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Chapitre 62- Attaque-éclair

A l'instant où les caméras changèrent d'angle de vue, les deux équipes apparurent chacune sur une moitié du grand écran. Un buzz retenti au loin. Monoma, paré d'un costume noir en queue de pie, toucha l'épaule de sa co-équipière d'une manière étrange. Dans la seconde, le garçon se vit pousser des cornes sur la tête, les mêmes que la fille-cheval. Son nouveau pouvoir en poche, les deux élèves utilisèrent leurs cornes détachables pour se soulever par les épaules jusqu'à s'envoler dans les airs. Ainsi, ils sortirent en vitesse du bâtiment qui devait être leur repère de vilain.

Un alter à cinq points de pression ? Ne copie-t-il que l'alter ou également les mutations physiques de ces cibles ? A-t-il les mêmes limites d'utilisation que le détenteur de l'alter original ? Subira-t-il les mêmes contrecoups ?

Des questions plus techniques les unes que les autres ne pouvaient s'empêcher de déferler dans la tête d'Izuku. Prit entre peur et fascination, l'analyste couchait chacune de ses pensées sur le papier de son cahier. Il lui était impossible d'écrire et de regarder les scènes de combat en même temps. Le fanboy avait donc développé malgré-lui l'étonnante capacité d'écrire grossièrement sans avoir besoin de regarder sa feuille. Il avait aussi ses propres abréviations et une sorte de code plus classer la puissance d'une attaque avec des chiffres.

Dans l'autre camp, un garçon brun avec des yeux de grenouille et une fille à la coupe carré faisaient avancer les deux ectoplasmes sur le bord de la route. Ce devait être la Yui et le Kosei dont lui avait parlé Kendo.( Que ce soit leurs costumes ou leur apparence, ils étaient terriblement banals. La fille avait toutefois choisi une teinte de rouge et blanc très voyante pour sa combinaison qui, dans le cadre de cet exercice, n'allait pas jouer en sa faveur.

Cette dernière s'éloigna du groupe une minute pour s'approcher d'une voiture abandonnée. Elle commença par vérifier si celle-ci était verrouillée et passa son buste à travers la portière. Izuku ne pu voir ce qu'elle fabriquait exactement, mais il vit clairement son alter s'activer lorsqu'elle se retira du véhicule et posa sa main sur le capot.

Un autre alter à cinq points de pression...!

La voiture grise rétrécit en un clin d'œil jusqu'à ne devenir plus qu'un petit jouet qu'elle glissa dans sa poche comme si de rien n'était. L'alter semblait avoir également diminué le poids de l'objet. Piqué d'une grande curiosité, Izuku se demandait si son alter pouvait également s'appliquer sur des personnes.

Si c'était possible, les héros auraient déjà caché les civils dans leurs poches, songea-t-il. A moins qu'ils aient jugé cela trop risqué pour le bien-être des civils... C'est vrai que s'ils sont forcés de s'engager dans un combat très physique, les civils dans leurs poches deviendraient un freint... Quelle est leur stratégie ? Ils ne cherchent pas à se cacher. L'équipe de Monoma est déjà sur le point de les repérer...

Le copieur d'alter était tombé sur la bonne partenaire. Son alter le rendait dépendant des autres dans un sens, mais s'il parvenait à copier l'alter d'un adversaire très puissant, le rapport de force pouvait s'inverser du tout au tout.

Avec la fille aux cornes, ils survolaient les allées du centre-ville en quête d'un signe de vie. Il était évident que les héros chercheraient à s'approcher le plus possible du chemin le plus court pour traverser le terrain. Ce chemin était une grande ligne droite de béton et s'ils continuaient à cette allure, ils réaliseraient leur mission d'escorte en moins de dix minutes.

Monoma finit par apercevoir le costume rouge vif de la collectionneuse de voitures. Au lieu de se jeter sur leurs ennemis, les vilains se posèrent à l'écart de la rue principale sur le toit d'une maison. Leur cachette leur offrait un visuel parfait sur leurs cibles. Après avoir calmement observé la situation, la coéquipière de Monoma s'adressa à lui :

- Les civils sont à découvert. Emporte-les avec tes cornes, je te couvre, partner.

- Bien vu, ma chère Pony. C'est vraiment diabolique : pas besoin de se risquer à les affronter, et ils ne verront rien venir !

Un rire venant du plus profond des tripes du comploteur commença à peine à se manifester que Pony le secoua :

- Tais-toi, stupid idiot ! On va se faire repérer si tu fais so much noise !

- heurm heurm, se reprit-il en se couvrant la bouche. Tu as raison, je me suis laissé emporter par l'excitation...

D'un regard déterminé, les deux vilains penchèrent leurs têtes et éjectèrent leurs cornes en forme d'éclair.

Les héros avaient adopté une formation qui comportait plein d'ouvertures. Les cornes volantes de Pony surgirent de nulle part et foncèrent droit sur le garçon à aux yeux de grenouille. Avec une incroyable vivacité, il parvint à utiliser son alter juste à temps pour bloquer l'attaque-éclair qui le visait.

Joignant ses mains près de sa bouche, l'adolescent souffla de toutes ses forces. Izuku compris que son alter avait généré une sorte de mur invisible, car les cornes furent instantanément arrêtées en pleine lancée. C'était comme si elle s'étaient plantés dans un obstacle invisible. Leur vitesse été telle qu'elles s'était enfoncées trop profondément pour pouvoir se libérer d'elles-mêmes. Toutefois, Pony recommença à envoyer des cornes aussitôt qu'elles avaient finit de repousser.

Son alter est du même type que celui du garçon-raisin de la 1-A ! constata-t-il avec émerveillement. Saignera-t-elle du cuir chevelu si elle abuse de son alter ?

Après avoir écris ses nouvelles questions sur son carnet, l'analyste fouilla dans sa liste d'appel des élèves de 1-B. Kosei Tsuburaba, il était préparé à être attaqué par derrière depuis le début ! C'est pour ça qu'il s'est placé en retrait, il peut ainsi surveiller les arrières du groupe ! Il est ici le seul avec un alter défensif...

Son alter semblait effectivement parfait pour le rôle qu'on lui avait attribué. Cependant, les vilains n'allaient pas se contenter d'attaquer de front, Kosei était au contraire tombé en plein dans un leurre et Monoma en profita pour envoyer ses cornes récupérer les civils.

La fille à la tunique rouge et blanche qui escortait les ectoplasmes s'arrêta soudainement en entendant son partenaire se battre. Sans même avoir besoin de voir d'où viendrait l'attaque suivante, elle jeta devant elle la petite voiture qu'elle gardait dans sa poche et joignit ses mains comme le faisait Uraraka.

- Libération, murmura-t-elle avec sang-froid.

La voiture reprit sa taille initiale comme par magie et avant que l'héroïne ne puisse faire entrer les civils dedans comme prévu, elle vit surgir l'alter de Monoma. Quatre cornes foncèrent sur les Ectoplasmes, prêtes à les soulever de force par le dessous des bras. La fille ébène sauta sans réfléchir sur la menace et d'un simple contact avec ses doigts, elle rétrécit trois des quatre cornes à la taille d'insectes inoffensifs. Monoma s'énerva, n'ayant visiblement pas réussit à dévier assez rapidement les cornes comme il le voulait. Il décida alors de changer de plan et généra de nouvelles pairs de cornes pour se déplacer comme une ombre.

La corne restante près de celle qui se dénommait Yui Kodai essaya de crever l'un des pneus de la voiture où les civils se trouvaient désormais à l'abri. La fille l'attrapa comme une balle de football américain juste avant qu'elle ne finissent sont demi-tour pour atteindre la roue.

– Ils arrivent des deux côtés et visent les roues ! Kosei, fais-nous un couloir !

Déjà en bien mauvaise posture, le héros se replia plus près de sa coéquipière qui se mit derrière la voiture pour la pousser. Le plus vite possible, il forma un « I » avec ses mains et souffla de nouveau pour activer son alter. Des murs invisibles se formèrent de chaque côté du véhicule, ce qui arrêta de justesse la nouvelle vague de projectiles de Pony.

Alors tout à l'heure, elle a enlevé le frein à main pour pouvoir déplacer rapidement la voiture...? Ce n'est pas un mauvais plan, mais cela risque de trop les ralentir, conjectura le vert en tapotant son crayon sur le bout de ses lèvres.

Ayant presque réussit à se faire oublié aux yeux d'Izuku, le vilain paré de nombreuses montres à gousset apparut dans le dos de Kosei au moment où il était le plus distrait.

Essayait-il de le toucher pour copier son alter ? Cela voulait-il dire qu'il pouvait stocker et accumuler les alters ? Combien ? Durant combien de temps ? Pouvait-il les utiliser en même temps ?!

Plus il en voyait, plus les capacités du comploteur le terrifiaient. Izuku s'efforça de relativiser. Monoma n'était qu'au tout début de son cursus héroïque, il était certainement loin de maîtriser complètement son alter. Pour preuve, il se remémora la fois où il n'avait pas pu dévier les cornes de Pony aussi bien qu'elle l'aurait fait. Il était évident qu'il manquait de pratique à ce niveau-là.

Autrement dit, en creusant un peu, Izuku pouvait deviner ses défauts. Si l'équipe des vilains avait misé sur une attaque-éclair, cela vouait dire que contrairement à ce qu'il essayait de faire croire, l'alter de Monoma était très limitée dans le temps. Il en restait plus qu'à observer pour déterminer quel était ce nombre, mais il déduisait déjà qu'il ne s'élevait pas au-dessus de quinze.

- Monoma arrive dans ton dos ! hurla Yui en délaissant la voiture pour passer en mode "combat".

Elle lança des miettes grises sorties de sa poche sur l'attaquant et aussitôt son alter désactivé, ce fut une pluie et boulons géants qui tombait sur le blond.

A-t-elle augmenté la taille des boulons ou est-ce leur dimension d'origine ?

Izuku trouva cet alter assez polyvalent. Il imaginait déjà toutes les situations où il serait très utile, mais il n'arrivait pas à l'imaginer prendre la place d'All Might. L'adolescente était ralentie par sa condition de libération. Dans le cas d'Uraraka, cela n'était pas très gênant, mais Yui, elle, lançait des objets et il aurait été bien plus pratique qu'elle puisse contrôler leur taille à volonté.

Le vert pouvait constater qu'elle s'était déjà durement entraîné pour joindre ses mains le plus rapidement possible, mais cela n'était pas suffisant pour le moment...

Par chance pour elle, Monoma ne parvint pas à ralentir la vitesse de vol des cornes qui le portait et il se prit de plein fouet un des boulons. Le garçon tomba à terre et resta sonné durant quelques secondes où il se frottait la tête.

Profitant de la distraction de son coéquipier, Pony décida de changer de tactique. Plutôt que de se confronter au mur invisible de Kosei, ses cornes le contournèrent par le haut. Ayant gagné de l'élan dans leur descente, elles purent se planter dans la carrosserie de la voiture et la poussèrent en marche arrière.

Pony a une approche très directe, enfin, ça reste efficace...

Tous choqués de la puissance insoupçonnée de l'alter de la fille-cheval, les héros s'écartèrent soudainement de la voiture avant qu'elle ne les écrase. L'engin recula à toute vitesse jusqu'à se fait emboutir par l'un des murs invisibles. L'arrière du véhicule était complètement écrabouillé, mais les civils, placés sur les sièges avants, n'avaient rien.

La présence du mur à cet endroit signifiait que Kosei l'avait posé au préalable pour éviter que la voiture ne soit déviée de sa trajectoire initiale avec les civils dedans.

Avait-il envisagé ce cas de figure depuis le début ?! Izuku devait s'avoué impressionné. Le brun avait définitivement confiance en la résistance et la durée de vie de ses murs d'air. Il devait lui aussi s'être durement entraîné avant de passer l'examen d'entrée. N'était-ce pas le cas de tous ici ?

De nouveau sur pied, le vilain au costume noir s'élança vers la voiture en volant de nouveau, mais cette fois, au ras du sol. Kosei le poursuivit du mieux qu'il pu et finir par le rattraper en lui sautant dessus. Son jet de dernière minute le sauva des redoutables cornes qu'avait lancée Pony au même instant.

Izuku songea au fait qu'il était très risqué de toucher Monoma au vu de son alter de copie, mais que le jeu en valait la chandelle.

A peine le brun venait de plaquer son ennemi qu'il se releva et souffla dans ses mains qui formaient un cercle. Lorsque le vilain se releva à son tour, il fut arrêté par un dôme invisible dont il était devenu le prisonnier.

- C'est ma « air prison », t'es hors-jeu mon pauvre ! se moqua Kosei avant de faire évacuer les Ectoplasmes sous le nez de son ennemi.

Monoma avait en effet réussi à copier l'alter du manipulateur d'air, mais il eut beau l'utiliser, il ne trouva aucun moyen de briser sa prison, si ce n'était réduire encore plus son espace de confinement. Il avait été si pressé de copier l'alter de Kosei qu'il n'avait pas anticipé qu'il serait incapable de réutiliser les cornes de Pony. Sa limite était donc d'un alter à la fois, et chaque nouvelle copie semblait écraser la précédente. Izuku ne se priva pas pour récolter un maximum d'information à se propos.

Monoma-san ignore tout des alters qu'il copie, pour correctement les utiliser, il doit d'abord se renseigner sur eux ou les étudier en détails. Ça veut dire que comme moi, il doit avoir un très bon sens de l'observation !

Avec assez de recul, le vert pouvait conclure que l'alter de Kosei était une forme de dulcification instantanée de l'air, mais que même son créateur ne pouvait pas inverser le phénomène chimique. L'air devait probablement reprendre sa forme gazeuse avec le temps. Les formes géométriques que faisait l'apprenti héros avec ses mains avant de souffler servaient à contrôler la disposition du mur d'air créé, comme un moule.

Izuku se demanda si un autre objet pouvait remplacer les mains du garçon lorsqu'il utilisait son alter. Ainsi, il pourrait gagner en maniabilité et en rapidité. Le stylo dans ses mains termina tout seul de conclure sa pensée sur son carnet.

Le grand final était arrivé. Les caméras se concentrèrent sur les trois participants restants alors que le chrono affichait plus que deux mintes trente. L'héroïne en rouge et blanc lançait des poignées de micro-boulons comme des frisbees et lorsque qu'elle relâchait son alter, ils se mettait à pleuvoir des pièces de fer géantes.

- Elle n'a pas peur d'écraser quelqu'un avec cette technique ?!

- Quelle précision !

- J'ai entendu dire qu'elle était la joueuse de base-ball la plus forte de son ancien collège, ça ne m'étonne pas ! réagirent quelques élèves à demi-voix.

Yui agrandit un tuyau avec lequel elle s'arma dans un second temps pour repousser les nouvelles cornes de son ennemie qui commençaient à la submerger de toute part. Leur duel stagnait car les deux avaient une rapidité d'alter à peu près égale. Si Pony prenait la peine de se battre au corps à corps, elle aurait arait pris l'avantage, mais si elle gardait ses distances, c'était parce qu'elle se reposait trop sur son alter. La balance finit par pencher du côté des héros lorsque que le dernier garçon dans la course les contourna avec les civils à ses côtés.

Il s'empressa d'emprunter une route détournée de la grand allée en direction de la sortie. Pony envoya une de ses cornes aux trousses du héros, mais celui-ci pu facilement la bloquer avec ses murs d'air.

- Qu'est-ce que tu, fiches Neito ?! Kosei est parti avec les civils et je suis in very, very bad shape !

- Désolé Pony, j'ai échoué à ma mission. Je suis actuellement dans une prison d'air...

- Shit ! ne put se retenir de murmurer la vilaine dans son micro.

Pony tenta le tout pour le tout en prenant la fuite pour faire obstacle à Kosei avant qu'il n'atteigne la porte de sortie. Malgré sa volonté de fer, Yui lui barra la route avec une lignée d'objets géants et même lorsqu'elle essaya de s'envoler à l'aide de ses cornes, la fatigue eut raison d'elle. Pony chuta pathétiquement au sol après avoir atteint ses limites.

L'héroïne profita de ce moment de faiblesse pour s'approcher d'elle et la plaquer au sol. La fille-cheval était à vue d'œil plus musclée que son adversaire, mais Yui possédait plus d'endurance. La blonde se débattit sans grand succès et se mit à crier de frustration en se sachant perdante.

Dans la minute qui suivit, l'exercice prit fin car Kosei avait accomplit son objectif.

- Il s'en ait fallu de peu... souffla Yui. Tu as été une adversaire de taille, j'ai bien cru que nous n'allions pas réussir.

L'adolescente tendit une main amicale à la fille-cheval pour l'aider à se relever. Pony la saisit avec détermination :

- Well done, j'ai appris beaucoup de choses grâce à toi au cours ce cet exercice. C'était le jeu, sans rancune ?

- Sans rancune, approuva Yui.

Izuku décela une grande amitié entre les deux filles. Qu'il devait être dur de combattre ses propres amis, même dans le cadre d'un exercice ! Il s'entraînait certes avec Toga de cette manière, mais il ne l'avait jamais affronté avec la ferme intention de la surpasser. Toute cette mise en scène lors de cet exercice lui avait semblé si réel... On aurait dit que chacun se battait au péril de sa vie et pour être honnête, ça l'avait un peu effrayé. Izuku ne se voyait pas risquer sa vie pour des civils qu'il ne connaissait pas... Il s'en rendait plus que jamais compte à présent.

- Sortez-moi de lààà ! s'impatienta le blond dans sa prison d'air.

Kosei doit se souvenir de chaque emplacement de ses murs d'air ou sinon, il risque de se cogner contre eux, c'est vraiment contraignant, à moins qu'il ne puisse les voir grâce à une mutation de ses yeux...?

- Dis-moi Midoriya, c'est qu'aucun détail ne t'échappe !

Kendo s'était discrètement approchée du vert lorsque la fin de l'exercice avait été annoncé. Elle avait toujours cette énergie et cette bonne humeur en elle qui laissait penser qu'elle voulait simplement prendre des nouvelles d'Izuku et s'assurer qu'il ne s'isole pas trop.

- Hein, quoi ? rétorqua Izuku, prit de court.

Le vert ne compris pas tout de suite pourquoi Kendo-san lui disait une telle chose. Puis il se souvint qu'il ne réalisait pas toujours quand il se mettait à marmonner alors qu'il observait des alters.

- Oh non ! J'ai encore dis ce que je pensais à voix-haute ?

Sa réaction déclencha un fou-rire chez la jeune fille, puis ils rejoignirent le groupe qui patientait au milieu de la salle.

Après un court débat, Vlad King demanda à Kosei s'il y avait un moyen de briser rapidement son alter. Kosei expliqua qu'un choc assez puissant ou un pouvoir d'annulation pouvait faire l'affaire. Un certain Sen Kaibara se porta volontaire pour libérer Monoma grâce à son alter de rotation. Une fois sur place, il transperça le mur d'air avec ses bras qui tournoyaient comme une perceuse.

Dans une bonne coordination de groupe, la télékinésiste au cache-cou ramena rapidement tout le monde à la salle des caméras en les faisant léviter. Monoma n'arrêtait pas de se trouver des excuses à sa défaite alors que les autres le taquinait car il avait encore une fois parlé trop vite de sa victoire.

- Si tout le monde est là, nous pouvons commencer le débriefing, annonça le professeur.

Quelques élèves donnèrent leurs impressions et mirent en évidence certains points qui n'allait pas dans la performance de leurs camarades. Le manque de corps-à-corps de Pony, la surexposition des héros ou leur manque de cohésion... Les commentèrent finirent par s'essouffler et Ectoplasme se tourna vers le stagiaire avec un sourire qu'on pouvait à peine discerner :

- Midorya, fait-nous part de tes analyses.

Confiant, le jeune acquiesça et les adultes lui laissèrent toute la liberté donc il avait besoin.

- Pony, ta mère ne serait pas l'héroine Américaine "Rody" ?

- Oui, comment t'as deviné ?!

Un sourire narquois se dessina sur les lèvres du vert. Il pouvait sentir une certaine excitation monter en lui à l'idée qu'il avait le pouvoir de faire durer le suspense. Izuku de voulait pas l'avouer, mais il prenait goût à se donner ainsi en spectacle.

- Ca saute un peu au yeux. Vous avez un alter similaire et ton accent anglais m'a mis sur la piste d'un héros étranger.

- Ma mère n'est pas si connue au japon, tu dois être bien renseigné pour la connaître !

- Oh, non, les héros sont juste un hobbie pour moi. N'importe quel fan le saurait...

Le garçon lu l'admiration sur le visage des autres élèves. Apparemment, il était l'un des premiers à découvrir son lien de parenté avec l'héroïne Américaine. Il devint tout à coup étrangement modeste et se gratta nerveusement la tête en essayant de se concentrer.

- Pour faire court, se reprit l'analyste, votre plus gros problème à tous, c'est la vitesse. Vos alters ont des conditions d'utilisation qui vous font perdre un temps de réactivité précieux. Vous en avez tous très bien conscience, et vous avez essayé de vous entraîné à minimiser vos faiblesse... Mais plutôt qu'essayer de les "combattre", pourquoi ne pas réfléchir à des alternatives, comme des équipements de support ? Ils sont là pour ça, vous savez ? Je vous recommande de discuter avec les designers de vos costumes pour trouver des solutions.

- Comme quoi ? s'intéressa le garçon aux yeux de grenouille.

- Pour ton alter, j'ai pensé à des sorte d'emporte-pièces. Elles sont des formes parfaites et te libèreront une main pendant que tu active ton pouvoir. Accrochés à un porte-clefs sur ta ceinture, ça devrait être assez maniable...

- Je... Mais oui... C'est bien vu...! Je vais y réfléchir, merci de ton conseil !

- Si on regarde l'exercice dans son ensemble, les vilains ont basé leur stratégie sur une attaque-éclair pour optimiser l'efficacité de leurs alters. Celui de Pony permet une grande mobilité en s'attaquant aux angles morts de ses cibles, et celui de Neito a une limite de temps prédéfinie qui nécessite l'effet de surprise pour copier un alter adverse sans consentement. Vous aviez une bonne communication et vous vous êtes équitablement répartis les tâches. Si vous avez perdu, c'était surtout à cause de vos limites, notamment Neito qui doit apprendre en quelques minutes à s'approprier des alters qu'il n'a jamais utilisé de sa vie.

- Quoi ? T'es en train de dire que tout est de ma faute, là ? s'énerva le blond.

- Non pas du tout ! s'affola Izuku en prenant ses distances.

- Calmez-vous les jeunes, on est là pour faire des remarques constructives.

- De tout les élèves, tu es celui qui a l'alter le plus difficile à maîtriser. Tu es aussi celui qui a le plus parfait sa maîtrise. Tu n'avais pas vraiment le choix si tu voulais réussir l'examen d'entrée à Yuei : le niveau était haut. Tu as beau être très dépendant des autres,  tu as réussi à en faire ta force. En faite, tu es celui qui a le mieux réussit cet exercice, quoi qu'en disent les résultats.

Troublé de recevoir des compliments de la part de celui qu'il suspectait d'œuvrer contre lui, Monoma ne trouva rien à rétorquer et se crispa. La honte le gagna malgré-lui et il tenta de la cacher en changeant de sujet :

- Evidemment ! Personne n'a un alter aussi machiavélique que le mien, mouahah ! Tout ça fait parti de mon grand projet pour montrer ce qu'on vaut à ces paresseux de 1-A !

- Pfff ! Tes grands projets ? Tu te lances en politique Neito ?

Il avait beau s'esclaffer et jouer ses grands airs, Monoma continuait de regarder le vert droit dans les yeux. Il avait très bien compris qu'il avait affaire à un esprit aussi vif que le sien et qu'une telle capacité de déduction n'était pas à sous-estimer.

Ils avaient tous deux débuté la course aux performances avec des inconvénients biens plus pesants que les autres de leurs âge. C'était un combat de tous les jours, où ils devaient apprendre à supporter la frustration et le terrible sentiment d'injustice qui les avait toujours guetté.

Ses remarques grotesques incitèrent ses camarades à protester ou à rire. Monoma avait fait oublié merveilleusement vite à tout le monde ce qu'il venait de se passer. Tout le monde, sauf Izuku qui soutenait son regard doré lourd de sens.

- S'il vous plaît, on a pas toute la journée, un peu de sérieux les jeunes ! insista Vlad Kind pour calmer tout le monde. C'était une très bonne analyse pour le duo des vilains. Voudrais-tu faire un commentaire pour les héros, Midoriya ?

- Oui monsieur. Les héros se sont trop reposés sur leurs alters. Enfin, à ce stade de votre apprentissage, c'est une réaction logique. Vous paliez un manque d'entraînement dans certaines pratiques... plus physiques. Vous avez plutôt adopté une stratégie de défense et de protection, car vous avez anticipé l'attaque des vilains. C'est une très bonne chose d'anticiper, c'est même vital pour des héros pros. Mais votre choix de mettre les civils dans la voiture pour contrer l'alter de Pony n'était pas la meilleure option possible. Vous vous êtes beaucoup encombrés avec cette voiture.

- Au moins, ça nous a permi de garder un œil sur les civils et de réunir les vilains au même endroit sans qu'ils ne s'échappent, nuança Yui.

- Oui, vous avez préféré être tape-à-l'œil car vous saviez qu'il y aurait un affrontement direct dans tous les cas. Vous avez considéré que dissimuler les civils comportait trop de risques, mais avec l'alter de Kosei, vous auriez pu vous avancer beaucoup plus près de la sortie avant d'engager le combat. Les vilains auraient perdu beaucoup de temps à vous cherchez, mais au lieu de ça, vous leur en avez fait gagner. Ça a failli vous coûter l'égalité...

- D'accord, et que proposes-tu si ni l'un ni l'autre ne conviennent ?

- En voyant vos alters, j'ai tout de suite pensé qu'ils étaient parfaits pour tendre des pièges et paralyser vos ennemis. Une paralysie totale aurait assuré la victoire en un temps record. C'est entre autres le genre de stratégie Vlad king a en tête en pour cet exercice. N'est-ce pas monsieur ?

- Ahah, Midoriya, ne leur donne pas toutes les clefs de l'exercice dès le début ! Je voudrais qu'ils réfléchissent par eux-mêmes.

- Au mince, excusez-moi monsieur ! Ce n'était pas mon intention ! 

- Toujours aussi poli, petit ! Ne t'en fais pas, tu ne pouvais pas savoir comment mon collègue fonctionne, intevint Ectoplasme. Les conditions de l'exercice empêchent un affrontement frontal et à la fois, il pénalise la fuite. Ça force à renouveler sa stratégie... Tu ne les ménages vraiment pas, Vlad.

- A la préhistoire, les jeunes, c'était attaquer ou fuir face à un prédateur. Mais que feriez-vous si vous aviez une tribu à protéger ?

- Il faut éliminer la menace pour de bon ! tenta un élève avec une épaisse fourrure animale, et des lunettes de soleil pour seul costume.

- C'est une solutions parmi tant d'autres, à vous de les trouver, graines de héros !

La classe se mit à huer le professeur, et à râler de tous les côtés. Quand le calme revint, Izuku continua son analyse :

- Pony, vous pouviez choisir quand attaquer. Faire du repérage était une bonne initiative. Mais il fallait aussi en profiter pour générer des cornes en réserve et ainsi, tu aurais évité de perdre du temps à les refaire pousser en plein combat.

- Je ne peux pas en contrôler plus de huit à la fois, in that case, je perds complètement mon sens de l'orientation car il est trop sollicité de tous les côtés.

- Oh, je vois, alors je t'invite à t'entraîner à repousser cette limite en te familiarisant avec elles. Plus tu vivras en situation de crise, plus tu forceras ton organisme à s'y habituer. C'est valable pour tous les alters. Comme le tiens, Kosei.

- Oui ? se manifesta le concerné.

- Tu t'essouffles très vite à utiliser son alter. Tu as failli de pas courir assez vite pour emmener les civils jusqu'à la porte.

Pour confirmer les dires d'Izuku, le garçon se mit à baisser le regard avec un air embêté.

- Il te faudrait t'entraîner à augmenter ta capacité respiratoire. De l'apnée dans une piscine serait parfait ! s'enthousiasma le vert.

- Hum, oui, ça doit pouvoir se faire...

- Et pour finir, Yui, tu as une grande endurance. Ton alter demande une grande capacité à le maintenir dans le temps. Peux-tu grossir les objets, ou tu as utilisé des boulons géants ?

- J'ai en effet utilisé des boulons géants. L'équipe technique m'a créé une réserve qui est stockée dans la remise de chaque gymnase. Mon alter ne fait que réduire et rendre leur taille à des objets.

- Tu ne peux pas l'appliquer à des humains ?

- L'exercice aurait été trop facile, si j'avais de telles capacités...

- Ok, je comprends mieux tes choix... Tu n'as cependant pas assez pensé à combiner vos forces. Chacun avait juste son rôle et cela vous as limité dans une certaine meusure. Si l'équipe des vilains semblait avoir débuté l'éxercice avec un avantage, c'est parce qu'ils ont exploité au maximun cette idée. Ils se sont "prêteé" leurs alters, et ça a fait la différence.

- Mais on a pas l'alter de Monoma, nous ! se révolta une fille qui se démarquait de la foule par son chapeau de champignon.

- Dans le cas de Yui, elle peut remettre des boulons à Kodai et il peut les lancer depuis un angle mort. Il faudrait aussi que tu réfléchisses à un moyen de lancer plus loin tes projectiles, Yui-san.

- Comme un lance-pierre ?

- Pourquoi pas, ça peut aussi être automatique, comme un pistolet... Voilà, c'est à peu près tout ce que j'avais à dire, monsieur Vlad king.

- C'est déjà beaucoup gamin. Du très bon travail ! Vous avez bien retenu ce qu'il a dit ?

- Oui seinsei ! répondit les élèves en choeur.

- Midoriya a presque tout dit, mais je vais rajouter une chose : Pony, tu es un peu trop frontale. Tes mouvements et tes choix sont très faciles à deviner car tu n'as que ton objectif en tête. Essayes de dissimuler tes intentions. Tu penses y arriver ?

- Vraiment ? Je vais faire de mon mieux !

- Allez, on va passer au prochain groupe. Je veux voir que vous avez pris en compte les remarques qui ont été faites à vos camarades.

L'adulte piocha les noms de nouveaux duos qui partirent se préparer. Parmi eux, se trouvait la fille aux vignes qui se prenait pour une prêtresse et un garçon aux cheveux de fer qui semblait particulièrement motivé.

Durant le petit laps de temps qui servait à la préparation de la nouvelle session, les élèves se mirent à discuter avec les anciens participants. Il faisaient globalement des suppositions sur ce qui allait advenir sur le terrain.

Avant d'avoir pu lever un pied pour rejoindre le poste de contrôle et ses écrans, Izuku senti une main se poser sur son épaule.

- Dis-moi Midoriya... commença une voix vicieuse qui ne présageait rien de bon. Comment fonctionne ton alter, exactement ?

Le gringalet n'eut pas besoin de se retourner pour deviner que c'était Monoma qui l'avait prit en grippe et qu'il ne le laisserait pas s'en tirer sans une réponse satisfaisante.

Izuku eut une sueur froide : l'alter de copie pouvait-il s'activer à travers une couche de vêtements ? Parce que sa main, les cinq doigts de sa main, étaient tous fermement accrochés à son épaule à cet instant même.

Peut-être était-il déjà trop tard. Peut-être n'avait-il qu'une seconde pour le convaincre de ne pas activer son alter... Ou devait-il trouver un moyen d'acheter son silence avant qu'il ne répète tout autour de lui... Quoi qu'il en soit, le vert avait si peur que son visage n'affichait aucune expression et il ne parvenait plus à penser autre chose que : « C'est terminé, je suis fichu. »

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