Chapitre 33- La réponse tant attendue.
Les deux amis d'enfances ne s'étaient pas revus depuis l'examen d'entrée de Yuei. Kacchan lui avait témoigné sa colère par SMS en apprenant que le vert n'avait pas voulu se rendre à la fête des clubs d'Oridera. Il lui aurait hurlé dessus s'ils s'étaient parlé en tête à tête, mais il s'en était tenu à quelques messages provoquants.
Izuku savait très bien que si l'explosif s'inquiétait vraiment pour lui, il ne se serait pas gêné pour sonner à sa porte. Ils étaient voisins de quartier après tout ! Si Kacchan l'avait laissé tranquille malgré que ses messages soient ignorés, c'était car il comprenait les motivations du sans-alter : Midoria n'avait personne à revoir une dernière fois pour faires ses adieux. De même que personne à Oridera ne voulait revoir le moindre de ses cheveux verts.
Katsuki réalisa combien le nerd détestait leur collège et qu'il rêvait d'en finir avec depuis des années. Bien-sûr, le roi d'Oridera avait participé à cette lyncherie publique. Ils avaient tous jeté leur dévolu sur ce parfait bouc-émissaire.
Tracassé par cette culpabilité, le nerveux estima qu'il ferait mieux de laisser son camarade tranquille jusqu'à ce que ce dernier revienne vers lui.
Pendant sa première semaine et demie de vacances, Izuku avait instauré une routine pour s'occuper un maximum l'esprit. Il ne voulait surtout pas penser aux réponses d'admission qu'il recevrait la semaine prochaine. Attendre était une torture pour les Midoria qui s'imaginaient des centaines de scénarios catastrophe dès lors.
Le vert se consacrait davantage à la musculation et aux exercices de souplesse. Toute sa matinée s'écoulait avec la sueur. Ses entraînements de self-défense avec Toga étaient en pause d'un accord commun, notamment car ils préféraient profiter du printemps pour sortir s'amuser et se forger des souvenirs inoubliables. Ils testèrent un parc d'attraction sur le thème des héros, ou encore une visite à l'incroyable aquarium Magmell* situé sous le port de Tokyo. Izuku réservait également une grande partie de son temps pour faire des activités en famille. Inko l'avait une fois emmené en randonnée pédestre loin de Musutafu. Ils avaient renoué le temps d'une journée bien remplie avec la nature...
Quand il n'était pas dehors à courir après des héros en action, l'adolescent entretenait son blog avec La_Brava. Grâce à elle, il avait pu interviewer une seconde personne, un héros retraité ! Ce nouveau type d'article plaisait énormément au public qui demandaient qu'il interview leur personnalité préférée. Toutefois, cela ne dépendait pas vraiment du blogueur qui savait combien il fallait être patient pour organiser ces questions-réponses.
Izuku se demandait combien de temps encore sa popularité pouvait continuer d'augmenter. La croissance de son blog avait-elle des limites ? A chaque fois qu'IZUK09 se rendait sur un forum pour discuter de héros ou poser des questions, une foule d'internautes l'abordaient avec excitation. Apparemment, l'analyste était devenu assez célèbre pour disposer d'une fanbase ou être reconnu en dehors de son blog... Il était plaisant d'être enfin prit au sérieux et d'avoir des retours rapides, mais la contrepartie était si démesurée qu'il avait fini par se créer un nouveau compte pour échapper aux questions à la limite du harcèlement.
L'un des sujets qui revenait le plus était à propos du prochain nettoyage de Dagobah beach et du fait qu'il vivait probablement à Musutafu. Les gens avaient vraiment envie de le rencontrer en IRL, afin de découvrir l'identité d'un analyste aussi talentueux que passionné.
Les héros passionnaient tout le monde, mais personne n'était aussi investi qu'IZUK09. Certains l'appelaient « l'encyclopédie vivante » ! Qu'il était amusant d'observer en toute discrétion ce que les internautes pensaient de lui grâce à son nouveau compte dont personne ne se souciait !
Une après-midi, alors qu'il revenait d'une supérette, le vert trouva sa mère sur le canapé dans une position d'anxiété. Il lâcha immédiatement ses deux sacs en plastique remplis de courses et s'approcha incertain de sa mère. Son regard si profond et désespéré ne pouvait dire qu'une chose :
- Elle, elle est arrivée... Inko présenta la lettre tel un trésor vénéré, les mains tremblantes.
Le garçon la saisit avec un niveau de stress similaire sans dire un mot. Curieux et craintifs à la fois, les Midoria ouvrirent lentement l'enveloppe marqué des initiales U.A. Ils trouvèrent plusieurs papiers pliés, et commencèrent par lire le premier ornés de dorures :
- Bonjour Midoria Izuku, nous avons le plaisir de vous informer que le lycée Yuei a accepté votre candidature. Bienvenu à l'académie des héros ! Veuillez remplir les formulaires d'inscription et signer le règlement intérieur ci-contre afin d'intégrer pour l'année 2014 la classe 1-D de la filière générale. La rentrée se déroulera le lundi 3 avril dans le gymnase Gamma, il vous sera demandé de fournir...
La voix chavirante du jeune fut étouffé par des larmes de joie. A peine venait-il d'abaisser le papier pour se remettre de ses émotions qu'Inko le serra dans ses bras. Izuku prit place sur le canapé, bouleversé.
- Alors Izuku chéri, quelle école vas-tu choisir ? Sa mère serrait un mouchoir en lui présentant un regard adoucit.
- Yuei, bien évidemment ! C'était mon premier choix, de toute façon... Il tira à son tour un mouchoir sur la table basse. Les Midoria avaient la larme facile !
Le vert avait reçu quelques jours plus tôt les retours de ses deux autres vœux d'orientation. A son plus grand étonnement, il n'avait pas eu de réponses négatives. Il avait pourtant ruiné la journée du jury de Sendai Gakkô... Comment la directrice avait-elle pu lui pardonner ?!
Il y avait deux raisons pour lesquelles le sans-alter tenait quand-même à rejoindre Yuei, bien que ses autres options auraient pu lui ouvrir de nombreuses portes :
Tout d'abord, il avait convenu avec Kacchan d'aller le rejoindre à Yuei s'il en avait la possibilité. L'analyste se doutait que ce dernier avait encore besoin de son soutien pour avancer dans le droit chemin. Il ne se doutait pas par contre, que Bakugo comptait également garder un œil sur lui, et le protéger si les persécutions reprenaient. Les deux garçons seraient séparés par bien des barrières dans leur nouveau lycée, mais ils pourraient toujours faire les trajets ensemble. C'était devenu une habitude plutôt ancrée dans leur quotidien, et personne ne pourrait leur enlever ça !
La seconde raison découlait de sa discussion avec All Might. Le héros lui avait personnellement fait la requête de l'aider à trouver un digne successeur. Le vert était depuis assez sceptique car All Might partait du principe qu'il allait forcément entrer à Yuei alors qu'il n'en était rien. Izuku avait donc l'impression qu'il ne pouvait pas trahir ses plans. Ils avaient grand besoin de refaire le point ensemble maintenant qu'il avait été accepté dans l'école, mais son idole n'avait plus redonné signe de vie.
Le fanboy suivait les actualités, et le numéro un n'avait pas bougé de son terrain de prédilection : Tokyo. Peut-être l'avait-il oublié ?
Dans cette position d'inconfort, Izuku décida qu'il irait à Yuei, avec ou sans la présence d'All Might !
Le garçon tout excité laissa sa mère lire le reste des documents dans le salon, alors qu'il se précipitait dans sa chambre. Son premier réflexe fut d'appeler Toga, sans qui son rêve n'aurait pu se réaliser.
- Woaw, c'est trop la classe d'entrer dans le lycée le plus coté du pays ! Il faut qu'on fête ça Izu-kun !! Dans une joie partagée, la fille à la voix rocailleuse lui proposa de manger un sundae cacahouète de leur restaurant habituel dans la galerie marchande.
L'appel fut de courte durée, puisqu'ils allaient se revoir dans trois jours pour en discuter.
Le sans-alter se sentait depuis tout léger, constatant que tous ces problèmes qui le poursuivaient depuis des années étaient désormais derrière lui. Tout ce qu'il avait à faire, c'était profiter de son nouveau petit bonheur. Enfin... rien n'était aussi simple. Midoria devait être vu comme une personne forte et confiante dès son premier jour à Yuei. Sinon, il redeviendrait une victime ou pire, il serait catégorisé et humilié. Il tenait également à éviter de susciter des rumeurs comme celles qu'il avait eut le malheur d'entendre à Oridera.
Et pour cela, il devait simuler un alter.
Cette idée n'était pas nouvelle, il y réfléchissait depuis des mois sans vraiment se presser. Ses vacances seraient le moment parfait pour élaborer son plan d'attaque avec Toga.
Il inaugura la création d'un nouveau carnet Campos : « Plan pour ma scolarité paisible à Yuei », commençant à y noter ses premières pistes. Tranquillement assis devant son bureau paré de petits animaux en origami, le vert perdit la notion du temps.
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La nuit tombait plus lentement que d'habitude et le garçon allait bientôt passer à table. Il avait promis avant cela d'annoncer la bonne nouvelle à son père. Inko lui avait demandé de l'appeler au plus vite, et malgré qu'il ait essayé de repousser un maximum cette tâche, Izuku devait s'y mettre. Ennuyé, il composa le numéro sur son portable, sans arrêter de fixer le paysage urbain à travers la fenêtre. L'adolescent détaillait les minuscules voitures au loin dont la lumière des phares brillait de plus en plus. Parfois, il pouvait voir les trains jaunes typiques de Musutafu défiler sur les rails surélevés d'entre les hauts bâtiments. Le répondeur bipa en même temp qu'un train passait sur le petit pont. Izuku crû que personne ne répondrait, quand il entendit finalement la voix enjouée d'Hisashi :
- Mon garçon, heureux que tu m'appelles, comme se passe tes vacances ?
Le vert fit un bref calcul du décalage horaire : Il devait être aux alentours de minuit. Bien-sûr, un travailleur acharné comme son père ne dormait pas encore à cette heure.
- J'en profite pour faire pleins d'activités avec maman et mes amis... Au fait, je voulais te dire que j'ai été accepté dans l'école que je visais !
- Bravo ! Je n'en doutais pas une seconde ! Tu devrais remercier ta mère, c'est d'elle que tu tiens tout cette intelligence ! plaisanta-t-il avec légèreté. D'ailleurs elle va bien ? Et l'école où tu veux aller, c'est bien Yuei si ma mémoire est exacte ?
- Hum, hum, c'est bien ça. Maman prépare le repas. En filière générale, ce n'est pas très différent des autres lycées. A part que nos professeurs seront aussi des héros professionnels ! L'impatience et l'envie se faisait ressentir à la fin de sa phrase.
Rien que l'idée de croiser des héros tous les jours lui semblait irréelle. Alors passer des heurs à suivre leurs cours... Le fanboy craignait de ne pas réussir à se concentrer sur le contenu des cours, trop admiratif envers les héros de son enfance.
- Ce n'est pas donné à tout le monde, ça ! Tant que ça te plait, je suis un père comblé.
L'adolescent repensa au conseil de la psychologue : « Lui poser la question directement. » Cette question risquait de creuser encore plus la distance entre eux, mais Izuku savait que de toute manière, il n'avait plus grand-chose à perdre sur ce point.
- Dis papa... commença-t-il avec une grande réticence.
- Oui fiston ? l'encouragea Hisashi sans se douter du problème qui allait s'annoncer à lui.
Le vert laissa son regard dériver vers l'horizon feuillu et orangé, réfléchissant à la meilleure manière de formuler cette question épineuse. Prenant son courage à deux mains, il serra le poing très fort et respira un bon coup :
- Est-ce que tu es parti travailler à l'étranger car tu avais honte que je n'aie pas d'alter ? Son ton fut si tranchant qu'Hisashi en perdit son insouciance et ses moyens.
Il savait qu'un jour, son fils commencerait à poser ce genre de questions délicates, mais il ne d'attendait pas à se qu'il le fasse si tard. Izuku était un gamin trop curieux, ce n'était un secret pour personne. Puisqu'il n'avait jamais osé remettre en question les choix de son père, ce dernier avait déduit que le petit avait trouvé tout seul une réponse. Les réponses que l'on s'imagine sont toujours plus agréables que la réalité, songea-t-il. Sur son siège, Hisashi détourna le regard avec embêtement. Ce petit était probablement plus intelligent que lui et sa mère réunis... Ce lui fit de la peine. Il méritait une famille plus riche et plus stable pour s'épanouir.
- Non, pas du tout ! Je ne voudrais pas que tu croies de telles choses ! C'est que mon entreprise m'avait proposé un poste qui me ferait beaucoup voyager et que nous avions besoin de cette augmentation. Si je refusais cette opportunité, j'aurais été licencié car ma branche était dissoute et à ce moment-là, nous n'y aurions pas survécu...
Izuku fouilla entre les souvenirs les plus vieux de son enfance. Il avait cinq ans quand son père annonça à table qu'il allait faire son premier long voyage à l'étranger. Il était déjà parti plusieurs mois, mais jamais plus d'une demi-année. Le petit garçon qu'il était ne comprenait pas tout ce que cela impliquait, pourquoi sa mère semblait si désemparée. C'était à peu près à cette période de sa vie qu'Inko avait commencé à s'angoisser pour tout et rien. Le vert avait longtemps cru que c'était de sa faute, car il était trop faible. Maintenant qu'il venait de rassembler les pièces du puzzle, il réalisa que cette douleur aussi, était dû à son fantôme de père.
- Mais maintenant, tu peux changer de travail ? L'adolescent se risqua à poser la question, ne se faisant pas trop d'espoirs.
- J'aurais aimé mon garçon, mais ce n'est pas aussi simple que ça. Je me suis engagé dans des projets très importants en signant mon contrat et je dois les tenir. Izuku releva une certaine désolation dans sa réponse qu'il laissait traîner.
Ça fait des années, c'est tellement injuste... ! protesta une petite voix en son for intérieur. Il n'eut d'autre choix que de se résigner :
- D'accord... Promet-moi que tu quitteras cette entreprise dès que tu le pourras et que tu reviendras habiter au japon !
- Evidemment Izuku !
Le garçon en pyjamas fronça les sourcils en baissant le regard et ses épaules lasses. Il s'en voulait de faire promettre des choses à son père qui ne dépendaient même pas de lui. Finalement, ils étaient tous impuissants, à la merci de chefs d'entreprises qui ne les voyaient que comme un nom dans une liste.
Un vide lourd de sens remplit son cœur jusqu'à s'éparpiller dans la pièce.
- Tu manques beaucoup à maman, tu le sais hun ?
- Je sais Izuku, je sais... J'aimerai que tu lui demande de m'appeler quand elle aura le temps. Ok ?
- Vous devriez faire des appels visio, ça lui ferait plaisir de voir l'Iron Valley où tu travailles !
- L'Iron Valley, c'est une région entière, tu verras ça en cours ! rigola-t-il. Mais je peux lui montrer la vue que j'ai depuis ma chambre d'hôtel. Je vais voir ce que je peux faire. Sa voix mourut dans un silence de réflexion. Puis, soudainement, il changea de sujet. Allez, je te laisse fiston, ne fais pas attendre ta mère, elle se donne beaucoup de mal pour toi !
- D'accord, bonne nuit.
- Merci toi aussi ! Le silence froid revint trop tôt au goût du timide. Désormais, c'était son reflet qu'il fixait sur la vitre de sa chambre. L'obscurité grandissante lui permettait de l'apercevoir, comme un fantôme. Son sourire de façade s'éteignit, retrouvant une neutralité amère. C'était plus fort que lui, il faisait toujours comme si tout allait bien en face des autres, ce qui l'agaçait à chaque fois.
Rien n'allait dans la vie d'un sans-alter. C'était bien là tout le problème...
Izuku resta quelques secondes de plus immobile, essayant de s'imaginer adulte. Ressemblerait-il à son père ? Abandonnerait-il sa famille pour son travail ?
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Izuku préférait ne jamais ressembler à son père. Il avait peur qu'en lui ressemblant physiquement, il serait prédisposé à reproduire ses erreurs.
De toute manière, il était bien différent du père de ses souvenirs : Un homme de grande carrure, deux petites cornes orange perdues dans le pêle-mêle de ses boucles noires. Il portait des lunettes rectangulaires qui cachaient ses tâches de rousseurs et des chemises unies sur les photos qu'Inko gardait dans la maison.
Son image même semblait fausse.
Le garçon se demanda s'il serait capable de lui pardonner s'il revenait bientôt ranimer l'esprit familial.
Aucune chance.
Comment pourrais-je être comme lui s'il ne m'a jamais élevé ? s'exaspéra le fils Midoria en tournant le dos à son reflet désabusé.
*Je me suis inspiré du manga « Deep sea aquarium MagMell » de Kiyomi Sugishita pour imaginer leur sortie. Le concept de cet endroit fictif est de pouvoir observer la faune des fonds marins sans avoir à forcément les garder en cage. L'aquarium étant sous-marin, les spécimens sont attirés par la nourriture pour être observé. Sinon, ils vivent en complète liberté dans les profondeurs. Une partie de l'aquarium reste comme les traditionnels avec des bassins fixe ect... (Je vous invite à lire le manga qui contient de jolis dessins !)
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