Chapitre 47- Mauvais augure.
Le train était toujours bondé d'idiots à cette heure. Katsuki détestait se faire emporter par la foule à chaque ralentissement du véhicule. Oh oui, il maudissait celui qui avait conçu ces transports en commun ! Un nouvel arrêt, et la torture recommençait. Il s'accrocha à Deku qui se tenait à une main courante pour ne pas tomber quand le train freina brusquement.
Les trains le matin, ça craint.
Ils venaient de sortir de Musutafu, alors il y avait moins de gens qui montaient. Quand le wagon se désengorgea, ils purent s'asseoir et reposer leur pauvre jambes. Le calme était revenu et le feu ardent qui consumait le nerveux s'apaisa. Le calme lui permit de réfléchir posément et de choisir un sujet de conversation pour passer le temps avec la bouille verte. Mais comme souvent ces derniers temps, Midoriya lui enlevait les mots de la bouche :
- Je crois qu'on devrait passer notre permit et acheter une moto pour ne plus jamais revivre ça.
Katsuki ne put qu'être d'accord. Ils étaient un peu trop jeunes pour déjà penser à ces choses-là, mais maintenant que le vert lui avait mit cette idée dans la tête il avait envie d'aller harceler ses parents pour avoir une moto.
- Dis, tu sais ce que tu vas faire en cours d'héroïsme aujourd'hui ? continua Deku.
- J'en sais rien. J'crois qu'ils ont dit qu'en fin de semaine, c'était un cours de sauvetage la dernière fois. Tu vas aussi venir ?
- Euh, non, désolé. Je ne peux Pas rater trop de cours alors je suis limité à une fois par semaine. Sans compter que je dois aussi faire des observations dans d'autres classes.
- T'fais pas des idées, j'men fiche de c'que tu fais d't'a vie du temps que tu m'fou pas la honte devant toute ma classe.
Katsuki n'avait pas envie que l'obsédé lui fasse honte devant toute sa classe à chacun des cours d'héroïsme. La nouvelle était donc une bonne nouvelle aux yeux du blond, mais malgré tout, il se sentait comme trahi.
Deku était à lui. Et personne d'autre n'était supposer faire barrage à leur rêve commun. Katsuki n'aimait pas savoir que son Deku accordait du temps à d'autres guignols. Ils ne valaient clairement pas la peine qu'il gaspille son temps pour les conseiller.
L'image de l'Emo qui se prenait pour la meilleure ami de Deku lui revint en mémoire avec quelques frissons de frustration. Elle n'était finalement pas aussi stupide que les autres. Elle avait promit de prendre soin d'Izuku...
Katsuki savait qu'il ne serait pas tranquille temps qu'il ne serait pas présent en personne pour les surveiller. Depuis toujours, il avait le besoin de tout faire par lui-même sans jamais se reposer sur les autres. Pour cela, il fallait gagner sa confiance et pour le moment, seul Deku avait réussit cet exploit.
Bakugo savait combien il se comportait comme un égoïste envers Midoriya. Il devait déjà devenir plus fort pour être capable de se protéger lui-même, alors comment osait-il prétendre pouvoir protéger quelqu'un d'autre ? Le nerd lui avait prouvé plus d'une fois qu'il savait très bien se défendre. Probablement mieux que lui. D'après ses comptes, le gringalet l'avait sauvé trois fois et en retour, tout ce qu'il avait pu faire se résumait à remettre à leur place tous ceux qui manquaient de respect aux sans-alters.
Sans compter qu'il ne parvenait toujours pas à chasser le connard impulsif en lui. Il ne voulait plus jamais être à la place du harceleur. Ni faire souffrir les autres sans s'en rendre compte.
Katsuki était vraiment en retard. Il devait absolument rattraper Deku qui était parti loin devant lui sur le chemin du bon samaritain. Le cours de sauvetage semblait tomber à pic. Il ferait de son mieux pour apprendre à sauver et non blesser.
- Tu me raconteras comment c'est un cours de sauvetage, hein ?
- Ouais, ouais... Dis-moi Dek- Izuku, si tu devais me donner un nom de héros, ça serait quoi ?
Izuku fut surpris par cette question très personnelle tout à coup. Pour Kastuki, choisir un nom de héros était comme choisir la femme de sa vie. Après le mariage, il n'y aurait plus de retour possible en arrière, et il devrait supporter ses défauts jusqu'à ce que mort s'en suive.
En temps normal, l'explosif n'aurait jamais confié une tâche aussi intime à quelqu'un d'autre. Et visiblement, Deku n'avait pas réalisé qu'il était monté aussi haut dans l'estime de Bakugo pour qu'il s'en remette à lui.
Il fallait avouer que Bakugo était désespérément à la recherche d'un nom potable pour débuter correctement sa carrière de héros. Il devait au plus vite se trouver un nom classe pour que plus personne ne se moque des pseudonymes qu'il avait proposé à la rentrée.
- Je suis pas très doué pour trouver des surnoms, c'est plutôt ton rayon en général... J'ai littéralement appellé mon blog « blog de héros »...
- On s'en fou, essaye quand-même. Je te laisserais pas sortir de ce train temps que t'auras pas donné un nom.
Gêné, le vert fit de son mieux pour trouver l'inspiration. Une longue minute s'écoula avant qu'il ne propose quelque chose.
- Humm... Ori... Oriender ?
- D'où tu sors ce nom chelou ?
- J'ai appris qu'en anglais, quand on rajoutais -er à la fin d'un nom, ça pouvait dire « la personne qui ». Ori, c'est le diminutif de la constellation d'Orion. Et du coup, ça veut dire quelque chose comme « celui qui produit de la lumière ».
- Euh, j'te suis pas là... j'suis pas une lampe torche, moi !?
- Pas au sens littéral, Kacchan. Izuku réfléchit un instant pour formuler une explication simple. Depuis qu'on est petits, tu as toujours rayonné. Tout le monde tournait autour de toi, tu étais extraordinaire avec ton alter et tu nous ouvrais la voie... un peu comme la lumière au bout du tunnel.
Pour une fois, Katsuki prit au sérieux sa remarque. C'était embarrassant, bien qu'il ait répondu à sa question.
- Dis comme ça... c'est pas faux. Mais j'mérite pas ce genre de nom émouvants. T'aurais pas dû m'suivre quand on était gosses, j'suis pas un bon exemple.
- Pourtant tu as toujours tout réussit Kacchan...
- C'était pt'être vrai avant, mais tu m'as vu ? Y'a pas deux jours j'ai poussé un mec à gâcher sa scolarité... Je sais que c'était pas entièrement ma faute, etcétéra... Quoi qu'il en soit, cette année, j'suis un aimant à poisse, et ça craint.
- Si tu insistes, les gens n'auront qu'à t'appeler « poisseux ». Peut-être même que s'il pleut, se sera de ta faute !
Izuku faisait exprès de suivre sa logique pour en faire ressortir le ridicule. Cela vexa le blond qui détourna le regard.
- Tch ! Tu sais très bien que c'est pas c'que je voulais dire !
Le vert laissa échapper un rire léger puis il sombra dans un étrange état de concentration. C'était la première fois que Katsuki pouvait l'observer du coin de l'œil en train de déprimer. En publique, Deku faisait toujours en sorte de rester positif, quitte à en devenir puéril. Cet air innocent et enfantin énervait particulièrement Bakugo. Il avait toujours envie de lui ouvrir les yeux pour lui faire accepter la réalité.
Cette fois, le sans-alter était complètement ancré dans la réalité. Katsuki su que ce qu'il s'apprêtait à dire serait tranchant et amère. Exactement comme lors de leurs premières marches pour rentrer d'Oridera et que la tension était encore présente entre eux.
Le nerveux regretta de s'être plaint. Qui était-il pour se plaindre en face d'une personne sur qui il avait fait pleuvoir la misère durant des années ? Il y avait bien de quoi en rire...
- Je sais que c'est frustrant de ne pas pouvoir empêcher certains incidents de se produire. On a parfois l'impression que tout est notre faute et c'est si effrayant. Parce que j'étais sans-alter, on m'a reprocher tout un tas de chose, et le plus dur, c'est qu'avec le temps, plus on me le répétait plus j'avais envie d'y croire. C'est plus facile quand tout est notre faute, on a pas besoin de se remettre en question et d'accepter la réalité. C'est acquis et on n'y peut rien.
Izuku leva ses mains et regarda l'espace triangulaire entre ses pouces, comme s'il pouvait faire tenir le monde entier entre ces petites mains.
- On oublie souvent qu'on est pas le centre du monde. Les accidents, ça arrive. Parfois, personne ne peut les empêcher, même pas les héros. Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer d'avancer et de réparer ce qui a été cassé. Les héros eux, ils donnent tout ce qu'ils ont pour sauver, même quand tout semble perdu. Ils sont la lumière qui brille au loin dans le noir. Ils sont l'espoir qui aide les victimes à s'accrocher. S'ils se culpabilisaient pour chaque personne qu'ils n'ont pas pu sauver ou pour chacun de leurs dommages collatéraux, qui serait cette lumière dont nous avons besoin dans les moments difficiles ? Ne te laisse pas abattre par tes erreurs. Même le plus grand des héros ne peut pas s'améliorer sans commettre d'erreurs. Un héros, c'est quelqu'un qui a le mérite d'avoir essayé d'aider. Toi Kacchan, tu essayes de toutes tes forces. Et c'est tout ce qu'il faut retenir. Alors pas besoin de te torturer l'esprit avec cette histoire, ok ?
Le récit de Deku semblait si sincère et navrant. Pour penser ains, il avait lui-même dû se trouver au fond du trou. A attendre qu'un héros vienne lui tendre la main. Un héros était-il venu répondre à son appel ? Comment avait-il réussit à reprendre sa vie en main ? A inverser la tendance et s'extirper des cadres imposés par la société ? Comment était-il devenu fort, tout à coup ?
L'Emo l'avait peut-être aidé à se révolter. La psychologue scolaire a reprendre confiance en lui.
Et lui ?
Servait-il à quelque chose dans la vie de Midoriya ? Était-il à la hauteur pour mériter d'être son... ami ?
Je suis devenu tellement faible, c'est pathétique, reprend-toi Katsuki !
- J'me torture pas l'esprit !
- Je le lis sur ton visage, ta tête grouille de questions !
Katsuki grogna, percé à jour.
- J'me demande comment tu t'es débrouillé pour évoluer alors que tu était destiné à rester un moins que rien de sans-alter. Tu tiens ce blog super populaire et tu arrives à te défendre contre plus fort que toi. Tu t'es fais des amis et les profs te laissent faire ce que tu veux... Tout a changé si vite que j'ai rien vu venir.
Deku leva les épaules avec désinvolture :
- Je n'en ai aucune idée. Tout a dû commencer avec le vilain de la gallérie marchande. J'ai cru que j'allais y passer ce jour-là quand il m'a étouffé et après, quand j'ai couru pour t'aider... Je ne sais pas vraiment ce qui m'avait pris. J'en ai peut-être marre d'être impuissant ?
- Me regarde pas comme ça ! Comment tu veux que j'le sache ! C'est pas moi qui doit répondre à la question ! Bakugo commençait à perdre ses moyens. Cette conversation devenait vraiment gênante. Il se serait crû dans un groupe de soutien ou une connerie dans le genre pour parler de ses problèmes.
N'était-ce pas le rôle des amis ? De pouvoir se confier en toute insouciance ?
- Désolé, je ne peux pas répondre à ta question...
- Bon sang ! Tu vas arrêter de t'excuser pour tout et n'importe quoi ? C'est pas toi qui m'disait il y a deux s'condes que je devais pas m'sentir responsable qu'il pleuve ?!
- Ah ah, tu as raison. Les habitudes me font la vie dure...
- Ça fait rien, j'aurais pas dû te dire ça. J'suis mal placé pour te faire la leçon, j'm'en rend même plus compte quand j'sors des gros mots.
Izuku sorti son portable pour regarder l'heur. Le blond ne put s'empêcher de regarder par-dessus son épaule. Ils allaient bientôt arriver. Katsuki avait presque oublié qu'ils prenaient ce train pour aller à Yuei tant ils avaient parlé de choses profondes. Les paroles du nerd avait réussi à le motiver pour affronter tous les obstacles qui se dresserait sur son chemin aujourd'hui. Il avait particulièrement envie d'assister au cours de sauvetage !
- C'est quoi cette notif ?
- Ah, ça ? C'est mon application des news sur les héros.
Le vert lu les deux lignes de l'article en tête de liste : « Breaking news- All Might, enseignant à Yuei, information confirmée par les élèves ! ». Curieux, il ouvrit l'application et vit une flambée d'autres articles se focalisant tous sur le même sujet.
- C'est dingue ça, dès qu'il bouge le p'tit doigt, tout le monde est au courant ! Si j'étais lui, j'cramerais la tête de tous des abrutis d'journalistes !
L'explosif fut pris d'un sentiment de révolte. C'était à se demander comment le numéro un avait réussit à gardé son identité secrète depuis tout ce temps ! Il n'enseignait que depuis une semaine, la vitesse à laquelle les informations circulait était effrayante...
- N-ne t'énerve pas Kacchan ! C'est leur métier, ils ont bien besoin de vendre...
- C'est des charognards ouais ! Avec moi, ils apprendront à respecter la vie privée des gens !
La sonnerie signalant l'ouverture des portes du train coupa court à l'élan de colère de l'explosif. Les lycéens se dépêchèrent de sortir et le minus essayait de rattraper ses grandes foulées en lui courant derrière. En le voyant s'essouffler, Katsuki eut la gentillesse de ralentir le pas.
Le reste du trajet s'effectua en silence, ils furent vite arrivés à l'entrée de l'école une fois la colline gravie :
- C'est quoi ce bordel ?
Le lycéen s'indigna devant la vue chaotique qui s'offrait à lui : Des journalistes. Des tonnes de journalistes groupés devant le portail de Yuei. Ils n'avaient pas hésités à garer leurs voitures juste à côté de l'entrée et de prendre toute la place avec leur matériel de tournage. Leur brouhaha s'entendait à des kilomètres et commençait à taper sur le système de Katsuki.
Le duo s'approcha pour essayer de passer la muraille de journalistes quand ces derniers jetèrent leur dévolu sur eux sans pitié. Ils n'étaient pas les seuls à être piégés dans ce siège : d'autres élèves peinaient à passer, certains acceptant de répondre à leurs questions indiscrètes.
Des micros se collèrent à leur bouche sans même qu'ils n'aient rien dit :
- Bonjour, faites-vous partis de la filière héroïque ?
- S'il vous plait ! Avez-vous vu All Might ? Comment est-il ?
- Nous sommes de la chaîne HNA, pouvez-vous nous donnez vos impressions sur All Might ?!
- Est-il pédagogue ? Que vous apprend-t-il ?
Katsuki se contenta d'ignorer les gémissements de ces charognards et de les pousser avec virulence pour ouvrir un chemin. Deku le suivit en paniquant et en jetant des regards incertains dans tous les sens. Cet idiot se senti obligé de répondre à un journaliste plus insistant que les autres. C'était une brune en tailleur qui disait venir de la HNA. Deku bafouilla quelques mots sur le fait qu'il n'était pas dans la filière héroïque quand la femme eut une révélation.
- Attendez, vous ne seriez pas les deux collégiens de l'incident de la galerie marchande à Musutafu l'année dernière ? Mais oui, c'est vous ! Je vous reconnais !
Ce fut le mot de trop pour l'explosif qui venait de se retourner pour attraper son camarade par le col. Instinctivement, il fit passer Deku derrière lui pour le protéger de cette vipère :
- Oi ! J'ai totalement l'droit d'utiliser mon alter ici, alors si vous continuez à nous faire chier, vous aurez l'même traitement qu'des vilains... !
Son regard meurtrier et sa position d'attaque convainquirent les journalistes de reculer. La femme en tailleur fut si choquée qu'elle se figea sur place, demandant finalement à son caméraman de couper cette séquence.
Avant qu'ils n'aient pu cibler un nouvel élève, le SDF s'interposa avec un air encore plus intimidant que celui d'un ours enragé :
- Laissez mes élèves tranquilles, ils vont être en retard à cause de vous et si c'est le cas, je m'assurerai de vous poursuivre pour outrage sur la voie publique et obstruction au travail d'un héros professionnel.
Hound Dog vint en renfort pour chasser le reste des médiats et faire entrer les élèves retardataires. Le visage de Deku s'illumina en voyant des professeurs les sauver de cet enfer. Les adolescents traversèrent l'allée de pavés encore troublés par la violence de ce qu'ils venaient de vivre.
Un gros bruit métallique se fit entendre dans leur dos. Le mur de sécurité venait de s'enclencher pour interdire aux journaliste d'entrer dans l'école. Le voir en action de leur propre yeux ne fit que rendre l'atmosphère plus lourde.
- Je... J'ai comme un mauvais pressentiment Kacchan...
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