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17. La pierre


Après que Vincent a jeté l'éponge, un nouveau chef de projet vient de nous arriver des États-Unis du Nord. Noah Williams. Il a réuni tous les chefs de bureau pour une espèce de discours de coach sportif. Il nous a aussi gratifiés de ses nombreuses qualifications, dont une histoire de réorganisation des systèmes d'information d'une entreprise de défense qui, apparemment, lui a donné tout un tas d'expérience dans l'art délicat de mener les hommes à la réussite. À côté de moi, Matiev se retenait de bâiller.

C'est un homme honnête et assez direct, mais j'ai le sentiment qu'il n'a aucune vision à long terme du projet. Il est arrivé ici parce que c'était le seul endroit où la Garde Territoriale, que ce soit pour la guerre qui continue de traîner, ou les opérations d'évacuation de Los Angeles, allait le laisser tranquille.

Cela dit, je suis peut-être le seul à émettre des doutes. J'ai vu l'expression de Matiev, mais les autres avaient l'air assez convaincus par son discours.

Wos Koppeling, Journal


Aux alentours de minuit, deux hommes silencieux abordèrent Fulbert et Morgane ; ou plutôt, passèrent à côté d'eux en faisant un signe discret. Ils sortirent par l'étable ; en passant, Jadon donna une tape amicale sur l'épaule du Paladin.

« Je n'aurai jamais cru » souligna-t-il.

Sans doute ne l'imaginait-il pas en posture aussi héroïque, ou aussi désespérée ; Fulbert répondit à cet encouragement sinistre en lui faisant promettre de prendre soin de Tencendur le temps de son absence.

« Si tu ne rentres jamais, vieux trognon, je trouverai un nouveau job à ton cheval de trait. Le plus reposant possible. »

Fulbert couvrit sa tête et s'enfonça dans la pénombre. Il avait troqué son casque contre deux capelines, et la capuche rabattue donnait à Morgane l'impression d'avoir déjà gagné les souterrains de Vlaardburg. Mais il leur fallut encore marcher une bonne heure dans la ville, suivant leurs guides à distance, évitant les patrouilles de mousquetaires qui se faisaient de plus en plus rares ; un carillon sonna douze coups.

« Il y a donc des accès pour traverser le mur » murmura Morgane.

Une porte s'entrouvrit à leur approche, comme si le vent les invitait à entrer ; ils traversèrent une remise poussiéreuse, descendirent des marches grinçantes, gagnèrent un sol de pierre humide qui sentait le salpêtre. Des bulbes lumineux apparurent à distance ; c'était un grand tunnel au plafond voûté, où s'alignaient des barriques d'alcool oubliées des comptes publics. Les tonneaux hors taxe se raréfièrent ; le tunnel devint une grotte irrégulière, creusée par l'érosion, élargie et étayée par des mains humaines.

Fulbert marqua une halte et Morgane leva des yeux inquiets sur les étais de bois vieillissants.

« Comme vous l'aurez constaté, ce ne sont pas des accès officiels.

— Mais les mousquetaires pourraient nous aider. Ils pourraient eux aussi aller chercher ces gens.

— Ils ont déjà abandonné leur combat.

— Mais pas vous.

— La mission d'un mousquetaire est liée à la couronne qui lui donne sa paie mensuelle. Celle d'un Paladin est absolue. Aucune contingence matérielle, même l'effondrement d'un Grand-Duché, ne peut la remettre en question. »

Leurs guides, à demi masqués par leurs écharpes, apparurent derrière une poutre de bois.

« Oh, les deux, vous venez ou vous comptez rester là toute la nuit ? »

Ils s'engagèrent dans la grotte, guidés par le vacillement de la lampe-tempête.

« Le mur a été construit par les Sysades avant la Guerre. Il devait s'agir d'un barrage qui n'a jamais été complété. La forêt plus au Nord est infestée de Nattväsen, mais par chance, le mur clôt leur domaine.

— Et la forteresse ?

— Le nid d'aigle de Vlaardburg est beaucoup plus récent. »

Fulbert manqua de trébucher sur une pierre et lui jeta un regard réprobateur.

« Le Grand-Duc d'alors l'imaginait comme une ligne de défense, poursuivit-il, en cas d'invasion des Nattväsen. La ville est venue encore plus tard, en quelques décennies, quand on a commencé à produire de l'électricité avec le barrage au Nord-Ouest.

— Qui a creusé ce tunnel ?

— Des braconniers et des contrebandiers assez fous pour s'aventurer dans la forêt. Il paraît qu'il y a là-haut un gigantesque cratère qui date de la Guerre, et qu'on peut y trouver des pierres précieuses... comme celle-ci. Des écailles du Dragon. »

Il posa la main sur la garde de son sabre. Une tache d'encre indigo flottait toujours au cœur du cristal.

« Pour certains, ces richesses avaient plus de valeur que leurs vies. Et beaucoup d'hommes sont restés de l'autre côté du mur.

— Nous arrivons » dit leur guide.

Ils furent stoppés par une grille rouillée. Plus loin, à l'angle, le vent s'engouffrait à l'embouchure du tunnel avec un sifflement lugubre. Les deux hommes masqués posèrent la lampe et actionnèrent une énorme roue encastrée dans un mur de béton. Des engrenages grincèrent, une chaîne cliqueta et la grille s'éleva comme la paupière du Cyclope.

« On va attendre ici deux ou trois heures, Paladin. Tapez sur la grille, on vous entendra. Mais si vous traînez, il n'y aura plus personne pour vous ouvrir, c'est compris ? »

Fulbert hocha durement la tête.

« C'est l'heure des monstres, nota le guide. Vous n'avez pas de quoi vous éclairer ? »

À ces mots, le Paladin dégaina son sabre ; ils reculèrent d'un pas inquiet. Mais Fulbert le prit par la lame, éleva la garde au niveau du regard, et donna une pichenette sur la pierre incrustée. Celle-ci résonna comme un diapason ; la tache indigo en son cœur vira en une flamme cyan, dont le rayonnement portait aussi loin qu'un flambeau.

« Par les cent mille écailles de Mû, Fulbert, tu cachais bien ton jeu, dit l'homme en crachant par terre avec respect. J'ai toujours cru que cette épée, tu l'avais volée à un vrai Paladin dans son sommeil.

— C'est un sabre. Pas une épée. Et n'importe qui peut le faire briller, ce n'est pas de la magie. »

Ils s'engouffrèrent à l'extérieur et furent cueillis par un vent glacé. Morgane renoua sa capeline. Était-elle encore invulnérable ? Dans ce cas, ce devait être la peur qui la faisait frissonner.

Les silhouettes verticales des pins, plantés dans le sol gelé comme une armée d'ombres, semblaient s'éloigner furtivement à leur approche ; la lueur de la pierre projetait au sol des fractales infinies de branches et d'aiguilles, qui ne cessaient de s'étendre, de se ramasser et de s'évanouir, comme une respiration haletante.

« Quelle est cette pierre ? demanda Morgane. Elle n'obéit pas aux mêmes lois que le reste de ce monde.

— Les écailles de Mû sont liées aux pouvoirs des Sysades. Il s'agit de la même magie. »

Le Dragon de Cristal, sommé par Wotan de protéger ce monde, était un peu comme un prestidigitateur absent de la fête donnée en son honneur, mais que l'on s'imagine caché sous le tapis, derrière les rideaux, ou dans l'aquarium des poissons rouges, et dont on dit qu'il surgira – j'en mettrais ma main au feu ! – quand on coupera le gâteau.

Les arbres s'écartèrent et la lumière bleue se déposa sur des rochers de taille humaine, comme des cailloux tombés de la poche d'un géant. Des chaînes de fer rouillées y étaient suspendues, mais aucun condamné.

« Nous y sommes presque, déclara Fulbert.

— Est-ce que cela arrive souvent de... d'exécuter les gens ainsi ?

— La Grande-Duchesse avait une vision plus moderne de la justice. »

Les pas de Morgane furent interrompus par un muret circulaire, à peine plus haut que son genou. Elle crut d'abord à un étang, mais l'eau noire ne reflétait aucune étoile, et quand Fulbert approcha son sabre, la lumière bleue descendit jusqu'à fond du trou, à quatre ou cinq mètres. De la mousse, des branchages et plusieurs squelettes y étaient éparpillés.

« Voilà les puits, souffla-t-il. Il est rare d'y survivre plus d'une nuit. Nous sommes à l'orée du bois, donc ce seront plutôt les Nocturnes...

— Il... il y a guelqu'un ? Fulbert ? Bar ici, Fulbert ! »

C'était une voix d'homme affaiblie, presque suppliante. Comme Morgane se précipitait en direction du puits, le Paladin l'arrêta d'un geste.

« Qui est-ce ? demanda-t-il.

— Que... quoi ?

— Donne-moi ton nom. »

La voix dans le puits s'essoufflait entre deux mots, aussi inconsistante qu'une bougie proche de s'éteindre ; elle avait quelque chose de déformé.

« Bar les Saintes... Écailles... Fulbert !

— Prouve moi que tu n'es pas un Changeant. Donne-moi ton nom.

— C'est Siméon... imbécile ! »

Aussitôt, le Paladin rangea son sabre, dont la pierre continuait de briller comme une lampe accrochée à sa ceinture. Il dégrafa sa capeline, déroula une corde de son épaule et l'accrocha à un des morceaux de roche qui émergeaient de la terre.

Morgane s'approcha du bord ; elle ne vit au début que le sommet du crâne de Siméon, chauve et pâle comme un œuf dur. Son visage était émacié, ses vêtements couverts de boue ; il était assis dans une position étrange, une de ses jambes pliées, l'autre étalée en travers comme un morceau de bois mort.

« Je t'envoie la corde, dit le Paladin. Grimpe pendant qu'on monte la garde.

— Je me suis bété la jambe... la nuit dernière, en essayant de grimber... j'ai défait mes liens... j'ai glissé sur les bierres... comme une souche. »

Le Paladin fit tomber la corde dans le trou et s'approcha pour mieux voir. Il eut une grimace ; un morceau d'os était nettement visible au niveau du genou. Malgré la manche arrachée nouée autour de sa cuisse, le sang imprégnait chaque couche de ses vêtements, et s'étendait sur la mousse humide en une tache indélébile.

« C'est bête, nota Siméon avec un étrange détachement. J'hallucine beut-être, mais il m'aurait suffi d'attendre un beu blus, et j'étais sauvé. Au moins... je ne sens blus ma jambe.

— Je descends te chercher » annonça Fulbert.

De gestes sévères, pour réprimer le tremblement de ses mains, il décrocha le fourreau de son sabre et le tendit à Morgane.

« C'est fait pour frapper avec la tranche. Que ce soit un animal, un homme, ou vous-même, vous frappez la première. Considérez que tout ce qui vit dans cette forêt veut nous tuer. »

Le Paladin s'agrippa à la corde, mit les pieds sur la margelle et se laissa glisser.


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(Le jour décroît, la nuit augmente...)

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