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45 - Marche funèbre

La première chose que je sentis fut un mal de tête lancinant. Je plaquai mes mains sur mon crâne dans l'espoir de le faire cesser, en vain. Je me trouvais toujours sur mon lit, à l'endroit exact où je m'étais allongé quelques secondes plus tôt. Quelques secondes ? Le temps m'avait paru passer aussi vite, mais quelque chose me perturbait. Tout mon corps pesait aussi lourd que du plomb. Le silence ambiant semblait renforcer ma migraine. J'attendis quelques minutes avant de me risquer à ouvrir les yeux. Ma vision resta embuée quelques instants puis se stabilisa sur le plafond. Qu'est ce qui venait de se passer ? Mon regard descendit et avisa l'horloge murale. Je restai interdit. Onze heures. J'avais dormi deux heures. Sans doute l'épuisement dû au choc...

Tout me revint en mémoire avec la puissance d'un tsunami. Je revoyais Atlan, son rictus narquois et son regard glacial. En quelques phrases, il avait mis en pièces tout ce en quoi je croyais jusqu'à lors. Je me sentais vide. Mort. Mes espoirs, en tout cas, l'étaient. Je n'avais plus rien à quoi me raccrocher. Je tombais. Une longue chute dans un gouffre sans fond. Non ; pas sans fond. A un moment ou à un autre, j'attendrais le sol. Et le choc serait fatal. Je le savais. Je ne tentais pas de remonter, de trouver un moyen de stopper mon inéluctable descente aux enfers. A quoi bon ? Mes camarades disjonctaient un par un. Plus personne ne se faisait confiance. Bianca s'enfermait dans sa chambre, Yukie dans la salle de musique, Ben dans la salle de basket. Jack s'emmurait dans le silence et Capucine essayait de tenir tant bien que mal ; mais elle chutait aussi. Nous tombions tous ; c'était à celui qui mourrait le dernier.


Atlan... enfin, Isaac, avait tout détruit. L'imaginer depuis le premier jour nous regarder nous entre-déchirer sans sourciller me donnait la nausée. Tout ce qui était arrivé jusqu'à ce jour... Il aurait pu y mettre un terme. Il était l'instigateur. Le traître. Il savait des choses que nous ignorions tous. Hologramme et lui avaient forcément un lien.

Une pensée me traversa. Est-ce que je devais en parler aux autres ? Certains n'hésiteraient pas à le tuer pour stopper la tuerie. Leur révéler la vérité, du moins le peu que je connaissais, cela équivalait à condamner Atlan. Non... Je ne pouvais pas. Depuis le début, il m'avait soutenu, et... Non. Il me mentait depuis le premier jour. Notre relation, aussi bancale soit-elle, n'était qu'un immense tissu de mensonges. Tout était faux. Son discours, son attitude, son sourire narquois, son regard et son rire glaçant ; autant de preuves l'accablant. Le brun avait raison. J'étais incapable de le tuer. J'étais incapable de tuer qui que ce soit. Vraiment ?
Mes doigts se serrèrent autour de la couverture sur laquelle j'étais encore allongé. Je ne ressentais plus rien. Mes yeux demeuraient fixés à nouveau fixés sur le plafond.


Lorsque ma tête eut fini de me lancer, je pus me relever. Un vertige m'obligea à plaquer les mains contre mes tempes. Ma vision finit par se stabiliser, et je me mis debout. L'impression d'être à la fois libéré d'un poids mais accablé d'une charge monstrueuse me tenaillait. Mes bras retombaient mollement sur mes cuisses. Un miracle que mes jambes aient la force de me maintenir.

Je demeurai immobile quelques secondes. Que faire, désormais ? Tout paraissait inutile. A présent que je connaissais l'identité du traître... j'avais techniquement une longueur d'avance pour arrêter la tuerie. N'importe qui d'autre aurait pu obtenir cette information. Mais il avait fallu que ça tombe sur moi. La personne la moins qualifiée pour prendre des décisions et agir. Je me sentais inutile, naïf et dépossédé de toute énergie.


A un moment donné, mon regard s'abandonna, je ne sais trop comment, au niveau de la porte. En parcourut les contours. S'arrêta sur un objet bleu pâle qui dépassait, coincé entre le sol et la fente inférieure. Je tirai pour le déloger. Une enveloppe. Je fis glisser mes doigts le long de la bande adhésive, qui semblait déjà avoir été décollée. Une boule naquit au creux de mon estomac. Je réalisai à quel point mes mains étaient moites. Qu'est ce qui me prenait à stresser comme ça ? Ce n'était qu'une enveloppe. Son contenu, un simple morceau de papier, trouva grâce au creux de ma paume. Je le dépliai sans états d'âme.

« 10h30, au donjon. »

L'écriture m'apparut comme une évidence. Ces lettres peu soignées, griffonnées à la hâte... pas de doute, le message avait été rédigé par Atlan. Je jetai un nouveau coup d'œil à l'horloge, comme si l'heure avait changé depuis mon réveil. Onze heures, toujours onze heures. Mes entrailles commencèrent un ballet endiablé. Je relus la phrase, plusieurs fois. C'est à cet instant que je pris conscience d'une pliure non naturelle sur le morceau de papier. Comme si quelqu'un l'avait replié à la hâte. J'entendis un bruit et sursautai. Un sifflement irrégulier. Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait de ma propre respiration. Je plaquai ma main libre contre ma poitrine. Mon cœur semblait battre à tout rompre, et pourtant... je ne le sentais même pas.


J'eus un éclair de lucidité, malgré mon cerveau encore embrumé par une sieste prolongée. Le message provenait d'Atlan. Il me donnait rendez-vous, il y a une demi-heure de cela. Et si quelqu'un... Non, impossible. Si le brun prévoyait de me tuer, et que quelqu'un s'était rendu au donjon à ma place... Je déglutis. Jack ou Capucine n'auraient pas hésité. Atlan s'enfermait depuis bien trop longtemps ; nul doute que le donjon renfermait la clé pour s'échapper de la zone. Leur intelligence n'était plus à prouver. En interceptant la lettre, une personne pouvait penser piéger Atlan et enfin découvrir ce que cachait la tour. Mais si Isaac voulait se débarrasser de moi... Au fond, j'étais désormais un témoin gênant de sa traîtrise. Les mots de Jack me revinrent. Je serais sa victime idéale.


Un rire nerveux s'échappa de ma gorge.
Atlan allait me tuer.
Il allait vraiment me tuer.
Mais je ne pouvais m'empêcher de ressasser chaque jour passé où j'avais cru en lui ; où il m'était apparu comme la personne la plus digne de confiance ici.
J'entendis de nouveau le sifflement, plus puissant que la fois précédente. Encore ma respiration. Je me remis à rire. Je ne me sentais même pas hyperventiler. Un bruit de papier froissé me fit à nouveau sursauter. Mes mains venaient de se crisper sur le message. Il fallait que j'aille vérifier que tout allait bien.


*


Je montai les escaliers, sans pouvoir empêcher mes pas d'être précipités. Un mauvais pressentiment m'avait saisi aussitôt sorti de ma chambre. Le sentiment que quelque chose s'était déroulé pendant mon sommeil. Une mélodie s'intensifia à mesure que les marches qui me séparaient du premier étage diminuaient. Un air de piano. La porte de la salle de musique demeurait entrouverte ; j'aperçus Yukie, de dos, au clavier, ainsi que la silhouette filiforme aux longs cheveux blonds de Bianca. La jeune fille semblait finalement faire confiance à l'asiatique, et restait avec elle pour éviter tout incident. Les voir ensemble me rassura. Au moins, j'étais sûre que ces deux là se portaient bien.
Elles ne remarquèrent pas ma présence, et, accompagné par la musique, je repris mon ascension.

Le deuxième étage demeurait aussi calme qu'à son habitude. Depuis la disparition des sportifs du groupe, plus personne ne daignait s'y rendre. J'allais continuer à monter lorsqu'une odeur caractéristique me parvint. Assez légère, elle ne provenait pas des alentours. Je me figeai. Ce parfum âcre et lourd... aucun doute, quelque chose brûlait.


Je courrais ni plus ni moins dans les escaliers. Monter les marches jusqu'au troisième étage me parut durer une éternité. Et chaque centimètre qui me rapprochait du donjon colportait un peu plus de cette odeur de brûlé. L'air se faisait plus pesant ; de moins en moins respirable. Arrivé au troisième, je n'eus d'yeux que pour la trappe menant à la tour. Je me sentis faillir lorsque j'avisai l'épaisse fumée qui s'en échappait. Sans réfléchir, je fonçai jusqu'à la petite échelle en bois et commençai à frapper sur la porte. J'appelai la personne se trouvant au donjon, si tant est qu'il y en ait une. Pas de réponse. Mes coups demeuraient vains. Je saisis la poignée à pleines mains. Peut-être qu'en tirant assez fort, je déverrouillerais le loquet ? La tige métallique glissa et manqua de me faire chuter : ce n'était pas fermé à clé. Le regain d'énergie provoqué par l'adrénaline me permit de pousser la trappe d'un simple geste. Je gravis les dernières marches qui me séparaient d'un endroit inconnu. Le donjon.


A l'intérieur régnait un chaos indescriptible. La fumée, d'autant plus présente, agissait comme un brouillard opaque. On n'y voyait rien. La chaleur due à l'incendie me prit à la gorge. Je suffoquai quelques secondes avant de tomber au sol ; l'air y était rare, mais présent. Mes yeux brûlaient, à l'instar de ma gorge. L'exigüité de la pièce rendait le feu d'autant plus insupportable. J'avançai à tâtons, la vision brouillée, sans vraiment savoir quoi chercher. Mon cerveau refusait de faire le point sur la situation. J'étais dans l'action, pas dans la réflexion. Mais si je ne trouvais pas rapidement, j'allais y passer. La panique ne faisait qu'accélérer mes respirations, rapprochant inéluctablement la sentence fatale.

Ma main entra en contact avec un corps. Du moins, j'en déduisis qu'il s'agissait d'un corps. Brûlant, il se soulevait par convulsions ; la personne vivait ! Cette réalisation me donna la force nécessaire pour passer mes mains sous ses épaules et tirer de toutes mes forces jusqu'à la sortie. Je ne réalisai même pas quel poids je traînais. Il aurait pu être aussi lourd que léger, ça n'aurait rien changé. Ma tête tournait. Plus que quelques centimètres, et j'étais dehors. Je poussai un hurlement pour rassembler mes dernières forces et crispai mes doigts sur ma prise. Mon pied rentra en contact avec l'échelle. Je tirai le corps en arrière d'un coup sec, mais dérapai sur le barreau.


La chute fut brève. En une seconde, une douleur cuisante irradia dans mon bassin. Mais je pouvais de nouveau respirer. Mes poumons s'emplirent d'air comme s'ils ne l'avaient pas fait des jours durant. Je toussai, crachai, tremblai durant quelques secondes. La sensation de brûlure s'estompa petit à petit. J'essuyai mes yeux larmoyants du coin de la manche. Le corps, toujours contre moi, bougeait toujours. Sans doute le manque d'oxygène prolongé. Mais les convulsions qui l'agitaient ne se calmèrent pas. Je me redressai, non sans ressentir un stress croissant.
Et alors je le vis.


Son teint livide jurait avec ses yeux rouges et veinés. Le regard révulsé, il semblait admirer un point invisible dans le lointain. Il saignait du nez. Un sang poisseux et luisant. Un filet écarlate coulait de sa bouche, serpentait sur ses joues, sur son menton. Le visage ramené en arrière comme s'il cherchait un air inexistant. Sa respiration sifflante ressemblait en tout points à la mienne quelques minutes auparavant. Je glissai ma main sous sa tête. La mélodie jouée par Yukie retentissait toujours, comme une marche funèbre en l'honneur du futur défunt.
Il allait mourir ; pas de doutes là-dessus. Le manche du couteau enfoncé dans son poumon droit dardait un éclat menaçant. Il ouvrit la bouche pour parler. Sans doute pour me dire le nom de son agresseur. Mais une violente quinte de toux le saisit. Il convulsa d'autant plus et cracha une gerbe sanglante qui dégoulina sur ma chemise blanche.

Quelqu'un dit « Tais-toi. Tu vas mourir ».

La voix qui venait de prononcer ces mots était insensible ; sonnait avec une neutralité terrifiante. C'était... ma voix ? Mes lèvres se tendirent en un rictus nerveux et je jetai un regard circulaire sur l'étage. Personne. Personne d'autre que lui et moi. Je voulus lui saisir les mains pour l'accompagner dans la mort ; pour tenter de rendre ses derniers instants moins douloureux. La gauche m'apparut dans un état pitoyable. Le centre semblait renfoncé, tandis que les phalanges étaient mauves et sanguinolentes. La chair autour ressemblait à une bouillie rouge.


Je l'aurais bien achevé, mais cela aurait fait de moi le coupable. Je ne voulais pas être le coupable. En fait, je ne voulais même pas être là à cet instant. Mais l'adrénaline avait déserté. Mes membres demeuraient paralysés ; vissés au sol et fixés au corps convulsant. Le feu brûlait toujours dans le donjon. La fumée commençait à envahir le troisième étage. J'aurais dû lâcher le corps. M'enfuir, me planquer, pour ne pas être soupçonné de meurtre. A cet instant, je ne ressentais rien. J'étais une coquille vide, insensible à la vie qui s'échappait entre mes doigts. Je refermai mes bras autour de lui. Commençai à le bercer. « Tu vas mourir, désolé. » Si j'étais arrivé plus tôt, j'aurais pu le sauver. Tout ça à cause d'un foutu morceau de papier.
La fumée nous entourait à présent. « Je ne peux pas t'achever. Mais ne t'en fais pas, tu vas bientôt mourir » Finalement, j'allais peut-être y passer aussi.


Ma tête tournait. Le monde tournait. Qu'est-ce que je foutais ici ? Pourquoi est-ce que j'étais arrivé dans le manoir ? Pourquoi est-ce que Kitty était morte ? J'entamai un rire nerveux. Je ne savais plus. Ce que j'étais censé faire. Ce j'étais capable de faire. Ce que j'étais. J'étais simplement là, avec un corps à l'agonie dans les bras. La souffrance se lisait sur chaque trait de son visage. Chacune de ses inspirations se faisait plus laborieuse que la précédente. Le filet de sang qui s'écoulait de sa bouche s'épaississait à vue d'œil.

Je me demandai s'il était encore conscient. Si la dernière image qu'il verrait serait mon visage, étiré par un rictus et mouillé par des larmes brûlantes qui coulaient sans que je n'y puisse rien. J'avais de la peine pour lui. Ces mêmes larmes tombèrent sur sa peau ; roulèrent sur ses propres joues avant de se mélanger au sang. Il ne sembla pas le réaliser, et c'était peut-être tant mieux. Je ne voulais pas qu'il me voit pleurer.


Et puis, la délivrance. Son regard se figea et se voila. Il cessa de convulser. Un dernier reflux de sang anima ses lèvres ; son visage se ferma et revint dans une position naturelle. Sa poitrine cessa ses soubresauts anarchiques. La main que je serrais retomba, inerte, aussitôt que je l'eus lâchée.

Il était mort comme on s'endort après un cauchemar. Le visage paisible mais empreint d'une lueur craintive. Une appréhension du sommeil à venir ; lui dormirait pour l'éternité. Qui sait où il rêvait désormais.

Lorsque je me rendis compte que je tenais un cadavre, j'eus un sursaut. Je me redressai vivement en repoussant la masse inerte qu'il était devenu. Quand je réalisai, mon cœur s'arrêta de battre. Un frisson me fit l'effet d'un électrochoc.

Je sus qu'à cet instant, je n'avais plus aucune raison de vivre.


Devant moi gisait le corps d'Atlan.


[Reste : 6]


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