Chapitre 4: Fais-nous confiance
Pdv Shoto
En rentrant, Rika s’est directement enfermée dans sa chambre et n’est redescendue que deux heures plus tard pour s’installer sur un banc à l’extérieur. À son retour sur le terrain tout à l’heure, elle n’a pas ouvert la bouche une seule fois et semblait toujours sur le point de craquer.
Honnêtement, son attitude m’énervait. Pourquoi ? J’y réfléchissais encore. En tout cas, cette scène et son regard empli de larmes me hantaient. À ce moment-là, j’ai enfin compris ce qui me perturbait depuis son arrivée : cette lueur que je voyais sans cesse au fond de ses pupilles était de la souffrance. Une souffrance profonde, tenace, destructrice, semblable à la mienne. Peut-être que ça m’énerve simplement de voir à quel point elle me ressemble… Pourtant, on ne se connaît pas alors pourquoi ça m’obsède à ce point ? Raah bon sang ! C’est vraiment frustrant de ne pas trouver de réponses !
Agacé, je scrutais la pièce des yeux. Tout le monde vaquait à ses occupations mis à part Deku et quelques filles qui regardaient à intervalles réguliers vers la fenêtre. À mon tour, je finis par me lever et m’en rapprocher, bras croisés sur le torse. La nuit venait de tomber, mais les dernières lueurs du crépuscule éclairaient une petite silhouette, allongée sur un banc en grès. J’avais promis à Deku, il y a peu, d’aller lui parler et il était sans doute temps de le faire. Qui sait, ça me permettra peut-être de comprendre pourquoi je m’intéresse à elle, pensais-je en me dirigeant vers la sortie.
« Je vais lui parler », annonçais-je à Deku au passage.
« Bonne chance » répondit-il alors que j’ouvrais la porte.
Dehors, il n’y avait presque pas de vent, mais vu qu’il faisait frais, je réajustais rapidement les manches de ma chemise et avança prudemment jusqu’à elle. Rika observait le ciel, écouteurs dans les oreilles et je n’eus pas d’autre choix que de lui tapoter l’épaule pour l’avertir de ma présence. À mon contact, elle se redressa vivement, une main sur la poitrine.
« Oh punaise ! Tu m’as fait peur », souffla-t-elle.
« Désolé. Je voulais juste te parler »
« Pourquoi ? »
« Ils… On s’inquiète pour toi », rectifiais-je en me raclant la gorge.
Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai précisé que je m’en faisais également, mais bon, de toute façon, ça ne faisait aucune différence. Rika se décala légèrement pour me laisser de la place, puis baissa la tête pour échapper à mon regard. Tant pis, ce qui compte c’est qu’elle m’écoute.
« Je ne suis pas là pour te faire la morale ou te juger, je suis simplement venu t’avertir : rien ne t’oblige à nous parler de tes problèmes et ce qui te fait mal, mais, ce sera encore pire si tu continues de nous éviter et que tu restes dans ton coin »
« Tu ne sais pas de quoi tu parles… » commença-t-elle d’un ton froid.
« Si. Tu as peur de t’impliquer dans une amitié et d’être déçue ou peut-être même blessée » répondis-je en observant sa réaction « On l’a tous compris. Ce qu’on veut, c’est que tu puisses nous faire confiance et t’amuser »
Et je fis demi-tour pour rentrer, espérant que mon monologue l’aiderait à réfléchir.
Une vingtaine de minutes plus tard…
Dès mon retour dans la pièce, j’ai raconté notre conversation à Midoriya et aux filles avant de me lancer dans une partie de Mario Kart avec Kirishima. J’allais passer la ligne d’arrivée en première position quand la porte de l’internat s’ouvrit sur Rika. Elle était toujours nerveuse, mais au moins, son visage avait l’air plus serein que tout à l’heure. Ah… On progresse. Qu’est-ce qu’elle va faire maintenant ?
« Euh… S’il vous plaît… ? » demanda-t-elle en se raclant la gorge.
Le silence se fit rapidement dans la pièce et tous les regards se tournèrent vers Rika, attendant qu’elle prenne la parole. Seulement voilà, maintenant qu’elle était sur le point de se livrer, son corps ne répondait plus. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. La panique commença dès lors à s’installer, mais au lieu de se laisser submerger, Rika s’inclina soudainement. Sans doute une tactique pour échapper à l’attention ainsi qu’à ses angoisses.
« Je… je… j’aime le curry, le thé glacé à la pêche, les cheesecakes, les journées ensoleillées et les roses jaunes. J’adore dessiner, peindre, faire du sport, j’aime lire des romans fantastiques et des thrillers et c’est pareil pour les films et séries. J’ai des goûts musicaux éclectiques et ma couleur préférée est le violet. J’ai horreur des insectes, des champignons shiitakés, des haricots verts et de l’orage. Et surtout, je serais ravie de devenir votre amie »
Sa voix, dans un premier temps tremblante, s’était radoucie et il me sembla entendre un soupir de soulagement à la fin de sa présentation. Elle allait visiblement mieux et étrangement moi aussi. Ma colère ne s’était pas dissipée, elle avait tout bonnement disparu.
C’est bizarre… pensais-je sans perdre des yeux ce qui se passait devant moi.
Rika était à présent entourée de nos camarades qui lui souhaitaient officiellement la bienvenue. Son expression radieuse me fit d’ailleurs un drôle d’effet et pendant une seconde, mon corps échappa totalement à mon contrôle. J’eus l’impression que mes joues s’enflammaient subitement.
« Todoroki ? » commença Kirishima
« Quoi ? »
« Je rêve ou tu… ? »
« Ferme-la et joue », rétorquais-je aussitôt en remettant notre partie en route.
« Eh, mais attends ! »
Merde… jurais-je en tentant de me concentrer sur la course. Je ne sais pas ce qui s’est passé ni ce qu’il a cru voir, mais je dois garder le contrôle en face de cette fille.
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Le lendemain…
Pdv Rika
Ce matin, le réveil était difficile. J’avais veillé tard hier soir afin de mieux connaître les autres, mais avec le recul, ce n’était pas une bonne idée. D’autant plus que mon corps était encore en train de cicatriser suite à ma rencontre avec le mur hier après-midi. Il me fallut bien cinq minutes supplémentaires pour ouvrir les yeux et me lever. Je pris mon uniforme ainsi que mes affaires de toilettes et me rendit ensuite à la salle de bain commune pour me doucher et m’habiller. J’étais en train de me brosser les dents quand Momo et Ochaco entrèrent à leur tour, déjà prêtes.
« Chalut ! »
« Bien dormi ? » demanda Momo en souriant.
« Plutôt bien oui, mais, la nuit a été courte » répondis-je en baillant « Et toi ? »
Avant de répondre, mon amie tourna la tête pour cracher dans le lavabo et se rincer la bouche.
« Super, comme d’habitude »
« Tant mieux ! On a besoin d’être en forme pour donner le meilleur de nous-même aujourd’hui encore » nous encouragea Ochaco « Allez, je descends, on se voit au petit-déjeuner ! »
Elle a bien raison. Je ne sais pas si c’était le fait d’avoir crevé l’abcès avec mes camarades, mais, je me sentais plus motivée que d’habitude. Un dernier coup de brosse dans les cheveux, un maquillage très léger et je récupérais mon sac de cours pour descendre petit-déjeuner. Quelques garçons, notamment Ejiro, Denki, Deku et Shoto étaient déjà attablés dans la salle à manger. On se salua mutuellement alors que je prenais une omelette et un bol de salade composée. J’avais tellement faim que je me contentais de les écouter parler. Apparemment, ils avaient veillé encore plus tard que moi hier soir. Or, c’était interdit et si jamais Ida l’apprenait, ils allaient sans doute se faire engueuler. Pile à ce moment-là, j’entendis d’ailleurs l’ascenseur grincer au troisième étage ainsi que le souffle léger de notre délégué. Tiens, en parlant du loup… songeais-je en tournant la tête vers mes camarades.
« Faites gaffe, il arrive », les informais-je d’un air malicieux.
Les garçons pâlirent aussitôt et jetèrent un œil dans le couloir, inquiets à l’idée qu’il ait pu les entendre, mais il n’y avait personne. Intrigués, ils reportèrent leur attention sur moi.
« C’est pas drôle Rika », grommela Ejiro.
« Oh, mais je ne blague pas », rétorquais-je « Je vous rappelle que j’entends mieux que vous et que je peux anticiper ce qui va se passer »
Au moment où Ida fit son entrée dans la salle commune, ils me regardèrent, stupéfaits. Même s’ils étaient au courant de mes capacités, ils n’étaient pas encore habitués à les voir à l’œuvre.
« Salut, les gars », lança Ida, loin de savoir ce qu’il se passait.
Denki se replongea aussitôt dans son bol, réalisant qu’à cinq minutes près, ils auraient pu se faire griller. Son acolyte, quant à lui, le salua rapidement tandis que notre délégué les fixait à tour de rôle, les sourcils froncés.
« Bah… Qu’est-ce qui se passe ? »
Je me mordis immédiatement l’intérieur des joues, sentant le fou rire arriver. Je tentais de garder le contrôle de ma respiration, mais, plus j’essayais, plus c’était difficile. Puis, j’eus le malheur de tourner la tête vers Deku et Shoto : l’un faisait la même tête que moi et l’autre essayait de camoufler un rictus avec sa main. Seulement, les yeux brillants qu’il gardait tant bien que mal fixés sur son plateau le trahissaient. Deku et moi échangeâmes un regard… avant d’éclater de rire. Du coin de l’œil, je vis Shoto pouffer en silence.
« Qu’est-ce qui vous arrive ? » demanda Ida, complètement perdu.
Notre hilarité s’intensifia surtout lorsqu’Ejiro et Denki craquèrent à leur tour. Finalement, il nous fallut bien cinq minutes pour reprendre une conversation normale. L’arrivée des filles me permit aussi de penser à autre chose. Une fois le petit-déjeuner terminé, je pris de l’avance, marchant au-devant des autres pour profiter du paysage en toute tranquillité.
Ce qui s’était passé hier pendant l’entraînement me perturbait encore. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi j’étais restée bloquée…
Enfin bon, ce n’était pas le moment de me prendre la tête. Comme on dit, la nuit porte conseil et après avoir dormi profondément, la situation ne me paraissait plus si catastrophique que ça. J’avais le temps de m’améliorer et de travailler sur ce blocage.
« Ça va mal finir, je le sens… Il peut être violent quand il veut »
Je ralentis quelque peu, tournant la tête vers les filles. De quoi parlaient-elles ? Curieuse, je les attendis afin de marcher à leur hauteur.
« C’est sûr… » confirma Momo.
« De qui vous parlez ? » demandais-je d’une petite voix.
Uraraka hésita, regardant discrètement par-dessus son épaule. Il me suffit de suivre son regard pour comprendre que Bakugo avait encore fait des siennes. Cependant, j’étais loin de me douter que c’était à mon propos. Uraraka m’avoua qu’il souhaitait me défier pour voir ce que je valais. Depuis mon arrivée, j’ai eu le temps d’analyser attentivement chaque élève de la classe et honnêtement, je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi audacieux et impulsif.
Il se battait pour gagner et rien d’autre. Ses attaques étaient puissantes, sa stratégie était simple, mais efficace. L’affronter ne me réjouissait pas des masses, mais avais-je vraiment le choix ? Tandis que je pesais le pour et le contre devant la salle de classe, je sentis tout à coup une présence dans mon dos. Bakugo. Il me toisait froidement du regard sans se départir de son expression dédaigneuse. Qu’est-ce qu’il me veut encore ? Aucune autre émotion ne transparaissait dans ses yeux – malgré tous mes efforts pour en déceler une. C’est comme s’il m’analysait.
Mince… Je ne peux pas non plus utiliser mes yeux de renard sans qu’il s’énerve ou qu’il devine que cette situation m’inquiète. La seule chose que je peux faire, c’est d’attendre et de soutenir son regard.
Je durcis alors mon expression et serra les poings. En me voyant faire, il grinça des dents et tourna les talons pour entrer dans la salle.
Apparemment, ma réaction ne lui a pas plu… Enfin bon, heureusement j’en ai fini avec lui. Du moins pour l’instant… Je rejoignis rapidement ma place, sortit mes affaires et prit une profonde inspiration. Quelques secondes plus tard, notre professeur principal faisait son entrée.
« Bonjour à tous. Avant de vous laisser commencer vos cours, je suis venu vous dire que l’entraînement serait libre cet après-midi »
Ayant soudain un éclair de lucidité, je me dépêchais de lever la main.
« Monsieur ? Est-ce que ça veut dire que nous pouvons choisir nos exercices ? »
« Oui, ce sera à vous de composer vos entraînements et à vos délégués de surveiller ce que vous faites. Vous pouvez choisir de vous entraîner seul, en duo ou en groupe, mais veillez juste à tout ranger une fois que vous aurez terminé. Et évitez de vous blesser surtout »
Cool ! Je pense que je vais faire une séance de renforcement musculaire et du parcours. Ça me changera un peu de mes entraînements intensifs contre Shoto.
« Les combats sont autorisés ? », demanda soudain Bakugo, me sortant par le même coup de mes pensées.
« Oui du moment qu’il n’y a pas de débordement »
Tout à coup, je réalisais quelque chose. D’une manière ou d’une autre, il était au courant du programme et avait décidé de me provoquer en duel. Le chuchotement qui résonna dans mes oreilles me le confirma.
« Prépare-toi Furude, je vais te pulvériser »
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