☆ Graduation ☆
❛Prête à recevoir la deuxième place ?❜
Cela fait déjà une demi heure que nous sommes installés dans la salle.
Les dernières années occupent les six premiers rangs du gymnase. Les parents, le reste.
Le directeur fait enfin son entrée et ses tests micro.
— Il peut pas changer des "un, deux, trois" ? Se moque Zoé.
Je me retiens de rire. Elle a raison.
À chaque rentrée scolaire, il nous fait un discours et dit toujours ses fameux "un, deux, trois". On pourrait l'imiter si l'envie nous prenait.
— Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, c'est avec une immense joie que je vais appeler nos soixante quatre diplômés de cette promotion 2019. Mais avant, j'aimerais tous vous féliciter car vous avez tenu bon et bravez les échecs et les périodes difficiles de l'adolescence. Par expérience, je sais que la vie n'est pas toujours aussi rose qu'on l'imagine et...
— On ne voit pas du tout que c'est un ancien prof de religion...Me murmure Francis, sarcastique.
— Non pas du tout...
Il me sourit et reporte son attention sur notre petit directeur de soixante-dix ans.
— ...Bref, je m'égare. J'appelle d'abord, avec une moyenne générale de 50,8 %... Alexandra Albernati !
Des acclamations retentissent tandis que la-dite Alexandra, un peu déçue, monte sur la scène et reçoit son diplôme.
Monsieur Brio - le directeur- continue pendant quelques minutes avant d'appeler Zoé avec une moyenne générale de 65 %, puis Francis avec 69 % et Anne avec 75 %.
Je pense qu'on doit être l'une des seules écoles à avoir ce principe de mettre les meilleurs élèves en avant.
Personnellement, je suis contre car ça doit être rabaissant si on est dans les plus faibles.
Je regarde les chaises autour de moi et je remarque que cinq personnes ont rejoint mon amie.
Nous ne sommes plus que deux. Moi et...
— Salut Maddison, coasse Samuel.
— Salut.
Samuel Jupon, vient se placer juste à côté de moi. Il a été le premier garçon que j'ai aimé et qui m'a plu. Avant que je ne me rende compte que ce n'était qu'un intello prétentieux.
Sérieusement ? Comment ais-je pu craquer pour un garçon qui ressemble à une grenouille avec son double menton ?
Heureusement que je suis redescendue sur terre...
— Prête à recevoir la deuxième place ?
— Qui te dis que ton "génie" ne va pas te jouer des tours pour une fois ?
— Parce que je suis parfait.
Je ris jaune.
— C'est sûr qu'avec le look d'un crapaud tu es juste impeccable.
— Oh... Dommage ta jalousie Dubois. Pardon, Hampton. Dis-toi que même si personne n'a voulu de toi pendant autant d'années, tu auras enfin les médias maintenant.
J'ai l'impression de recevoir un coup de couteau en plein cœur mais je garde la tête froide. Ça lui ferait trop plaisir à ce con...
À la place place, je lève les yeux aux ciels et je croise mes doigts derrière mon dos.
— Avec une moyenne générale de...Wow ! C'est dingue ! 89 % ! J'appelle...
Samuel Jupon...
-Maddison Hampton !
Je tombe des nues. Je l'avais espéré mais je ne l'aurais jamais cru.
— Moi ?
— Elle ?
Le public m'applaudit et je me lève en me penchant vers lui.
— C'est dommage... Que vont dire papa et maman pour ton dossier...
Je me relève en lui faisant discrètement une langue. Il est bouche-bée et ne répond rien.
Je monte les escaliers qui mènent jusqu'à l'estrade en tenant ma robe.
Quand je suis arrivée le directeur me fait une poignée de main et me donne mon diplôme.
— Félicitations Maddison.
— Merci Monsieur.
Je m'apprête à rejoindre Anne, Zoé et Francis, mais le directeur n'est de cet avis. Il me guide jusqu'au pupitre où se trouve son cher micro.
J'aurais essayé !
Je prends sa place et je constate que tout les yeux sont braqués sur moi. Ainsi que des appareils photo et des caméras.
Je me sens mal à l'aise.
— Hum...
Je cherche des têtes familières dans la foule. Je suis soulagée quand je tombe sur celles de Dylan et Eva, portant des écouteurs pour le traducteur vocal.
— Respire, arrivé-je à lire sur les lèvres de ma sœur.
Je ferme les yeux, et suis ses conseils. Je les réouvre avant de commencer.
— Bonjour tout le monde ! Bon... Je ne vais pas vous mentir en vous disant que j'ai préparé un discours alors que je n'ai rien fait.
À vrai dire, je ne pensais pas que j'aurais la moyenne la plus élevée de tous. Sincèrement.
Alors, j'aimerais juste faire quelques remerciements.
Tout d'abord aux différents professeurs que j'ai eu, car c'est grâce à vous si je ne sors pas la tête vide de cette école.
Des rires fusent dans la salle. Je souris et poursuis.
— J'aimerais aussi dire merci, à toutes ces personnes qui m'ont mis des bâtons dans les roues, et qui jouent maintenant les hypocrites. Parce que, je connais mieux la cruauté humaine et que je pourrais même faire une rédaction sur chacun d'entre vous. Mais comme on va fêter notre sortie du collège, je ne vais pas le faire.
Je regarde le micro n'osant pas lever les yeux vers ma famille. Malgré tout, je reprends.
— Merci, papa et maman de m'avoir faite comme je suis. Forte et intelligente visiblement (je rigole et d'autres rires m'accompagnent). Merci à mon frère et à ma sœur d'être présent. Au passage, je sens que l'on va bien s'amuser quand nous serons à la maison.
J'arrive à voir de loin qu'ils sont émus. Mon frère lève ses mains en l'air et fait un cœur.
Moi aussi, je vous aime.
— Et, enfin, je tiens particulièrement à remercier mes trois meilleurs amis : Francis, Anne et Zoé, qui ont toujours été là pour moi. Même quand j'étais une boule de nerfs colérique ou que je vous embêtais avec mes blagues à deux balles. Grâce à vous, j'ai grandi et appris ce qu'était l'amitié. Et vous, vous n'avez pas changé et vous êtes presque les seuls à me traiter comme je l'étais avant. Vous me voyez comme l'humaine que je suis et non celle dont on parle dans les médias ! Vous ne savez pas à quel point c'est extraordinaire d'avoir passer autant de temps avec des amis en or comme vous. Alors, juste pour ça... Merci.
Le public se lève et m'acclame deux à trois fois plus fort que tout à l'heure. Les hypocrites -autres élèves- et le directeur le font également. Mes amis sont en train de pleurer et me rejoignent en me serrant dans leurs bras.
— Tu vas tellement nous manquer, pleurniche Zoé.
— Eh !! Pas de ça aujourd'hui, c'était l'accord convenu. Tu ne veux pas me faire pleurer quand même ?
Elle rigole et souris.
— Merci Mademoiselle Hampton. Tes mots étaient d'une belle finesse et juste d'esprit que le cours...
— Il est quand même relou le vieux, non ? Ronchonne mon meilleur ami.
— Si. Il l'est...
Malgré tout, j'ai l'impression que demain, même ce vieux radoteur va me manquer. Et que je vais vivre dans une autre dimension.
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