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Chapitre XXVI : Si t'étais là - Louane

Ethan

J'arrive au laboratoire de ma mère d'un pas pressé. J'ai fait très attention à ne pas être suivi jusqu'ici alors j'aimerais autant ne croiser personne. Je veux que mon passage reste invisible. Les chefs ne doivent pas savoir que nous nous intéressons au remède contre le dilitírio. Si Enola a réussi à rester discrète durant ces dernières années, il ne faut pas tout foutre en l'air si proche de la ligne d'arrivée. Je n'aurais déjà pas dû venir ici, trouver ce fichu remède n'est pas ma priorité. Il faudrait que j'aille interroger Iris et Dorianne voire Aaron. Mais pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher de passer chercher les documents sur l'antidote avant. Ma mère a forcément dû trouver des choses, même si je ne pense pas que ça soit la raison de son enfermement. Et si on trouve ce remède...

Mes dents se grincent en resongeant à ma discussion d'hier avec Joeffrey puis celle que j'ai eu avec le Naufrageur. Elles ont hanté ma nuit déjà courte. Jo' souhaite que je l'avoue à Enole le plus vite possible.

Je revois son air torturé alors qu'elle fixait le vide comme si elle voyait quelque chose invisible pour nous. Comme si elle voyait en fait. J'ignore où le poison l'a envoyé mais je n'oublierai jamais la douleur sur ses traits crispés. Elle sombre. Elle sombre bien plus vite que je ne le pensais. Quelque soit la décision prise, il faut que ça se fasse rapidement. Avant que ça ne la tue ou pire que ça ne tue Lilou.

Je traverse les couloirs en empruntant des détours pour éviter les allées de bureaux. Celui de ma mère ne devrait plus être très loin. C'est bien la première fois que je bénis son arrogance qui l'a poussée à s'exiler loin des autres, loin du commun des mortels afin qu'ils ne viennent troubler ses moments d'illuminations. J'avale les dernières marches en courant presque. J'essaie de ne pas paraître suspect au cas où des regards que je ne vois pas se poseraient sur moi. Le masque que je me force à porter est en place et ne bouge plus. J'arrive enfin à la porte de son antre. Je jette un rapide coup d'œil autour de moi. Personne. Je rentre les clés dans la serrure et pénètre dans la pièce comme si j'étais chez moi.

Je referme la porte et scanne aussitôt le plafond à la recherche de caméras. Enola a beau m'avoir assuré que la confrérie n'utilise pas la technologie, je préfère m'en assurer. Mais je vois rien. Mon regard se promène sur la pièce sobre, à l'image de ma mère. Tout est ordonné, pas de décoration superflue, pas un papier de travers. Cela me rassure un peu. J'ai du mal à imaginer que si quelqu'un est venu fouiller ici, il ait pris le temps de tout ranger. Mais les Naufrageurs ne sont pas n'importe qui. Ils ne se sont jamais fait prendre. Peut-être leur secret est simplement de nettoyer derrière eux...

Allez, on n'a pas la journée devant nous ! Je passe de l'autre côté du bureau et après avoir poussé la chaise, commence à ouvrir les tiroirs et regarder les papiers. Je passe une demi-heure à fouiller le meuble à la recherche du dossier sur le dilitírio. L'ancien comme le récent. Mais je ne trouve rien. Évidemment. J'imagine que si j'étais ma mère, je ne laisserais pas traîner un dossier aussi sensible sous le nez du premier venu. Je prends quand même le temps de feuilleter toutes les pochettes des étagères rapidement par acquis de conscience. Sans plus de succès.

Je soupire et regarde à nouveau la pièce dans son ensemble. Si j'étais une scientifique dérangée ambitieuse et parano, où est-ce que je cacherais un tel truc ? Je ne vois aucun endroit susceptible de dissimuler un coffre ou que sais-je dans ce genre. Et honnêtement, ça, c'était le genre de mon père. Il y a ce style de planque avec de l'argent liquide partout dans ma maison. J'en connais quelques-uns, mais seul mon paternel savait tous leurs emplacements. C'est un des nombreux secrets qu'il a emportés dans sa tombe. Toujours est-il que ma mère se moquait souvent de cette manie de tout cacher derrière un mécanisme que n'importe qui peut déjouer avec un minimum d'outils. Je ne la vois pas reproduire cela ici. Non, au contraire... Je la vois bien laisser ses secrets au nez de tous, dissimulés par une armure qu'elle seule sait défaire...

Je me penche vers le bureau. Un tas de feuilles blanches méticuleusement rangées attire mon attention. Je lève la première et constate non seulement qu'elles sont toutes vierges d'écriture, mais propres pour autant et très épaisses. Le papier comporte quelques tâches éparses comme s'il avait traîné sur une paillasse et subi quelques dommages.

D'un coup, je suis propulsé vingt ans en arrière quand j'étais un gamin de huit ans qui quémandait l'attention de sa mère à coup de questions sur son métier, sur la biologie, sur la chimie... Et je la revois me montrer ce tour très simple pour créer de l'encre invisible avec quelques substances concoctées par ses soins. J'avais été émerveillé parce ce que je voyais comme de la magie à travers mes yeux d'enfant. Mais bien sûr ! Une armure qu'elle seule sait défaire...

Sûr de mon intuition, j'ouvre frénétiquement les tiroirs du haut ne contenant pas de papier à la recherche d'une fiole, de quelque chose contenant le liquide révélateur. Mais je ne trouve rien. Je soupire en passant une main sur mon visage. Pour des raisons de pratique et de discrétion, je ne pense pas que ma mère faisait les aller-retours entre son bureau et les labos pour aller chercher la substance complémentaire. Tout comme je ne la vois pas l'avoir en permanence dans sa poche, on parle quand même de produits dangereux comme tout ce que ma mère manipule. Elle est donc forcément ici. Sous mes yeux.

Je lève la tête. Qu'est-ce qui peut contenir de l'eau ou du liquide dans cette pièce ? Mon regard échoue sur la cafetière. J'esquisse un sourire. Ma mère ne buvait jamais de café car mon père y était accro. Avoir un point commun avec lui aurait été une faiblesse impensable. Je m'approche donc de la machine et en soulève le couvercle. Je grimace en marquant une mouvement de recul. L'odeur infecte de café rance me donne envie de refermer le clapet et de jeter l'appareil sans attendre. Mais je me force à creuser. Je soulève le filtre plein de café humide et moisi pour m'intéresser au compartiment où l'on met l'eau. Un liquide transparent est effectivement présent, mais impossible de sentir quoi que ce soit à cause de la puanteur. Un sourire dégoûté se dessine sur mes lèvres. Très malin, maman...

Je décroche le compartiment et revient au bureau. Empressé, j'étale toutes feuilles tâchées – soit pas moins d'une dizaine – sur le sol. J'écarte le plus possible mes pieds du tapis de papier tout en tendant le bras vers l'avant. Puis je verse le liquide sur le papier. Je fais un bond pour que le liquide que je sais agressif ne me lèche pas les chaussures. Instinctivement, je ferme les yeux. Faites que ça marche, faites que ça marche...

Je rouvre les paupières, hésitant. Mon estomac se dénoue aussitôt en constatant que des lignes blanches sont apparues sur les feuilles maintenant jaunies. Yes ! Mon cœur s'emballe légèrement alors que je fixe mon œuvre pas peu fier. Et toc, maman. Regarde ce qu'est encore capable ton incapable de fils qui était aussi autrefois si brillant. Je n'ai pas tant perdu que ça ! Je nous revois, Enola et moi, nous amusant dans le laboratoire du lycée à des heures interdites. Elle m'apprenant les bases de la chimie sans se douter que je les connaissais déjà. Mes lèvres retombent légèrement. Pourquoi quand je réussis quelque chose, mes premières pensées vont toujours à ma mère et à Enola ? Pourquoi ne puis-je pas m'empêcher de me demander quelle aurait été leur réaction ? Ce qu'elles auraient pensé ? Dit ? Pourquoi chacune de mes actions me ramène-t-elle à un souvenir avec l'une au l'autre ? J'existe sans elles. Je réussis sans elles. Je vis sans elles. Alors pourquoi ne puis-je pas penser sans elles ? Pourquoi sont-elles en permanence dans mon ombre, à me féliciter, me juger ? Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à les lâcher, bordel ? Je secoue la tête en me rendant compte du tremblement de mon corps. Arrête de torturer, tu as ce que tu es venu chercher, maintenant, on lève l'ancre. Je suis censé relever Jo dans surveillance du Naufrageur à midi et il est déjà huit heures trente. Sachant que je dois encore voir Iris à qui j'ai donné rendez-vous à dix heures au café en face de chez nous.

Je ramasse les feuilles après avoir vérifié que le liquide était bien sec. Je tiens à mes mains, merci bien. Je les range dans une chemise en carton que j'avais amenée et la coince sous mon manteau. Je replace le bureau comme je l'ai trouvé et quitte la pièce comme si de rien n'était. Quelques minutes plus tard, je quitte le bâtiment sans que personne ne m'interpelle.

Avant de sortir, je remets ma capuche pour dissimuler mon visage trop connu. Très peu envie de répondre à des centaines d'interviews, de devoir garder mon sang froid face à ces chiens enragés qui se nourrissent de notre malheur. S'il y a bien une chose pour laquelle Eden me manque, c'est celle-ci. Je dévale les marches extérieures menant au laboratoire de ma mère et zigzague dans les rues vers ma voiture garée un peu plus loin.

— Monsieur !

Je me raidis et allonge légèrement la foulée. Après tout, ce n'est peut-être pas à moi qu'elle s'adressait, cette femme. Des pas se précipitent dans mon dos. J'avance un peu plus vite, renfonçant ma tête dans mes épaules. Une main me saisit tout à coup le coude. C'est bien moi qu'on interpellait. Je me dégage vivement en me retournant, des mots incisifs sur le bout de la langue.

Je m'apprête à envoyer froidement ma façon de pensée au visage de la journaliste, mais je me retiens en avisant la femme devant moi. Elle n'est pas de la presse. Ses vêtements sont vieux et abîmés, bien loin de costards et tailleurs qui m'interrogent d'ordinaire. Son visage est sale, fatigué et sous-nutritionné. Mais ses yeux me supplient avec telle candeur et émotions... Pourtant, je ne baisse pas le masque, méfiant.

— Qui êtes-vous ? articulé-je froidement en reculant d'un pas.

— Personne, Monsieur, me répond la femme en baissant la tête. Personne aux yeux de tous sauf de votre famille.

Sur son visage bataillent la peur et l'admiration. Il ne me faut pas longtemps pour en comprendre la source. C'est sans doute une de ces personnes bénéficiant des aides de mon père et des vaccins de ma mère. Une de ces personnes qui vénèrent ma famille comme des saints. Une des prochaines victimes de la condamnation de ma mère si celle-ci est actée.

Je la fixe, attendant qu'elle dise autre chose, mais le blanc s'éternise. Elle me détaille avec ce même mélange de dévotion et d'angoisse. D'un regard, je tente de l'amener à parler, mais elle ne dit toujours rien. Ok...

— Vous aviez quelque chose de particulier à me dire ou..?

Elle secoue la tête. Puis la hoche, essuyant les larmes qui coulent sur ses joues. J'attends les sourcils levés, circonspect et un peu gêné.

— Je... Nous, ici, on vous soutient... On prie tous les jours pour que votre mère soit innocentée. Dans notre quartier, on a même mis en place une cagnotte.

Elle me donne un petit sachet en tissu d'un geste tremblant. Mon cœur loupe un battement en sentant le poids des pièces. Ces gens n'ont rien, à peine de quoi se nourrir et pourtant, ils donnent...

— Ce n'est pas grand-chose mais... on voulait vraiment aider et... vous remercier... De tout ce que votre famille fait pour nous.

Je me dandine d'une jambe sur l'autre. Je veux lui rendre ses pièces. Ils en ont certainement beaucoup plus besoin que ma mère. Sa cellule est certainement cent fois plus confortable et agréable que leurs maisons humides et froides.

— Je... commencé-je.

Mais la femme recule en secouant la tête et mettant ses mains dans son dos.

— Ne dites rien. Je sais que vous ne ferez pas grand-chose avec ça, mais... Prenez-les. En guise de reconnaissance.

J'acquiesce, la gorge nouée. Puis je fouille dans mon portefeuille, en dégainant trois billets de cinquante ados. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est tout ce que j'ai. Les yeux de dame s'écarquillent.

— Non, je...

Mais je la coupe.

— Ce n'est pas de la charité ou de la pitié. C'est pour votre silence. Des personnes vont certainement vous demander si vous m'avez vu et je vous demande de ne rien leur dire. De ne rien dire à personne sur cette discussion. Il en va de la vie de ma mère, ajouté-je.

Je m'avance et lui tends les billets plus près. Elle les regarde comme s'ils allaient s'envoler. Je reste là, à attendre qu'elle les saisisse. Ce qu'elle fait avec la plus grande hésitation.

— Soyez discrète, cette somme ne passera pas inaperçue.

La femme acquiesce et me regarde avec des étoiles liquides dans les yeux. Mon cœur se serre.

— Et merci de votre soutien... soufflé-je.

Ma mère a beau être la pire des garces, voir autant de gens se soulever et se préoccuper de son sort m'émeut. Elle est leur héroïne, à défaut d'avoir été la mienne. Je me détourne en sentant l'émotion me prendre la gorge.

— Ethan ? m'appelle doucement la dame.

Je m'arrête sans tourner les talons.

— Vous leur ressemblez, vous savez...

Je déglutis difficilement et accepte ce qui est pour elle un compliment d'un hochement de tête. Puis je rejoins ma voiture d'un pas pressé, ignorant si je dois être fier ou au contraire en avoir la nausée. Vous leur ressemblez... Je me suis toujours promis d'être aux antipodes de mes parents. Et pourtant aujourd'hui... Je mens, je trahis, je blesse, je trompe sous couvert de bonnes intentions, sous couvert de sauver des vies. Peut-être que cette femme a raison. Peut-être que je suis le digne fils de mes parents en tous points de vue.

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