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Chapitre V : Radioactive - Imagine Dragons

« Je crois qu'Alfrina a de l'affection pour moi. Sa voix est plus douce lorsqu'elle me parle même s'il lui arrive de m'appeler Joséphine. Je lui ai demandé qui était-elle et la cheffe m'a répondu d'un œil triste qu'il s'agissait de sa fille. Décédée, il y a longtemps. Et que je lui faisais penser à elle. »

Extrait du journal d'expérimentation d'Enola sous dilitírio

— Je vous ai amené le dossier d'enquête, articule avec difficulté Ethan. Nous pouvons l'étudier ensem...

— Non, le coupé-je. Vous m'avez engagée pour retrouver un assassin, pas pour coopérer avec vous. Je travaille seule.

Ils ne manqueraient plus que les chefs des Naufrageurs qui, je suis sûre, me font surveiller partiellement, sachent que je travaille avec le fils Thierness. Je mets déjà suffisamment en danger Lilou dans cette histoire.

— Et comment comptez-vous lire le dossier ? rétorque Ethan.

— J'ai toujours su me débrouiller. Vous m'avez piégée, je vous ai piégé. Maintenant, nous allons tous les deux remplir notre part du marché. Pas besoin de s'imposer notre présence.

Il ouvre la bouche, mais doit comprendre qu'il est inutile d'insister, car il la referme et pousse un soupir résigné.

— Je veux être tenu au courant de vos avancées.

Je veux, je veux. Tu auras ce que je te donnerais mon grand. Je ne réponds pas et tends la main pour qu'il me donne le fameux dossier. Il grince des dents et je manque de grimacer. Je déteste ce bruit vraiment ignoble. Il ôte son sac de son dos, y farfouille et le papier effleure ma paume. Mais lorsque je referme mes doigts dessus pour le prendre, mon adversaire résiste un instant. J'entends clairement le message subliminal. N'oublie pas ce que tu risques. Un sourire sans joie frétille au coin de mes lèvres. Toi aussi, chéri. Toi aussi... Ethan finit par lâcher l'affaire et je laisse retomber mon bras, les feuilles en main.

Un instant de silence passe, durant lequel aucun de nous deux n'effectue le moindre mouvement.

— Je compte sur vous.

C'est ça...

— Au déplaisir de vous revoir demain, le congédié-je froidement. Pardonnez-moi si je ne vous raccompagne pas. Vous avez su entrer, je pense que vous saurez trouver la sortie.

Il souffle. J'ignore si c'est de dédain ou d'amusement et je m'en fiche. Tout ce que je souhaite, c'est qu'il débarrasse le plancher. Après encore quelques secondes de flottement, Ethan se décide à faire demi-tour, faisant craquer son genou. Je penche légèrement la tête. Son léger sifflement de douleur ne m'a pas échappé. Il a donc une faiblesse dans la jambe droite. Intéressant. Il sort en claquant la porte. Je m'approche et la verrouille derrière lui.

J'inspire profondément en fronçant le nez, dégoûtée par les effluves laissés par l'enfoiré venant de partir. Je crois que si le piège et l'hypocrisie avaient un parfum, il serait ces fichus relents de pêche. C'est pas vrai ! Je frappe de ma paume le battant en bois. Comment peut-il avoir eu ces informations ? La famille Thierness est une famille de notre bourgeoisie moderne. Je vois mal leur fils fréquenter les dealers ou autres criminels. Bien que je ne doute pas de la bassesse de gens de la haute...

J'ai entendu parler du fils de cette famille, mais je n'ai aucun moyen de m'assurer qu'il s'agit bien de l'homme auquel je viens d'être confrontée. Je serre les dents. Pour la première fois, je maudis l'absence de caméra de surveillance dans la boutique. Juline aurait pu l'identifier. Tant pis. Je me reprends en m'assénant une claque mentale. Ok, donc première étape, vérifier l'identité de cet inconnu.

Je retourne dans le laboratoire aussi vite que ma patte folle me le permet. À peine entrée, je suis assaillie par l'odeur âcre de Juline. Les fragrances de son angoisse mêlées aux produits qu'elle a manipulés dans la journée m'indiquent qu'elle a écouté notre conversation, collée à la porte.

— Tu l'as vu ? lui demandé-je sans détours.

— Non... J'avais trop peur qu'il me repère si j'ouvrais la porte.

Je grimace, même si elle a bien fait. Il n'était pas armé, mais j'ignore quel contact il peut avoir avec qui et quelle est son influence. Mieux vaut qu'il me pense la seule au courant. Je jette le dossier sur une paillasse propre et m'assieds sur un tabouret.

— Est-ce que tu le connais ?

Juline a beau ne jamais en parler, elle est née dans ces quartiers aisés. Et si elle ne subissait pas sa terrible addiction à l'alcool, elle y serait sans doute toujours, avec ses aimables parents au soutien infaillible. Mais ils l'ont fichue à la porte quand elle a révélé des informations compromettantes sous l'emprise de la boisson et elle a atterri dans mes rues, il y a sept ans.

— Je le connais, c'est vite dit... Nos parents s'entendaient hypocritement très bien, mais je ne l'ai jamais vu en face à face car je déclinais toujours les invitations aux repas avec con-vives... J'en ai entendu parler comme tout le monde avec toute l'actualité. Ethan Thierness, le fils maudit, cite Juline.

Mouais, je le plaindrais sûrement s'il n'avait pas menacé ma vie.

— Il est resté très silencieux depuis que les médias se sont emparés de l'affaire. Il apparaît sur peu de photos, a donné zéro interview. Les journalistes s'en plaignent.

Les pauvres chéris... Personne à torturer de leurs questions comme les chiens enragés qu'ils sont.

— Tu peux le décrire ? demandé-je.

— Les cheveux noirs, de taille et corpulence moyenne. Les yeux d'un chocolat au lait magnifiques, j'en tomberais amoureuse. Sa barbe légère est souvent entretenue et dessine de belles arabesques sur ses joues.

Je souffle. Rien de tout ceci ne me parle. Un ancien camarade de lycée, m'a-t-il dit... Je ne me souviens d'aucun Ethan... Il faut dire qu'avec le piano, je n'ai pas assisté à beaucoup de cours surtout en terminale. Et s'il fait partie de ces enfants de bourge à qui on change le nom pour éviter les kidnappings ou autre... Le passé, si cet homme dit vrai, ne m'aidera pas à vérifier sa version. La seule information que j'ai sur lui dans le présent est qu'il utilise un shampoing à la pêche, avec ça...

— Tu sais des choses sur lui avant cette histoire ?

Juline réfléchit un instant.

— Il a toujours été absent de la vie médiatique jusqu'à il y a huit ans, ce qui a fait énormément jaser. C'est apparemment une rupture qui l'a fait sortir de l'ombre selon ce qu'il a accepté de confier...

Pauvre petit bichon... Il a du mal à gérer son petit cœur sensible. Pourtant, un visage s'imprime à son tour dans mon esprit et laisse un goût amer sur ma langue. Le goût de la solitude, de l'abandon. Dégage de ma tête, Eden ! Je serre les dents quand Juline lâche un cri de joie.

— Ah si je me souviens qu'après le décès de son père, sa mère s'est plaint à la mienne du sport abusif qu'il pratiquait. Une mauvaise chute lui a coûté sa passion en abîmant son genou de manière définitive il y a aussi huit ans.

Je me redresse, interpellée. Celui qui prétend être Ethan avait une gêne également dans un genou ! J'ignore si je dois être soulagée, mais Ethan est bien Ethan. La gêne était trop légère pour être feinte et la probabilité qu'un arnaqueur ait ce niveau de détail est plutôt faible. Je me redresse dans mon siège. Il m'a peut-être piégée, mais j'ai réussi à reprendre un certain avantage.

— Ne fais pas ça, Enola...

J'arque le reste de mon sourcil non brûlé.

— Je te connais et j'ai vu ton regard, reprend Juline d'une voix aiguë. Tu es en train de comprendre que tu pourrais ne rien faire du tout pour lui puisque tu menaces sa mère. Mais ne fais pas ça...

— Si les chefs des Naufrageurs découvrent que je travaille contre eux, je suis morte, Juline. Et ils pourraient s'en prendre à Lilou. Je ne peux pas les laisser faire ça.

— Mais regarde où nous en sommes dans notre recherche d'antidote ! Tu crois que tu ne vas pas te les mettre à dos lorsque tu leur feras perdre tous leurs Naufrageurs ?

Je soupire. Si bien sûr que si... Je me suis fait la même réflexion face à Ethan. Je le savais en me lançant dans ses travaux que je mettrais tôt ou tard en danger ma fille si d'aventure, je venais à trouver. Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés. J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie, la culpabilité m'aurait tuée depuis longtemps si je n'avais pas trouvé cette bouée à laquelle me raccrocher. Et de toute manière, je sais qu'il faudra à un moment ou à une autre, trouver le moyen de mettre Alfrina, Rustid et Juan hors d'état de nuire. Rien ne sert de trouver un remède au dilitírio, de libérer les Naufrageurs s'ils sont toujours en liberté et capable de récréer leur armée avec d'autres innocents.

— Tu te raccroches à ta bouée, effectivement, mais combien de temps avant que tu ne lâches ? Combien de temps avant que les vagues ne deviennent trop fortes ?

— Et honnêtement, Enola... renchérit Juline d'une voix douce, contrastant avec la dureté de ma conscience. Si tu refuses, tu crois que tu pourras vivre avec la mort de sa mère sur la conscience ? Tu sais ce que c'est de perdre un membre de sa famille... Ta culpabilité est assez lourde pour ne pas lui rajouter un cadavre, tu ne crois pas ?

— Que vas-tu choisir, sœurette ? T'agripper à ta vie misérable dans l'attente d'un antidote imaginaire ? Ou replonger avec moi dans les profondeurs ?

Je pince les lèvres, déstabilisée par les deux discours contraires aussi rebutants l'un que l'autre. Je voudrais rétorquer à Juline que je n'en ai rien à foutre, que ce ne sont pas mes affaires. Je voudrais répliquer à ma conscience que je ne me laisserai plus noyer. Mais Juline a raison, je ne peux pas avoir les deux. La culpabilité est la flamme qui un jour mettra le feu aux poudres en moi. Peut-être que n'est-ce pas une excellente idée de la raviver si près du but. D'autant plus que je sais pertinemment que Morgane Thierness est innocente. Supporterai-je de voir son corps noyé en sachant que j'aurais pu la sauver si je dénonce le véritable responsable ? Responsable qui ne se souvient même pas avoir tué à cause de l'effet amnésique du dilitírio. Responsable qui est peut-être un père, un frère, une sœur, un fils...

— Je ne sais pas où est le QG des Naufrageurs, cela signifie que je vais devoir reprendre du poison pour y parvenir...

Et la vague sera trop forte... Même ma bouée ne me sauvera pas cette fois.

— Alors gagne du temps pour que nous ayons le temps de finir l'antidote... tente de me convaincre Juline. Tu reprends du poison, tu retournes au labo des Naufrageurs, tu récupères le carnet avec les noms de toute la confrérie et tu détruis le QG. Avec l'antidote, tu t'en sors, lui donnes un nom et nous sauvons les centaines d'autres. Enola, si tu refuses, tu sais aussi bien que moi que tu te sacrifies pour protéger des bâtards infinis...

Je tique sur l'insulte. Des bâtards... Des putains d'assassins... Des ordures inhumaines. J'en ai entendu des mots pour nous qualifier. Et pourtant, même si j'ai conscience que nous sommes tous des meurtriers plus ou moins directement, je ne peux m'empêcher de songer aux raisons qui nous ont poussés dans cette mer en furie. Je n'arrive pas à me résoudre à dénoncer un homme ou une femme dont la vengeance a été la bouée la plus proche pour ne pas sombrer. Aucun de nous n'avait conscience des pierres attachées à cette soi-disant bouée. Une vie pour en sauver des centaines, Enola...

— Bon allez, ouvrons ce dossier qu'on en finisse, soupiré-je en lui tendant les tas de feuilles.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Une bouffée de chaleur me monte aux joues. Je sors de ma besace de cuir une fiole sur laquelle un cœur a été gravé avec précaution. Je la débouche et en avale une partie. Juline ne dit rien. Elle commence à bouger les papiers, remuant une odeur d'encre et d'humidité. Je fronce les narines.

— Alors... Le corps a été retrouvé le 11 décembre 2152 à 7h39 noyé dans la YouCry. Le médecin légiste a conclu à une noyade et a daté la mort le 10 décembre aux alentours de sept heures du matin.

Je fais la moue et me force à me concentrer. C'est un scénario classique d'un meurtre organisé par la confrérie. Mais les poison provoquant la noyade, ne sont pas les plus utilisés. Si on m'avait dit que la cause de la mort était une hémorragie digestive, une asphyxie sans trace de blessure, j'aurais consenti aussitôt. Mais là...

— Qu'est-ce qui leur a fait croire que c'était un Naufrageur ?

— Tu penses que ce n'est pas le cas ? s'étonne Juline en relevant la tête.

Cela m'arrangerait tellement...

— Je n'ai pas dit ça. Je ne vais pas mentir en disant que ce ne sont pas les méthodes de la confrérie. La disparition, le cadavre retrouvé dans la flotte... Mais nous avons aussi fait face à plusieurs copycates donc rien n'est impossible. Et en plus, il peut bêtement s'être noyé. Ce qui me dérange, c'est que si moi en ayant fait partie des Naufrageurs, j'ai un doute, comment la police a-t-elle pu tirer cette conclusion ?

Surtout que cette affaire a eu lieu il y a huit ans. Elle a longtemps été gelée par le manque d'éléments jusqu'à ces derniers mois où tout s'est enflammé. Qu'est-ce qui a changé la donne ?

— Tu n'aurais pas les derniers éléments par hasard ?

Les feuilles se tournent.

— Non, rien. Le dernier document est le rapport écrit du médecin légiste.

Je me renfrogne. Évidemment. J'imagine que je peux déjà m'estimer heureuse d'avoir un dossier. Je ne veux même pas savoir comment Ethan Thierness s'est débrouillé pour le voler aux flics. Mais à creuser, cette histoire de preuve soudaine. À part un témoignage, je ne vois pas ce qui pourrait réapparaître huit ans après.

— Et tu as le rapport toxico ? À défaut d'avoir les dernières preuves, on va vérifier si c'est vraiment un Naufrageur derrière tout ça et non une affabulation pour je-ne-sais-quelle raison politique.

Les Naufrageurs ont beau être des assassins professionnels, ce ne sont pas de preux combattants. Nous n'aimons pas faire face à notre victime et encore moins à notre conscience. Il est bien plus facile d'empoisonner une fléchette ou une balle que de viser avec précision. De plus, nous n'œuvrons pas pour nous. Certaines associations réalisent les rêves des enfants malades, nous nous occupons des vengeances. Lorsque j'ai rejoint la confrérie, au début, c'était du donnant-donnant. Les nouveaux venus « confiaient » leur vengeance à d'autres Naufrageurs et ils exécutaient les leurs. C'est ainsi que l'organisation s'est étoffée. La version modifiée du dilitírio que les chefs injectaient à leurs disciplines pour décupler leurs sens et effacer leur mémoire, rendait prompt à la suggestion et tuait sans merci en cas de manque prolongé incontrôlé. Ainsi, même une fois leur vengeance réalisée, leurs Naufrageurs étaient condamnés à rester. Leur armée était constituée, plus besoin d'engager. Maintenant, la vengeance se paie en billets. Et nous, nous la payons de notre vie.

— Sortez les violons...

Je secoue la tête. C'est fini, à présent. Je n'en fais plus partie. Je me concentre alors sur les feuilles dans lesquelles furètent Juline. Rien ne sert de ressasser la merde du passé si ce n'est à en remonter les odeurs.

— Je n'ai pas l'air d'avoir le rapport toxicologique.

Je pince les lèvres. Évidemment.

— Fait chier... Bon est-ce que tu peux au moins me ressortir les témoins clés de cette histoire ?

Soupir.

— J'ai une cinquantaine de pages à analyser... Tu veux pas, je prends le dossier et je l'analyse avec précision ce soir chez moi ? Je t'envoie les infos importantes par message vocal avant dix-neuf heures.

Je me masse l'arête du nez. On n'est pas à une journée près... Après tout, ils n'ont annoncé aucune date d'exécution pour Morgane Thierness. Une fois que j'aurais commencé à enquêter, il ne me faudra pas traîner en revanche, car je sais mieux que personne à quel point les informations courent vite dans les rues. Si je commence à enquêter... Car quoi qu'en dise Juline, je préférerais mille fois me faire oublier.

— Je peux te laisser préparer les commandes diverses en chimie ? Je vais gérer la boutique cette après-midi. Ah et tant que j'y pense, je vais chercher Lilou ce soir donc on ne fera pas d'expériences. Tu peux me refaire la base, mais tu n'avances pas seule, tu entends ?

Juline bougonne dans sa barbe alors que je me lève en tremblant, le corps encore fébrile de la petite crise de tout à l'heure.

— Et ravale-moi tes insanités, ce n'est pas parce que je suis aveugle que je suis sourde !

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