12.
Tout d'abord, Maxime était gêné, ne savait plus comment se tenir et fit tomber sa gomme comme la première fois qu'il l'avait dessiné. Il n'arrivait pas à capter le regard de Sidjil, même si de toute façon ses yeux étaient évidemment attirés par autre chose. Tandis qu'il prenait une pose, presque dos à Maxime, son regard perdu sur un jeune homme nouveau dans le cours, les autres élèves commençaient tranquillement leurs croquis. Il n'arrivait pas à se concentrer, à analyser les courbes, les ombres et les lumières. La main qui tenait son crayon tremblait et ses traits maladroits ne donnaient pas forme à grand-chose.
Sidjil, lui, semblait ignorer l'existence de Maxime dans la pièce, contrairement à d'habitude où il était toujours tourné vers lui, à le regarder tout aussi intensément que lui le faisait pour le dessiner. Il posait fièrement, exposant ses muscles qui semblaient presque luisants sous les néons de la salle. Maxime suivait son regard et vit qu'il était posé sur le même jeune homme que tout à l'heure, et ce dernier tentait de cacher un petit sourire. Il rougissait même, et Maxime ne compris que lorsqu'il vit Sidjil lui rendre son sourire. Quoi ?
Les sourcils froncés, il cherchait le modèle du regard mais il était braqué sur l'autre. Il lui fit même un clin d'œil. Non seulement il le narguait en étant nu comme un vers, mais il draguait un inconnu devant lui dans cette tenue. Il prit une grande inspiration avant de fermer les yeux. De toute façon, il l'avait dit lui-même : ils n'étaient pas en couple. Ils avaient juste fait semblant. Mais il n'avait jamais imaginé Sidjil draguer quelqu'un d'autre que lui. Sous ses yeux.
Avant même que le cours ne se finisse, Maxime se leva discrètement et parti le plus vite possible de la pièce. Il marchait rapidement et ses pensées fusaient. Il était partagé entre en vouloir à Sidjil pour son comportement, ou juste prendre sur lui car il n'y pouvait rien. Il s'en doutait, de toute façon. C'était pour faire semblant, c'était tout. Il avait eu raison de le rejeter.
Il se dirigea vers une épicerie de nuit, choisi au hasard deux bouteilles et rentra chez lui. N'importe quel alcool était à son goût, maintenant, et il savait qu'il allait finir les deux assez rapidement. Une fois chez lui, il se servi son premier verre et le bu d'une traite. C'était tout ce qu'il savait faire de bien, de toute façon. Boire, encore et encore, jusqu'à ne plus tenir debout. Ne sachant pas pourquoi, il se retrouvait à ouvrir ses messages non lus de Sidjil.
20h19-max
20h26-stp viens on en parle
21h34-je suis sérieux j'ai besoin d'en parler avec toi, je tiens à toi pour de vrai max, j'ai pas envie de te perdre
21h52-tu peux pas me laisser comme ça sans explications, j'ai besoin de savoir pourquoi tu me rejettes d'un coup. j'ai le droit de savoir tout ça parce que ça me concerne, je me suis peut être attaché trop vite et ça c'est ma faute, mais tu peux pas me dire que tu veux rien de ton côté. pas après tout ce qu'on a échangé. j't'en supplie max, viens chez moi ou alors on s'appelle, on en discute tranquillement
22h38-je suis désolé si je suis allé trop loin, je pensais que t'étais vraiment sincère quand tu m'embrassais. je me suis sûrement emporté et j'ai mal compris, mais s'il te plaît ne me laisse pas sur ça. si vraiment aucun de ces baisers signifiaient quelque chose pour toi, d'accord, j'arrête, mais si une partie de toi était sincère, viens chez moi
Maxime lisait les messages avec la boule au ventre. Il était vraiment con. Sidjil avait l'air plus que sincère, et même s'il hésitait à le croire, une lueur d'espoir fit valser la flamme dans sa tête. Peut être qu'il avait une chance, après tout ce qu'il s'était passé ? Mais ces messages dataient de deux jours déjà, et il avait envoyé bouler Sidjil depuis. Il relisait la fin du dernier message. « si une partie de toi était sincère, viens chez moi ». La solution était là, sous ses yeux.
Vite, il devait d'excuser. Vite, lui dire qu'il regrettait ses paroles, qu'il en voulait plus lui aussi, qu'il l'aimait. Une première sonnerie, une deuxième, une troisième, et Maxime ne comptait plus. Il ne lui répondrait pas. Peut être qu'il était trop tard. Peut être qu'il était rentré chez lui avec le jeune homme du cours de dessin. Peut être même qu'il l'embrassait. Cette pensée détermina ses prochaines actions, guidées par l'ivresse.
Il laissait ses pas le guider, sans trop faire attention à tout ce qui l'entourait. Il n'avait qu'une idée en tête, voir Sidjil, lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. C'était la seule pensée qu'il arrivait à déchiffrer, le reste de son esprit étant écrasé sous les braises. Il avait mal à la tête, ses membres courbaturés l'empêchaient de marcher plus vite. Pourtant, il était pressé. Il avait hâte de retrouver les bras du modèle, sa chaleur, son parfum.
La peur de l'échec n'avait jamais été aussi puissante. Certes, il n'avait plus rien à perdre. Mais si le modèle le rejetait à son tour... Il ne voulait pas y penser. Sidjil avait été clair dans ses messages, il le voulait lui, il l'appréciait, il tenait à lui. Ce n'était qu'en arrivant devant l'immeuble où habitait son modèle qu'il se rendit compte qu'il pleurait.
Après quelques minutes à appuyer sur la sonnette, la porte s'ouvrit sur un Sidjil en caleçon qui avait l'air de se réveiller. Lorsqu'il reconnu Maxime, une ombre creusa son regard. Toute son attitude montrait que l'artiste était la dernière personne qu'il avait envie de voir.
-Qu'est-ce que tu fous là ?
-S'te plaît Sid, laisse moi entrer... J'veux te parler !
-T'es bourré, tu dis de la merde, dit-il en regardant Maxime de haut en bas.
-Je- oui mais, je veux vraiment...
-Tu fais pitié Max, sérieusement.
Les larmes coulaient doucement mais il n'en avait rien à faire. Il voulait se faire entendre, le peu de lucidité qu'il lui restait lui criait d'agir maintenant et vite, ou ce serait trop tard. L'urgence était là, elle le hantait et l'obsédait, mais il n'arrivait pas à en placer une, alors qu'aligner deux mots lui prenait déjà un effort monstre. Le regard du modèle était dur et Maxime y était plus que jamais sensible.
Tout ce qu'il voulait, c'était de retrouver son modèle préféré. Celui qui le regardait tendrement en caressant ses cheveux, qui lui embrassait le front avant de s'en aller, et qui le réconfortait toujours par ses étreintes. Ne trouvant pas ses mots, il décida d'agir. L'ivresse l'aidait sur un point : il ne réfléchissait pas avant ses gestes. Il se rapprocha donc doucement de Sidjil, appréhendant sa réaction, et se mis sur la pointe de ses pieds afin de l'embrasser maladroitement. Mais avant même que leurs lèvres ne se touchèrent, il se sentit partir brusquement en arrière, manquant de trébucher. Sidjil l'avait repoussé violemment et affichait un regard de dégoût.
-T'es vraiment con Maxime, j'y crois pas.
-Mais je-
-Va te faire foutre.
Il se dirigea vers son salon tout en ignorant les sanglots de Maxime. Ce dernier tentait de se remettre du petit coup qu'il avait pris, se remémorant Léo. Ce n'était vraiment pas le moment de faire une crise d'angoisse, il devait se faire entendre, Sidjil devait l'écouter. Le modèle dépliait son canapé pour en faire un lit, et jetait nonchalamment des couvertures et des coussins par dessus le nouveau matelas. Les larmes continuaient leur chemin le long des joues de Maxime mais le modèle restait sans pitié.
-Sid, écoute moi, je t'en prie...
-Fais vite, j'ai pas toute la nuit.
-Je tiens vraiment à toi Sidjil, je suis désolé-
-Je m'en fous, j'ai pas besoin de tout ça moi. Tu change d'avis chaque jour, je peux pas suivre.
-Non, c'est pas vrai je... J'ai menti, j'avoue, c'est pas cool.
-On est d'accord sur un point. T'es pas cool. Il te faut boire pour venir t'excuser.
-Sidjil...
-Je suis là juste pour m'occuper de toi quand t'es bourré et jouer le petit copain devant ta famille. J'ai compris Max. J'te dirais bien de rentrer chez toi, mais j'suis pas un connard moi, dors sur mon canapé. On parlera demain quand tu seras sobre.
-Je...
Il était abasourdi par les paroles du modèle. Même si bizarrement, c'était les mêmes que les siennes plus tôt dans la journée. Il n'avait pas d'arguments, ses excuses étaient pauvres et il sentait qu'il allait mettre du temps à récupérer la confiance de Sidjil. Ce dernier éteint les lumières et parti dans sa chambre en claquant la porte. Maxime se retrouvait seul dans le salon, sa respiration rapide rythmant l'ambiance lourde et pesante qui s'était créée.
Tout en se laissant emporter par la musique rapide de son cœur, il tenta de reprendre son souffle étouffé par ses sanglots. Il s'enfouit sous une couverture, s'installa entre deux coussins en prenant soin de s'allonger confortablement malgré la raideur et la fraîcheur du matelas. Ses pensées étaient floues et il ne se rappelait plus comment il était arrivé ici. Tout ce qui occupait ses pensées, c'était les mots de Sidjil, si vrais mais si durs. Mérités, certes, mais très saillants.
C'est dans un grand sursaut qu'il se réveilla. Une douche glacée vint faire trembler ses muscles et il laissa s'échapper un petit cri. En levant rapidement la tête pour comprendre d'où venait cette attaque, il vit Sidjil se tenir devant lui, un verre vide à la main et un sourire mesquin collé aux lèvres.
-Debout. Tu voulais parler, on va parler.
Alors oui, il avait mal agit, mais méritait-il vraiment ce genre de traitement ? Son corps lui faisait déjà assez mal, il était courbaturé, les paupières lourdes, le souffle court. Frustré par le comportement du modèle, il oublia presque la raison de sa présence chez lui et lui répondit alors avec audace.
-Bonjour déjà.
Sidjil arqua un sourcil, toujours avec le même sourire, et s'assit sur le bord du canapé.
-On va pas jouer à ça Maxime. Je t'écoute.
-Euh...
-Pourquoi t'es venu chez moi ?
Maxime essayait tant bien que mal de se concentrer. Pourquoi était-il venu ? Pour avouer ses sentiments à Sidjil et s'excuser. C'était simple, si simple qu'il ne savait pas par où commencer.
-Déjà... Je voulais dire que je suis désolé pour mon comportement, et de t'avoir rejeté sans rien t'expliquer.
-C'est pas vraiment ce qu'il s'est passé. Tu m'as donné de bonne raisons de m'éloigner de toi.
Maxime allait s'effondrer. Pourquoi était-ce si compliqué. Il voulait juste retrouver le Sidjil du mariage, il en avait marre de se poser des questions.
-Je sais, je... J'ai pris peur. C'est bête, mais c'est vrai.
-Peur de moi ?
Sidjil restait impassible, et Maxime n'arrivait pas à lire en lui.
-Non ! J'ai peur de tout gâcher, de perdre notre relation...
-Pourtant c'est ce que tu fais en me repoussant comme ça.
-Je sais. Mais j'ai réfléchis et je suis venu ici.
-Pourquoi ?
-Sidjil...
-Maxime.
Leur échange de regard était lourd et insupportable. Maxime sentait son visage se chauffer tout au long de la conversation et il n'en pouvait plus.
-Je crois que...
-Tu crois ?
-Je...
-T'arrives même pas à le dire...
-Mais non Sid, c'est pas ça, c'est juste... Beaucoup de sentiments d'un coup. Je tiens beaucoup à toi, je veux pas te perdre, j'veux qu'on fasse comme avant, comme au mariage...
Sidjil semblait être perdu dans ses pensées. Son regard dérivait dans le vide derrière Maxime et ses sourcils se fronçaient.
-T'es sûr que t'es prêt ?
-...Pas toi ?
-Bah, au début je l'étais. Mais quand je vois que dès qu'il se passe quelque chose tu te renfermes sur toi même, tu dis plus rien et tu bois, je me dis que t'as peut être besoin de plus de temps.
-Quoi ? Je suis pas d'accord, je sais pas si tu te rends compte d'à quel point ta compagnie m'a aidé pour ça... Je suis encore désolé, je faisais tout ça à contre cœur. Je vais faire des efforts, je te le jure.
-Je sais bien Maxime, dit-il en prenant sa main dans la sienne. Mais il faut que tu saches que j'ai peur aussi. Peur que tu changes encore d'avis, que tu me mentes et que tu me rejettes encore et encore. Je suis pas là pour ça, j'ai besoin de stabilité.
Son pouce se baladait sur le dos de sa main posée sur sa cuisse, et Maxime était un peu rassuré. Mais juste un peu.
-Laisses-moi y réfléchir. Quelques jours, pas plus. Tu tiendras le coup ?
-Oui, ça devrait aller...
____________
voici la suite!!! j'espère ça vous plaît toujours, promis ça va finir par s'arranger...... jvous ai mis une ptite illu du carnet de croquis de Maxime, jtrouvais ça cute!!!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro