7・ Détrônée
Je ne bougeais plus, hésitant entre la peur et le rire, jusqu'à ce que je me rende compte que je ne respirais plus.
Je laissais mes poumons se réapprovisionner en fixant sans sourciller cet homme entièrement vêtu de noir, se fondant parfaitement avec cette ruelle mal éclairée.
Sa capuche masquait la moitié de son visage, et je crus apercevoir un rictus de satisfaction.
Moi ? Une proie ? Hors de question.
Bouge, pensais-je fermement et avec force, bouge.
C'est avec ce mot clé, ce fameux mot qui m'aidait dans n'importe quelle situation, que je réussi à enfouir cette peur ridicule grâce à ma confiance en moi.
J'en avais déjà vu de toutes les couleurs. Pourquoi diable est-ce que j'aurais peur de lui ?
Un tir.
Il avait levé son arme si rapidement que je n'avais rien vu venir, concentrée seulement sur le fait de reprendre mes esprits.
Et ce mec avait fait exprès de tirer à côté, à 10cm de mes pieds, en un bruit strident que je reconnaissais entre mille.
Le pouvoir de la mort contenu en une balle, une seule balle bien placée pour aller de l'autre côté.
Tu veux me montrer que tu es capable de me tirer dessus ? Crétin.
Je n'avais jamais aimé utiliser d'armes à feu, seulement en cas de réel besoin, je trouvais cela trop facile, trop lâche.
Mais je savais bien que dans le noir, avec pour seule arme mon katana, je ne voyais pas par quel moyen m'en sortir.
Seulement, il m'était impossible de choisir la fuite.
Ce rictus, je voulais lui enlever par tous les moyens. Je pouvais ressentir simplement en le voyant qu'il me sous estimait, et cela m'énervait fortement.
C'est pour cela que je laissais forcément une cicatrice ou plus aux personnes qui me faisaient face, comme le mec de la BM. Malheureusement, il faut croire que pour certains je n'en laisse pas assez.
Je ne prenais même pas la peine de me demander qui était ce mec et d'où il venait.
Avoir des ennemis, des gens qui voulaient vous tuer était le risque du métier, et une chose que j'adorais.
Le danger me prenait la tête, oui, mais il me permettait de me sentir bien plus vivante que je ne puisse l'être, et me montrait à quel point j'étais libre, libre de faire tout ce que je désirais.
Me sentir impuissante était la chose que je haïssais le plus au monde. Je vivais pour frôler la mort.
La peur n'est que de l'instinct.
Il fallait juste que je me force à l'affronter, comme à chaque fois.
Je sprintais, prenant appui fermement sur les tuiles assombries par la nuit, et descendit en un saut contrôlé, que j'atténuais par une roulade sur l'épaule qui me permit de revenir en parfait équilibre sur mes appuis, me retrouvant aussi rapidement que je pu derrière l'inconnu.
Sans attendre le moindre mouvement ou réaction de sa part, je soulevai sa jambe gauche, tendue, attrapant fermement sa cheville de ma main et avança vers son centre afin qu'il titube sur son seul appui, avant de le faire chuter par un croche-pied sur sa jambe droite.
Ce que je ressentis durant toute cette manœuvre me heurta de plein fouet. Lorsque j'établissais un contact afin de le mettre à terre, il résistait pendant quelques secondes, de sorte à me montrer que s'il voulait, il aurait pu résister, avant de se laisser faire.
Il tomba au sol, et je pressai rapidement mon pied au niveau de ses poumons, exerçant une pression assez puissante pour qu'elle fasse effet. Croyant encore fermement que j'avais toutes mes chances pour l'emporter.
– Dis-moi ce que tu veux.
– Te hanter, répondit sa voix neutre après un silence chargé de tension, ou nous nous regardions fixement d'un regard lourd de questionnements et de convictions, cherchant à déceler chez l'autre une pointe de sentiment, d'émotion qui débordait de sa couverture impassible.
Il finit par rire. Un rire qui me foutait les jetons, me faisant frissonner.
Il prit ma cheville à deux mains, lâchant son fusil, et se mit à la soulever d'une facilité déconcertante, à croire qu'il soulevait des arbres tous les jours.
Ce mec était fait de muscles.
En tentant de lui asséner un coup de pied alors qu'il me tenait fermement, espérant lui faire lâcher prise, je le fis sourire une nouvelle fois.
Purée ce que ça pouvait m'énerver.
Je sortis mon katana de son étui sur ma hanche en un éclair, n'ayant d'autre solution, et le menaça en mettant la lame verticalement et directement vers sa gorge.
– Je veux une vraie réponse, exigeais-je, ne voulant pas perdre de temps en me souvenant tout juste que je devais aller voir Cassy.
Mais aucune réponse ne vint, et à ma grande surprise, ce fou furieux attrapa la lame d'une main, ce qui lui valut une contraction de la mâchoire et du sang, laissant l'autre sur ma cheville, et d'un coup sec il tira la lame de sorte à ce qu'elle dévie de trajectoire, se retrouvant sur son côté gauche, ce qui me fit tituber et tomber sur le côté.
En deux temps trois mouvements je me redressai et le vis qui pointait son fusil vers moi, mon katana que j'avais lâché, à ses pieds.
– Bang, dit-il avant de tirer.
Je réalisais tout juste qu'il avait réellement tiré, en voyant le sang s'échapper de mon abdomen. Ce qui m'arrachait une inspiration de surprise, suivi d'une respiration paniquée, perdue.
Ce n'était pas la première blessure par balle que je recevais, mais il m'était impossible de m'y habituer.
Cependant, ce qui m'horrifiait le plus en cet instant était le fait que je le voyais se tourner, dos à moi, arme à la main, et reprendre son chemin de manière détendue comme s'il était satisfait de ce qu'il venait d'accomplir, et en rien inquiet face à l'idée que je puisse être dangereuse.
Il s'éloignait peu à peu, tandis que je m'approchais du mur le plus proche avant de me laisser glisser contre lui, très lentement.
Je ne pouvais pas aller voir Cassy dans cet état. Comment elle réagirait si elle voyait ma blessure ? Mon haut devenait emplit de sang, et bien qu'il soit noir, on pouvait aisément le remarquer.
Je déchirais une partie de mon t-shirt, et pressa le bout de tissu sur la plaie afin de contenir l'hémorragie qui commençait à me donner de violents vertiges, n'ayant pas la force de m'extirper la balle moi-même.
L'idée la plus logique serait que j'appelle un membre de Phoenix, mais je ne me voyais en aucun cas le faire.
Ce serait encore une fois paraître impuissante et faible à leurs yeux, quel genre de cheffe je serais ?
Et puis, je pouvais affirmer avec certitude que si je leur parlais de cet inconnu qui m'avait joliment logé une balle dans l'abdomen en guise de présentation, ils seraient focalisés sur le fait que je cours un danger, et voudraient se venger, ce qui déstabiliserait leur concentration sur nos autres affaires.
Je comprenais la vision de Connor et des autres, le fait d'être un groupe solidaire en n'importe quelle situation, de s'entraider, tout ça. Mais leur avouer que je n'avais pas su éviter cet incident était avouer que j'avais perdu face à un ennemi, que notre faiblesse c'était lui.
J'espérais simplement que c'était moi, et moi seule qu'il avait pris pour cible, parce qu'en leur évitant le plus de dangers que je pouvais, j'étais rassurée, ce qui était ridicule puisque nous faisions partie d'un univers gorgé de dangers.
??? : Hé, reste avec moi. Je t'interdis de t'évanouir, tu m'entends gamine ?
Encore toi, quelle plaie. Et dans les deux sens du terme. Comment ça se fait que t'es là alors que je t'ai bloqué l'accès à mes pensées ?
??? : ton esprit est très embrouillé, on dirait une tempête de sable, ça me fait un mal de chien de te parler. Je peux t'entendre parce que tu es faible.
Va-t'en.
??? : quel genre de coéquipier télépathique je serais si je faisais comme si je n'entendais pas tes gémissements de douleur intérieurs ?
J'arrive plus... A réfléchir.
??? : pas besoin, prends ton téléphone et appelle quelqu'un.
Non.
??? : tu vas prendre ce fichu téléphone et appeler à l'aide. Sinon je te promets que je vais hanter tes pensées de la manière la plus insupportable qui soit. En sachant que beaucoup aimeraient pouvoir parler avec moi aussi souvent, répondit-il en tentant de maîtriser sa colère en blaguant.
T'es vraiment lourd là.
??? : Allez compte avec moi, 1 mouton... 2 moutons... Oh merde nan c'est pour dormir ça. Bon, concentre-toi sur le fait que ma voix soit incroyablement fabuleuse et virile, ça devrait suffire à te tenir éveillée.
Nan mais je rêve, souris-je en étouffant un petit rire, aïe...
??? : Dis-moi comment tu t'es blessée.
T'as pas besoin de savoir.
??? : dis-le.
Par balle.
??? : T'aimes jouer à la baballe ? répondit-il après un silence.
Sérieux dégage de ma tête, tu dis n'importe quoi.
??? : alors, t'as pas envie d'en savoir plus sur moi ? fit-il en ravalant un petit rire.
Faut dire que ce n'est pas ma préoccupation première.
??? : je dois vite remédier à ça.
Tu dois surtout remédier à ta lourdeur.
??? : Qu'est-ce que j'avais dit la première fois ? T'es juste pas encore habituée à ma présence. T'es très têtue en fait, continua-t-il en voyant que je ne répondais pas, je te jure que si tu t'es évanouie...
Mais les ténèbres m'avaient déjà emportée au fond du gouffre, où la douleur n'était plus.
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Il me regardait, intensément, encore. Ça se répétait et je ne pouvais rien y faire, rien sans savoir qui il était et d'où il venait. Sa fameuse arme à la main pointée sans faille sur moi, tandis que j'étais allongée, à ses pieds. A la merci de celui qui allait me tuer, m'ôter la vie, me prendre mon existence aussi facilement que l'on écrase une mouche inutile qui rode. Alors je tentai de discerner son visage dans la pénombre, pour m'occuper en attendant la fin, mais sa capuche cachait la moitié de sa tête. De toute façon, il avait tiré.
Je me réveillai en sursaut, m'asseyant Instinctivement, ce qui valut de me rappeler en une douleur espiègle que j'étais blessée.
C'était hors de question que je reprenne une balle par ce fou furieux.
Je ne l'avais pas complètement pris au sérieux au début, mais s'il venait jusqu'à hanter mes rêves, c'était que mon corps et mon esprit s'étaient enfin mis d'accord sur le fait qu'il était dangereux.
Dangereux au point de vouloir m'ôter la vie que j'avais eu tant de mal à avoir.
??? : Hé, c'était qu'un rêve, calme-toi.
Désolée que t'ait eu à voir ça.
??? : Je m'en fous du moment que ça n'arrive pas.
Je ne répondis rien, remarquant qu'il ne demandait pas comment j'allais et où j'étais, celui qui m'avait amenée dans cette chambre devait sans doute lui avoir dit.
C'était une chambre très princière, je n'avais jamais eu l'occasion d'en dormir à l'intérieur même, sauf d'en voir dans des musées.
Je me trouvais dans un lit en baldaquin, fait de bois d'ébène, et de draps bleus de soie, tout comme les murs qui étaient à la fois bleus et en bois, ce qui donnait une dimension à la pièce un peu sombre, malgré les lampes de chevet qui trônaient de chaque côté du lit, et des fenêtres sur ma gauche qui n'avaient pas l'air d'être assez bien placées pour laisser entrer assez de lumière.
Il y avait un bureau et une chaise, en bois toujours, avec des motifs verts ancien.
Enfin, quelques livres anciens étaient posés en vrac sur une commode de bois en dessous d'un gigantesque tableau représentant une forêt.
La porte s'ouvra sur la personne qui allait pouvoir répondre à toutes mes questions, mais quand mes yeux bruns croisèrent son regard vert profond, je fus surprise.
– Zayn ?
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