Chapitre 21.
Harry,
Je n'ai pas envie de sortir de mon lit. Si je le pouvais, je repousserais ce jour encore et encore. Nous sommes le Jeudi 31 Octobre 2013. Louis et moi devons fêter nos trois ans de couple. Je n'ai pas envie de fêter ces trois ans. Ce ne sont pas trois ans de bonheur et de fidélité comme ça aurait dû l'être, alors je ne vois pas pourquoi on devrait le fêter. Mon téléphone vibre sur la table de nuit. Je l'attrape et regarde l'écran. C'est un message de Johannah.
Message de Jay à Harry :
Coucou Harry, j'espère que tu vas bien ?
Je voulais te souhaiter joyeux troisième anniversaire de couple avec Louis. Trois ans que tu partages sa vie et j'espère que ça durera encore longtemps. Vous êtes tellement adorables tous les deux. Vous vous rendez heureux mutuellement et c'est ce qui compte dans un couple. Je suis très heureuse de t'avoir comme beau-fils et j'espère un jour te voir devenir mon gendre. Passez une bonne journée les amoureux. Gros bisous de la famille Tomlinson.
Je n'y crois pas... Johannah n'est au courant de rien. Louis n'a pas dit à sa mère qu'il m'avait trompé, et que nous étions, depuis un peu plus d'un mois, dans une situation compliquée. Je soupire. Ça me fait mal de devoir faire semblant.
Message d'Harry à Jay :
Bonjour ! Ça va très bien merci et vous tous ?
Merci pour ce gentil message Jay, j'espère aussi que ça durera longtemps. Je suis très heureux de vous avoir comme belle-maman. Bisous à toute la famille.
J'envoie le message et balance mon téléphone sur le lit. Je mets mes deux mains sur mon visage et souffle doucement. Qu'est-ce que je ressens aujourd'hui ? De la colère ? De la tristesse ? J'ai tellement pleuré ces dernières semaines que je ne sais même pas si mon corps a encore assez d'eau pour verser quelques larmes en ce jour...
Je me lève et me dirige vers la salle de bain pour me préparer. Je prends une douche et me lave les cheveux. Je me sèche, je me rase, même si je n'ai pas de barbe apparente. J'ai toujours un peu de duvet au-dessus de ma lèvre supérieure. Je brosse les dents, je m'habille, je me coiffe avant de sortir et de descendre à la cuisine. Louis est en train de préparer le petit déjeuner.
- Hey, tu es déjà réveillé. Je voulais t'apporter le petit déjeuner au lit.
Je lève les yeux au ciel et ouvre le frigo. Je prends le jus de fruit et me serre un verre. Louis me donne la tasse de thé qu'il avait préparé, ainsi que les tartines de confiture. Je m'assieds sur un tabouret en regardant mon téléphone. Louis rame pas mal. Il essaye de me parler, de me dire des choses gentilles, mais ça n'a plus le même effet qu'avant. Je ne lui parle toujours pas oralement, et souvent, je ne prends pas la peine de lui répondre avec mes mains.
Louis me glisse une petite carte, avant de sortir de la cuisine. Je la prends et lis.
"Joyeux trois ans, même si je sais que ça ne doit pas compter pour toi. Sache que je t'aime et je ne cesserais jamais de t'aimer. - Louis."
Je ne sais pas quoi en penser. J'aimerais le croire, mais je n'y arrive pas. Je pose la carte et croque dans une tartine. Hmm... C'est du pain frais. Louis a dû se lever pour aller en acheter ce matin. Il est très bon.
Après avoir pris mon petit déjeuner, je débarrasse tout et vais dans le salon. Louis joue à la console. Je m'assieds sur l'autre canapé et prends mon ordinateur pour travailler un peu. Louis joue environ une heure à la console, puis il éteint la télé et vient s'asseoir à côté de moi.
- Heum... Est-ce que tu accepterais de dîner avec moi ce soir ?
Je tourne la tête vers Louis et arque un sourcil.
- Non. Je dîne déjà avec Quinn ce soir.
- Quinn ? Mais pourquoi ?
- Elle m'a envoyé un message pour me proposer et j'ai dit oui.
- Mais Harry, ce sont nos trois ans de couple. Je sais que ça ne compte probablement pas pour toi, mais j'ai besoin de dîner avec toi ce soir. Pour... Pour que l'on se retrouve tous les deux... S'il te plaît.
Je secoue la tête négativement. Je ferme mon ordinateur, je le pose sur la table et me lève. Louis se lève aussi et attrape mon bras. Je regarde d'abord son emprise puis Louis. Je fronce les sourcils.
- S'il te plaît Harry. J'essaye de tout faire pour récupérer ton coeur et ta confiance, mais je ne peux pas y arriver si tu me remballes tout le temps.
Je me débats et réussis à me lâcher de son emprise.
- Tu ne récupérais jamais ma confiance Louis. Tu l'as déjà perdue une fois, tu sais quand tu as dis devant tout le lycée que je ne devais pas crier fort quand on me baise. Je ne pourrais plus te faire confiance.
Je prends l'ordinateur et monte dans mon bureau pour aller travailler. Moi aussi je peux mentir pour soi-disant aller voir quelqu'un.
J'arrive devant le restaurant-bar, légèrement stressé et hésitant. Je ferme ma voiture et entre dans le bâtiment. Une serveuse arrive vers moi en souriant.
- Bonsoir Monsieur vous aviez réservé ?
- Bonsoir hum... Non, mais normalement je suis attendu par Monsieur Dallas.
- Bien, je vais vous y accompagner.
- Merci.
Je suis la serveuse jusqu'à la table. En me voyant arriver, il se lève. Je souffle doucement pour me donner du courage.
- Merci d'avoir accepté mon invitation Harry.
- J'ai essayé de prendre du recul, même si ce n'est pas facile.
Matt me tend sa main. J'hésite quelques secondes avant de la serrer. Nous nous asseyons l'un en face de l'autre.
- Vous allez bien ?
- Ça pourrait être mieux, surtout aujourd'hui...
- Pourquoi ?
- Louis et moi aurions dû fêter nos trois ans de couple.
Matt acquiesce. Je lui explique que Louis m'a proposé de dîner avec lui ce soir, mais que j'ai refusé. Nous essayons ensuite de parler d'autre chose. Il me parle de lui, de ses études, de sa famille, de son travail.
- Comment tu as rencontré Louis ? Demandé-je.
Matt se racle la gorge et se redresse un peu.
- Un garçon m'a bousculé dans les couloirs de la fac et toutes mes fiches de cours sont tombées. Louis s'est arrêté pour m'aider à les ramasser. Je l'ai remercié, et quelques jours plus tard, je l'ai croisé sur mon lieu de travail, il faisait son stage au cabinet. Nous avons brièvement discuté.
- Quand a commencé votre relation ?
- Je lui donnais des cours particuliers pour les matières dans lesquelles il avait du mal à suivre le fil. Je lui ai fait des avances, il avait l'air hésitant, mais jamais votre nom n'est sorti de sa bouche. Avant qu'il ne parte de chez moi, je l'ai embrassé. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas faire ça, et le soir même, il est revenu chez moi. Il était assez contrarié, et il m'a embrassé.
- Oui... Je me souviens de ce jour. Je ne voulais pas l'accompagner à Londres.
Nous sommes mal à l'aise tous les deux. Je reste calme pour le moment, tant qu'il ne me provoque pas. Je pose les questions que je souhaite, là où je veux des réponses. Matt m'a contacté il y a trois jours pour que nous dînions ensemble. J'ai longuement réfléchi avant d'accepter. Je lui ai aussi demandé de me tutoyer parce que j'ai l'impression être vieux quand il me vouvoie.
- Est-ce qu'il a dormi chez toi ce soir-là ?
- Oui.
- Il m'a dit qu'il avait dormi dans un motel... Comment il m'a décrit quand il était avec toi ?
- Il t'a appelé Harnold. Il m'a dit qu'il t'avait rencontré au lycée à Londres. Il m'a dit que tu étais Muet et qu'il avait eu du mal à être ton ami, car tu te méfiais de beaucoup des gens... Est-ce qu'il m'a mentit sur ça ? Généralement quand on est muet, on y reste toute sa vie non ?
- Je vois... Mon vrai prénom est Harold, mais je me fais appeler Harry, car je préfère ce prénom-là. Je suis né avec le mutisme, mais suite à des complications et a un accident, j'en suis sortis miraculeux et je parlais grâce à un prototype.
- Wow... Effectivement, ce n'est pas courant. Et pour votre rencontre ?
Je souris en coin et pouffe en secouant la tête négativement.
- Je me méfiais de tout le monde, car je me faisais harceler par les brutes de mon lycée. Louis est arrivé et il a été très gentil avec moi, même s'il s'est parfois laissé influencer par les brutes. Il est tombé amoureux et j'ai longtemps hésité avant d'accepter d'être son copain il y a... Trois ans aujourd'hui.
- Je suis sincèrement désolé Harry, mais tu dois me croire, si j'avais su pour votre couple, je n'aurais commencé cette relation.
- Je te crois Matt. Comme dis Arthur, nous sommes les résultats d'une infidélité et de mensonges.
Matt acquiesce une nouvelle fois. Un serveur arrive vers nous pour nous demander ce que nous souhaitons boire.
- Pas de thé s'il te plaît, dit Matt.
Je le regarde en souriant, il me sourit à son tour.
- Non pas de thé. Un Monaco s'il vous plaît.
- Et moi un coca zéro.
- Très bien messieurs.
Le serveur repart et je me tends un peu avant de poser ma seconde question.
- Comment vous... j'hésite. Comment êtes venus à coucher ensemble ?
Matt perd son sourire et joue avec ses doigts.
- Tu es sûr de vouloir que je réponde à ça ?
- Oui. C'est vraiment arrivé qu'une seule fois ?
- Une seule et unique fois, je te le promets. Ce ne serait pas moi qui te mentirait.
Et il vise Louis. Je ris nerveusement.
- Hum... Il était censé dormir chez moi, donc je suppose qu'il t'avoir trouvé un prétexte à la noix.
- Une soirée foot arrosée.
- Il me l'a déjà sortie aussi quand il ne pouvait pas rester, enfin... Nous avons regardé un film, je n'étais pas vraiment concentré sur la télé, mais plutôt sur Louis. Je me suis penché vers lui pour l'embrasser et...
Matt s'arrête de parler en voyant que je me mords la lèvre inférieure en baissant la tête.
- Harry...
- Ça va... Continue.
- On s'est embrassés, et ça s'est fait naturellement... Je me suis endormi juste après, et apparemment, il est resté éveillé. Il m'a laissé un mot et il est partie.
- Ce soir-là... Quand il est rentré, je l'ai trouvé... Calme, triste et il était particulièrement attentionné. Il avait les yeux rouges, mais il me disait que c'était un rhume.
- Je sais qu'il regrette cette soirée... Il me l'a bien fait comprendre. Il a regretté cette relation toute entière, Matt dit tristement.
- C'est dégueulasse qu'il t'ait fait autant espérer, trois mois ce n'est pas rien.
- Non Harry. C'est pour toi que c'est le plus dégueulasse. Vous êtes ensemble depuis trois ans. Je n'aurais pas supporté que mon copain me fasse une telle chose. Je ne sais pas comment tu as pu lui laisser une seconde chance.
- Je sais... Mais je l'aime... D'un amour inconditionnel et même si c'est difficile, je le repousse. Je le fais ramer autant que je peux.
- Tu es bien courageux.
Les boissons arrivent. Nous buvons tout en continuant de parler de Louis, de la relation qu'ils ont eue, de notre relation à nous. Matt paye les boissons et je le remercie. Nous sortons du restaurant-bar, il m'accompagne à ma voiture.
- Je suis heureux de savoir que tu ne m'en veux plus.
- Tu n'y es pour rien Matt. Tu n'étais au courant de rien, et je regrette de t'avoir jeté mon thé à la figure et de t'avoir frappé.
- Ne t'excuse pas pour ça. Tu étais en colère et je le comprends totalement, je crois que j'aurais fait pareil.
Je lui tends ma main et Matt la serre en souriant en coin.
- Bon courage pour la suite de votre relation.
- Merci et je te souhaite tout le bonheur du monde, car tu le mérites.
- Merci Harry.
Je monte dans ma voiture et rentre à l'appartement. Je suis content de cette soirée et quelque part, je me sens soulagé. J'ai su rester en adulte et parler au lieu de crier ou d'en venir aux mains. Matt est un garçon très gentil, et c'est regrettable que Louis lui ait fait autant de mal. Maintenant, c'est à moi de gérer notre relation.
~~~
Louis,
La porte d'entrée s'ouvre puis se ferme. Des pas s'avancent vers le salon, puis la cuisine. Je suis en train de manger, Harry me regarde et s'avance. Il se sort une assiette et des couverts, il s'assied ensuite à côté de moi. Il se sert des pâtes.
- Tu n'as pas mangé avec Quinn ?
- Je n'avais pas compris que c'était juste pour l'apéritif, et elle n'a pas voulu m'enlever le privilège de dîner avec toi ce soir.
- Merci pour cette ironie Harry...
- Je t'en prie.
Je soupire et nous mangeons dans le silence. De toute façon, j'avais bientôt fini. Je débarrasse ma place et vais chercher les cadeaux d'Harry. Je reviens dans la cuisine et les poses en face de lui.
- Je ne suis pas un homme vénal.
- Je n'achète pas ton pardon avec des cadeaux. Ce sont des cadeaux pour nos trois ans. Alors ouvre-les ou non. Tu fais bien ce que tu veux.
Je sors de la cuisine et monte dans ma "chambre". Je claque la porte et m'assieds sur le lit pour pleurer cet amour probablement perdu entre Harry et moi...
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