Tu as fini par m'avouer tes sentiments un bel après-midi de juin. La chaleur du soleil me faisait un bien fou et illuminait mon visage. Quant à toi, tu tremblais, tes mains trahissaient ta nervosité. On était assis sur ce banc, celui qui faisait face à une grande bâtisse. Tu me regardais sans vraiment le faire. Tes yeux reflétaient ton état d'esprit pourtant, ils brillaient d'une étrange lueur qui faisait écho à celle de mon cœur. Je savais déjà que tu allais dire ces mots. Je le sentais depuis des semaines. Tu me parlais si souvent de cette fille, celle qui faisait battre ton cœur plus rapidement à chaque fois que tu la voyais. Je te demandais toujours son identité mais jamais tu n'as daigné à me répondre, repoussant toujours la date de cette révélation. Pourtant on y était enfin. Tu as ouvert ta bouche et tu m'as dit que tu m'aimais. J'étais particulièrement gênée. Parce que réellement le savoir, réellement l'entendre de ta bouche était si différent. Et surtout parce que le garçon que j'aimais n'était pas en face de moi, assis sur ce même banc, mais bien à une dizaine de mètres. Mais ça tu ne le savais pas. J'étais si triste pour toi, m'imaginant à ta place. Je pensais aussi à notre amitié qui allait surement bien changer. Honnêtement, à part être amie avec toi, je ne voulais rien de plus, à ce moment-là.

Des mois sont passés, une nouvelle année scolaire a débuté et nous, nous nous sommes retrouvés, comme si de rien n'était. J'avais oublié le garçon que j'aimais auparavant parce qu'il était temps pour moi de tourner la page. Je pensais que cette nouvelle année allait être calme. Sauf qu'au plus profond de moi, dans les entrailles de mon cœur, je sentais que quelque chose changeait. Alors que, quelques mois plus tôt, la simple idée de t'embrasser me dégoutait, à ce jour, elle me parait plus douce. Alors que, quelques mois plus tôt, la simple idée de te prendre dans mes bras me semblait inimaginable, à ce jour, elle me parait idéale. Cependant une peur m'abrite : partages-tu toujours les mêmes sentiments que ce fameux jour lors de cet après-midi ensoleillé ? Sans même avoir eu le temps de le comprendre, un nouveau sentiment a émergé de mon cœur : la jalousie. Tu parles toujours à cette fille avec laquelle tu partages les mêmes passions qui sont bien différentes des miennes. C'est sûr qu'elle est tellement intelligente, et même si je ne la portes pas dans mon cœur depuis des années, il faut bien avouer qu'elle est drôle et gentille. N'est-ce pas assez ironique ? Le jour où mes sentiments se réveillent, les tiens sont pour une autre. Tu es tellement proche d'elle que les doutes m'assaillent de plus en plus. Et je repense à tous nos beaux moments. Tu connais les étapes qui m'ont le plus abattu et je connais les tiennes. Ton amour pour les mathématiques m'a toujours passionné, et le mien, pour la lecture t'as toujours donné des étoiles dans les yeux.

Au final, peut-être qu'on ne s'est pas si mal trouvé... Non ? Alors, est-ce que tout ça est juste dans ma tête ? Est-ce que ce ne sont que des pensées d'une simple adolescente ? Ou alors la vérité...

Tu as fini par m'avouer tes sentiments un bel après-midi de juin et je comprends enfin les miens lors d'une pluvieuse soirée de novembre.