Chapitre 24
- Je veux pas t'obliger à en parler, dis-je en me rapprochant d'elle.
- Non. Ça a besoin de sortir, souffle-t-elle. Personne ne le sait. J'en ai même pas parlé à Chris.
- Alors vas-y.
- Ma sœur, Maxime, avait une maladie chronique auditive. On a découvert ça lorsqu'elle avait 10 ans. Son audition diminuait au fil des mois, plus rapidement de l'oreille droite que de la gauche. Elle et moi avons commencé à prendre des cours de langue des signes pour que je puisse l'aider à communiquer avec les autres lorsqu'elle serait complètement sourde. Maxime et moi, on était très proche. On jouait souvent ensemble, autant à des jeux que de la musique. Moi derrière la batterie et elle derrière la guitare. La musique, c'était sa vie. Elle n'acceptait pas le fait qu'elle ne pourrait plus entendre le son des cordes de sa guitare ou de nos voix lorsqu'on chantait ensemble. Pour elle, c'était impossible de vivre sans musique.
Un sourire apparaît sur ses lèvres malgré ses yeux tristes qui commence à se remplir de larmes. Je crois que je comprends ce qui c'est passé après. Je m'approche un peu plus d'elle en avançant ma chaise et passe un bras alentour de ses épaules pour lui faire comprendre que je suis là et que je l'écoute.
- Il y a deux ans, ça faisait exactement un mois qu'elle était devenue complètement sourde. Elles ne voulaient pas d'appareils auditif pour je ne sais qu'elle raison. Elle ne supportait d'avoir besoin d'appareils pour vivre normalement. Mais elle ne supportait pas non plus de vivre dans la sourdine. J'ai essayé de la convaincre pendant plusieurs jours d'avoir des appareils, mais elle refusait. Aujourd'hui, ça fait exactement 1 ans et 8 mois que je l'ai retrouvé pendue dans la salle de bain.
Elle étouffe un sanglot et cache son visage dans mon cou. Je lui caresse doucement les cheveux pour essayer de la calmer. Je maudis sérieusement mon mutisme en ce moment pour m'empêcher de l'apaiser avec des mots doux et de la rassurer.
- C'est moi qui l'a trouvé, dit-elle difficilement. Avec sa ceinture autour du cou accrocher à la pôle de rideau de douche. Je n'ai même pas été capable de crier, d'appeler mes parents ou de bouger. Je suis resté 5 minutes figé devant cette image. Je me rappel de chaque détail. Ma mère, qui m'avait demandé d'aller chercher du savon pour elle est venue me rejoindre lorsqu'elle a vu que je ne revenais pas. Et puis, tout s'est passé très vite. Ma mère a crié, mon père est venu voir et à tout de suite appeler l'ambulance. Ma mère a descendu Maxime, mais c'était trop tard. Elle avait écrit une lettre pour moi, mon père et ma mère. Je n'ai jamais ouvert la mienne.
Elle pleure doucement contre mon épaule, mouillant mon chandail, mais je m'en fou. Pauvre elle. Ça a dû être horrible. Retrouver sa sœur pendue dans la salle de bain. Je ne voudrais pas être à sa place.
- Désolé de pleurer, dit-elle en essuyant ses larmes et en se remettant droite sur sa chaise.
Sans répondre à ce qu'elle vient de dire, je lui prends la main pour l'inciter à se lever, ce qu'elle fait, avant de l'approcher de moi. Je prends doucement ses hanches pendant qu'elle essuie continuellement ses larmes qui n'arrête pas de couler et la fait asseoir de côté sur mes jambes. Immédiatement, elle entoure mon cou avec ses bras et remets son visage dans mon cou. Je lui caresse doucement le dos et les cheveux et faisant un son qui ressemble à un « chut » grâce l'air que je souffle hors de ma bouche positionné d'une certaine façon.
Je n'aime pas ça la voir comme ça. Aussi mal et aussi faible. Maintenant je me sens mal de lui avoir demandé comment elle connaît la langue des signes l'autre jour, je ne savais pas que c'était relié à un aussi mauvais souvenir. Je la fais décoller un peu de moi pour qu'elle puisse voir mes signes.
- Ne t'excuse pas de pleurer. C'est normal de pleurer avec ce que tu as vécu. Ne t'excuse pas pour ça, tu as le droit. Ok?
- OK, dit-elle avec un petit sourire en essuyant encore une fois ses larmes. Je dois me changer les idées, on peut faire le projet?
- Bien sûr, dis-je en me tournant vers l'ordinateur. Mais tu reste sur moi.
- D'accord, dit-elle alors que son sourire s'agrandit un peu plus.
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