Partie 2
Petits rappels :
→ les dialogues sont en gras et italiques (plus esthétique selon moi)
→ en italique → description à l'intérieur du dialogue qui est également mise entre parenthèses (ou réplique d'une personne qui est à l'autre bout du fil téléphonique)
/!\ TW : Homophobie
→ Ce chapitre contient des propos homophobes violents et particulièrement invalidants. Si vous y êtes sensibles, veuillez éviter de lire les paroles du père de Ji-Sung (première moitié du chapitre environ)
Bonne lecture !
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« Félicitation à Ji-Sung qui a validé sa dernière année de lycée et a été accepté dans la faculté de droit de Séoul. »
Le père du jeune homme avait prononcé cette phrase debout en tenant son verre en l'air. Les trois autres membres de la famille étaient assis autour de la table et levèrent leur verre afin de trinquer.
Ji-Sung avait reçu son bulletin et la confirmation qu'il était diplômé de son lycée. Ses parents avaient décidé de fêter ces bonnes nouvelles en faisant un apéritif pour féliciter leur fils. Cela n'était pas courant qu'ils fassent ce genre de chose, mais c'était la première grande étape de la vie de celui-ci. Ils étaient également très content qu'il ait été accepté dans une faculté de droit un peu prestigieuse. Il s'agissait d'une décision des deux et non du lycéen, car le droit était la filière à laquelle sa mère avait dû renoncer.
Sachant qu'il n'irait jamais en fin de compte, Ji-Sung n'avait pas protesté et n'avait même pas exprimé son opinion, laissant ses parents se faire des films. Il savait que ce n'était pas très responsable de sa part, mais il savait que peu importe son avis, il ne serait pas écouté. En même temps, il était passionné par la musique, ce qui ne lui garantirait pas un métier stable.
Après avoir trinqué, le père du jeune homme se rassit alors que la mère ne cessait de complimenter son fils.
« Tu verras le droit te plaira. Tu vas bien apprécier ce que tu y apprendras et je suis sûre que tu réussiras à trouver un métier qui t'intéressera. Je te vois bien en avocat ou procureur. La tenue t'ira tellement bien. On ira t'acheter des costumes pour que tu sois bien habillé à la faculté.
– Tu pense vraiment qu'ils sont habillés en costume tout le temps, même en cours ?
– Bien-sûr ! Certains de tes professeurs seront mêmes des magistrats ou avocats très connus. Donc il vaut mieux que tu fasses bonne impression pour te construire un bon réseau de personnes pour plus tard. Ça te sera toujours utile. »
Le jeune homme se contenta d'acquiescer, peu convaincu, mais ne voulant pas vexer sa mère pour autant. Il savait qu'elle finirait par être de mauvaise humeur après qu'il leur annonce son couple, donc il préférait profiter qu'elle soit calme encore un moment.
Cette dernière échangea un regard avec son mari et se leva, pendant que le quinquagénaire prenait la parole pour continuer à complimenter son aîné.
« Tu es vraiment une fierté pour la famille. En plus, tu seras le premier à faire droit. J'imagine pas la joie de tes grands-parents. Ils seront vraiment super contents. Il manque plus que tu aies une petite-amie et nous n'aurons plus à nous inquiéter.
– Hm... à propos de ça...
– Tu as une petite-amie ? Quelle excellente nouvelle ! Tu vas nous la présenter quand ? »
Ji-Sung hésita un instant avant de lui répondre d'un ton calme, mais froid.
« Jamais.
– Pardon ?! Pourquoi donc ?
– Parce que c'est pas une petite-amie, mais un petit-ami. Je suis en couple avec un mec. »
Le père de famille se figea avant de questionner son fils en bégayant, un sourire crispé sur les lèvres.
« Qu'est-ce que tu racontes ? Tu plaisantes ? C'est pas très drôle comme plaisanterie.
– C'est pas une plaisanterie. J'aime les mecs et je suis en couple avec un. »
Le quinquagénaire blêmit avant de noyer son aîné de questions plus intrusives et accusatrices les unes que les autres.
« Pardon ? Qui ? Qu'est-ce que vous avez fait ? Quel enfoiré a osé poser ses mains sur mon fils ? À cause de lui, tu es contaminé par la maladie homosexuelle. Donc qui est cette enflure ?
– T'as pas besoin de le savoir. Tu vas faire que l'insulter et j'ai pas le moins du monde prévu de le quitter.
– Qui est cette raclure ? Min-Ho ? C'est lui, non ? Vous êtes un peu trop proches depuis le début. Je suis sûr que c'est lui. C'est pas normal d'être aussi tactile entre garçons. C'est mal. »
L'homme continua à proférer des insultes avant de réaliser les paroles de Ji-Sung et il posa un regard insistant sur celui-ci avant de s'adresser à lui d'un ton sans appel.
« Comment ça, tu n'as pas prévu de le quitter ? C'est pas à toi de décider. Tu vas rompre avec lui. Tu n'as pas à sortir avec un garçon. Gâche pas ta vie pour une lubie étrange. Donc dis-moi le nom de ce fameux garçon et j'irai le faire changer d'avis.
– Non. Je ne le quitterai pas et ce n'est pas une lubie. J'ai toujours aimé les mecs. Je ne te dirai pas non plus son nom.
– Tu oses me tenir tête ? Tu ne vas pas rester longtemps sous notre toit si tu fais ça. Notre maison, nos règles. Donc tu quittes ce salopard et tu te trouves une jolie petite-copine. Ça te fera changer d'avis très vite. Tu es trop jeune pour réellement savoir et j'ai vécu bien plus longtemps que toi, donc je sais ce qui est bon pour toi. »
L'aîné de la fratrie serra les poings pour contenir son envie de s'énerver, noyé sous les insultes proférées par son paternel à son encontre. Il se contenta de lui jeter un regard noir tout en répondant d'un ton aussi froid, bien que plus calme.
« Tu peux toujours rêver pour que je te le dise. Et je refuse catégoriquement de rompre avec lui. Je l'aime, mais je pense pas que tu puisses comprendre. Puis, si une 'petite-copine' aurait pu m'aider, comme tu sembles le penser, je ne vous aurais même pas annoncé mon attirance pour les mecs. Donc arrête de me prendre pour un gosse ignorant. Je suis peut-être jeune, mais c'est pas en suivant aveuglément vos directives que je vais aller mieux. Si vous vous êtes plantés quelque part, c'est pas à nous de rattraper vos erreurs. Vous êtes encore suffisamment loin de la tombe pour faire tout ça vous-même.
– Han Ji-Sung ! C'est le dernier avertissement. Tu baisses d'un ton et tu arrêtes de dire toutes ces conneries. (Le quinquagénaire prit un ton bienveillant, semblant vouloir convaincre son fils qu'il allait faire une énorme erreur) On va t'aider à te soigner, c'est promis. Rompt avec ce type, c'est un enfoiré qui t'a manipulé pour te faire croire qu'être attiré par les hommes était une chose normale. C'est pas le cas, c'est mal et tu vas te détruire si tu continues dans cette voie. »
Voyant que le jeune homme restait sans réaction, il continua sur le même ton et une lueur d'espoir apparut dans son regard.
« C'est pour ton bien qu'on te dit tout ça. Ces attirances ne sont pas réelles, c'est juste ce qu'internet et ce type te font croire. Et c'est soignable. Avec ta mère, on a déjà entendu parler de thérapie pour ce genre de chose. On t'y emmènera dès qu'on aura une place. Je suis sûr que ce sera très rapide. (Il remarqua que son fils regardait ailleurs) Tu m'écoutes ?
– Non. Si c'est pour débiter autant de conneries, j'ai pas vraiment d'intérêt à t'écouter. Donc vas-y continue, mais je ne t'écouterai pas.
– Tu veux finir à la rue ? Parce c'est ce qui va t'arriver si tu continues comme ça. »
La menace n'effraya pas Ji-Sung qui se contenta d'hausser les épaules avant de rétorquer d'un ton désinvolte.
« Entre ça et vos thérapies foireuses, je préfère la rue. Au moins, j'aurais pas à écouter un ramassis de conneries à longueur de journée et à devoir me plier à la moindre de vos demandes comme un pantin.
– Ah ? Comment oses-tu ? Espèce d'ingrat ! On t'a élevé et c'est comme ça que tu nous parles ?! »
Le père de famille tendit le bras en direction de sa femme. Cette dernière s'était éclipsée au début de la dispute pour aller chercher la pochette qu'elle tenait dans les mains et qu'elle donna à son mari, puis celui-ci la jeta sur son fils tout en pointant la porte d'entrée du doigt.
« Sors. Je ne veux plus te voir dans cette maison. Cette pochette contient tous tes documents officiels. T'as plus besoin de nous, donc débrouille-toi tout seul. »
Ji-Sung attrapa la pochette et partit rapidement dans la direction pointée par son paternel. Il attrapa son manteau, puis mit rapidement ses chaussures avant de sortir sans refermer la porte. Son action enragea encore plus le quinquagénaire qui se hâta d'aller la fermer. Cependant, en jetant un coup d'œil dehors, il put voir son fils rejoindre Min-Ho qui était adossé à sa voiture.
Cette vision le fit craquer pour de bon et il se précipita dans leur direction. Le plus jeune se fit pousser dans la voiture par l'étudiant. Celui-ci n'eut pas le temps de faire de même que l'homme l'attrapa par le col.
« Enflure ! Qu'est-ce que t'a fait à mon fils ? Ça te suffisait pas d'être malade, il fallait en plus que tu contamines notre fils ?! Hein ? Réponds-moi raclure !
– Bonsoir à vous aussi, Mr Han. Je suis content de voir que vous êtes en pleine forme. »
La réponse calme de Min-Ho le prit au dépourvu, ce qui permit à ce dernier de se libérer de l'emprise de l'adulte. Mais lorsque le père du cadet réalisa, il tenta d'attraper le col de l'autre à nouveau. Cependant, l'étudiant était prévenu et, ayant de bon réflexe, il réussit à attraper les poignets du quinquagénaire pour le stopper. Il chuchota ensuite d'un ton menaçant tout en assassinant le plus vieux du regard.
« Mr Han, si vous ne voulez pas que je parle de votre liaison avec votre secrétaire à tout le quartier et au mari de celle-ci, je vous conseille de me vous calmer immédiatement. (L'autre ouvrit la bouche, mais le plus jeune le coupa) Ji-Sung a composé le numéro des policiers, donc si vous souhaitez vraiment troubler le voisinage et porter leur attention sur votre arrestation, allez-y frappez moi. Mes parents ont de très bons avocats, mais il me semble que vous êtes déjà au courant.
– Je pourrais très bien leur dire que vous aimez les hommes également.
– Ne vous inquiétez pas pour ça, ça fait un moment qu'ils sont au courant. (Un sourire satisfait se dessina momentanément sur ses lèvres quand un air de stupeur apparu sur le visage du père de famille, puis il retrouva son air sérieux) Vous me lâchez ? Ou vous préférez que Ji-Sung appelle les flics ? »
L'homme le lâcha d'un geste rageur et Min-Ho en profita pour rentrer dans sa voiture tant qu'il semblait coopératif. Il démarra et le véhicule s'éloigna silencieusement pendant que le père de Ji-Sung proférer de nouvelles insultes à l'encontre des deux jeunes hommes. Cependant, il s'arrêta vite, ne voulant pas attirer l'attention de ses voisins sur ses problèmes familiaux, et rentra chez lui, encore sous le choc de ce qu'il venait de se dérouler.
De leur côté, le couple avait pour direction l'appartement du plus âgé, donc celui-ci les y conduisit. L'habitacle resta silencieux tout le long du trajet, bien que Ji-Sung soit celui qui avait horreur du silence et qui finissait toujours par mettre au moins de la musique pour combler le vide tout en évitant de déconcentrer l'autre. Sauf que cette fois-ci, le cadet était loin d'être dans un état d'esprit lui permettant de remarquer l'absence de bruit dans le véhicule. Min-Ho se contenta de remarquer ce fait sans réelle surprise. Il savait que ce qu'il s'était passé avait affecté son copain et il l'avait toujours su.
Les deux montèrent ensuite dans l'immeuble jusqu'à l'appartement et entrèrent dans le logement. Le plus jeune enleva ses chaussures machinalement et mit des chaussons à ses pieds avant d'aller s'affaler dans le canapé. L'aîné fit de même avant d'aller s'installer aux côtés de son amoureux et il lui chuchota, ne voulant pas le brusquer.
« Sungie, tu veux un câlin ? »
L'interpelé bougea la tête en sa direction avant d'acquiescer lentement et de se blottir dans les bras de son petit-ami. Celui-ci commença ensuite à passer sa main dans les cheveux du plus petit pour le réconforter, tout en lui murmurant.
« Tu as été très fort, Sungie. Cette soirée a été très éprouvante pour toi, donc, c'est normal si tu ne te sens pas bien et que tu n'as plus d'énergie. Je suis là pour m'occuper de toi. Si tu as besoin de pleurer, pleure. Ça te fera du bien. »
Ces paroles semblèrent libérer une partie du poids ressentit par Ji-Sung qui éclata en sanglot tout en serrant le plus grand contre lui et en enfouissant son visage dans le cou de ce dernier. Ils restèrent dans cette position un long moment. Le seul à parler était Min-Ho qui continuait à dire des paroles réconfortantes à son petit-ami, se souciant peu de l'état de son t-shirt qui commençait à être bien trempé. Le cadet était la seule personne qui pouvait faire ça sans qu'il ne finisse par s'en plaindre à un moment. Cela était surtout parce qu'il en était amoureux, mais pas seulement, car il savait aussi que son amoureux ferait de même. Chacun savait que l'autre n'allait pas les juger et cela leur permettait de montrer toutes les émotions qu'ils ressentaient, sans appréhension ou hésitation.
Lorsqu'ils finirent par aller se coucher, le plus jeune n'avait pas dit un mot depuis qu'il avait rejoint son copain. L'aîné avait déjà vu Ji-Sung dans un état semblable, donc il n'était pas surpris que ce dernier soit incapable de dire le moindre mot. C'était la manière dont il réagissait après un événement traumatisant – dont l'intensité pouvait varier, ce qui le rendait muet de quelques heures à plusieurs jours. Cela avait effrayé le plus petit les premières fois que ça lui était arrivé, mais il avait fini par s'y habituer en grande majorité, ce qui le laissait juste avec l'appréhension de devoir sortir ou côtoyer d'autres personnes alors qu'il était encore dans cet état.
Ils s'endormirent, enlacés, après s'être embrassé et que Min-Ho ait souhaité une bonne nuit au plus jeune qui lui avait rendu par un bisou sur le front.
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Le lendemain matin, Min-Ho fut le premier à se réveiller suite à leur nuit chaotique. En effet, quelques heures après s'être endormis, le cadet avait commencé à faire des cauchemars et à s'agiter, ce qui avait entraîné le réveil du plus vieux. Ce dernier n'avait pas mis longtemps avant de comprendre la situation, puis avait tenté de tirer son copain de son cauchemar. Ji-Sung s'était ensuite réveillé en pleurs et s'était jeté dans les bras de son petit-ami qui l'avait réconforté. Ils s'étaient câlinés quelques minutes avant de se rendormir.
Cependant, le reste de leur nuit avait été une alternance de cauchemars pour le plus jeune et de réveil mouvementé où l'aîné rassurait son amoureux. Donc ils n'avaient pas cessé de s'endormir et de se réveiller tout au long de la nuit, ce qui ne les avait pas aidé à se reposer autant qu'ils en avaient besoin.
Pour autant, Min-Ho ne put pas dormir plus longtemps, car il avait d'autres choses à faire et il souhaitait s'en charger le plus rapidement possible pour pouvoir retourner s'occuper de réconforter son copain. Il s'extirpa du lit et des bras du plus jeune le plus lentement possible pour ne pas le réveiller, voyant qu'il semblait enfin paisiblement endormi.
L'étudiant, après avoir réussi à sortir des bras de son copain, se rendit dans la pièce principale de l'appartement et écrit rapidement une note sur un papier avant d'aller la poser sur la table de chevet pour que celui-ci ne s'inquiète pas. Il sortit ensuite pour aller faire de rapides courses pour qu'ils puissent manger le midi.
Quand il rentra, Ji-Sung était toujours en train de dormir, même s'il s'éveilla quand le plus âgé vint l'embrasser sur le front. Les deux échangèrent un regard affectueux, puis l'aîné questionna l'autre d'un ton doux, bien que légèrement inquiet.
« Comment te sens-tu ? Est-ce que tu veux continuer à dormir ? (Le plus petit acquiesça avant d'adresser un petit sourire à son copain) Je dois aller voir mes parents... Ils m'ont contactés parce que les voisins ont dit qu'ils avaient vu ma voiture... hier soir... »
Son hésitation était due au fait qu'il n'était pas encore sûr de savoir comment le cadet allait réagir au souvenir de la soirée de la veille. Pour s'assurer de ne pas avoir fait de gaffe, Min-Ho ne l'avait pas lâché du regard et il retint un soupir rassuré quand l'autre hocha la tête, malgré son air légèrement inquiet. En voyant ça, le plus grand sourit doucement et ébouriffa les cheveux de son amoureux avant de le rassurer.
« T'inquiète, Sungie. Je doute que ça se passe mal. Ils sont peut-être pas hyper à l'aise, mais quand ils apprendront que c'est toi mon copain, ils seront moins contre. Ils te connaissent, donc ça leur prendra moins de temps avant de t'accepter. »
L'étudiant savait que Ji-Sung ne manquerait pas la lueur d'espoir dans son regard, indiquant qu'il était surtout en train de faire part de ce qu'il avait envie qu'il se passe, mais il n'avait pas envie de faire part de ses craintes pour le moment. Le plus jeune s'assit et vint le prendre dans ses bras tout en passant ses doigts dans les cheveux de l'aîné. Celui-ci lui rendit son étreinte avant de s'écarter et de lui parler d'un ton calme.
« Soyons positifs. Jusqu'à présent, ils n'ont jamais essayé de me faire changer d'orientation ou de me caser avec une fille. Donc même si on n'est pas assuré que ça se passe à 100 % bien, je sais qu'ils vont pas me virer. Et puis, si je leur dis que tu as été chassé de chez toi, ils n'auront pas le cœur de faire de même. »
Le plus petit haussa les épaules avant d'acquiescer, peu convaincu. Pour autant, il leva ses mains pour faire un geste afin d'encourager son petit-ami. Ce dernier lui sourit en réponse, puis poussa doucement le cadet à se recoucher. Le plus âgé l'embrassa délicatement sur le front avant de reprendre la parole d'une voix douce.
« Recouche-toi. Je vais te préparer un truc pour ce midi, donc essaie de manger un peu, si tu peux. Est-ce que je laisse la porte ouverte ? (L'autre répondit positivement d'un signe de tête) Si tu te sens pas bien, envoie-moi un message ou appelle-moi, je répondrai. J'ai enlevé le silencieux, donc je l'entendrai. À tout à l'heure, trésor. »
Même s'il était rare que Min-Ho utilise un tel surnom affectueux, aucun des deux ne releva ou ne fut gêné, la situation ne s'y prêtait pas du tout. Le plus grand prépara un rapide repas pour son copain, comme il l'avait dit, puis le mit dans le frigo. En effet, même si midi approchait, il savait que l'autre n'allait très probablement pas manger ou du moins qu'il ne le ferait que quand l'étudiant rentrerait.
Après avoir fini de cuisiner, l'aîné partit de l'appartement pour aller manger chez ses parents. En arrivant devant chez eux, il resta quelques instants dans sa voiture, espérant que tout se passe bien. Il avait prévu de révéler à ses parents son couple avec Ji-Sung, ce dernier lui ayant donné son accord lorsqu'il avait abordé le sujet quelques jours plus tôt. Les deux n'appréciaient pas de cacher leur couple, donc ils avaient décidé de le révéler le plus rapidement aux autres après que le cadet ait annoncé à ses parents qu'il aimait les hommes. En réalité, la seule barrière qui leur restait, depuis deux ans, était les parents du plus petit.
En pénétrant dans la demeure familiale, il se fit accueillir par son père qui était en train de lire le journal sur le fauteuil. L'étudiant le salua d'un simple 'bonjour', comme à son habitude, et partit en direction de la cuisine pour aller dire bonjour à sa mère.
« Bonjour maman, comment vas-tu ?
– Bien et toi ?
– On va dire que ça peut aller. »
Ils échangèrent quelques banalités pendant que la quinquagénaire finissait de préparer le repas. Puis lorsqu'ils écoulèrent le stock de questions basiques, elle le questionna sans hésitation.
« Du coup, tu est passé dans le quartier, hier soir ? Tu n'es même pas venu nous faire un coucou.
– Je venais chercher Ji-Sung.
– Est-ce que ça a un lien avec le fait que son père se soit retrouvé à crier dehors ? »
Min-Ho acquiesça avec un air indifférent sur le visage, puis, après un silence et en voyant que son fils n'allait pas détailler sa réponse, la mère de famille posa une nouvelle question.
« Pourquoi vous criait-il dessus ?
– Ils se sont encore disputés avec Ji-Sung.
– Encore ? Qu'est-ce qu'il a encore à reprocher à son fils cette fois-ci ? »
La quinquagénaire avait marmonné ces questions d'un ton agacé. Elle appréciait beaucoup le meilleur ami de son fils, car il était toujours gentil et serviable avec elle ou son mari, même après s'être disputé avec ses parents. Elle continua à râler sur le même ton tout en mettant la table.
« Franchement, il exagère. Son fils est peut-être pas le futur médecin ou avocat qu'il espérait, mais c'est pas une raison pour le disputer à ce point. C'est un garçon intelligent. Je suis sûre qu'il réussira à s'en sortir dans ce qui le passionne.
– C'est sûr. Mais son père partage pas le même avis... »
La réflexion de l'étudiant fit soupirer la femme qui leva les yeux au ciel. Elle arrêta cependant de médire sur le père de Ji-Sung et changea légèrement de sujet.
« Du coup, si tu as été le cherché, il est chez toi ?
– Oui.
– Pourquoi t'es pas avec lui du coup ? Il a besoin de toi.
– Il est surtout en train de dormir. Je pense qu'il voudra pas se lever de la journée. »
Les yeux de la mère de famille s'emplirent d'inquiétude et de tristesse pour le plus jeune. Elle avait déjà été témoin du mutisme du plus jeune, donc elle savait qu'il était probablement dans cette situation. Du moins, elle le supposait, mais elle préféra s'en assurer auprès de son fils.
« Il est dans quel état ?
– Il a pas parlé depuis qu'on est rentré hier et il a cauchemardé toute la nuit. C'est pour ça qu'il dort encore.
– Pauvre petit... »
Le silence revint et fut à nouveau brisé après quelques minutes. Cependant, ce fut l'étudiant qui le rompit et non la quinquagénaire. Il ne voulait pas attendre trop longtemps avant de faire l'annonce à ses parents – enfin sa mère, parce que son père ne participait pas à la discussion, il écoutait juste ce qu'il se passait dans la pièce voisine.
« Au fait, maman.
– Hm ?
– Je t'ai menti... »
La femme leva à peine les yeux avant de rétorquer d'un ton sarcastique.
« Depuis ta naissance ou plus récemment ?
– Plus récemment. Bien évidemment que je t'ai menti quand j'étais enfant et ado. Mais je t'en ai toujours fait part.
– Okay. C'est quoi ce fameux mensonge alors ?
– Je suis pas célibataire, mais en couple. »
Cette fois-ci, elle arrêta ses mouvements et releva la tête pour croiser le regard de son fils. Elle lui répondit tout en souriant sincèrement.
« Je suis contente pour toi tant que tu es heureux avec ton copain. Il te traite bien ?
– Oui, très. Je suis même chanceux que mes sentiments soient réciproques.
– C'est l'essentiel. Même si je dirai que ce garçon est le plus chanceux de vous deux, mais c'est mon avis de maman.
– Merci... »
Le stress de Min-Ho retomba en entendant sa mère le soutenir. Il n'eut presque plus peur d'annoncer la véritable nouvelle à ses parents. Ce fut ce qui le poussa à le faire directement sans essayer de tourner autour du pot.
« Il y a deux ans quand tu m'as demandé si j'étais en couple, je t'ai répondu non. Mais je l'étais déjà.
– Oh, ça fait plus de deux ans que vous êtes ensemble ? Est-ce que ça serait indiscret de ma part de te demander combien de temps tu sors avec lui ?
– Non, c'est pas quelque chose qui me dérange... ça fait un peu plus de cinq ans. »
La réponse surprit énormément la quinquagénaire qui écarquilla les yeux, puis elle cligna rapidement des paupières, comme pour essayer d'enregistrer l'information. Elle le questionna, tout en réfléchissant.
« Est-ce que je l'ai déjà rencontré ?
– Oui, plusieurs fois. »
L'étudiant avait répondu vaguement, ayant prévu de la faire approcher doucement de la bonne réponse, car cette dernière avait déjà rencontré plusieurs fois quelques uns de ses camarades de classe ainsi que ses amis. Pour autant, elle resta silencieuses quelques instants avant d'affirmer d'un ton sûr, malgré une légère hésitation.
« C'est Ji-Sung, n'est-ce pas ?
– Comment t'as deviné ?
– Disons que vous avez une relation très fusionnelle et maintenant que tu m'annonces que tu sors avec quelqu'un, je réalise que c'est très probablement lui et non une autre personne. Je savais que tu avais un faible pour lui et que c'était sans doute réciproque. Je m'attendais pas à ce que vous vous en soyez rendu compte depuis aussi longtemps... »
Min-Ho la dévisagea avec étonnement et celui-ci atteignit un niveau supérieur quand son père entra dans la pièce tout en prenant la parole à son tour.
« Donc tu n'étais pas en train de te voiler la face depuis tout ce temps, juste en train de cacher votre relation...
– Vous pensiez que j'ignorais mes sentiments pour Ji-Sung ?!
– En même temps, tu le regardes comme si c'était ton monde depuis plusieurs années. Donc quand on a les infos suffisantes, on comprend vite que c'est pas juste de l'admiration. Mais oui, c'est plus ou moins ce qu'on pensait. »
En entendant ce que son père lui rétorquait, il le regarda abasourdi avant de lui jeter un regard noir. Pour autant, l'homme se contenta de hausser les épaules tout en souriant, amusé de la réaction de son fils.
Les deux quinquagénaires continuèrent à taquiner l'étudiant alors qu'ils commençaient à manger, puis la mère de celui-ci prit un ton plus sérieux avant de le questionner.
« La raison de la dispute entre Ji-Sung et son père est liée au fait qu'il aime les hommes, c'est ça ? Comment son père a réagi à l'annonce ?
– Il l'a viré de chez lui en lui balançant ses papiers d'identités et autres papiers dont il aurait besoin.
– Pardon ?! Il est complètement malade ce type. Quand Ji-Sung sera en état, amène-le manger avec nous. Il est le bienvenu. Après, je me doute que tu l'as invité à vivre avec toi. (Min-Ho acquiesça) Bien. Quand tu rentres, dis-lui qu'on est très heureux qu'il soit ton petit-copain. C'est la seule personne qu'on connaît qui te comprend réellement. »
Le reste du repas se passa sur une note plus légère pendant lequel l'étudiant leur racontait quelques anecdotes sur son couple qui confortèrent les deux parents que Ji-Sung était bien le garçon parfait pour leur fils.
Quelques jours après ces événements, les parents de l'aîné décidèrent de rendre visite aux deux à l'appartement de leur fils afin de présenter leur soutien au plus jeune en tête à tête. Ce dernier se remettait doucement de ses émotions et avait recommencé à parler, mais n'avait pas encore l'énergie de sortir pour le moment. Il fut très touché que les deux quinquagénaires lui témoignent autant d'affection et de soutien et finit par éclater en sanglot à nouveau.
Une semaine après s'être fait viré de chez lui, Ji-Sung avait à peu près récupéré suffisamment pour commencer à travailler. Quelques temps avant sa remise de diplôme, il avait réussi à signer un CDI avec le patron de leur café habituel qui n'avait pas été insensible à la situation du lycéen. De plus, il appréciait énormément celui-ci et savait que, avec sa connaissance de la carte, il ferait un bon serveur, même s'il avait des difficultés à sociabiliser.
Ce fut d'ailleurs ce qu'il se passa et, suite à plusieurs jours de travail, Ji-Sung avait commencé à s'habituer à son nouveau travail. En parallèle, il se retrouvait avec plus de temps pour composer et écrire avec Chan et Chang-Bin, leur donnant même un coup de main ou un avis pour leurs compositions scolaires.
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Re ! (^_^)
J'espère que ce chapitre n'a pas été trop éprouvant pour vous. Sinon qu'en avez-vous pensé ?
Je ne sais pas si la situation du début est une situation réaliste, c'était la première fois que j'écrivais quelque chose d'aussi violent en termes de paroles. C'est sans doute inutile de le répéter, mais je ne pense pas un traitre mot des paroles du père de Ji-Sung. Je voulais aussi qu'il soit surtout violent dans ses paroles, mais pas nécessairement physiquement, bien qu'il soit mentionné qu'il puisse l'être (je n'imaginais cependant pas que ça aille plus loin qu'une gifle, ce qui est déjà trop, bien évidemment).
Concernant la réaction et le mutisme de Ji-Sung, je ne sais pas si c'est complètement réaliste, mais je me dis que c'est sans doute possible (peut-être pas aussi longtemps). N'hésitez pas à me dire si vous en savez plus sur le sujet, ça m'intéresserait bien de le savoir.
Si vous estimez que le chapitre devrait avoir une version censurée (résumant sans les propos violents les échanges entre Ji-Sung et son père), n'hésitez pas à me le dire.
Sur ce, bonne fin de journée et à samedi pour le bonus ! (^_^)
Umi
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