Harley n'eût pas le temps de le détailler car le manager de Monsieur Charme débarqua et l'emmena dans une grosse voiture noire sans un mot pour elle. Aussitôt l'idole partie, elle se retrouva face à des dizaines de fans enragées. Elles commencèrent à lui crier certaines choses pas vraiment aimables mais Harley n'en avait cure. Elle avait un tel mal de tête...
Quand elle rentra, Hyemi s'empressa de lui demander ce qui n'allait pas vu l'attitude lasse de la jeune fille :
- J'ai eu un tête à tête avec une idole, répondit-elle sombrement.
- Daebak ! (Génial !)
- Non, Ajumma, j'ai eu un tête à tête au sens littéral du terme...
- Oh ! Ça va ? Tu veux aller aux urgences ?!
- Anio. (Non.) J'ai juste un peu mal à la tête. Ça va passer ! Dit-elle avec un sourire forcé. Elle n'aimait pas inquiéter les gens. Et puis, ce n'était pas dans sa nature de se plaindre. Elle a eu un petit coup à la tête, elle n'allait pas mourir.
Hyemi se tut, ne voulant pas importuner la jeune fille. Elle changea de sujet :
- Bon, ma chère Harley, ce soir, je te prépare un plat traditionnel !
- C'est vrai ?! S'exclama la jeune fille, bavant déjà à l'idée de manger un plat Coréen (depuis qu'elle était en Corée, Hyemi ne faisait que commander des pizzas. Bien que Ajumma cuisinait sans arrêt, ni elle, ni Harley ne mangeaient ce qui était cuisiné... Un mystère que la jeune française voulait résoudre. Elle saisirait le bon moment.)
- Ne !! (Oui !!)
- Daebakk ! (Géniaal !) répondant à l'excitation de sa propriétaire.

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Le Bibimbap (plat à base riz [qui se dit Bap en Coréen] garni de différents légumes avec de la viande de bœuf marinée) préparé par Hyemi était succulent. Harley en avait pris trois fois et en redemandait encore quand Hyemi lui dit qu'elle devait en garder.
- En garder ? Mais pour qui ? Pour la même personne pour qui tu cuisines tous les jours ?
Hyemi lui lança un regard triste et sans un mot débarrassa la table.
- Ajumma... Ne sois pas triste ! Si tu ne veux pas le dire, c'est pas grave, mais je veux te voir sourire hein ? s'exprima d'une voix douce la jeune fille voyant la quinquagénaire sur le point de pleurer. À la grande surprise d'Harley, Hyemi l'enlaça avec douceur. C'était relativement choquant de la part d'un coréen sachant qu'elles ne se connaissaient que depuis quatre jours à peine. Mais la jeune fille se tut et apprécia ce moment de douceur et d'amour.
Plus tard cette nuit là, Harley surprit Hyemi allumer une bougie devant le portrait de son mari et lui poser un bol de Bibimbap. Toute cette nourriture était donc pour son défunt mari ! Touchée par l'amour que cette femme portait à son mari au delà de la mort, Harley s'endormit le sourire aux lèvres.

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Le lendemain matin, la jeune franco-américaine fut réveillée par le chant tornitruant de Hyemi à... 8 heures du matin.
- Ajummaaa ! Cria-t-elle
La petite tête violette de Hyemi apparut soudain à hauteur des yeux d'Harley ce qui eut pour effet de la faire sursauter.
- Mais ça va pas ?! Oh, vous êtes infernale le matin, vous !
Le matin était sacré pour la jeune fille.
- Allez, tu ne vas pas mourir ! Mon cousin vient de m'appeler, et il m'a demandé si je pouvais l'aider à déménager ! Tu veux venir nous aider ? C'est l'affaire de quelques jours !
- Et il habite où, votre cousin ?
- Busan !
Harley se redressa sur son lit. Busan ! La ville portuaire dont la réputation de sa beauté n'était plus à faire ! Busan ! Quand sa mère allait savoir ça !
- Évidemment que je viens ! S'écria-t-elle en se levant du lit.
Hyemi se mit à rire car elle avait anticipé la réponse de la jeune fille et avait tout préparé.
- Tout est prêt, il ne manque plus que toi !
- J'me dépêche ! S'exclama la jeune femme en dévalant les escaliers qui menaient à la salle de bain.
4h30 de voiture plus tard, Hyemi Lee et Harley Johnson étaient à Busan. Ce n'était pas la première fois que Hyemi venait à Busan vu qu'elle y était née et s'y était mariée. Elle n'était donc plus surprise par la beauté de l'endroit. Harley, elle, c'était différent. C'était dans cette ville qu'elle devait habiter à la base mais elle n'avait pas trouver de logement à temps alors elle s'était "rabattue" sur Séoul. Bien que polluée, Busan sentait la mer et les gens y semblaient plus heureux qu'à la capitale. Elle pria sa propriétaire d'aller faire un tour à la plage avant d'aller voir son cousin, et au vu de son excitation, la quinquagénaire ne put refuser.
Après une balade sur la plage et après avoir passé près d'une heure à s'émerveiller devant les bateaux, les gens, la qualité du sable, la beauté du soleil sur l'eau de mer, Harley accepta enfin d'accompagner Hyemi chez son cousin. Elle prirent la voiture mais furent vite coincées dans les embouteillages. Pour patienter, Harley ouvrit la vitre de la voiture et observa les gens qui passaient à pied. Elle remarqua rapidement un attroupement de jeunes filles, elle crut voir un garçon mais il y avait trop de filles pour être sûre. Elles scandaient la même chose sans arrêt devant une jeune fille aux longs cheveux noirs lisses qui tenait une caméra. Elle essaya de comprendre ce qu'elles disaient mais elle était beaucoup trop loin. Soudain, elles déroulèrent une banderole qu'Harley put très bien voir si loin qu'elle était : 방탄소년단 (Bangtan Boys, autrement dit BTS).
Alors que la voiture de Hyemi put enfin avancer, Harley repensa à Monsieur Charme. Ses cheveux rouges un peu décolorés, un peu petit pour un homme mais musclé, son regard digne d'un yakuza ( membre de la mafia japonaise) et son sourire... Ce sourire l'a gênée des qu'elle l'a vu. Il y avait tant de sensualité dans sa façon d'étirer les lèvres... Aucune retenue, trop de promesses. Il savait quel effet ce sourire faisait sur les gens - les jeunes filles en particulier - et il s'en été servi contre elle. Comment avait-il pu être comme ça avec elle qu'ils ne connaissaient pas ? Une étrangère qui plus est ? Qu'il serve ce sourire à une fan, OK mais à une illustre inconnue ? La timidité ne devait pas être dans sa nature visiblement. Ni la modestie.
- Nous y voilà ! S'exclama Hyemi, la coupant de ce fait dans ça réflexion.
Elles étaient devant une maison modeste - plus grande que celle d'Ajumma. Un homme d'à peu près le même âge que Hyemi sorti accompagné un magnifique chien blanc dont la race était inconnue d'Harley.
- Taeyang, vieux truc ! Tu ne m'avais pas dit que c'était aussi long pour venir chez toi !! S'écria Hyemi un énorme sourire collé sur son minuscule visage.
- On n'est pas tous aussi lents que toi, Hyemi ! répondit-il la serrant dans ses bras.
Cela rappelait à Harley sa relation avec son propre cousin, Matthew. Bien qu'il habitait à Seattle, ils avaient toujours été complices. Cela s'était révélé encore plus flagrant quand il était venu en vacances deux années auparavant en France. Ils étaient comme frères et sœurs. Plongée dans le parallèle qu'elle faisait entre la famille d'Hyemi et la sienne, elle n'avait pas entendu Cousin Taeyang lui dire bonjour.
- Harley ! C'est ton coup à la tête qui te donne des absences ? Demanda Ajumma soucieuse.
- Anio (Non), Joesonghamnida (désolée) !
- C'est pas grave ! Les jeunes d'aujourd'hui vivent trop dans leur tête ! Répondit Taeyang s'adressant à sa cousine. Sinon, tu te plais en Corée ?
- Ne ! (Oui !) C'est un pays merveilleux ! Ah, et Busan !!! J'adore cette ville ! Répondit-elle toute excitée.
Cousin Taeyang se mit à rire.
- Pourquoi riez-vous Ajusshi ? (Terme qui désigne un homme de plus de 50 ans. C'est la version masculine de Ajumma)
- Je suis heureux que tu te plaise en Corée, jeune fille ! Quand on vient d'un pays aussi merveilleux que la France, c'est flatteur pour les coréens d'avoir un pays digne de toi !
- Oh, vous savez la France n'est pas si merveilleuse que ça. Elle le fait croire aux autres pays pour briller à leurs yeux mais elle reste assez ordinaire. Ses paysages sont beaux certes, la culture est fascinante mais il ne faut pas croire tout ce que l'on dit de la France, tient à préciser Harley.
Le cousin de Hyemi resta bouche bée quelques instants et partit dans un fou rire qui dura vingt bonnes minutes. Quand il se ressaisit enfin, il prit Harley dans ses bras (décidément cette famille n'était pas ordinaire) et s'écria :
- Oser dire que ton pays n'est pas si bien que ça devant un coréen qui vénère le sien faut oser le faire ! Tu as du courage, petite ! J'aime ça ! Tu es la bienvenue chez moi !
Ces mots rendirent Harley très heureuse et elle pensa à cet instant à quel point ses parents seraient fiers d'elle. Busan était vraiment à la hauteur de ce à quoi elle s'attendait. Daebak ! (Génial !)