Chapitre 16- Bocal brisé
Depuis sept heure, Izuku fixait la télévision avec une expression aussi dénuée de vie qu'une morue. Il regardait une chaîne d'info en continu, choisie au hasard, plongé dans le noir. Il ne savait plus où il en était : Il avait agi comme l'aurait fait un vilain. Pire que tout, il semblait avoir un talent pour les plans machiavéliques ! Depuis, il n'avait plus l'esprit tranquille. Il ne l'avait pas eu de la semaine, mais ce weekend serait encore plus difficile.
En rentrant chez lui hier, il avait directement texté sa complice, le cœur battant encore à la chamade et les oreilles bourdonnantes :
17h23- Izuku : T rentrée chez toi ?
17h24- Toga : Pas encore, mon train va bientôt me déposer.
T sûr que ça va ? Tu étais tout pâle tout à l'heur...
17h26- Izuku : Bof, après ce qui est arrivé à Katchan... J'ai peur qu'il soit gravement blessé... J'aurais dû trouver un autre plan moins dangereux, mais maintenant ce qui est fait est fait.
Et toi ? Tu étais sur le terrain, tu t'es battue avec eux... Ça n'a pas été trop traumatisant ?
17h29- Toga : J'ai l'habitude des combats, enfin, quand je m'entraîne. Je dois avouer qu'ils avaient de terribles alters ! Surtout cheveux noirs, il a failli m'avoir !
Le fou furieux est tombé tout seul alors on n'a pas à s'en faire. De toute manière il l'a cherché ! Il voulait quand même envoyer mon Izu-kun à l'hôpital ! è_é
D'ailleurs, G entendu une ambulance sur la route, ça devait être pour lui.
17h29- Izuku : Je ne pourrais jamais aller en cours lundi !! Il va vraiment me tuer cette fois ! °~°
17h30- Toga : Qu'ils essayent ! Je crois surtout que tu leur as fait peur. Après ça, ils ne devront plus trop t'embêter...
Peu convaincu, il était trop épuisé pour s'affoler davantage. Il avait fait de son mieux, il n'avait plus qu'à attendre de voir comment évoluaient la situation. Le vert repensa à sa récente popularité sur internet en allumant son ordinateur. Il avait été débordé et avait complètement oublié d'en parler à son amie.
17h34- Izuku : Au fait, le blog est monté d'un coup à plus de 15000 vues, serais-tu à l'origine de ce phénomène ???
17h35- Toga : C trop bien !! :p Tu dois être super content non ?
Je te l'avais dit, je suis très active sur les forums !
Comme il le suspectait, Toga était pleine de ressources. Izuku n'aimait pas vraiment les surprises, mais pour le coup, elle lui avait épargné des années de doute quant à l'intérêt de tenir un blog. Le garçon souffla, peu étonné que son amie puisse produire de tels miracles.
17h38- Izuku : G failli faire une crise cardiaque en le découvrant la semaine dernière ! Merci, jsp comment tu t'es débrouillé mais T géniale ! Je n'étais pas prêt à gérer 500M de commentaires... *o* Ca m'a pris un weekend entier ! Je vais devoir te recruter comme modératrice à ce rythme !
Maintenant, le blogueur se sentait redevable envers la fille. Il songeait à lui offrir un cadeau en retour, mais rien qui ne valle quinze-milles vues !
17h38- Toga : Pourquoi pas écoute ? Mais il me faudra des collègues car je ne suis pas H24 sur mon tel !
Je n'ai pas fait tant que ça, G juste envoyé quelques liens sur des FAQ de héros.
Il avait passé le reste de sa soirée à accorder des droits à TAMAG_MIK sur son blog et lui donner des directives par messages. Ça l'avait distrait jusqu'au moment du repas, ou sa mère s'était mise à parler de vacances, et que ça lui avait rappelé ses méfais près de la plage de Musutafu. Il abandonna l'idée d'une bonne nuit de sommeil. C'était le moyen pour sa conscience de le punir.
«...Qui avait été séquestrée durant plusieurs jours a été retrouvée dans un entrepôt désaffecté du quartier de Masturiho. Elle dit ne pas avoir les idées claires quant à ce qui lui est arrivé... »
Inko sorti de sa chambre. Elle aperçut son fils dans une sorte de transe, sur le canapé. Il écoutait le faible son de la télé, seule source de lumière dans la maison close à cet heur :
- Bonjour mon chéri ! Que fais-tu si tôt devant la télé ?
Izuku tourna la tête avec désinvolture. On aurait dit une coquille vide :
- Je n'arrivais pas à me rendormir... Marmonna-t-il avant de reprendre son visionnage.
« Les médecins ont retrouvé des traces de chloroforme dans ses poumons. Cependant, la fille a été correctement nourrie, même si elle était attachée à un radiateur d'après... »
- J'ai des médicaments si tu veux... ? La femme ouvrit les stores les uns après les autres, puis se permit d'aérer le salon.
- Nan, ça ira, je m'occupe... Tu vas faire quoi aujourd'hui ?
- Mitsuki m'a appelé à l'instant. Son regard s'assombrit tout comme sa voix. L'adolescent redoutait ce moment, mais d'un autre côté, il ressentait le besoin oppressant de enfin découvrir l'état dans lequel il avait abandonné Katchan.
- Elle a passé la nuit à l'hôpital... Katstuki c'est cassé le bras en jouant avec des amis sur la plage hier après-midi. Il devra garder un plâtre durant les quatre prochains mois. C'est terrible... Il ne peut plus utiliser son alter, sinon, il risque d'aggraver son état...
Le gringalet s'obligea à feindre l'étonnement. Quatre mois... Juste avant l'examen de Yuei... ! Réalisa-t-il avec horreur. Il se souvint de sa dispute avec Bakugo : Il s'était énervé par peur que le minable l'empêche de se préparer correctement pour son examen. Inévitablement, il avait fini par réaliser sa prophétie tel un Œdipe.
La bonne nouvelle, c'était que le récit de Katchan ne l'incluait pas. Il n'aurait su s'expliquer face à sa mère. Il ne lui mentait jamais, même s'il ne lui parlait pas de tout. Izuku n'imaginait pas la réaction de l'explosif quand il écouta le verdict des médecins. L'hôpital avait dû trembler...
- C'est terrible, tu l'as dit... Se contenta-t-il de répéter à tue-tête. Intérieurement, le vert s'indignait que l'on prenne ENCORE son harceleur pour une pauvre victime. C'était LUI, la véritable victime de cette histoire !
« ...Parents de la victime disent de pas comprendre... » La télévision continuait de déverser ses informations pessimistes qu'Izuku écoutait d'une oreille distraite.
- Je vais leur faire des cookies ! Déclara Inko pour percer le silence. Tu veux m'aider avant notre jogging ?
Le fils hocha silencieusement la tête, peinant à se sortir du canapé.
« ...A la maison il y a quelques heures encore. La police suspecte un individu d'avoir usurpé l'identité de la victime durant plusieurs jours à l'aide de son alter. Ce n'est pas le premier cas étrange de séquestration, suivant un mode opératoire similaire dans la région de... »
- Cette plage est vraiment dangereuse, n'allez pas jouer part l'à bas, toi et tes amis OK ? Ralala.. que font les héros de toute cette pollution ?
- Pas grand-chose... Fit remarquer le garçon sur un ton de reproche.
Les Midoria se mirent aux fourneaux de bonne heure, bercés par le bruit des informations futiles à travers le salon.
- Avant que j'oublie, Mistuki m'a demandé si tu accepterais de prendre les notes de son fils à l'école ? C'est sa main droite qui est invalide...
Izuku sorti de ses gonds, Je rêve ! Le jeune avait assez de jugeote pour affirmer que c'était inconcevable. Toutefois, son point de vue serait difficile à expliquer à sa mère pleine de bonnes intentions :
- Je ne suis pas... Mon écriture est illisible, ça ne va pas du tout l'aider !
- M'enfin, chéri, ton écriture est très bien et je sais que tu prends proprement tes cours. C'est plus pratique car ce sont nos voisins. Tu pourras porter son sac sur le chemin ?
Bakugo portait toujours son cartable sur une seule épaule dans chacun des souvenirs du vert. Cette excuse n'était pas valable mais ça mère ne lui laisserait pas contre-argumenter une seconde de plus. Izuku leva les yeux au ciel, agacé :
- J'ai compris, je vais le faire...
~~~
Le collégien s'installa sur sa chaise, il n'y avait pas encore beaucoup de monde dans la classe, mais il avait déjà l'impression d'être épié de toutes parts. Une lourde fatigue s'abattit sur ses épaules. Je veux retourner dans mon lit ! Se lamentait son cerveau mal réveillé. Izuku, fourra sa tête entre ses bras croisés, heureux d'y trouver un peu de calme et de noir.
Habituellement, le vert trouvait toujours de quoi s'occuper pour tuer le temps avant que la sonnerie se fasse entendre. Il n'était pas d'humeur à consulter ses sites de news sur les héros, pas après ce qu'il avait fait à Katchan. Il n'avait pas non plus la force d'écrire dans son carnet d'observation, d'autant plus qu'i n'avait pas grand-chose en tête. Et jeter un œil à son blog entouré de ses camarades n'était pas envisageable. Il aurait pu s'avancer sur ses devoirs, mais nous étions lundi matin, et il avait déjà tout préparé, plus qu'il n'en fallait. Son premier cours de la semaine était de l'anglais, animé par une femme d'origine australienne très investie dans sa matière. Aujourd'hui, elle ferait passer tout le monde au tableau pour présenter leurs recherches sur le tourisme dans leur beau pays. Izuku avait apprécier travailler sur ce sujet et avait récité une bonne cinquantaine de fois son court texte.
Plongé dans l'obscurité, le jeune se remémorait quelques souvenirs des heures qu'il avait passé à construire son argumentation en anglais. Il avait appelé son père pour l'aider sur deux-trois formulations puisqu'il était le meilleur de la famille en langue étrangère. Ce dernier avait été ravis de l'aider et de prendre de ses nouvelles, mais apparemment, il était occupé même les week-ends et n'avait pas pu rester très longtemps au téléphone...
Tous bruits autour de lui s'atténuaient soudainement. Izuku ne broncha pas, mais il se demandait ce qui pouvait bien voler la voix de tous ses camarades :
- Qu'est-ce qui t'es arrivé Bakugo ?
- Holala... C'est grave ? Se mirent à questionner les plus courageux.
- J'vous ai pas causé ! Foutez-moi la paix ! s'énerva le blond.
Katchan était arrivé bien plus tôt qu'à son habitude. Le sans-alter eut des sueurs froides, il n'osait pas lever la tête ni bouger tout court.
On entendait parfaitement les pas de l'explosif et son sac tomber violement par terre. Il fallut attendre deux minutes glaciales avant que les discussions futiles ne reprennent. Izuku avait appréhendé ce moment depuis l'accident. Le moment où il devrait des explications à son bourreau. C'était déjà une chance incroyable que le perfide ne l'ait pas dénoncé, mais le vert s'en doutait. Bakugo ne voulait pas sombrer avec lui, alors il avait menti sur l'origine de sa chute dans la décharge sauvage.
- Hey, Rioka-chan, tu crois que le bras de Bakugo c'est... qui s'est vengé ? Izuku fut surprit d'entendre sa voisine de table parler à voix basse, hésitante.
- Chuuut ! Il va nous entendre ! C'était la voix d'une fille à lunettes. Le vert l'identifiait comme une timide qui semblait toujours se méfier de tout.
- Mais non, regarde, il s'est endormi sur sa table... Lui assura Moana, une rousse qui pouvait mettre le feu à ses mains. La fille approcha une flammèche près du nez du sans-alter pour voir s'il réagissait. Izuku dû faire de gros efforts pour ne pas s'enfuir à l'autre bout de la classe avec horreur en sentant l'odeur de brûlé.
Les collégiennes reprirent leur conversation indiscrète :
- Mais comment il a fait pour mettre Bakugo dans cet état ?!
- Si ça se trouve, il s'entraîne depuis des mois à se battre... Supposa la télékinésiste. Il était devenu bon en sport ces derniers temps.
- Et à la compétition inter-collèges ! Il a gagné une épreuve, ça m'a fait grave flipper !
Le sans-alter se crispa. Qu'est-ce que les gens pouvaient être francs quand ils se croyaient seuls ! Le garçon songea à espionner les conversassions de cette manière plus souvent. Il était si curieux de savoir quelles théories farfelues les élèves trouveraient pour justifier l'état de leur roi suprême. N'était-il pas invincible ? Izuku se retint de rire. Il connaissait Katchan et ce dernier était loin d'être intouchable... Vendredi soir en avait été une parfaite démonstration.
- On ne devrait plus l'approcher... Qui sait ce qu'il va faire au prochain qui le dérange ?
- Mais regarde Rioka, il a pas d'alter ! On l'a vu des centaines de fois se faire rabaisser en plein cours ! Ça peut pas être Midoria ? Il faudrait demander à Bakugo mais il n'est clairement pas d'humeur...
Une voix masculine s'invita dans la conversation. Elle provenait d'une autre table, à sa droite :
- Non, c'est lui. Cet enfoiré l'a piégé, j'étais avec eux vendredi ! Il l'a poussé dans la décharge de la plage et à moi, il m'a tordu les doigts ! Senago a pu me soigner, mais pas Bakugo... Chuchota-il d'une voix traumatisée.
- Je n'aurais jamais crû qu'il se révolterait un jour... Wow... Commenta la rousse.
Izuku n'était pas d'accord. Nagayubi déformait les faits : Bakugo était tombé par accident. Il ne l'avait pas poussé enfin ! Le Bouc émissaire savait que les rumeurs se rependaient à une vitesse hallucinante et qu'elles finissaient par se déformer. A la fin de la journée, Midoria de la 3-A serait un enfant du diable qui pouvait casser des os par sa seule pensée. Il n'en doutait pas, c'était monnaie courante à Oridera... Je vais effrayer toute l'école, mais au moins, j'aurais la paix, reconnu le jeune.
- Ce mec, c'est devenu un ninja du jour au lendemain ! Après avoir jeté Bakugo dans le vide il nous a dit « Le prochain qui me cherche, ce sera deux bras... » Imitait-il d'une voix ridicule.
Ha, finalement je vais être un ninja... Le sans-alter pleurait de rire intérieurement.
- Putain, il est malade Midoria... J'vais demander à changer de... Moana laissa sa voix mourir au fond de sa gorge.
L'endormi entendit les pas des bottes à talons — seule la psychologue n'en portait pas — de la professeure. Elle salua la classe, hésitant à faire un commentaire à propos du bras de Bakugo. L'aura meurtrière qu'il dégageait dissuada la femme de s'en mêler et elle se contenta d'un sourire gêné.
- Pas de surprise, aujourd'hui vous allez tous passer au tableau pour faire vos présentations. Si vous avez oublié de faire votre devoir, se sera un zéro non négociable ! Izuku entendit la professeure saisir la feuille d'appel posée sur la table. Cette dernière commença à énoncer le nom des élèves tour à tour.
Quand elle passa aux « K », sa voisine se secoua brusquement en chuchotant :
- Midoria, Wou-Hou, réveille-toi !
Le collégien leva la tête, affichant une fausse expression de surprise, puis se leva quand il entendit son nom. Sa voisine pyromane le dévisagea, tentant d'évaluer son niveau de dangerosité. Mais avec un visage innocent comme le sien, difficile de ne pas le sous-estimer...
- Désolé Moana... Marmonna-t-il dans sa barbe. Le vert s'occupa de sortir ses affaires de son sac et de relire vite fait ces notes. C'était inutile, mais il fallait bien s'occuper.
Il fallut que ce soit lui qui passe en premier sur le bûcher. Le garçon avança vers le tableau en veillant à ne pas se prendre la marche de l'estrade — ça lui arrivait souvent et tout le monde se moquait de sa maladresse —. Il allait commencer à parler, mais quelque chose l'en empêcha soudainement :
Katchan était couvert de coupures et de griffures superficielles. Pour être honnête, on aurait dit qu'il s'était battu avec un chat errant. Visiblement, le chat avait gagné. Izuku eut soudainement la nausée. Il faisait malgré-lui face à son harceleur au troisième rang, un bras dans le plâtre et ça lui faisait tout drôle. Le sans-alter craignait le regard furieux du blond, mais rien. Ce dernier était tourné vers les fenêtres, reposant sa tête sur son bras valide.
- Allez Midoria, quand tu veux... ? Insista l'adulte avec bienveillance.
~~~
L'explosif ne décrocha pas un mot de la journée. Il laissait ses amis parler et montrait un signe d'attention de temps à autre sans faire plus d'efforts. Ces minables n'osaient pas trop le stimuler, de peur qu'il ne déchaîne sa colère sur le premier venu. Tout ce qu'il avait à faire, c'était d'écouter d'une oreille les cours et d'observer les petits oiseaux ou les feuilles d'automne passer devant les fenêtres. Il ne répondait que quand un professeur le forçait à participer au cours.
Katstuki avait perdu tout son entrain et par la même occasion, une colère qui d'habitude le rendait instable mais respectable. Il était si passif, réduit à l'état de pauvre victime. Il ne manquait plus qu'une pluie de grenouilles pour compléter sa journée pourrie. Tous les regards étaient brasqués sur son fichu plâtre que ses amis avaient signés de force alors qu'il n'avait rien demandé. Son bras à l'intérieur était en sueur et le grattait vicieusement. Les plâtres, ça craint, conclu-t-il en traînant des pieds jusque dans la cour.
En revenant dans sa salle de classe, il vit Deku qui venait de sacrifier son temps de pause à recopier ses notes sur des feuilles volantes. Katstuki savait qu'elles lui étaient destinées mais il n'en voulait pas. Il ne voulait rien venant de ce perturbateur. Frustré, il fit de son mieux pour ignorer la touffe verte et maudissait ses parents une fois de plus d'avoir choisi d'habiter près du bon à rien. Il avait failli jeter son bol à la figure de sa daronne quand elle lui annonça que Midoria l'accompagnerait tous les jours sur le chemin du retour pour le soulager du poids de son cartable. TOUS LES JOURS.
L'enfer ne faisait que commencer pour Katstuki, privé de son alter...
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