Durant le diner, Samuelle est venu s'assoir à la table de Chris et ses amis. Ils avaient l'air de tous bien s'entendre avec elle, ce qui m'a beaucoup surpris. Chris leur a expliqué ce qui c'était passé avec Rémi et ils étaient tous d'accord pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Après le dernier cours de la journée, je n'ai même pas eu le temps de dire bonne fin de semaine à Samuelle qu'elle est partie en courant avec Chris et ses amis je ne sais où. Honnêtement, j'ai peur de savoir ce qu'ils sont allés faire.

Je suis présentement chez moi, il est 10 :30 et il fait noir dehors. Ma mère est dans sa chambre en train de lire en écoutant de la musique classique. C'est son style de musique. Personnellement, je déteste le classique. Je préfère beaucoup plus le rock. Je ne sais pas d'où je tiens toute mon attitude et mes goûts. Certainement de mon père, car je suis le contraire total de ma mère.

Mon père, j'ai aucune idée où il est. Il est parti lorsque j'avais 3 ans et je ne l'ai plus jamais revu. Il est parti sans laisser de trace derrière lui. Il n'était pas muet. Il pouvait parler. Je me rappelle que j'aimais bien sentir ses cordes vocales vibrer lorsqu'il parlait. Je mettais ma main sur sa gorge et il parlait de n'importe quoi. Il connaissait la langue des signes, car sa mère était devenue sourde à l'âge de 40 ans, et, bref, il voulait continuer à la comprendre et blablabla. Je ne me rappelle plus à quoi il ressemble. Surement beaucoup à moi. Ma mère à jeté ou brûlé toute les photos qu'on avait de lui. La seule chose qu'il me reste de lui c'est son nom de famille. Owens.

Alors que je mets mon sac d'école dans la garde-robe de ma chambre, j'entends un bruit à ma fenêtre. C'était quoi ça? Un arbre qui cogne contre la vitre à cause du vent. Ouais, surement ça. Attendez. Il y a pas d'arbres en avant de la maison. Toc. Le même bruit. Quelqu'un cogne à ma fenêtre? Je suis au deuxième étage. Toc. Curieux de savoir ce qui fait ce bruit, je m'avance vers ma fenêtre, tasse les rideaux qui la recouvre et regarde dehors.

Sous la lumière du lampadaire de la rue, deux personnes regarde vers ma maison, mais je ne les voit pas bien. Je les reconnaît rapidement lorsqu'une des deux personnes dit en langue des signes : Viens nous ouvrir imbécile! Il fait froid dehors! Samuelle et Chris. Qu'est-ce qu'ils font là à cette heure? Je quitte ma fenêtre pour rapidement aller leur ouvrir la porte d'entrée. Rapidement je leur dit :

-    Faites pas de bruit, sinon ma mère va appeler la police.

Samuelle le traduit en murmurant à Chris et c'est maintenant que je remarque qu'elle a du sang sèche sous le nez qui a coulé jusque dans son cou alors que Chris n'a aucune blessure apparente.

-    Venez.

Ils me suivent sur la pointe des pieds jusque dans le sous-sol où il y a une salle de bain avec une trousse de premier soin. Une fois arrivé en bas, je les invite à s'assoir sur un sofa pendant que je vais chercher la trousse de premier soin.

-    Qu'est-ce que vous faites ici?

-    On voulait venir te dire que la mission était accomplie, dit Samuelle avec un grand sourire malgré le sang sur son visage!

-    Ouais, on a réglé le cas de Rémi, dit Chris en devinant ce que j'avais dit.

-    Pourquoi t'es la seule des deux qui a des blessures apparentes?

-    Parce que je suis celle qui à encaissé les coups.

-    Ouais, les seuls coups que Rémi réussissait à envoyer, c'était toujours Samuelle qui les recevait, s'exclame Chris! C'est qui qui disait qu'il ne voulait pas que tu te blesse durant la bataille dont?

-    C'est qui dont qui a dit que ça ne lui dérangeait pas de se blesser?

Samuelle : 1, Chris : 0. Pauvre Chris. Samuelle est une vraie tête dure.

-    Je peux te soigner, demandais-je?

-    T'inquiet je peux le faire toute seule, dit-elle en essayant d'attraper la trousse de premier soin.

-    Non. Je veux le faire. Pour vous remerciez de ce que vous avez faite pour moi, laisse-moi au moins te soigner.

-    D'accord, fini-t-elle par dire.

-    Qu'est-ce qu'il dit, demande Chris.

-    Il dit qu'il tient à me soigner pour nous remercier de ce qu'on a faite pour lui.

-    Frédéric, pas besoin de nous remercier. On a fait ce qu'on avait à faire, pour toi, pour nous et pour toute l'école.

-    D'accord.

Je vais mouiller un bout de tissu dans la salle de bain pour ensuite revenir auprès de Samuelle pour nettoyer le sang sèche qu'elle a sur le visage et le cou pendant que Chris fait le tour du sous-sol en observant la décoration médiocre.

-    Lève la tête.

Elle fait ce que je dis et je m'approche d'elle pour pouvoir enlever le sang qu'elle a dans le cou. Elle est assise sur le canapé, moi sur la table de salon, penché vers elle pour avoir une bonne vue sur son cou. Je le nettoie du mieux que je peux, mais le dessous de l'os de sa mâchoire est dur d'accès alors je m'avance encore plus vers elle et mets ma main libre derrière son cou pour avoir un bon appui.

-    Tes mains sont froides, dit-elle doucement en frissonnant.

-    Désolé.

Je continu d'enlever le sang sèche et fini son cou. C'est au tour de son visage, soit son nez et sa bouche.

-    Tu as saigné du nez j'imagine.

-    Oui.

Je nettoie doucement alentour de sa bouche et détail discrètement ses lèvres roses qui semblent si douces, suivie de ses petites pommettes recouvertes de taches de rousseur très discrètes. Je ne les avais jamais remarqués. Ça la rend encore plus jolie. Je sens le regarde brun perçant de Samuelle sur moi et je me sens extrêmement observé, ce qui est le cas. Lorsque j'ai finalement terminé de nettoyer le sang, sans que je m'y attende, Samuelle se penche d'un coup vers moi pour venir déposer ses lèvres sur ma joue gauche.

-    Merci Fred, dit-elle doucement avec un beau sourire.

Bien sûr, je sens mes joues chauffées toute seule. Jamais je n'avais reçu un baiser d'une fille. Je tourne la tête dans la direction des escaliers pour éviter que Samuelle me voit tout rouge, lorsque j'entends Chris dire.

-    Moi aussi j'en veux un!

-    Pourquoi je t'en donnerais un?

-    Parce que je t'ai laisser venir te battre avec nous.

-    Ok, excuse valable, dit Samuelle en se levant.

Alors qu'elle s'approchait de Chris pour lui donner à son tour un baiser, j'entends le plancher de l'étage craquer. Merde, ma mère! Je me lève subitement de la table de salon et pousse Chris et Samuelle vers une fenêtre.

-    Ma mère s'en vient, sortez par là!

-    Putain, sa mère s'en vient Chris, on doit sortir par la fenêtre, dit Samuelle.

-    Merde! Faites-moi la courte échelle, je t'aiderais à monter.

J'aide Samuelle à lui faire la courte échelle puisque la fenêtre est petite et en hauteur, comme la grande majorité des fenêtres dans les sous-sols, et Chris réussit à passer. J'entends les pas de ma mère descendre les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée. Merde, on doit se grouiller.

-    Sam, prends ma main, dit Chris an passant sa main par la fenêtre.

Samuelle agrippe la main de Chris et mets un pied dans la courte échelle que je lui fais. Lorsqu'elle est rendue de l'autre côté de la fenêtre, elle se retourne pour me faire face.

-    Approche, dit-elle rapidement.

Je m'approche d'elle et lève mon visage pour pouvoir la regarder dans les yeux. Elle passe ses bras par l'embrasure de la fenêtre pour prendre mon visage et elle approche le sien. Sans que je m'y attende, elle pose ses lèvres sur les miennes pour me donner un doux baiser que je me rappellerais toute ma vie. Lorsqu'on attend la porte du sous-sol s'ouvrir, Samuelle détachent ses lèvres des miennes pour me dire en chuchotant :

-    Merci encore mon petit muet.

Et elle disparait dans la noirceur de l'autre côté de la fenêtre. Bam Bam! Je me retourne pour voir ma mère qui frappe contre le mur de l'escalier.

-    Qu'est-ce que tu fais ici?

-    Rien. Je croyais avoir entendu du bruit alors je suis descendu. Je vais me coucher. Bonne nuit.

Je monte rapidement les escaliers pour aller dans ma chambre, encore sous le choc de ce qui vient de se passer.