Paniquée,  je me débats pour remonter à la surface mais je n'y arrive pas. Mon bandage s'est calé en dessous d'une pierre de taille moyenne.

Je pourrais peut-être arriver à me décoincer de là. Mais je suis trop paniquée à la vue d' une bestiole avec des yeux visqueux, des pinces et des pattes toutes fines et brunâtres.

Un crabe !

Je tente de crier mais la réalité des choses me rappelle très vite que j'ai la tête sous l'eau.

Heureusement pour moi, quelqu'un enlève la pierre sans prêter attention au meilleur ami d'Ariel et me guide jusqu'à la surface.

Cette même personne me retire de l'eau et me balance sur ses épaules musclées en se dirigeant sur le sable.

Je tousse comme une enragée et des étoiles se dessinent devant mes yeux. Le côté positif, c'est que l'air est revenu dans mes poumons. Je commence à voir ma famille paniquée.

—  Maddison ! Ma puce ça va ? Demande ma mère.

—  Je... vais... bien...

Elle me sert dans ses bras en sanglotant. Je lui rend son accolade . C'est un peu bizarre d'être aussi proche d'un coup.

Je veux dire par là , que ça ne fait qu'une semaine que tout a changé et il y a déjà tellement de choses qui se sont passées , que j'ai  l'impression de n'avoir pu souffler un moment .

—  Dylan Bryan David Hampton , dis moi tout de suite ce qui s'est passé dans ta petite tête ? Crie mon père.

Il est hors de lui, sans l'ombre d'un doute. Et je le comprends.

—  Je... Je voulais seulement... m'amuser...

—  T'amuser ? Regarde où on en est ! Maddison a failli se noyer !

—  Mais je...

—  Tais-toi ! S'il te plaît Dylan, ferme la !

Mon frère baisse les yeux vers le sol. Et ça me brise le cœur de le voir comme ça.

—  Papa...

Il accourt vers moi et se met à genoux sur le sable, comme si j'étais une princesse.

—  Oui Maddison ?

—  Ce n'est pas de sa faute, tu sais.

—  Bien sûr que si !

Je soupire et je ferme les yeux.

—  Papa... écoute moi...

Il me fait un signe de la main et je me tais.

Ses veines sont encore bien trop visibles sur son front et sa mâchoire est si contractée que ça fait bouger considérablement son bouc vers la droite. Ses sourcils forment un accent circonflexe à l'envers et je me sens mal-à-l'aise. Pourtant, ce n'est pas moi qui me suis faite engueulée.

—  Je sais que tu vas déjà défendre ton grand frère parce que tu l'adores. Mais, comme il ne te connaît pas assez, il ne peut pas anticiper tes réactions, bonnes ou mauvaises. Et là,  tu en as eu une mauvaise parce que tu as peur de je-ne-sais-quoi dans l'eau. Mais ce n'est pas de ta faute. C'est la sienne. Et ça aurait pu être fatal !

Il a raison. Il le sait. Je le sais. Tout le monde le sait. Mais je déteste les disputes et autres engueulades , à un point inimaginable et ce depuis ma plus tendre enfance. Peut-être est-ce parce que j'en ai trop vécu ?

—  On rentre à la maison !

Son ton est si catégorique, qu'il indique clairement qui mène la barque au sein de cette famille.

Dylan acquiesce et part ramasser sa serviette de plage. Eva et Ashley râlent parce qu'elles voulaient encore s'amuser. Thomas remet ses tongs avec une mine blasée. Carlos et Rodriguez ne rigolent plus. Ma mère a toujours les larmes aux yeux. Et Karl est... trempé ?

C'est donc lui qui m'a sorti de l'eau ?

C'est vrai que je n'ai pas pensé une seconde à prêter attention à mon sauveur . Je cherchais à tout prix le moyen de cracher cette merde salée. Mais je sais que je lui dois des remerciements.

Je m'avance vers lui et son visage sérieux.

—  Finalement, vous savez nager avec un costume ?

Je le taquine. Je ne vois pas comment aborder les choses autrement que par l'humour. C'est toujours comme ça. Ça fait partie de moi.

—  Faut croire, marmonne-t-il.

Je souris et je fais un truc inattendu. Je le prends dans mes bras. Le tissu de sa veste me colle à la peau, mais je m'en fiche.

Au début, je pense qu'il va me repousser. Mais non. Il me sert un peu et tapote mon dos.

—  Merci... Milles fois merci Karl.

J'ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas ce que mon garde du corps me cache et le rend  tellement sinistre et malheureux. Mais je sais que sous ce cœur de pierre, se planque un gros bisounours qui adore faire des cupcakes le dimanche pour sa femme.

Enfin... Si il en a une.

—  De rien...

Je le lâche et je peux voir un léger sourire. Il y a du progrès et j'en suis bien contente.

Quelqu'un tousse et me fait me retourner. Thomas se tient derrière moi. Il n'est plus blasé. Il a l'air un peu... gêné ?

À mon avis, ce n'est pas à cause de moi. Mais plutôt à cause de la situation en général.

On est deux comme ça Thom...

—  Je... Je voulais te rendre ta casquette.

Il me la tend et je la lui prends, agréablement surprise qu'il me la donne d'un coup. Nos mains se sont légèrement effleurées et j'ai pu sentir sa peau rugueuse.

—  Merci Thomas.

Il me sourit pour seule réponse.

Tout le monde est enfin prêt et nous remontons sur la rue asphaltée. J'admire les gigantesques palmiers de la plage et  regrette de ne pas m'être faite photographiée aux pieds de ceux ci. Nous passons devant le salon d'un glacier nommé "Mika's ice cream". On y voit des tables et chaises rose et jaune en terrasse devant une façade pâlie par les rayons du soleil. Il y a également des petits fanions de la même couleur accrochés à la devanture.

—  Maman, est-ce qu'on peut aller chercher une glace ?

Ma mère me sourit avant de soupirer.

—  Ça me plairait beaucoup. Mais vu dans l'état dans lequel ton cher père se trouve... Ça ne sert à rien.

J'ai tout de même envie de lui demander , malgré la mise en garde de maman .

—  Papa ? Est-ce qu'on peut aller...

Il me lance un regard  qui pourrait me cribler de balles. Je ne termine pas ma phrase. Ça ne sert à rien. Elle avait raison.

Je monte dans la voiture entre Eva et Thomas. Je sors mes écouteurs et les branchent dans mon téléphone.

J'ai vraiment besoin de me distraire et de me remettre de mes émotions. J'opte pour du Billie Eilish. Pas le plus joyeux mais ça concorde bien avec l'ambiance.

Après quelques minutes, mes yeux se ferme et me plonge dans des souvenirs loin d'être adorables* et charmants...

*lovely signifie adorable en anglais ^^
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Hey !

Comment allez-vous ?

Je sais, j'ai encore été sadique avec Maddison. Je ne sais pas pourquoi Je lui complique tant la vie.

Peut-être parce que la vie n'est pas une partie de plaisir tout les jours ?

Xox,

Margo ♡