Louis,

Le planché craque sous la pointe de mes pieds. Je me dirige le plus discrètement possible vers ma chambre. La lampe torche de mon téléphone est à son minimum pour éviter de réveiller Harry qui dort déjà.
Il est 01h47 du matin, et je rentre d'une fête à laquelle Liam m'a invité. Harry n'a pas voulu venir. Il avait des "révisions", mais je sais très bien que c'est parce qu'il a encore du mal avec Liam. Même si Harry parle maintenant, Liam fait comme si de rien n'était. Mais Harry n'a pas oublié qu'il a fait partie des populaires du lycée, et donc qu'il faisait partie des personnes qui se sont moquées de lui et de son handicap. J'ai essayé de lui parler plusieurs fois. Je lui ai demandé de pardonner à Liam, car il a changé. Il a mûrit. Depuis qu'il est papa, il a vraiment pris en maturité.

J'arrive dans la chambre en fermant la porte derrière moi. Harry dort paisiblement, torse nu. Je vais dans la salle de bain pour me déshabiller et me brosser les dents avant de me coucher délicatement à côté de mon copain. Il bouge légèrement mais ne se réveille pas. Je pose mon téléphone sur la table de nuit et remonte le drap sur moi. J'embrasse l'épaule d'Harry et m'allonge sur le dos. Je mets un bras sous ma tête, pose mon autre main sur mon ventre. Je n'ai pas sommeil. Je repense à tout ce qu'il s'est passé depuis l'opération d'Harry. Le nombre de choses qui ont changées dans nos vies, tous les évènements que nous avons vécus. Cette opération a bouleversé la vie d'Harry, celle de sa famille et la mienne. Quand mes parents ont entendu Harry parler pour la première fois, ils ont été surpris, émus. Ce jour-là, je leur avais dit qu'il se faisait opérer, mais pas que cela lui permettrait de parler.

La voix d'Harry est exactement la même qu'Anne, Robin et moi avions entendu lorsque nous l'avions accompagné à l'hôpital de Liverpool. Elle est lente, grave, et douce. Elle lui va parfaitement bien. Le temps est passé tellement vite. Je me souviens de notre premier baiser comme si c'était hier. Celui que nous avons échangé le 31 Octobre 2010, le soir d'Halloween chez Harry. Une soirée dont je me souviendrais pour toujours. J'ai aimé Harry avec son handicap, et aujourd'hui, je l'aime avec sa voix qui me fait frissonner.

Après avoir pensée à ma relation avec Harry, je finis par m'emporter dans les bras de Morphée.

~~~

Harry,

Lorsque la sonnerie me libère enfin de ce cours terriblement ennuyant, je me dépêche de rassembler mes affaires et de les ranger dans mon sac. Je sors de la salle de cours pour aller à la bibliothèque faire des recherches. Notre professeur principal nous a donné un travail très intéressant à faire pour la semaine prochaine. Le sujet est le suivant : Le mutisme est-il une barrière à la communication avec les personnes ayant les capacités complètes de l'ouïe et de la parole ?

La réponse est non, et j'en suis la preuve. Mon mutisme ne m'a empêché de parler avec Louis, Niall, mes parents, et ma sœur... J'ai toujours trouvé un moyen de communiquer avec eux. Par messages, sur un bout de papier ou bien lorsqu'eux-mêmes savent parler la langue des signes. Le mutisme ne doit pas être une barrière pour communiquer. Peu importe avec qui. Quelqu'un d'aveugle, un malentendant ou une personne en « parfaite santé ». Il y a toujours un moyen pour communiquer et c'est le premier message que je ferais passer à mes élèves quand je serais professeur. Ne jamais laisser son handicap nous rendre insociable, nous enfermer dans un monde sombre et triste. Il faut rester sociable avec le monde extérieur. Faire de nouvelles connaissances. Ne pas faire l'erreur que j'ai faite, c'est-à-dire de se méfier de tout le monde et ignorer les personnes qui cherchent juste à nous comprendre et à passer du temps avec nous.

J'arrive à la bibliothèque. Je m'installe à une table, sors mon ordinateur, mon casque et me mets à travailler tout en écoutant de la musique pour m'inspirer un peu.

Je suis concentré sur mon travail. J'ai rédigé une bonne partie de mon travail. J'ai écrit environ 500 mots, et j'ai encore pleins de choses à écrire et d'idées à développer. La musique est toujours en marche dans mon casque. C'est une chanson de Meghan Trainor (All About That Bass). C'est une chanson entraînante et motivante. J'aime beaucoup la voix de cette chanteuse. Soudain, je suis interrompu dans mon travail. Quelqu'un me tapote l'épaule. Je lève la tête en enlevant mon casque.

- Salut Harry.
- Oh Quinn, ça va ?
- Bien et toi ? Je te dérange ?
- Je vais bien merci. Heu... Je suis en train de faire l'exposé de Madame Baker.
- D'accord, tu as besoin d'aide ?
- Non, ça va merci. Tu avais besoin de quelque chose ?
- Non, pas spécialement. Je t'ai vu là tout seul, alors je suis venue te voir.
- Okay.

Quinn Fabray, est une magnifique jeune femme, blonde aux yeux vert émeraude, grande, et à la silhouette plutôt mince. Tous les garçons essayent de sortir avec elle, mais elle n'a d'yeux que pour moi. Pourtant, elle sait que je suis gay et en couple. Mais si je n'étais pas homo et fou amoureux de Louis, je serais sans aucune hésitation sorti avec elle. Elle est très jolie, douce, gentille et appréciée par tout le monde. Elle étudie ici avec moi. Elle aimerait devenir professeur dans une école primaire, mais elle n'étudie pas la langue des signes. Quinn m'embrasse sur la joue et me laisse travailler.

Je suis assis à la table de la salle à manger, lorsque j'entends un bruit de clé dans la serrure. La porte s'ouvre et se ferme, puis un adorable « Mon cœur, je suis rentré ! » navigue jusqu'à mes oreilles. Louis est rentré de la fac. Je suis toujours sur mon exposé. J'en suis à 1300 mots maintenant, et j'ai presque terminé. Je regarde l'heure sur mon ordinateur, il est 18h08. Je réponds à Louis en lui disant que je suis dans la salle à manger. Il arrive quelques secondes plus tard, se place derrière moi en entourant mon cou de ses bras et dépose un doux baiser sur ma tempe.

- Tu as passé une bonne journée ? Me demande-t-il en frottant son nez contre ma joue.
- Plutôt. Et toi ?
- Chargée. J'ai encore beaucoup de boulot pour ce week-end.
- Awn mon ange... Et la fête d'hier ? Je ne t'ai pas entendu rentrer.
- Je suis rentré un peu avant deux heures. Tu dormais comme un bébé. La fête était plutôt bien, je me suis amusé.
- Tant mieux.

Louis reste accroché à moi quelques minutes. Il me demande ce que je fais et je lui présente mon travail. Il trouve ce sujet très intéressant et lis ce que j'ai rédigé en me proposant quelques idées, conseils et en me disant de mettre quelques exemples de mon expérience. Je le remercie et note ce qu'il m'a dit.

- Tu veux manger quoi ce soir ? lui demandé-je.
- Ce que tu veux. Tout me va.
- Ça ne m'aide pas beaucoup.

Louis rit doucement et se redresse. Il embrasse ma tête et part travailler dans son bureau. Je modifie ma réponse en y incorporant quelques idées de Louis. Je fais ma conclusion et... finit ! Il est 19h40. Je vais aller préparer le dîner. Je prends soin de sauvegarder mon travail sur mon ordinateur et ma clé USB avant de mettre en veille mon ordinateur et de me diriger vers la cuisine pour préparer à manger. Ce sera pâtes au thon et aux tomates. Je commence par faire chauffer de l'eau, puis je m'occupe de faire cuire à côté des tomates cerises venant du petit potager de mon père. Puis, je sors les boîtes de thon. Je les ouvre, et rapidement, une petite tête blanche et poilue monte sur le plan de cuisine et me regarde avec de grands yeux verts.

- Hein Hein. Tu n'auras rien Snow. Pas une seule miette de thon.

Je regarde Snow. Snow est la petite chatte que Louis et moi avons adopté deux mois après mon opération. C'est un persan. Nous l'avons adopté en payant les soins que les éleveurs lui ont fait lorsqu'elle était petite. C'est un chat très affectueux, fidèle et joueur. Je l'adore. Nous l'avons appelé Snow, car lorsque nous l'avons adopté, il neigeait. Les rues étaient blanches comme ses poils, alors j'ai eu l'idée de Snow. Louis voulait l'appeler Elsa comme dans « La reine des neiges », mais j'ai catégoriquement refusé. Il se laisse trop influencer par ses petites sœurs.

Snow miaule d'un petit son aigu et adorable. Je ne peux pas résister. Je la caresse en partant de sa tête jusqu'au bas de son dos avant de mettre du thon sur mon doigt et de la laisser goûter. Je souris attendri. Une fois l'eau en ébullition, je verse les pâtes dedans et surveille les tomates cerises. Je mets ensuite le thon à cuire avec les tomates. Snow est endormie sur le plan de travail, et Louis est toujours dans son bureau. Je vais mettre les couverts, pose de l'eau et du pain sur la table. Je verse les pâtes dans une passoire, met un peu de beurre, verse les tomates et le ton, un peu de basilique et c'est prêt ! J'appelle Louis pour qu'il vienne dîner, et m'installe à table.

- Je sentais la bonne odeur de mon bureau et j'avais hâte de manger. J'ai l'estomac dans les talons.
- Heureusement que c'est prêt dans ce cas.

Louis s'assied en face de moi. Je lui serre une bonne assiette de pâtes. Il me remercie d'avoir préparé le dîner. J'ai toujours aimé cuisiner, alors ça ne me pose aucun souci. Nous commençons à manger en parlant de notre journée, des futures vacances que nous ferons séparément, et de mes parents que je ne vois pas assez. Ce qui dérange Louis. Lui aimerait voir ses parents plus souvent. Ils vivent dans un autre pays. Moi j'ai de la chance, ils ne vivent pas très loin, et j'avoue que je pourrais les voir plus souvent. C'est une initiative que je vais prendre. Je dois voir mes parents plus souvent et passer plus de temps avec eux. Gemma vit avec son fiancé et moi avec mon copain, il n'y a plus grand monde à la maison. Les petits oiseaux ont déployé leurs propres ailes et vivent leurs vies comme ils l'entendent. Mais il ne faut jamais oublier ceux qui nous ont permis cette liberté.