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Chapitre XXXIX : Mais je t'aime - Camille Lellouche & Grand Corps Malade

« Un jour, nous sauverons les Naufrageurs. Un jour, nous détruirons la confrérie. Un jour, je ne me contenterai plus de survivre. Un jour, je vivrai. »

Extrait du journal d'Enola en sevrage.

— Il est temps, déclare le gardien qui ouvre la porte de ma cellule.

Je redresse la tête, lasse. Je suis allongée sur le lit peu confortable, abandonnée de toutes mes forces. Ils ont été rapides. La sentence est tombée hier et aujourd'hui... J'imagine que les manifestations ont dû se calmer lorsque Morgane a été proclamée innocente. Bravo, Enola... Ta mort sera d'utilité public en plus... Et pourtant, je suis étrangement résignée. Je n'ai plus l'énergie de ressentir quoi que ça soit d'autre. La résignation n'est pas une émotion, c'est la mort de toutes les autres. C'est le bout du rouleau, le fond du fond.

— Je n'arriverai pas à me lever, articulé-je avec peine.

L'homme soupire et s'avance pour m'aider. Une main passe sous mon dos et l'autre sous mes genoux. Il soulève mon corps comme si j'étais un poids plume. Mon estomac se contracte mais je n'ai rien à vomir. J'espérais qu'Ethan aurait le courage de me conduire lui-même à la potence. Lâche...

Le gardien me pose sur un fauteuil roulant. Celui qui me mènera à la mort. J'essaie de m'étirer légèrement le dos mais chaque mouvement est un supplice. Le plastique couine. Je n'ai même pas le droit à un transport confortable pour m'emmener en enfer. L'homme se dit rien et se contente de m'attacher les mains et les pieds. Mes lèvres s'étirent en un pâle sourire goguenard. Comme si j'allais m'enfuir en courant...

— Je suis vraiment désolé... souffle-t-il en se relevant.

Pas autant que moi. Pas autant que moi... Je me demande à quel moment on choisit d'être affecté au couloir de la mort. Peut-être est-ce une sanction ? Ou un moyen de s'endurcir. Savoir que l'on partage les derniers pas d'humains, que l'on respire le même air que leurs dernières inspirations, que l'on entend leur dernier mot. Ou alors est-ce plus noble que ça. Certains choisissent bien d'être thanatopracteur pour permettre aux morts de partir avec dignité. Peut-être est-ce la même chose pour cet homme. Il ne nous afflige pas d'accusations, il nous laisse profiter de notre dernier moment dans le calme avant le silence éternel.

Le fauteuil gémit, compatissant sur mon sort alors que nous roulons dans un détale de corridor. Je n'essaie même pas de retenir le chemin que nous empruntons. Ce n'est pas comme si j'aurais l'occasion de m'en sortir... Nous ne croisons personne. Je n'entends même pas les respirations des détenus. Toutes les cellules que nous longeons sont vides. Tes prédécesseurs, ma grande. Tu les croiseras peut-être en bas... Alors que nous arrivons dans le dernier couloir, une infernale odeur d'ammoniac m'agresse le nez. Je grimace, fortement incommodée. C'était le moment de désinfecter les lieux, sérieux ?

Soudain, le fauteuil roulant s'arrête et l'homme passe devant pour s'accroupir face à moi. Mon cœur s'emballe.

— Je... Je ne pense pas que vous me reconnaissez mais je venais de temps en temps à votre boutique pour chercher de quoi soulager mon estomac et... et ma fille est dans la même école que le vôtre.

Ma gorge se noue. Je ne réponds rien. L'image de Lilou s'invite sur mes rétines et je sens mon cœur se serrer. J'ignore si cette image m'apaise ou me fustige.

— Et je voulais vous dire que... vous pouvez compter sur moi pour ne pas les laisser la maltraiter... Mon frère est le professeur des CM2. Il ne laissera passer aucun harcèlement, je peux vous le garantir. Vous avez ma parole...

Il serre ma main clouée à l'accoudoir et je sens les larmes me monter aux yeux. Je ne pensais pas recevoir encore de la gentillesse de la part d'autrui, surtout pas en ces lieux. Et pourtant ces paroles apaisantes me retournent le cœur. Ils auront bon tout faire pour limiter les insultes, j'ai taché l'ombre de Lilou de sang à jamais. Toute sa vie, elle traînera un passé qui n'est pas le sien. Je renifle et essuie mes yeux. Dignité, Enola. Ne leur offre pas ton désarroi en pâture.

— Merci, soufflé-je.

— C'est la moindre des choses... Et pour ce que ça change, sachez que moi, je ne vous déteste pas.

Je souffle, le cœur battant et me concentre sur ma respiration pour refouler mes larmes. Allez, Enola. L'homme a la délicatesse de me laisser quelques minutes pour me reprendre. Je déglutis et me redresse du mieux que je peux avant d'hocher la tête à son attention. Le gardien se redresse alors et ouvre une porte.

Les discussions s'arrêtent dès que nous entrons. Je suis quasiment certaine que l'évènement va être retranscrit à la télé comme victoire sur les Naufrageurs. On me place, j'imagine au centre de la pièce. J'entends les remouds d'une eau qui s'agite. L'eau dans laquelle on me noiera dans quelques minutes. Quiconque assassine sous l'emprise du dilitírio mourra dans les mêmes conditions que sa victime. Bon sang. Je serre les poings pour ne pas trembler. Pour ne pas imaginer à nouveau. Je n'aurais jamais pensé ça un jour mais je regrette la guillotine. Une douleur commence à monter dans ma poitrine.

J'inspire calmement pour garder une contenance et me concentre sur les mouvements que je perçois. Chacun doit prendre sa place car des chaises grincent, se déplacent sur le sol. Une femme, après m'avoir détachée, me demande de me lever. C'est sûre qu'exécuter une personne en fauteuil roulant ne doit pas être bon pour l'image... Je refuse, argumentant que je n'aurais pas la force de tenir debout. Ils voulaient faire leçon en exécutant une Naufrageuse ? Qu'ils assument jusqu'au bout. Puis le silence se fait. Quelqu'un se racle alors la gorge dans mon dos.

— Nous sommes ici réunis pour un évènement qui n'est jamais une partie plaisir. Mais qui est somme toute nécessaire pour dissuader et préserver la paix. Cette exécution est la première de son genre et nous espérons tous de tout cœur qu'elle suffira à être la dernière. Depuis des années, les Naufrageurs accumulent les victimes. Dissimulés, préférant frapper dans l'ombre. Lâchement. Sans jamais assumer les conséquences de leurs actes.

Si je ne luttais pas pour garder un visage neutre, je ricanerais. Quelle belle manière d'avouer l'inefficacité des forces de l'ordre. Et vous vous fourrez un doigt dans l'œil et ce jusqu'au coude si vous pensez que ma perte va empêcher les Naufrageurs de continuer. Au contraire dans la mesure où j'étais à deux doigts de les faire disparaître à jamais...

— Enola Gramps a été reconnue coupable du meurtre de Pierre Thierness, de complicité sur des centaines d'autres assassinats ainsi que d'affiliation avec la confrérie des Naufrageurs. Elle a avoué avoir été droguée au dilitírio et plusieurs témoignages relatent ses excès de violences. En vertu de la loi quant la circulation du dilitírio du 18 janvier 2034, ses actes la condamnent à la peine de mort dans la même condition que sa victime. Nous sommes aujourd'hui réunis pour assister à l'application de cette sentence.

Quelqu'un pose les mains sur le dossier de mon fauteuil. Je sais que c'est le moment.

— J'aimerais dire quelque chose, lâché-je d'une voix claire.

La personne dans mon dos se fige et j'entends des agitations, des chuchotis. Mais je n'en tiens pas compte et conserve mon impassibilité.

— Vous n'avez pas à...

— J'ai le droit à trois minutes conformément aux articles régissant les derniers instants d'un condamné, rétorqué-je, interrompant je-ne-sais quel gradé.

Je ne remercierai jamais assez Calie de m'avoir récité des dizaines de textes de loi lorsque nous étions jeunes... Nouveau mouvement dans la salle. L'assemblée semble débattre à voix basse durant quelques minutes avant que quelqu'un ne proclame plus haut :

— Elle a raison.

Jo... Je serre les dents en reconnaissant sa voix. Il avait promis de rester avec Lilou... Il avait promis... Ou peut-elle...

— Bien, me concède-t-on de mauvaise grâce. Nous vous écoutons.

Stop, Enola. Il est là, c'est trop tard. Lilou doit être avec ses grands-parents... J'inspire profondément. J'ai longuement réfléchi à ces trois minutes depuis que je me suis souvenue de leur existence. J'ai déjà fait mes adieux alors il est hors de question que je m'adresse à ma famille. Et je ne veux en aucun cas qu'ils assistent à cela. En revanche, je suis certaine qu'une personne observera cette scène avec attention.

— Est-ce qu'Ethan est ici ? demandé-je à la cantonade.

Seuls des chuchotements me répondent à nouveau. Visiblement, personne ne s'attendait à ce que je le demande, lui. Je laisse passer quelques secondes dans l'espérance d'une réponse de sa part mais rien. Je souffle. Quel lâche...

— Oui, je suis là, réplique-t-il de sa voix enrouée qu'il veut dure.

Pourtant, je perçois le tremblement qu'il dissimule. Un rictus sans joie s'installe sur mes lèvres. On s'assume plus, chéri ? Tu te rends compte que ce n'est si facile que ça de regarder l'exécution de son amour de jeunesse, de la mère de son enfant ? En sachant parfaitement que tu es entièrement responsable. Je m'éclaircis la voix, inspire profondément et arme ma flèche empoisonnée de cruauté. Ma dernière flèche. J'avais abandonné cette idée avant que Jo ne m'avoue la demande d'Ethan pour le test. Mais à présent, il ne mérite plus ma considération. Pas après cette ultime trahison.

— Mais me raconte pas d'histoires
Tu sais bien, ce qui ne tourne pas rond
Chez moi, ne m'en demande pas trop
Tu sais bien, que les fêlures sont profondes
Sans moi, ne t'accroche pas si fort
Si tu doutes, ne t'accroche pas si fort
Si ça te coûte, ne me laisse pas te quitter
Alors que je suis sûre de moi
Je te donne tout ce que j'ai alors essaie de voir en moi que...

Je reprends mon souffle afin de pousser sur ma voix.

— Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime, du plus fort que je peux
Je t'aime, et je fais de mon mieux...

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine de plus en plus douloureuse. Je me force à poursuivre. Personne ne cherche à m'interrompre. Personne ne fait de bruit. Seul l'eau qui danse accompagne ma voix d'une mélodie discrète.

— On m'avait dit "Attends tu vas voir, l'amour c'est un grand feu"
Ça crépite, ça illumine, ça brille, ça réchauffe, ça pique les yeux
Ça envoie des centaines de lucioles tout là-haut, au firmament
Ça s'allume d'un coup et ça éclaire le monde et la ville différemment
Nous on a craqué l'allumette pour l'étincelle de nos débuts
On a alimenté ce foyer de tous nos excès, de nos abus
On s'est aimé plus que tout, seul au monde de notre bulle
Ces flammes nous ont rendus fous
On a oublié qu'au final, le feu ça brûle

Et je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Oui, je t'aime
Je t'aime
Je t'aime, du plus fort que je peux
Je t'aime, et je fais de mon mieux...

Les larmes me montent aux yeux. Je les laisse couler sans chercher à les arrêter.

— Je m'approche tout près de notre feu et je transpire d'amertume
Je vois danser ces flammes jaunes et bleues, et la passion qui se consume
Pourquoi lorsque l'amour est fort il nous rend vulnérables et fragiles
Je pense à nous et je vacille, pourquoi depuis rien n'est facile
Je t'aime en feu, je t'aime en or
Je t'aime soucieux, je t'aime trop fort
Je t'aime pour deux, je t'aime à tord
C'est périlleux, je t'aime encore
Alors c'est vrai ça me perfore
Je t'aime pesant, je t'aime bancale
Évidemment ça me dévore
Je sais tellement que je t'aime, mal

Mon cœur sursaute lorsque la voix d'Ethan me rejoint sur les dernières phrases qui résument si durement notre histoire.

— Si j'avance, avec toi
C'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras
Des attentes, j'en ai pas
Tu me donnes tant d'amour, tant de force
Que je ne peux plus, me passer d'toi
Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute
Mes blessures sont d'hier
Il y a des jours plus durs que d'autres
Si mes mots te pèsent
J'y suis pour rien
J'y suis pour rien, rien. Mais, je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime, du plus fort que je peux
Je t'aime, et je fais de mon mieux

Mais, je t'aime

Je t'aime...

Je laisse mourir ma voix sur le dernier mot. Le silence a envahi la pièce. Je ne me détourne pas d'Ethan que je sais face à moi, de l'autre côté de cette piscine qui deviendra mon tombeau. Cette chanson est plus qu'une vengeance pour Ethan. C'est une prière à Eden. Je sais qu'il est encore là, enfoui. Il est réapparu, hier. Et je ne veux plus qu'il disparaisse. Je veux que ce moment le réanime, lui fasse un électrochoc et lui permette de reprendre le contrôle. Pour Lilou. Je veux qu'elle grandisse avec son père, avec l'homme que j'ai aimé, avec Eden.

Je pensais que je lui en voudrais à mort. Mais je réalise qu'en réalité, je lui souhaite une longue vie. Une longue vie durant laquelle ce passé le suivra à chacun de ses pas. Je lui souhaite de ne jamais, jamais oublier cet instant. Que mon visage lors de mes dernières secondes s'impriment sur ses rétines dès qu'il fermera les yeux. Qu'il entende ma voix à chaque note de musique. Je souhaite que cet aveu en chanson le hante à jamais. Qu'il se demande chaque jour comment il aurait pu agir autrement. Je lui souhaite d'être dévoré par la culpabilité lorsqu'il posera les yeux sur Lilou, lorsqu'il profitera de la présence de sa mère violente en sachant qu'il a privé sa fille de la sienne. Je souhaite le hanter jusqu'à la fin de ses jours. En somme, je lui souhaite un enfer silencieux et solitaire qui ne prendra jamais fin. Un enfer qui réanimera Eden.

La devise d'Eden me revient alors comme un oiseau moqueur. Je veux m'asseoir au bord d'un belle rivière et attendre de voir le cadavre de mes ennemis passer. Quelle ironie...

Les larmes coulent sur mes joues sans que je ne cherche à les retenir ou à les essuyer. Car je leur rend service en fait, en tentant de conserver mon air froid et impassible. J'appuie leur image des Naufrageurs déshumanisés, sans âme ni remord. Ils veulent exécuter quelqu'un ? Alors qu'ils me regardent dans les yeux. Qu'ils regardent mes larmes, ma colère, ma peur, mon chagrin, mes remords. Non, qu'ils ne me regardent pas. Qu'ils me voient. Entière. Complète. Comme une femme qui a fait des erreurs. Et non comme un monstre sans émotions.

— Adieu, Eden, je ne t'oublierai jamais, lâché-je d'une voix rauque. Je te souhaite une longue et heureuse vie.

Des mains se posent à nouveau sur le dossier de mon fauteuil. Un souffle caresse le creux de mon oreille alors qu'une senteur âcre subtile me noue la gorge. Je me redresse dans le fauteuil dans un hoquet étranglé. Du olipa. Non !

— Nous t'avons promis il y a huit ans de retrouver et faire payer le meurtrier de sa soeur... J'espère que tu nous pardonneras le délai, siffle-t-il en faisant rouler le fauteuil lentement.

Rustid... Je reconnaîtrais sa voix entre mille. La peur fissure mon visage. Qu'est-ce qu'il fout ici ? Une lumière se fait dans mon esprit. C'est lui, le juriste parmi les trois. Il est là pour s'assurer que je me noie bien dans cette eau de malheur. J'ouvre la bouche pour hurler à Eden que c'est lui, qu'il est là, mais mes cordes vocales se retrouvent paralysées à cause du poison.

— Dommage également que ton antidote n'ait pas suffi. Tu passeras le bonjour à ta collègue blonde quand tu la verras dans quelques jours arriver, souffle-t-il.

J'écarquille les yeux d'effroi. Ils savent. Ils savent tout. Comment... Je n'ai plus d'échappatoires, plus de coups d'avance, plus de tours de passe-passe. Je me sens nue de toute stratégie alors que mon pire ennemi me pousse vers sa victoire. Il s'arrête et je sens l'humidité à mes pieds.

— Plus belle est la surface, plus sombres sont les profondeurs... Naufrageuse devient Naufragée, conclut-il avant de me pousser d'un coup sec.

— Attendez !

Je m'accroche au fauteuil pour ne pas tomber alors que Rustid repose doucement les roues arrières. Je tremble de tout mon être sans pouvoir m'arrêter. La douleur dans ma poitrine enfle comme un ballon de baudruche. C'est Ethan qui l'a arrêté. Pourquoi ? Qu'est-ce que...

Je l'entends de déplacer. Lentement. Très lentement.

— Je veux le faire moi-même, annonce-t-il.

Si mes cordes vocales n'étaient pas paralysées, je rirais jaune. Un élan de courage ? Rustid semble attendre une confirmation qui arrive car il recule. Ethan arrive face à moi et s'accroupit. Je le fixe à travers mon obscurité alors que je suffoque peu à peu. Sa main vient trouver la mienne et la serre. Doucement. Eden. Je ne peux pas me dégager. L'air ne rentre plus dans mes poumons. Ce n'est pas normal. Le olipa n'a pas cet effet. Je veux me débattre pour respirer mais je reste quasiment immobile. La poigne d'Eden se resserre comme un dernier soutien. Qu'est-ce que... Une violente douleur me foudroie soudain le cœur et tout devient noir.

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