'ai pas dit à Juline non plus cela dit alors que j'aurais pu. Je pince les lèvres et mon ami doit lire la réponse sur mon visage car il soupire en fermant les yeux.

— J'imagine que tu n'as pas pris de déci...

— Non.

Il acquiesce sans rien dire. Il me dispense de son avis ce dont je lui suis reconnaissant.

— Je vais y aller... Appelle-moi si tu as du nouveau... Que ce soit pour Iris, Jo...

Je reprends mon manteau alors que Will hoche la tête.

— Tu es sûr que tu ne veux pas rester un peu ? On ira boire un verre ensemble ou faire ce que tu veux... Ma fille serait ravie de te voir, tu sais, dit-il dans une tentative de plaisanterie.

Je me crispe à la mention de sa fille de dix-sept ans. Je ne l'ai croisée qu'une fois, mais Will m'assure qu'elle rougit dès que mon nom est mentionné. Le visage de la fille d'Enola s'imprime dans mon esprit. Ma fille... Lilou... Je revois son visage crispée de douleur.

— Non, c'est gentil, mais j'ai besoin d'être seul, refusé-je rapidement avec un bref sourire sans joie.

Sur ces belles paroles, je quitte le commissariat. Je m'autorise une pause pour acheter à manger et alors que je fais la queue à la boulangerie, un nouveau dilemme s'abat sur mes épaules. Un dilemme que je retarde depuis hier soir.

J'ai dénoncé Iris en sachant qu'elle s'en sortirait. Aurais-je le courage de donner le nom d'Enola en sachant que ce qu'il l'attend est l'exécution ? Je revois son regard fou animé par le poison. J'ai eu le temps d'apercevoir le carnet caché dans sa cape et je n'ai rien dit lorsque Juline me l'a dissimulé. Car rien ne comptait plus que savoir si elle allait s'en sortir ou non. Le déchirement d'Enola quand je lui ai soufflé ces trois putains de mots avant même de les penser... Je te pardonne. Au moment où je les ai prononcés, je me suis rendu compte à quel point c'était vrai. Je ne lui en veux pas d'avoir tué mon père. Elle était inconsciente de ce qu'elle faisait et on ne peut pas dire que la perte de mon paternel ait été une épreuve insurmontable. Loin de là.

En revanche, je lui en veux toujours d'avoir intégré les Naufrageurs ! Si elle n'avait pas été si butée, nous n'en serions pas là ! Mon père serait tout de même mort, mais je n'aurais pas ce choix cruel à faire ! Si seulement tu m'avais écouté, putain... Tu ne serais pas en train de mourir, ma mère ne serait pas en prison ! Nous aurions vécu heureux. J'aurais pu élever ma fille comme j'aurais dû le faire ! J'aurais dénoncé ma sœur et je serais rentré pleurer dans tes bras. Pleurer cette décision que j'ai été obligé de prendre pour rétablir l'équilibre.

Au lieu de quoi, je suis là à me demander qui dois-je préserver ? Toi, une meurtrière dévastée et déjà condamnée ? Ou ma mère, cette femme violente, dont le travail sauve des centaines de vies chaque année. Je revois le visage de la dame des bas quartiers. Son regard implorant et plein de gratitude. Je revois l'expression arrogante de ma mère, j'entends ses insultes, les bruits de vaisselles qui se cassent. Je revis le déchirement sur les traits saillants et amaigris d'Enola, partagée entre le dilitírio et sa conscience.

Mon téléphone vibre dans ma poche, mais je l'ignore, sandwich en main, et continue ma déambulation solitaire. Je ne veux pas décrocher. Je ne veux pas m'ancrer dans le réel car il faudrait alors que je prenne une décision. Je regarde tout de même le numéro et en reconnaissant celui du labo, je décide de décrocher.

— Allô ? Juline ?

— C'est moi, me répond une voix rauque.

Mon cœur se serre. Enola. Elle s'est réveillée. L'antidote a bel et bien fonctionné. J'ignore si j'en suis heureux. Peut-être dans le fond, cela m'aurait simplifié la tâche... Je secoue la tête. C'est horrible comme pensée.

— Comment tu vas ?

— Comme si ça t'intéressait, crache-t-elle, en reniflant.

Je sens les sanglots contenus dans sa voix. Je soupire en fermant les yeux. Si seulement cela ne m'intéressait pas...

— Écoute, Enola...

— Non, c'est vous qui allez m'écouter, Ethan Thierness.

Son vouvoiement et mon nom balancé tel une dague me perfore l'estomac.

— Je n'ai pas trouvé de nom, débite-t-elle d'une traite. Je n'ai pas pu atteindre le carnet dans lequel je les notais, une des cheffes à enflammer le laboratoire pour m'y empêcher. J'ai eu à peine le temps de sortir avant que le labo ne saute à cause des produits chimiques.

Mon cœur devient pierre et tombe au fond de ma cage thoracique. L'air me manque. Je sais qu'elle ment. Enola a toujours été la pire menteuse que je connaisse. Cette vitesse d'élocution, son ton ayant baissé d'un octave. Enola souffle toujours ses mensonges tels des secrets.

Et je le sais d'autant plus que j'ai vu de mes yeux le carnet rouge dans les plis de sa cape. Elle sait. Elle sait forcément que c'est elle. Je ne vois pas pourquoi elle mentirait sinon. Une partie de moi espérait encore avoir tort. Mon poing se serre. Elle a choisi de mentir. Elle a choisi de me dissimuler la vérité. Elle a choisi de se sauver en sachant condamner ma mère. Mon souffle tremble comme le reste de mon être. Je songe à ces faux papiers que j'ai aperçus il y a quelques jours sur le meuble de son cagibi. Un pour elle et un pour sa fille... A-t-elle prévu de quitter la ville ? A-t-elle prévu de fuir ? Si j'étais elle, je disparaîtrais avant ce soir.

— Pour ce que ça vaut... Sache que je suis désolée, Eden... lâche-t-elle avant de raccrocher.

Eden... Je ne suis plus Eden. Eden était une passade qui aujourd'hui terminée. Elle s'excuse à Eden. Pas à Ethan. Elle se fiche d'Ethan Thierness, de ce qui peut arriver à sa famille, à ces gens. Elle s'excuse au près d'Eden pour ce mensonge. Je souffle, me retourne et retourne sur moi-même. Enola a pris sa décision. À mon tour de prendre la mienne.

Une fine neige grisâtre me tombe dessus. J'observe les flocons se déposer sur ma veste. Ils arborent une teinte sale, colorés par la pollution ambiante. Quelques-uns encore blancs tentent d'échapper à la sentence qui s'applique à tous mais leur succès est relatif. Je souffle dessus et ils fondent immédiatement. Le désir d'une justice réellement juste n'épargne pas les choix difficiles, les sacrifices. Je ricane alors que les larmes me montent aux yeux. Est-ce vrai ? Ou est-ce une belle manière de dire que les plus mauvaises décisions se drapent souvent de belles intentions ?

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