53・Rouge Et Noir
Eos Hunt.
D'ordinaire, je ne prenais pas grand-chose au sérieux. C'est ce qui me différenciait des autres espions : les recruteurs avaient eu vent de Hunt. Cet homme aux pupilles glaciales, impossible à déstabiliser, qui se moquait de tout et de tout le monde.
On pourrait croire à un défaut : être espion méritait un sérieux professionnel. Mais être un espion excellent et détaché était encore meilleur. Déstabilisant, insaisissable.
Or, à cet instant, je crus avoir perdu cette qualité. Mes poings se serraient, mes phalanges blanchissaient.
"Hunt sera un atout de taille. Il ne perd jamais le contrôle. Il faut simplement penser à lui ordonner de ne pas s'amuser avec ses cibles."
"Alors c'est toi, Hunt ? On dit que tu n'as aucune faiblesse, ce qui te rends si arrogant...Alors dis-moi, es-tu prêt à mettre ta vie en jeu pour moi ?"
"Il parait que ta désinvolture est sans égale. Un espion, et un comédien."
Allongée sur le lit, ses mains agrippaient les draps, seul indice qui laissait entrevoir sa peur. Ses yeux étaient vides, d'un autre monde. Jusqu'à ce qu'ils se posent sur moi.
Une infime étincelle ranima ses iris obscurcis.
Moi, Eos Hunt, celui qui s'était démené pour parvenir terrifier Rhéane Kei, à lui faire sentir l'odeur de la mort par ma simple présence.
Cette même présence venait de la soulager.
La voir ainsi, démunie et sans âme, me mettait en face d'une douloureuse vérité : j'étais incapable de ne pas lui pardonner. J'étais incapable de la laisser seule, quitte à lui courir après.
Un rapide coup d'œil m'avait suffi à analyser la scène. Les morceaux de verre scintillants au sol indiquaient que la fenêtre avait été brisée, sûrement pour que Rhéa puisse se faufiler dehors. Mélia avait la main sur la cuisse de celle-ci, sa tête tournée vers moi, surprise.
Le poing en l'air de Rhéa et le cuisinier qui se tenait l'oreille en sang me fit sourire. Celle-ci avait les cheveux en bataille, le bras toujours emplâtré, mais ne portait plus sa blouse d'hôpital posée sur le lit. Désormais, elle était vêtue d'une robe noire moulante qui ne m'était pas inconnue.
C'était une des premières robes que j'avais confectionnée en l'imaginant la porter. Je m'étais trouvé idiot et ridicule d'en rêver autant. Et pourtant, la voilà qui la portait parfaitement, et je n'avais pas été le premier à le voir.
— Je préviens, je ne compte pas payer les réparations de la porte. Ça fait longtemps que je veux m'acheter une de ces montres de riches. Qui sait, plus la montre est chère, plus j'aurais de charisme ? me moquai-je des nobles.
Je desserrai les poings. Les émotions qui me prenaient aux tripes allaient finir par me noyer. Être de retour en ces lieux maudits, et revoir ma dite mère était comme se prendre une vague d'eau salée en pleine gueule. Comme si je n'étais jamais réellement parti.
Monsieur sucette fut le premier à réagir. Il retira ses mains de la taille de Rhéa comme s'il s'était brûlé, tout en se maintenant l'oreille. Il tomba à la renverse, pris de panique, la main atterrissant dans les morceaux de verres. Il grogna.
Physiquement, il n'avait pas changé d'un pouce. Toujours le même visage bouffi, innocent et bienveillant. Un réel guet-à-pents.
Je m'avançai. Il semblait davantage effrayé face à moi que face à Rhéa. Finalement, peut-être avait-il compris, à force.
Enfants, je gardais sans cesse un œil sur Rhéane. Si bien que dès qu'elle adressait la parole à quelqu'un, je me devais de dissuader son interlocuteur de tenter quoi que ce soit avec elle. C'est pour cela que dès que ce pervers lui parlait, je restais en retrait, le regard rivé sur elle.
Elle ne le savait sûrement pas, mais ce mec avait déjà fait un tour en prison. Pour pédophilie. Évidemment qu'il n'allait pas dire la vérité a Rhéane, sa deuxième chouchoute après Zayn.
Mon regard lourd de sous-entendus suffisait. Il savait que je savais. Il savait que si l'envie m'en prenait, je pourrais étaler ses quatre vérités aux oreilles de Kei. Observer dans son regard un dégoût nouveau face au cuisto était une suggestion alléchante. Savoir le petit secret de ce bonhomme lui assurerait une vengeance sans hésitation ni empathie.
Si elle avait voulu, tous deux seraient morts bien avant mon arrivée.
Lentement, maintenant un contact visuel entre Rhéane et moi, je posai délicatement son katana sur les draps, tandis qu'elle se redressait d'une main. Mon geste lui laissait le choix : prendre les armes, ou me laisser m'en charger.
Elle fixa son arme fétiche d'un œil nouveau : il ne lui fallait que quelques instants pour reprendre ses esprits. Elle était forte, dorénavant. Plus que jamais. Elle détestait sûrement déjà le fait que je l'avais vue aussi faible, désemparée.
— Toi, le pou, lâchai-je au cuisto en pointant mon gun dans sa direction. Bats-toi contre elle.
Je fis un coup de tête en direction de Mélia, qui avait pris de longues secondes pour retirer ses mains des cuisses de Kei. De trop longues secondes à mon gout. Désormais, elle s'était reculée, sur ses gardes. Ses yeux se posèrent sur le katana aux éclairs ardents, avant de me scruter d'une manière déconcertante.
Elle prit la parole d'une voix hésitante. Comédienne.
— Eos...C'est toi ?
Je fis une grimace désabusée en voyant son air adouci et plein d'espoir.
— Je t'assures, mère. Tu ne devrais pas être aussi réjouie de me voir.
Le choc résonna entre les murs de la vieille chambre aux tons bruns. Un coup rapide et efficace porté dans le creux du genou, et la voilà à terre, s'étant cogné le rebord du lit contre le menton. Je portai ma main à ma bouche pour contenir un rire satisfait, la regardant de haut.
Jamais je ne pourrais mettre des mots sur cette extase qui affluait en moi, me criant de la torturer. De prendre ce qui m'était dû. Bons nombres de scénarios se superposaient à la scène : allait-je lui faire lécher le sol ? Lui arracher ses ongles vernis ?
— Ouille ouille ouille...Tu ne dois pas avoir l'habitude de te faire mal, ricanai-je. Après tout, c'est tes sous-fifres, les boucliers, d'habitude.
Je croisais le regard du cuistot qui s'était élancé instinctivement aider sa patronne. Il s'arrêta net, tremblant, entre une Mélia horrifiée étalée sur le sol et se tenant le menton, et un Eos arrogant qui manquait de s'étouffer de rire.
— Bats-toi, ordonnai-je.
Il sursauta lorsque le canon froid de mon gun s'aplatit contre sa tempe en sueur. Je n'étais plus en colère. Même pas agacé. Seule l'excitation désabusée s'emparait de moi.
C'était aujourd'hui. Le jour du massacre. C'était aujourd'hui, qu'ils allaient tous perdre la vie. Ce soir, ce manoir sera vide, et plus tard, sûrement hanté. Dans quelques heures, tout sera terminé. Et nous pourrons marcher sur leurs cadavres en guise de tapis rouge jusqu'à la sortie.
Mon doigt menaçait d'appuyer sur la détente. Cette frénésie faisait bouillir mon corps. Mais ce n'était pas la seule raison.
Mes pensées se dirigeaient vers Lui. Je savais qu'il me faudrait l'affronter. Serait-ce de la peur, ou une soif de sang qui contractait mes muscles ?
Je sentais le regard de Rhéa sur moi, ce qui était déjà une bonne chose. Elle n'avait plus ce regard vide qui ne lui ressemblait pas. Je commençais à la récupérer petit à petit.
— Le premier qui mets K.O l'autre a gagné, souriais-je en abaissant ma main. Oh, attendez une seconde.
J'espérais cacher mon souffle saccadé en adoptant cette attitude amusée. Sinon, il me trahirait. Lui était quelque part dans ce manoir.
Je mis genou à terre lentement devant Mélia, restée au sol, appuyée sur les coudes. Elle déglutit en voyant mon sourire. Je sentis le cuisinier se crisper derrière moi.
— Tu bouges, je te tire dans la jambe, la menaçai-je.
J'appuya mes propos en tapotant mon gun contre sa cuisse. Puis, j'entrepris de lui défaire ses babies à talons noires d'une main sans lui accorder un seul regard.
— Tu as changé, finit-elle par souffler.
Je l'ignorai. Si je décidai de la regarder maintenant, j'allai lui arracher les dents.
Lorsque sa main s'approcha de mon visage, sûrement pour le caresser dans un geste maternel, je m'en emparai, lui tordant aussitôt le poignet. Elle ouvrit la bouche et son souffle se coupa. Elle n'avait pas changé. Elle refusait de se montrer faible face à ses adversaires, comme elle l'avait appris à Rhéane. De vraies comédiennes.
— Je n'ai pas l'empathie de Rhéane. Tu ne m'auras pas par les sentiments. Je n'en ai plus.
Les escarpins dans les mains, gardant un œil sur les deux petites merdes, je m'accroupis au bord du lit, en face de Rhéa. Lorsque je croisai son regard, je chuchotai :
— Presque plus.
Ses lèvres esquissèrent un sourire tandis qu'elle pencha la tête légèrement sur le côté, me fixant de ses yeux en amendes. Il fallait qu'elle arrête de faire ça.
Je mis mon gun entre mes dents. J'entrepris de lui enfiler les chaussures volées à Mélia, non sans enlever les quelques bouts de verre planté sous son pied. Elle ne fit pas le moindre mouvement.
Lorsque mes yeux se posèrent sur ses lèvres pulpeuses, elles m'ordonnèrent :
— Baisse la tête.
C'était la première fois qu'elle parlait depuis mon arrivée.
Avec une rapidité surhumaine, elle s'empara de son katana et para un coup pile au-dessus de ma tête. Sans même savoir à qui je m'en prenais, je lançais un kick derrière moi, toujours accroupis.
Je touchai ma cible, que j'entendis s'écrouler au sol. Mais d'une manière si peu bruyante, qu'elle me mit la puce à l'oreille. Ce n'était pas n'importe qui. Il avait maitrisé sa chute.
Je me relevai aussitôt et prit mon gun en main. Rhéa m'imita, son katana brandit face à elle, prête à riposter. Kei était de retour, à mes côtés.
Malgré moi, mon cœur rata un battement lorsque je croisai ce regard vide et hautain. Il s'était remis debout dans une roulade maîtrisée. C'était Lui.
Des yeux bleus, étincelants d'ambition et de vices. Des traits durs et une barbe poivre et sel entretenue.
Devant nous, en train d'aider Mélia à se relever, se tenait Darrel Wood. Un couteau à la main.
— Quelle réunion de famille chaotique, lâcha-t-il en un soupir désabusé.
C'est censé être de l'humour ?
Elle : le tien n'est pas mieux.
Il passa rapidement la chambre en revue. Fit un signe de tête au cuisinier afin qu'il s'en aille. Mais Rhéa lui barra la route sèchement, si bien que son buste failli être découpé en deux par son katana parfaitement tendu.
Darrel échangea un regard surpris avec Mélia, avant de reporter notre attention sur nous. Comme s'il nous voyait pour la première fois.
— De véritables prodiges. De tous, je savais que vous étiez les deux qui réussiraient. Ça se voit, et ça se ressens.
Je porta mon regard sur Rhéane.
Nous étions désormais tous les deux vêtus de noirs, déterminés à en finir, et bien loin des enfants que nous étions.
Je n'étais plus seul face à eux.
Plus aucune trace d'hésitation ne marquait son regard, celui-ci étant fixé sur Darrel.
Si je ne la connaissais pas, j'en aurais eu des frissons.
Darrel m'avait entrainé jour et nuit. Dans l'unique but de protéger Rhéane. Son enseignement était rigoureux, douloureux, répétitif. J'en avais craché du sang, de la bile et du vomi. J'en avait été blessé, courbaturé et marqué à vie. Je le détestais autant que j'en était reconnaissant.
Si Darrel était celui qui m'avait appris à me battre, Mélia n'en restait pas moins la plus fourbe. Elle se fichait des règles, et serait bien capable de trahir Darrel, si elle n'en avait pas peur elle aussi. Je ne l'avais jamais vue se battre : ses capacités nous étaient inconnues. Mais nous savions qu'elle savait se défendre : Darrel l'aimait à sa manière, refusant qu'elle ne sache pas se défendre en cas de besoin.
Parfait. Je m'occupe de Darrel, tu as sûrement des choses à dire à Mélia.
Elle : Faisons ça.
Parce que pendant que Darrel m'entrainait, Mélia s'amusait à forger Rhéane comme elle le souhaitait.
— Dommage pour Zayn.
Mélia paraissait avoir repris du poil de la bête. Elle se sentait sûrement plus en sécurité, Darrel a ses côtés. Elle avait ce côté lâche qui ne collait pas avec sa force de caractère. Elle était autant malicieuse que peureuse.
Elle épousseta ses vêtements d'un air triste.
Le regard de Rhéa flancha à l'entente du nom de Zayn.
— Je pense réellement qu'il a du talent, affirma Darrel, perdu dans ses pensées. Mais il a toujours voulu te ressembler, Eos. Ça l'a rendu incapable de développer ses propres capacités.
Il semblait réellement déçu.
— Alors comme ça, Léo est mort, lâcha soudainement Mélia d'un regard vengeur. Ce devait être dur pour Zayn, de tuer celui qu'il considérait comme son propre frère.
Rhéa s'était figée à mes côtés. Nous savions tous les deux que Mélia adorait affaiblir ses adversaires d'attaques mentales. Nous avions senti qu'ils voulaient en venir quelque part.
Seulement, la mort de Léo était encore très récente, dans le cœur de Kei.
— Si nous n'avions pas convaincu Zayn que Léo et Alec étaient ses frères de sang, il ne serait jamais parti te chercher, Rhéa, soupira-t-elle. Mais il était le plus qualifié pour se rapprocher de toi et te mettre en confiance. Mais visiblement, tu ne te souvenais même plus de lui.
Elle s'empara de chaussures dans l'armoire derrière elle et les enfila. Comme si cette humiliation n'avait pas eu lieu.
— C'est bien son défaut le plus important. Il n'a jamais été doué pour contrôler ses émotions, continua Darrel. Quoi de mieux que de l'utiliser dans sa propre faiblesse ? Son désir d'avoir une famille biologique l'emportait de peu sur son amour envers toi. Finalement, il s'est convaincu lui-même que tu avais pris la mauvaise décision en quittant le manoir, et ce, même en sachant que tu étais plus heureuse ailleurs.
Jamais je n'aurais pensé que Zayn aimait Rhéa depuis tout ce temps. Et jamais encore je n'aurais pensé qu'il puisse m'admirer à ce point.
Quelque part, j'éprouvais de la peine pour lui.
— Vous voulez dire qu'Alec et Léo n'ont aucun lien de sang avec Zayn ? s'enquit Rhéa, abasourdie.
— C'est ça, confirma Darrel comme si de rien n'était.
Il croisa les bras, impassible.
Rhéane sembla se décomposer sur place. Je savais pertinemment ce à quoi elle pensait. Même si elle ne le montrait pas, elle s'était rapprochée de Zayn. Elle pouvait se mettre à sa place, et réaliser l'injustice de sa situation. Sa voix prit un ton autoritaire.
C'était typiquement lorsqu'elle prenait cette attitude sûre d'elle qui était encore nouveau pour moi, que je me souvenais qu'elle était bel et bien cheffe de gang. J'avais tendance à l'oublier.
— Que ce soit clair. Vous lui avez créé une famille qui faisait partit de mon entourage, pour mieux le manipuler à votre guise ?
Seul le sourire de Mélia lui répondit. Elle n'avait plus cet air chamboulé qu'elle m'avait montré en me revoyant devant elle. Il m'était impossible de savoir si elle avait été heureuse de me revoir, ou si elle s'était jouée de moi.
C'est à cet instant que le cuisiner en profita pour se lancer vers la porte, faisant grincer le parquet à sa première poussée. Son instinct de survie face à cette atmosphère dérangeante avait pris possession de son corps.
Personne ne bougea lorsque nous entendîmes la lame de Rhéa traverser sa chair, et ressortir de sa poitrine. Personne ne fit le moindre mouvement lorsqu'elle retira sa lame dégoulinante de sang écarlate et regarda sa victime tentant de contenir désespérément l'hémorragie.
Mélia et Darrel souriaient de fierté.
Le cuisto se retourna douloureusement vers Rhéane, ouvrit la bouche. Mais aucun son n'en sortit. Son visage s'était résigné : finalement, il n'avait aucune dernière parole.
Son corps se laissa tomber en avant. Et bientôt, il rendit son dernier souffle contre le vieux parquet.
La première mise à mort.
Rhéane scrutait sa lame désormais teintée de rouge. Malgré moi, je vis les images qui défilaient dans sa tête : elle avait l'impression de redevenir une mercenaire.
Lorsque ses yeux se plantèrent dans les miens, nous savions. Il n'y avait plus de retour en arrière. Il n'y en avait jamais eu.
Sans surprise, les deux Wood n'en étaient pas plus dévastés. Eux aussi savaient. Ils s'y attendaient.
Soudain, alors que Rhéa se remit en position de défense et que je fronça les sourcils, des bruits de pas se firent entendre. Non, des bruits de course. Comme si une foule enragée courrait en faisant grincer le parquet. Le bruit s'intensifiait.
Je soupirai.
— Ce n'est pas trop tôt. Voilà mon fanclub qui arrive.
J'entrepris de relâcher tous mes muscles et de m'étirer avec exagération.
Sans hésitation, je tirai une balle dans la jambe de Darrel. Il poussa un grognement rauque. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que j'ose. Je ratai ma deuxième balle de peu : Darrel se jeta sur sa femme pour l'empêcher d'être touchée au même endroit que lui. Pas drôle.
L'option de leur fuite grâce à l'arrivée de leurs renforts était à prendre en compte. Pourquoi ne pas leur donner du fil à retordre en les empêchant de marcher ?
Maintenant qu'ils étaient à terre, difficile pour eux de m'échapper. Je pointais une nouvelle fois mon arme sans trop viser. C'est ce moment que choisit le premier Wood pour entrer dans la pièce. J'esquive de peu la dague qu'il lance dans ma direction.
A priori, ils avaient pris le temps de se procurer de nouvelles armes en vue de notre arrivée. Au temps où je vivais parmi eux, nous n'avions que des armes en bois. Darrel affirmait que si nous savions nous battre avec du bois, nous serions cent fois meilleurs avec de vraies lames.
Le couple Wood en profita, comme je l'avais prédit, pour prendre la fuite.
Elle : Je ne pense pas qu'ils vont sortir.
Moi non plus.
La peur et l'égocentrisme de Mélia la poussera sans doute à se battre. Darrel, lui, souhaitera découvrir qui, de l'élève ou du maître, est le meilleur. Eux aussi, veulent en finir aujourd'hui. Ils ne peuvent pas se permettre d'ébruiter cette affaire : ils iraient directement en prison.
Rhéa et moi scrutâmes les hommes et les femmes qui affluent en nombre.
On va avoir l'avantage. Ce sont des cannibales, pas des guerriers. Mais nous, si.
Elle : Un combat entre meurtriers, soit.
Je n'ai pas le temps de m'inquiéter de ce qu'elle pense vraiment : une deuxième dague me frôla le flanc, tandis qu'un homme se jettait sur moi.
Désormais, nous n'étions q' une quinzaine dans la chambre.
J'entendis la lame de Rhéa siffler dans l'air, tandis que je tira sur l'homme qui tentait de me renverser. La balle logée dans son ventre ne l'arrêta pas pour autant. J'en vins à me demander s'ils se battaient par loyauté ou par peur.
— CONNARD ! hurle-t-il.
Mon adversaire me renversa sur le lit, de là, il possedait l'avantage. Son corps me surplombait, et il m'assèna un violent coup. Ma lèvre fendue, je souris en passant ma langue dessus.
— J'aime les hommes fougueux, roucoulai-je en accrochant nos regards.
Ma réplique le déstabilisa comme je l'avait prédit : ce n'étaient pas des guerriers.
Je lui assena un coup de tête, ce qui eut pour effet de le désorienter quelques secondes.
Au même moment, une femme me sauta dessus pour ne me laisser aucun répit. Avec toute la force que je possedais, je l'attrapa tandis qu'elle se jettait sur moi armée d'un couteau, et la balança vers la porte. Elle atterrit sur trois hommes, qui s'effondrèrent sous le poids de son corps.
Un nouveau bouton de ma chemise s'était défait, dévoilant le haut de mon torse. Je n'en pris pas compte. La pièce était devenue un véritable champ de bataille, avec des râles de douleurs, des cris et du sang colorant le parquet. Cette odeur de fer flottait sinistrement dans l'air. Le cadavre du cuisinier se faisait piétiner.
— TOI ET TA SALOPE...
J'esquiva la dague que l'homme au-dessus de moi planta dans les draps, a défaut d'avoir ma tête. Il n'eut pas le loisir de terminer sa phrase, parce que ma main en serra bien vite sa mâchoire, prête à la briser.
— Continue ? le défiai-je d'un regard sinistre en comprenant qu'il ne peut s'agir que de Rhéa.
Qu'il m'insulte moi, si ça lui plaisait. Mais pas elle.
Je roula avec lui sur le côté en le voyant ouvrir la bouche pour rétorquer, nous entrainant violemment au pied du lit. Son air sauvage me rappellais Zayn.
Le dos de mon adversaire cogna contre le sol et les bouts de verre. Il cria de douleur, signe que les éclats l'avaient touché à travers son t-shirt. D'un bond, me voilà au-dessus de lui, le pied posé sur son buste. En une seconde, je fut frappé dans le dos par un fouet, ce qui fit dévier mon tir de l'homme au sol.
Il faallait croire que toutes les armes leur avaient été permises.
Grimaçant de douleur, je gardais mon pied pressé sur le torse de l'homme, l'empêchant de se relever. Il eut beau s'accrocher à ma cheville, je ne bougeai pas d'un centimètre. Lorsque le deuxième coup de fouet vint, j'attrapai la lanière, quitte a me brûler les mains, et tira.
Bien décidé à garder son fouet, l'homme fit l'erreur de ne pas le lâcher, mais j'avais plus de force que lui. Bien vite, il se retrouva face à moi, et je n'eut qu'à lui asséner un coup fatal à la gorge.
Le fouet en main, mon sourire se fit sadique, et l'homme à terre perdis de ses couleurs autant qu'il en manquait en ces lieux.
-— Implore moi. Peut-être que je m'abstiendrais...pas.
Le fouet lacera son visage. Bientôt, il fut boursouflé est gorgé de sang. Amusante, cette arme.
Sous la violence des coups et de la douleur, il finit par réellement m'implorer, pleurnichant.
— Arrête... Arrête....J'ai mal...
Dommage pour lui.
Il s'évanouit.
Lorsque je me retourna, je manquai de me prendre un coup de batte en pleine figure. Mais la femme se fit trancher le bras en un éclair. Le sang jaillit, tâchant ma chemise noire et mon torse à découvert.
Elle hurlait à en briser le tympan. Alors je lui donnai le coup de grâce d'une balle dans la tête.
— J'aime les cris des femmes que lorsqu'elles m'acclament.
Lorsque son corps s'effondra, Rhéane se tenait derrière. Elle était essoufflée, mais ça ne l'empêchait pas de rouler des yeux en m'entendant.
Ce n'est qu'en regardant de l'autre côté du lit que je compris la cause de son manque de souffle.
Tous les cadavres étaient éparpillés au sol dans des mares de sang grandissantes.
La plupart avaient été tués d'un seul coup, histoire de leur offrir une mort rapide. Mais certains étaient décapités avec une précision digne d'un samouraï.
Je n'avais jamais pu apercevoir le véritable résultat de son apprentissage auprès d'un célèbre épéiste japonais. Désormais, il était clair qu'elle ne s'était pas tourné les pouces. Même avec un bras dans le plâtre, il lui suffisait d'une main pour arriver à ses fins.
Son katana dégoulinait de sang. Sa robe était devenue un mélange de rouge écarlate et de noir. Elle avait même des gouttelettes de sang sur le visage.
J'adore. Tout à fait mon style.
Son expression voulait tout dire : elle savait qu'elle était faite pour ça. Elle savait qu'elle s'était entrainée pour ce jour fatidique et libérateur. Elle l'acceptait.
Et j'adorais quand elle était comme ça. Terrifiante. Vengeresse. Indomptable.
Lorsqu'un homme à la main manquante lui fonça dessus, ce fut comme un réflexe de parler par télépathie, cela allait plus vite.
Baisse-toi.
Elle s'exécuta tandis que je tirai en plein milieu du front de l'homme. Un silence s'ensuivit avant qu'il ne tombe, avachi sur le corps d'une femme. On pouvait entendre des gémissements, des sons de gorge et des toussotements. Le silence de mort n'était pas encore venu.
Et s'il y en a un qui était encore indemne, alors il faisait sûrement semblant.
Je m'enquiers :
— On est quittes.
Son sourire malgré la situation a le don de me soulager instantanément : je ne l'ai pas perdue.
— Le maître serait fier de moi, déclare-t-elle en dégageant ses cheveux vers l'arrière.
— Tu es blessée ?
— Je ne crois pas, objecta-t-elle en bougeant ses bras. Toi ?
— Non plus. Mais j'ai la lèvre ouverte, si tu me fais un bisou magique...
Elle leva les yeux au ciel, ce qui me fit rire. Mais l'instant d'après, je ne riai plus.
Ses doigts fins soulevèrent mon menton, et elle se rapprocha en fixant ma bouche.
Mon cœur palpita, mon cerveau ria de la situation et de l'endroit.
Alors que je fermai les yeux, je ne sentis soudain plus ses doigts.
Elle m'adressa un regard satisfait, fière d'avoir eu la confirmation que si elle le voulait, je la laisserais faire. Cette fille... Elle adorait tellement tout contrôler du haut de ses talons.
Elle se tint désormais près de la porte, me laissant près de la fenêtre tel un imbécile.
— Tu allais perdre, Hunt. Allez, viens, l'imbécile. On doit terminer ce qu'on a commencé. Deal ?
Je passai la main derrière ma nuque, me craquant le cou. Il ne me restait plus beaucoup de munitions. Je la rejoignis. Elle haussa les sourcils en levant son katana. Sa lame et mon gun s'entrechoquèrent.
— Deal, gamine.
Comme si elle était redevenue cette enfant peureuse, prisonnière d'un manoir cauchemardesque, je lui ébouriffa les cheveux.
Elle me lanca un regard noir, sans savoir que ce geste trahissait de ma fierté envers elle.
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On aime les come-back 🫠
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Pauvre Zayn... Mais vive nos deux meurtriers badass hehe.
Hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
Et n'oubliez pas de venir me suivre sur insta : s0le.ane :) j'adore parler avec vous.
Kiss.
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