Chapitre 2: Une intégration compliquée
Pdv Shoto
Une fois rentré à l’internat, je fis rapidement mes devoirs pour redescendre au salon et profiter d’une partie de cartes avec les gars, mais, impossible de me concentrer plus de dix minutes depuis ce matin. C’était à cause de l’arrivée de cette fille. Dès qu’elle est entrée dans la classe, je me suis senti bizarre et cette étrange sensation m’a suivi toute la journée. Pendant le déjeuner, je me suis même demandé s’il ne valait pas mieux m’en méfier, mais après l’avoir observé, elle me paraissait tout à fait normale, voire plutôt sensible. Son attitude face aux gars tout à l’heure m’a fait de la peine. Au début, je me suis dit que j’allais la laisser faire, mais évidemment, Bakugo n’a pas manqué cette occasion de l’intimider. Je me suis donc permis d’intervenir et à en croire son sourire reconnaissant, je lui avais donné un sacré coup de main.
« Todoroki ? Eh oh mec, c’est à ton tour », m’interpella Kirishima.
« Ah pardon… »
Entre-temps, les filles s’étaient réunies près de nous pour discuter et je remarquais directement l’absence de la nouvelle.
« Quelqu’un a revu Rika au fait ? » demanda soudainement Yaoyorozu, coupant court à mes pensées.
« Si on allait la voir ? En plus de ça, nous n’avons pas encore vu sa chambre » proposa Tsuyou.
« Oh non, pitié pas encore votre concours de décoration… » grommela Kirishima en se laissant tomber contre le dossier du canapé.
« Oh si ! Allez, on y va ! » s’exclama Toru en se levant du canapé.
Elle s’élança vers les escaliers avec les filles et je finis par les suivre. Avec un peu de chance, cette distraction me changera les idées. La chambre de la nouvelle se trouvait au troisième étage entre celle d’Uraraka et Jiro. Une fois devant, Yaoyorozu toqua au battant et annonça notre venue. Quelques secondes à peine plus tard, des pas retentirent de l’autre côté et la renarde ouvrit. Elle portait une salopette short, ses cheveux étaient retenus en chignon par un bandana jaune et elle avait un pinceau dans la main ainsi que des taches de peinture sur le visage. Est-ce qu’elle dessine ? me demandais-je, vaguement curieux.
« On voulait prendre de tes nouvelles », s’exclama notre déléguée.
« C’est gentil merci ! J’étais en train de terminer la décoration de ma chambre »
« À ce propos, on se demandait si on pouvait la voir ? », ajouta Uraraka, tout sourire.
Rika ouvrit la porte sans hésiter et s’écarta pour les laisser passer, visiblement ravie.
« OK, mais je préfère vous prévenir, je n’ai pas encore fini »
Puisque chaque élève a eu le droit de décorer la pièce selon ses goûts, il en était de même pour elle. Un lit en fer forgé, couvert d’un voile transparent, était installé dans le coin droit de la pièce. Contre le mur opposé se trouvait un bureau blanc travaillé à la main ainsi qu’une commode du même modèle - ornée d’un miroir décoré de papillons dorés. Des affaires de fille (brosse à cheveux, maquillage, coffret à bijoux, parfums, produits de beauté, etc) y étaient soigneusement disposées. Derrière le lit, il y avait un petit coin lecture : un sofa chargé de coussins, une table basse et des étagères remplies de livres. Mais le plus impressionnant était sans conteste les fresques dessinées autour des meubles. Un sakura géant était peint entre les étagères et le miroir était entouré de ronces et de roses. Pour finir, Rika avait fait un magnifique renard près de son lit. Il était pratiquement terminé, il ne manquait plus que sa queue. Mes amis admirèrent la pièce d’un air ébahi et félicitèrent la nouvelle tandis que j’observais les œuvres plus en détail.
Les traits étaient fins, élégants et d’un réalisme incomparable, mais le style du dessin lui-même semblait sortir d’un rêve. Elle a vraiment du talent, aucun doute là-dessus ! pensais-je en me tournant machinalement vers la concernée. Ses joues étaient tellement rouges qu’elles ressemblaient à des fruits trop mûrs. Comme tout à l’heure, je constatais effectivement que l’attention et les compliments la mettaient mal à l’aise.
« Tu es vraiment douée. Moi, je suis encore au stade bonhomme bâton » ricana Mina.
« Eh bien moi je ne suis pas foutu de dessiner quelque chose sans le rater », renchérit Kirishima.
« Tu plaisantes ? » demanda la renarde, réellement stupéfaite et heureuse de changer de sujet.
« Non, je t’assure. Il n’arrive même pas à dessiner un triangle à main levée », le taquina Kaminari.
« Bon, on te laisse finir », intervint Momo en regagnant le couloir « J’adore ce que tu as fait de ta chambre personnellement ! »
« Merci ! » remercia-t-elle encore avant de refermer la porte derrière nous.
Tandis que mes amis s’éloignaient, je restais un moment immobile devant le battant, perplexe. Quelque chose dans son regard me perturbait. Fait notable étant donné que je ne prêtais généralement pas attention à ce genre de détail. Cette journée est vraiment bizarre, qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’est-ce qu’elle a de particulier pour me faire cet effet-là ? Deux questions qui me taraudèrent durant tout le repas. Pendant ce temps, la nouvelle discutait avec nos amis.
« Alors ? Comment trouves-tu tes premières heures de cours ? » demanda Uraraka entre deux bouchées de son repas.
« Franchement, c’est absolument génial ! Ça diffère énormément de mes anciens cours, mais c’est justement ce que je voulais »
« Rika ? Je peux te poser quelques questions sur ton alter ? » demanda Deku.
« Bien sûr, vas-y ! Je ferais de mon mieux pour te répondre »
« En réalité, tout ça m’intrigue, je ne savais pas que le pouvoir des kitsunés pouvait être considéré comme un alter… »
Rika esquissa un sourire malicieux et acquiesça.
« Bonne question ! En fait, le renard correspond à ma forme naturelle et je peux me transformer à volonté. L’alter en revanche est lié à l’élément que je peux contrôler. Dans mon cas, il s’agit du feu, mais ce n’est pas le cas de tous les kitsunés. Certains ont le contrôle de la terre, de l’air, de l’eau, de l’électricité, de la foudre, de l’esprit, etc »
« Donc tu peux utiliser tes aptitudes de renarde, mais également ton alter ? » récapitula Tenya.
« Exactement. Sous forme humaine, je ne suis pas très différente d’une humaine ordinaire, je suis même assez maladroite. Mais une fois transformée, mes sens sont décuplés. Je suis capable de voir dans l’obscurité, d’entendre et de sentir une odeur à près de 500 mètres. Mes réflexes sont meilleurs et surtout, je suis plus rapide et plus souple » résuma-t-elle « Mais attention, contrairement à ce que vous pensez, cette forme ne présente pas que des avantages… »
« J’imagine bien » répondit Deku « Juste par curiosité, quels sont les inconvénients ? »
« Hm… » réfléchit la rousse en remuant les yeux dans le vide « Je suis rapide, mais je ne suis pas forte pour autant. Humaine comme renarde, ma force physique reste similaire et si je veux l’augmenter, la seule solution est de faire du sport. Je ne peux pas non plus utiliser mes flammes sur une longue période, car je puise directement dans ma propre chaleur corporelle pour la transformer. Je peux donc tomber en hypothermie si j’y vais trop fort. Une dernière chose : de par leur nature animale, les kitsunés peuvent parfois perdre le contrôle de leurs émotions, se transformer involontairement et provoquer des dégâts, mais, rassurez-vous, ce n’est pas arrivé dans ma famille depuis des années. On nous apprend très tôt la méditation, la relaxation, le tai-chi et tout ce qui sert à maîtriser nos émotions et à conserver notre calme »
« Tu vas avoir du boulot… » souffla Kaminari.
« Oui, mais ça ne me fait pas peur ! » s’engaillardit-elle en serrant le poing « Après tout, je suis là pour ça. Tout comme vous, j’ai l’intention de me dépasser et de devenir une héroïne »
Et pour la première fois de la journée, un sourire sincère éclaira son visage. Tandis que mes amis lui répondaient, je m’attardais un instant sur ses yeux. Cette lueur était encore là… Plus forte et vive que tout à l’heure. Que caches-tu Rika Furude ?
***********************************
Les jours se succédèrent sans que Shoto n’obtienne la réponse à sa question. Si Rika s’adapta très vite au rythme des cours de Yuei, devenant ainsi une parfaite camarade de classe, difficile pour les élèves de la seconde A de faire d’elle, une amie. Car en dépit de tous leurs efforts, la jeune fille gardait une sorte de distance. Elle ne se mélangeait jamais aux autres d’elle-même, préférant s’isoler dans un coin ou les écouter parler en silence sans intervenir. De temps en temps, poussée par l’ambiance lors du repas ou des cours, elle donnait son avis sur un sujet ou donnait une information sur ses goûts.
Mais voilà, une semaine plus tard, ils ne savaient presque rien de cette dernière à part qu’elle aimait faire du tai-chi et du footing dans le parc de Yuei au matin, qu’elle adorait le parfum de la vanille et de la cannelle ainsi que les omelettes sucrées au petit-déjeuner. À chaque fois qu’ils tentaient de se rapprocher d’elle en lui posant des questions ou en l’invitant à faire des activités avec eux, Rika se refermait comme une huître.
« C’est toujours la même réaction : elle décline poliment et dit qu’elle ne veut pas nous déranger, mais, je crois que c’est une manœuvre pour rester à l’écart… » expliqua Ochaco un soir où Deku et Momo s’étaient réunis pour en discuter « Son expression à ce moment-là me paraissait si triste que j’en ai mal au cœur »
« À mon avis, il y a quelque chose qui l’empêche de se mêler à nous et de se lâcher complètement », pensa le jeune homme.
« On ne peut pas la forcer à nous en parler, mais, ça m’inquiète de la voir agir comme ça. Elle est gentille, intelligente et elle a un caractère bien trempé, on a déjà eu un aperçu en cours alors pourquoi ne veut-elle pas s’ouvrir à nous ? » demanda Momo.
« Todoroki avait exactement le même problème et je n’ai pas pu m’empêcher de noter des similitudes entre eux au niveau de leur comportement. Je parie que ça vient de son vécu… » répondit Deku en regardant le talus devant lui.
Tous trois étaient assis dehors sur un banc. Le crépuscule teintait le ciel de nuances roses et orangées tandis qu’une brise rafraîchissante faisait danser les cimes des arbres.
« Qu’est-ce qu’on fait alors ? »
« Je vais demander à Todoroki, peut-être qu’il pourra nous conseiller sur la marche à suivre la concernant. En attendant, on va continuer de lui tendre la main. Peut-être qu’il lui faut simplement du temps pour prendre confiance et s’ouvrir à nous », assura-t-il.
« Peut-être… » répéta Ochaco.
La discussion s’arrêta là. Deku fit exactement ce qu’il avait dit et demanda son avis à Todoroki. Le jeune homme avait fait exactement les mêmes observations et lui fit d’ailleurs promettre d’en parler avec elle au moment venu.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro