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50 - Renouveau

Dans ce chapitre, les éléments utiles à l'enquête ne seront pas mis en gras.


J'inspirai d'un seul coup. Mes poumons manquèrent encore d'oxygène un court instant, me collant des vertiges. Je me frottai l'arrière de la tête en lâchant un soupir. Encore ce foutu cauchemar où des malades en blouses blanches s'amusaient à me charcuter les doigts. Mes ongles étaient encore douloureux. Je les revoyais lentement arrachés un par un à la pince. Après chaque procès, ce rêve bizarre qui se faisait de plus en plus net. Les contours d'une pièce claire se dessinaient, chaque fois plus précis. Les insomnies ne m'étaient pas étrangères, mais là, c'était d'un tout autre niveau. Ils cherchaient quoi, à la fin ? Me transformer en puzzle humain ?

J'esquissai un rictus nerveux. Ces rêves, ils avaient forcément une signification. Pourtant, malgré mes nombreuses tentatives de les interpréter, rien n'expliquait cette scène. La pièce ne me disait rien ; pas plus que l'ambiance qui s'en dégageait. Un truc oppressant. Bien plus que ne le serait n'importe quelle pièce du manoir. Et j'entendais ma propre voix hurler quelque chose, sans pouvoir réellement l'entendre. Comme si la personne que j'étais dans ce rêve cherchait à me faire passer un message. Il n'existait rien de plus frustrant que de ne pas comprendre ce que je disais moi-même.


J'entrai dans la salle de bains sans accorder le moindre coup d'œil au miroir. A quoi bon, à part me renvoyer l'image que je haïssais le plus ? Au début, je m'en foutais bien. Je faisais face à mon reflet, lui balançait un grand sourire ; un sourire moqueur. Puis j'éclatais de rire, me moquant de mon image et tout ce qui m'entourait. A présent, j'avais compris que ce n'était qu'un rire factice. Je me trompais moi-même ; les sourires n'étaient plus qu'autant de mâchoires crispées. Ma bonne humeur sonnait faux, comme ce visage que j'avais choisi de ne plus observer. Est-ce que, inconsciemment, je tentais d'oublier que je n'étais qu'un pion sur l'échiquier de la zone ? Oui. Sans aucun doute. Et cela avait le don de m'énerver.

Ce matin-là plus que tous les autres, mon regard se braqua sur le carrelage immonde qui habillait le sol. De toute manière, même si je me regardais, je n'y aurais vu qu'un visage morcelé, aussi brisé que la surface du verre. Un bête coup de sang après le procès de la veille. Normalement, la sentence pour avoir cassé un miroir s'élevait à sept ans de malheur. Je lâchai un rire nerveux. Comme si j'allais vivre aussi longtemps...

Les événements de la veille ne cessaient de tourner en boucle dans ma tête. Caleb avait définitivement disjoncté. J'avais prévu que ça arrive tôt ou tard, mais... j'aurais préféré que ce soit tard. Sa mentalité naïve l'a complètement bouffé. D'abord manipulé par cette idiote trouillarde de Kitty, puis par Atlan. J'aurais dû l'aider. Le mettre en garde. Mais Caleb était buté. Il ne connaissait pas la demi-mesure. Sa confiance, il l'accordait totalement ou pas du tout. L'enfermer était une mauvaise idée. Caleb avait disjoncté, mais le traiter comme un véritable malade n'arrangerait rien. Le voir s'autodétruire me faisait mal. J'avais tenté de l'aider, mais il restait sous le joug de l'autre sociopathe.


L'eau de la douche, bien que glaciale, ne parvint pas à faire redescendre ma colère. Atlan me dégoûtait. Même mort, il continuait à hanter mes pensées, à me rappeler qu'il avait failli nous battre et nous entraîner dans sa chute. Je serrai les poings. S'il ne s'était pas donné la mort, j'aurais fini par le tuer de mes propres mains. A l'instar d'Emiliana, j'avais fini par le détester. L'emprise qu'il exerçait sur Caleb n'était pas saine, mais il n'y avait que le concerné pour ne pas s'en rendre compte. Caleb... Il fallait que je discute de la situation avec lui. Il collait des sueurs froides à tout le monde, mais au fond, il était juste complètement traumatisé. Atlan continuait à m'emmerder alors même qu'il n'était plus de ce monde.

Je redressai la tête, laissant l'eau dégouliner sur mon visage. Une grimace m'échappa. La douleur ne partirait jamais. Je n'étais pas spécialement douillet, mais ce genre de chose, c'était bien au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer. Je n'avais pas passé une nuit complète depuis ce jour. Evidemment, il y avait aussi les cauchemars et les paranoïas nocturnes ; les fois où je me réveillais en sursaut comme un gamin affolé, persuadé que ma porte, bien que bloquée, allait s'ouvrir sur un meurtrier venu pour m'achever. Ces fois-là, impossible de fermer l'œil à nouveau. La nuit, tout paraissait différent. Bien sûr que les gens pouvaient jouer au serial killer pendant la journée, mais dans le noir, je me sentais plus vulnérable que jamais.

C'était débile, en fait. Parce que, si je devais me faire tuer, autant que ce soit dans l'obscurité. Ma hantise était, je crois, de voir comme dernière image le visage de mon assaillant, sans avoir aucun moyen d'orienter les autres sur sa piste. Et pourtant, je n'arrivais pas à m'y résoudre. La lumière de ma chambre restait allumée sans interruption, et mes yeux se fermaient toujours avec une certaine appréhension. Au fond, je me savais pathétique. Mais qui ne l'était pas, dans cette situation ? Les gens se planquaient, se lançaient des regards suspicieux... On représentait les bas-fonds du manoir, les derniers survivants parmi une bande fraîche et dispo ; du moins ce qu'il en restait. Un ramassis de paranoïaques, tout juste bons à chercher une sortie inexistante. L'espoir faisait vivre, non ? Non. Ici, l'espoir brisait des personnes naïves comme Caleb. Je soupirai. Il devait être neuf heures, ou neuf heures trente : les lèves-tôt seraient déjà passés par la case réfectoire, et ceux qui ne mangeaient pas seraient en train de vaquer à leur occupations. L'horaire était idéal pour sortir. Je me promis de passer voir Caleb, et tenter d'arranger les choses. J'étais sans doute le pire psychologue qui puisse exister, mais, peut-être que je pouvais réussir à recoller quelques morceaux. Ah, voilà que je me mettais à espérer, moi aussi. Je ris. Fais gaffe, tu vas bientôt péter les plombs et tomber follement amoureux d'un sociopathe manipulateur.


*


Je priais pour ne croiser personne. Les voir me dévisager rapport aux événements me donnait déjà envie de gerber. De toute manière, nous n'étions plus que six, et la confiance demeurait un concept qui semblait dater d'un autre siècle. Mais ce matin, la chance n'était pas avec moi. Quelqu'un se tenait déjà dans le couloir au moment où j'y mis les pieds. La silhouette quasi squelettique de Yukie, recroquevillée contre le mur, la tête entre ses bras. Je restai une seconde figé. C'était bizarre. Elle qui ne se séparait plus ni de Bianca ni de son stupide piano à queue... Elle était là, juste immobile.


Son vote, la veille, m'avait surpris. Elle chialait déjà lorsque nous nous étions réunis dans le réfectoire, avec un Caleb inconscient sur les bras. Il fallait faire vite, les esprits étaient encore échauffés par le procès et Caleb pouvait se réveiller d'une minute à l'autre. On avait organisé un vote sur le tas. Une belle idée de merde, mais personne n'avait mieux à proposer. Capucine s'était à nouveau hissée au poste de leader improvisé. Là encore, même Bianca ne l'avait pas ramenée. Cicine savait gérer les situations de crise, même si sa décision trahissait une grande angoisse. Caleb avait mal choisi son moment pour disjoncter. Le moindre faux-pas pouvait nous placer dans le viseur des paranos. Avec ce comportement, Caleb semblait se balader avec une cible géante collée sur le dos.

L'enfermer, ça permettait au moins à tout le monde de dormir sur ses deux oreilles. J'avais voté contre. N'importe qui aurait paniqué en se réveillant dans une pièce close, alors Caleb... ça pouvait l'achever mentalement. Yukie... avait voté pour. Elle crevait de peur plus que quiconque, et pensait que, de cette manière, Caleb serait protégé des autres et de lui-même. Aucun objet dans sa chambre ne lui permettait de se suicider comme son sociopathe de copain. A deux contre trois, nous n'avions eu d'autre choix que de respecter la décision des filles. Je n'avais pas envie de m'interposer. J'étais trop fatigué, encore sous le choc quant à l'issue du procès.

La curiosité m'aurait bien poussé à aller lui demander la raison de son attitude, mais désormais n'importe qui pouvait sauter à la gorge de la première entité vivante à sa portée. Alors, je me dirigeai vers le hall.


Le manque d'éclairage rendait à l'endroit son apparence glauque. Après tout, dix personnes avaient perdu la vie entre ces murs. Je pouvais presque sentir le parfum métallique du sang versé ; le liquide rubis se déverser en un épais ruisseau le long des marches. Assise sur une marche, la blonde semblait dans le même état que sa copine bridée. Immobile et silencieuse. Les bras ballants, le visage redressé avec une expression neutre. Elle était pâle comme la mort ; je ne me souvenais pas l'avoir déjà vue dans un état pareil. Bianca paraissait... éteinte. Oh, j'avais déjà noté qu'elle portait de moins en moins de maquillage, sans doute lasse de camoufler ses cernes. Et puis, il n'y avait plus personne à draguer dans le manoir. Mais là, c'était différent. Ses yeux amorphes fixaient un point invisible. Un poisson mort aurait manifesté plus de vitalité que la blondasse.

- Qu'est-ce que tu fous ? me risquai-je à demander.

Bianca m'inspirait plus de confiance que Yukie. Du moins... les événements m'avaient poussé à souvent croiser la jeune fille. Je vérifiai mes appuis, histoire de pouvoir prendre la fuite si la situation dégénérait. J'étais habituellement prudent, mais, là, il fallait l'être encore plus.


- Il est mort, lâcha Bianca sans m'accorder le moindre coup d'œil.

Je déglutis. Mon cerveau se mit en marche. Yukie, cette attitude ; la voix de la blonde qui vacillait. Bordel. Je crispai mes doigts pour essayer de taire un frisson. C'est pas possible, me hurlai-je. Hologramme n'avait même pas encore ramené son cul pixellisé pour semer sa motivation comme une plante vénéneuse. Un meurtre, maintenant ? Ça n'avait aucun sens. Mes mains devenaient moites à mesure que je réalisais. Je me sentais comme après avoir pris un coup de poing dans les côtes. J'étais contre l'idée d'enfermer Caleb, mais je n'avais pas pensé une seule seconde que ça le tuerait. Bianca baissa les yeux pour me fixer. Son regard me colla des sueurs froides. Un reflet du désespoir. De la culpabilité mêlée la lassitude croissante de voir ses amis partir un par un.

La blonde et Caleb s'étaient alliés ; je les avais un peu espionnés, pour être sûr qu'ils ne manigançaient pas quelque chose. En fait, c'était surtout elle qui m'inquiétait. Mais je m'étais rendu à l'évidence : ils cherchaient une sortie, avec plus d'ardeur que quiconque. Quand j'avais réalisé ça, je ne sais pas pourquoi, j'avais souri. Parce que Bianca possédait l'un des esprits les plus fonctionnels ici, et possédait sans doute plus de jugeote que Capucine. J'avais pensé à leur apporter mon aide, mais les plans coopératifs ne me réussissaient pas...

- Dans le jardin, poursuivit mon interlocutrice. Si tu veux voir le corps...

Je commençais à m'éloigner lorsque Bianca se racla la gorge.

- Hologramme nous a dit qu'il nous aiderait pas sur ce coup-là. On n'a aucune information sur sa mort.


Je jaillis hors du manoir. Littéralement. Les grandes portes claquèrent contre les murs, sans pour autant attirer l'attention des deux personnes penchées sur le cadavre. Je ne le voyais pas bien de là, mais l'imaginer sans vie me paralysa une seconde. Je m'approchai à grandes enjambées de la scène du crime. Benoît et Capucine étaient en grande discussion. Ce qui me surprit, avant même de voir le corps, ce fut la voix du basketteur. A ma connaissance, jamais il n'avait haussé le ton face à sa Cicine, se contentant de la suivre comme un gentil toutou.

- Ben, je... dit la brune.

- Tais-toi, s'il te plaît, souffla le métis. Je t'avais dit que c'était pas une bonne idée de l'enfermer.

Ils ne firent même pas attention à ma présence. Je restai en retrait, sans regarder le cadavre, attentif à leur conversation. Toute information était bonne à prendre.

- Il fallait bien faire quelque chose !

- On aurait pu lui parler !

- Il n'aurait pas écouté. Caleb avait craqué, il aurait été incontrôlable.

- De toute façon, maintenant, on saura jamais comment il aurait réagi. Caleb était pas comme Atlan. Je suis sûr qu'il existait un moyen de le raisonner.

Benoît tourna les talons, et, sans même me remarquer, repartit en direction du manoir. Il gardait les poings serrés et j'avais bien vu son visage strié de larmes. Le métis ressemblait bien à Caleb, à l'exception près que lui savait se battre. Mon visage se souvenait encore de sa poigne. Benoît était sanguin, mais il avait de bonnes intentions. Sans doute les meilleures d'entre nous. Je pensais souvent que ça le mènerait à sa perte, mais il fallait se rendre à l'évidence : le basketteur survivait là où la plupart se retrouvaient noyés dans leur propre sang. Loyal et puissant, mais définitivement trop émotif. La moindre goutte de sang lui collait des frissons. La moindre trahison laissait planer sur son visage une expression de surprise, comme s'il croyait encore que tout le monde était digne de confiance.

Au fond, je n'avais rien contre lui. Sa manie d'accorder sa confiance sans se poser de questions m'agaçait au plus haut point, mais outre ce détail... Je ne lui en voulais pas, pour l'autre fois. C'était de ma faute ; je l'avais provoqué. Nous n'avions pas reparlé depuis ce jour, mais je continuais à garder un œil sur ses agissements. Fidèle à lui-même, il passait la plupart du temps dans sa salle de basket, ou avec Capucine. Je m'en serais bien fait un allié, mais avec ce nouveau meurtre sur les bras, les suspicions allaient bon train. Benoît restait sur ma liste des potentiels suspects, tout comme les trois filles.


Capucine me fit comprendre d'un regard qu'elle avait, elle, remarqué ma présence. Ses cheveux sales, tirés en un chignon serré, dégageaient son visage blême et cerné. Elle ne dit rien. Sa conversation avec Benoît la laissait épuisée. Capucine resta quelques secondes supplémentaires à fixer le cadavre que je n'avais pas encore observé, puis elle s'éloigna.

Je pris une grande inspiration. Là, à mes pieds, se trouvait le corps inerte de Caleb. La plupart des cadavres ne me faisaient ni chaud ni froid. Je n'haïssais pas les défunts, mais, à chaque fois, je me convainquais qu'il valait mieux que ce soit eux que moi. Cette fois-ci... j'avais beau me répéter qu'être en vie était le plus important, mon cerveau refusait de se faire à l'idée. Caleb, le gamin naïf qui se faisait marcher dessus par Atlan, était mort. Sur papier, il aurait dû trépasser bien avant. Fragile, faible, manipulable ; n'importe quel crétin aurait pu l'entraîner dans un piège en quelques mots. Le destin lui accordait sa grâce, sans doute. Du moins, jusqu'à la veille. Je serrai les poings. Un meurtre commis juste à cause de la peur ? Quelle connerie... J'enrageais déjà contre le coupable.


Je baissai les yeux sans plus réfléchir. L'état du cadavre jeta un grand froid le long de ma colonne vertébrale. Caleb se trouvait sur le sol, le bras figé dans ce qui s'apparentait à être son dernier mouvement. Sa main demeurait tendue vers un objet invisible. Sans doute un réflexe pré-mortem. Ou alors, une tentative désespérée d'attraper son agresseur. L'autre main, déjà victime de la rigidité cadavérique, se trouvait plaquée contre sa gorge. Une profonde entaille à la nuque, auréolée de rouge sombre sec, provenait sûrement du poignard qui gisait à côté de lui. Quelle horreur, me surpris-je à penser. Son visage, à moitié redressé, baignait dans son propre sang. Le sol avait absorbé en partie l'hémoglobine, ne permettant que de deviner la présence d'une véritable mare.

Le pire restait sans aucun doute l'expression qu'arborait le défunt. Les traits tordus par une peur crue et laide, les yeux révulsés et rougis. Même dans la mort il gardait un air candide. La blessure prouvait encore une fois que l'un de ses soi-disant « amis » l'avait poignardé par-derrière. Quel con. Mourir le lendemain du procès d'Atlan. Mais quel con. Je soufflai. Caleb ne méritait pas ça.


Je redressai la tête, et jetai un regard circulaire sur la zone. Moi, Jack, me fis la promesse d'élucider ce meurtre, seul s'il le fallait. Et ce, même si je devais écraser les survivants un par un.


[Reste : 5]

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