Chapitre 22 : Noire ou bleue
[Il était temps qu'Achille ait son illustration, avec sa propre mosaïque.]
Achille poussa la lourde porte de l'immeuble qui grinça en réponse. Les lèvres serrées, il laissa Sidoine s'introduire dans son espace personnel et referma avec précaution la porte derrière lui. La bâtisse n'était pas tout à fait moderne, l'ascenseur capricieux ne fonctionnait qu'une fois sur deux, et Achille devait composer avec des voisins peu compréhensifs.
Aussi intima-t-il à Sidoine de se taire en posant son index contre ses lèvres.
Sidoine s'exécuta et ils gravirent les escaliers jusqu'au second palier. Achille ouvrait toujours la marche et, dans la pénombre des couloirs et du papier peint passé de mode depuis au moins une dizaine d'années, il semblait plus imposant que jamais. C'était une raison supplémentaire pour Sidoine de se faire le plus petit possible.
Achille déverrouilla la porte d'un appartement logé tout au fond du couloir et invita Sidoine à entrer, toujours sans un bruit. Le garçon découvrit un espace agréable, bien qu'assez étroit, où les ombres se découpaient contre de hautes chaises disposées autour d'une table. Dans la pénombre, le profil alerte d'Achille paraissait s'être durci et la main de Sidoine le retint. Il y avait un homme assoupi sur le fauteuil, au fond du salon. Sidoine n'eut pas le temps de s'attarder sur ses traits émaciés.
Achille enroula ses doigts autour du poignet de Sidoine et l'entraîna derrière lui d'un pas silencieux. Ils s'engouffrèrent tous les deux dans l'embrasure d'une porte qui formait l'angle d'un minuscule couloir, logé entre la cuisine et la salle de bain. Achille introduisit Sidoine dans sa chambre, avant que celui-ci n'émette un murmure à peine audible :
— On ne l'a pas réveillé.
— Il ne dormait pas.
Achille était nerveux. Il passa sa main derrière sa nuque une fois, puis une deuxième, et Sidoine eut envie d'interrompre ce geste, de bloquer le poignet d'Achille et de le laisser retomber le long de son corps. Sa nervosité le contaminait.
— Il faisait semblant.
— Je vais déranger si je reste.
— Il s'en tape.
Sidoine ne paraissait pas convaincu. Il associait l'image furtive de cet inconnu à celle qu'il avait gardée de la mère d'Achille. Celui-ci précisa :
— Je sais. Il a pas grand-chose en commun avec ma mère.
Et il semblait avoir pris l'habitude de recueillir les chiens errants.
— Fais comme chez toi, déclara Achille en ouvrant les bras.
Sa chambre tenait à un lit, un canapé recouvert d'objets que Sidoine ne parvenait pas à identifier, et à quelques toiles qui s'empilaient à même le sol, avec des carnets et des dessins inachevés. L'endroit lui rappelait le local où ils s'étaient rencontrés.
Sidoine se demanda si Achille arrivait à se sentir chez lui dans cet espace. Ses affaires avaient envahi une chambre restée vide, mais il n'y avait rien de durable. Pas de posters accrochés au mur, rien qui permettait de laisser une trace dans cette chambre.
Comme si Achille n'était qu'un passage éphémère. Comme s'il comptait s'évanouir comme la nuit aux premières lueurs du jour.
Cette pensée vit naître en Sidoine un sentiment d'urgence qu'il fut incapable de contrôler. La maîtrise qu'il maintenait sur les événements et sur lui-même lui avait échappée.
Sidoine se retourna vers Achille qui s'asseyait sur le bord du lit.
— Tu vas repartir ?
— Repartir où ?
— Repartir comme tu es parti la dernière fois, précisa Sidoine, d'une voix blanche. Lyon ou ailleurs.
Achille avait laissé reposer son menton dans le creux de sa paume. Comme toujours, il observait une immobilité proche de celle des prédateurs avant de fondre sur leur proie. En vérité, c'était une manière de se contraindre et de ne pas avoir des gestes qui indisposaient Sidoine.
Celui-ci s'approcha d'un pas prudent dans la pénombre. Une partie des traits d'Achille avait entièrement disparu dans l'entrelacs d'ombres. Sidoine était un piètre dessinateur, mais la beauté de ce visage lui donna envie de le dessiner, de le peindre.
S'il se concentrait bien, il devinait des reflets bleutés, à la commissure des lèvres, dans les tréfonds de son regard, dans ce que ce garçon dégageait.
Le bleu se mélangeait au noir et Sidoine peinait à repousser les idées intrusives qui pénétraient son esprit.
Comme l'envie d'embrasser les traces de lumière éparpillées sur le visage d'Achille.
Comme le désir de s'affranchir de la peur.
Comme l'envie de murmurer à l'oreille d'Achille combien il le trouvait magnifique, ainsi, avec cette couleur que la nuit révélait.
— J'ai pas l'intention de m'en aller, Sidoine.
Achille avait trop vécu avec la sensation de ne posséder aucun avenir propre. Son retour au lycée représentait pour lui une chance de s'en forger un, bien à lui, loin du spectre de sa mère et de ses efforts pour lui plaire.
Et puis, à présent, il y avait Sidoine et Achille ne trouvait plus aucune raison de fuir.
— La dernière fois que j'ai... que j'ai perdu le contrôle, tu as disparu, articula Sidoine, au prix d'un douloureux effort.
— Je n'ai jamais voulu partir.
Achille n'avait jamais voulu le laisser. Il prononçait ces mots en craignant de les regretter le lendemain. Il n'avait pas assez bu pour déporter sa responsabilité sur l'alcool. Il avait besoin que Sidoine sache.
Il prit une profonde inspiration et il ne bloqua pas son souffle dans sa poitrine. Il se délesta du poids de ses aveux :
— J'ai fini mon année de seconde à Lyon et je suis revenu pendant les vacances d'été. J'ai à peine croisé ma mère. Elle m'a évité comme la peste et je suis reparti en septembre parce que c'était la suite logique des événements. J'ai appelé ma mère un mois plus tard pour rentrer et elle a rien voulu entendre. C'est mon parrain qui a payé mon billet de train.
Achille pinça les lèvres. Sa mère semblait, à cette époque, s'être résolue à offrir à son fils un aller sans retour. Comme si elle pouvait se débarrasser aussi facilement de son fils.
Il poursuivit son récit en respectant avec soin la chronologie des événements. Il allait avoir dix-sept ans et son parrain avait proposé à sa mère d'être désigné comme son tuteur. Il y avait eu les mois de procédures, durant lesquelles Achille avait travaillé dans le salon de tatouage de son parrain, puis sa mère s'était évanouie dans la nature. Elle leur avait facilité la tâche, dans un sens, puisqu'en son absence, ils avaient obtenu gain de cause. Pour Achille, cela avait été un abandon de plus, et il avait occupé les mois qui avaient suivi à se rétablir. Bien sûr, il prit soin de faire l'impasse sur ce détail auprès de Sidoine. L'idée de s'épancher dessus lui déplut, car il ne souhaitait pas donner l'impression de se plaindre ou de combler le silence qui s'éternisa lorsqu'il en eut fini.
Sidoine ne l'avait pas interrompu, pas une seule fois. Il s'approcha encore, jusqu'à ce que ses genoux effleurent ceux d'Achille, jusqu'à ce que leurs yeux s'accrochent les uns aux autres. Sidoine passa son pouce sur la pommette d'Achille. La lumière ne s'étiola pas, elle resta solidement agrippée à sa peau. Le souffle de Sidoine vint à lui manquer sans que cela soit douloureux. La main d'Achille le retint contre sa joue et il embrassa la paume, tout doucement.
— Tu n'as pas à avoir peur, Sidoine. Pas de moi.
Sidoine réalisa combien il avait eu besoin d'entendre ces mots.
Il se pencha sur Achille qui le regarda faire, subjugué par la beauté de ce geste, et lui offrit un baiser.
Un souffle délicat déposé sur les lèvres d'Achille.
Sidoine venait d'accomplir tous les actes qu'il s'était interdit d'esquisser. Achille le laissa lui échapper et pinça les lèvres pour retenir le goût qu'il avait abandonné.
Cela ressemblait à une offrande.
Et Achille ne détesta plus tant que cela l'idée d'être un héros.
***
Sidoine avait ouvert les yeux, un peu désorienté. La couverture empêtrée autour de ses pieds, il s'était redressé dans un violent sursaut avant de réaliser où il se trouvait. La chambre était baignée par la lumière désaturée du jour. Une lumière rosâtre guida Sidoine vers la fenêtre et vers les dessins qu'Achille avait abandonnés là.
Il s'agissait essentiellement de paysages, parfois lugubres, mais toujours en noir et blanc. Il existait une seule exception à cette règle, une énième composition sur laquelle l'artiste avait appliqué quelques touches d'un jaune orange. Un sourire recourba les lèvres de Sidoine qui se dirigea vers le canapé.
Achille s'y était assoupi dans une position improbable. Son visage disparaissait presque sous les cheveux qui ruisselaient sur son front. Les angles abrupts de ses traits s'étaient adoucis dans le sommeil et Sidoine poussa l'audace jusqu'à porter sa main à la figure d'Achille. Il dégagea les mèches souples et effleura la courbe de sa joue.
Il se souvint du baiser de la veille et se redressa. Il était temps pour lui de s'en aller, de fuir, par courage ou par lâcheté, avant que le regret ne s'immisce là où l'incertitude le guidait.
Sidoine referma avec prudence la porte dans son sillage et traversa le salon sur la pointe des pieds.
— Tu t'es perdu, gamin ?
L'homme de la veille se tenait dans l'embrasure de la porte-fenêtre qui menait au balcon. Une cigarette coincée entre les lèvres, il toisait Sidoine avec hauteur. Celui-ci s'arrêta au beau milieu du salon.
— Non, désolé. Je...
— Tu avais l'intention de filer, traduisit l'homme. Pas sûre que ton pote apprécierait.
Les joues empourprées, Sidoine balbutia une réponse sans queue ni tête. Il avait perdu toute sa minuscule assurance.
— Vous... Est-ce que vous pourrez dire à Achille que je le remercie.
L'homme plissa les yeux pour dévisager Sidoine sans un mot. Il finit par exhaler un nuage opaque et nauséabond. Il claqua sa langue contre son palais.
— Il va bien, Achille ?
— Il dort.
— Tu as peur de moi ?
Sidoine écarquilla les yeux sur un regard stupéfait. Comment ? L'idée que cet homme puisse l'effrayer commençait à peine à l'effleurer que la question se présentait déjà. Sidoine n'avait pas eu le temps de se demander pourquoi.
La réponse, en elle-même, était une évidence.
L'inconnu était un peu plus jeune que son oncle, moins affable à première vue. Sa peau arborait un ton plus sombre que celle d'Achille, et ses traits secs, caractériels, tranchaient l'épiderme dur. Un tatouage descendait jusqu'à ses doigts. Les yeux de Sidoine suivirent les lignes d'encre qui s'entrelaçaient.
Achille avait de qui tenir.
— Je... J'ai des raisons d'avoir peur de vous ? s'enquit Sidoine.
L'homme pencha la tête. Le garçon venait de gagner, à ses yeux, un peu d'intérêt.
— Non, aucune. Sauf si tu t'avises à me foutre en l'air le gamin qui dort dans la pièce d'à côté.
Il n'était qu'à moitié sérieux, mais Sidoine acquiesça vigoureusement. Cet homme n'était pas impressionnant, avec ses doigts fins qui jouaient avec la tige de sa cigarette et sa figure émaciée. Surtout, il paraissait honnête, et s'il y avait bien une qualité qui différenciait son oncle d'un autre homme, ce devait être celle-ci.
— Je... Merci pour votre accueil. Je suis désolé de m'être imposé.
— Tu peux revenir, si tu as besoin.
L'homme leva le menton. Dans sa bouche, Sidoine n'était pas certain que la proposition dût être aimable. Il le vit chasser une mèche de cheveux sombre de son visage avant d'ajouter, dans les mêmes termes qu'Achille :
— Si jamais tu n'as pas envie de rentrer.
Les épaules de Sidoine, crispées par l'inquiétude et par cet individu qu'il n'arrivait pas à cerner, retombèrent.
— Merci.
— Je dirai rien à Achille, ajouta l'homme, d'une voix bourrue.
Le cœur de Sidoine eut un raté.
— Je te laisse le lui dire toi-même.
L'homme désigna la porte, derrière Sidoine, d'un geste un peu ironique du bras. Il s'était à nouveau adouci en croisant le regard endormi d'Achille. Le cœur de Sidoine s'emballa. Les cheveux étalés sur ses épaules en un parfait désordre, les paupières froissées par le sommeil, Achille paraissait vulnérable.
Redoutable.
Il s'étira avec paresse, comme il l'avait fait dans son lit avant de remarquer l'absence de Sidoine. Celui-ci suivit ses gestes avec une attention anxieuse.
— Tu rentres ? s'enquit Achille, d'une voix rauque.
— Il allait rentrer, corrigea l'homme.
— Parrain...
Les bras croisés sur sa poitrine, il semblait bien solidement assis sur ses positions. Sidoine n'était plus si sûr de passer la porte en un seul morceau. Pourtant, Achille soutint son regard sans ciller.
— Ça va aller pour rentrer ? demanda-t-il, à l'intention de Sidoine.
— Je crois.
Ledit parrain haussa un sourcil et perça la carapace de Sidoine d'une œillade exigeante.
— Tu n'as pas quelque chose à lui dire, gamin ?
Sidoine s'exécuta, réitéra ses remerciements, et Achille l'accompagna jusqu'à l'entrée de l'immeuble avant de remonter les escaliers. Son parrain n'avait pas bougé. Il écrasait sa cigarette dans son cendrier, un petit sourire narquois au bord des lèvres. Achille fulminait.
— Il voudra plus jamais mettre les pieds ici, lâcha-t-il.
— Il n'a pas l'air bien hargneux, ton copain, se gaussa son parrain.
Achille marmonnait dans sa barbe des remarques au sujet de l'amabilité.
— Il avait peur de te déranger.
— J'en ai vu d'autres, fit-il remarquer, en renouant l'élastique qui retenait une crinière semblable à celle d'Achille.
Celui-ci soupira. Après tout, derrière son apparente désinvolture, son parrain était un homme protecteur qui s'occupait un peu trop des autres pour son propre bien. Ses cernes marqués, son visage amaigri et les ennuis qui semblaient crever la surface de sa peau en témoignaient. Il fallait croire qu'Achille avait cela dans le sang.
Il se radoucit à son tour. Derrière l'écran intouchable de son parrain se cachaient une rare générosité et, surtout, une force qu'Achille avait toujours admirée.
— T'es un fils pour moi, gamin, déclara-t-il soudain.
La gorge d'Achille se noua alors qu'il passait à sa hauteur pour observer l'agitation d'Obernai à ses pieds. Il avait resserré ses doigts sur la rambarde, une émotion coincée au fond de ses entrailles, comme une larme piégée au bord de son regard.
— Ce gosse-là...
— Sidoine, le reprit Achille.
— S'il te met dans l'état dans lequel je t'ai trouvé, je lui botte les fesses, vu ?
Achille laissa un sourire s'effiler contre ses lèvres. Il y avait trop de tendresse dans l'inflexion rauque de sa voix pour qu'il en tienne rigueur à son parrain.
— Pa', Sidoine, c'est...
Pa', pour parrain, et parce que personne ne méritait le diminutif qu'Achille aurait pu attribuer à son géniteur. Son parrain le remplaçait à tous les niveaux et pour avoir déjà croisé des photos de cet homme, de vieux clichés qui devaient dater d'avant sa naissance, Achille savait que cet inconnu ressemblait à son parrain.
Dans la tête d'un enfant, cela aurait dû être le constat opposé. Cela aurait dû être son parrain qui ressemblait à son père, non l'inverse.
Achille avait grandi avec sa mère et son parrain faisait alors de brèves apparitions dans sa vie. Il ne rendait pas visite à son neveu aussi souvent qu'il le souhaitait et il ne l'avait jamais avoué avant de prendre Achille sous son aile, à son retour d'exil. Cet homme un brin taciturne, pas toujours très aimable à première vue, en avait plus fait pour lui que n'importe qui. Achille avait découvert ce que devait être un père.
Un père, ou un parent. Achille n'en avait jamais vraiment eu, aussi bien l'un que l'autre.
Son parrain ne l'admettrait sans doute jamais, mais il s'efforçait de remplir le rôle que son frère avait délaissé à la naissance d'Achille. Sa mère n'avait jamais abordé le sujet devant son fils, sauf lorsqu'elle le disputait et qu'elle passait sa frustration, ses échecs, sur la seule chose que la vie lui avait laissé : une progéniture qui ne la comblerait jamais. Une erreur de plus. Achille avait compris que son père avait quitté le navire lorsqu'il avait appris la grossesse de celle qu'il prétendait aimer et qui, elle, l'aimait sans mesure.
Achille avait hérité cette tendance d'elle. Il ne savait pas aimer avec modération.
Son parrain entendait rattraper l'erreur de son frère et être, aux yeux d'Achille, le père qu'il avait été incapable de devenir.
— Je sais qui il est, trancha-t-il.
Il soupira en se grattant l'arrière de la nuque dans un réflexe qu'Achille ne put que reconnaître. Une dizaine de mètres plus loin, un chauffard klaxonna en arrosant de jurons un piéton qui avait eu le malheur de traverser la route au mauvais moment.
L'homme pensait à la mère d'Achille, au mal qu'elle lui avait fait. Un an plus tôt, elle était venue récupérer son fils chez son parrain, après que celui-ci ait financé son retour en Alsace. La dispute qui avait éclaté avait été mémorable et, au terme de celle-ci, l'homme avait demandé à devenir le tuteur légal d'Achille. Il n'oublierait jamais le visage de la femme qui l'avait mis au monde lorsqu'il lui avait présenté cette idée. Il n'oublierait pas davantage les mots qu'elle avait lâchés, du bout des lèvres.
— Prends-le. Moi, j'en ai jamais voulu. J'ai jamais voulu d'un môme, j'ai juste été trop lâche pour m'en débarrasser. Tu peux le garder, moi je peux plus vivre avec le souvenir qu'il m'a laissé.
Ce "il" n'était autre que le père d'Achille et le frère de celui-ci se demandait ce qui enrageait le plus la génitrice : l'idée que le fils puisse lui rappeler l'absence de l'homme qu'elle avait aimé ou celle que l'enfant ne lui suffise pas. Le pire restait encore qu'Achille n'avait rien manqué de la dispute. Perché sur son lit, dans la pièce voisine, il avait tout entendu.
Son parrain cilla. Il n'était pas assez démonstratif pour confier à Achille combien il était fier de lui. Fier qu'il tienne encore debout après qu'on lui ait arraché chacun de ses repères.
— Je ne peux pas te défendre de le voir et je pense qu'il a besoin d'un gars comme toi.
— Si ça se passe de nouveau mal, je...
— Je te tatouerai un autre point orange à côté du premier ?
Achille prit une profonde inspiration. Il avait encore sur les lèvres la saveur de leur baiser. Il était d'une nature plus optimiste que celle de Sidoine. Il avait envie de penser que cela se passerait mieux que la première fois.
— Ça m'ajouterait un peu de couleur, lança Achille, d'une voix un peu chancelante.
Son parrain contempla les traits du garçon. Il ressemblait à celui qui avait été son frère avant de disparaître du jour au lendemain. Il lui ressemblait sans lui ressembler. Ces cheveux sombres, cette beauté qui lissait son visage pour tailler un profil droit, caractériel, et son hâle naturel, héritage de leurs lointaines origines libanaises et grecques, qui contrastait avec des yeux anthracite.
Achille se portait sans doute un peu mieux.
— Ça te fera pas de mal, acquiesça son parrain.
Occupe-toi plutôt de récupérer tes couleurs, gamin.
J'avais dit que la soirée était finie, mais voici un petit bonus... Je pense qu'il a dû vous plaire, pour une raison principale :3
Je ne suis pas fan des romances qui se construisent très très vite, alors on peut dire qu'Achille et Sidoine ont pris leur temps. Vingt-deux chapitres ! Satisfaits ? Parce que si vous lisez toujours Mosaïque, je pense qu'on peut dire que vous avez tenu le coup. Vous méritez satisfaction (ou remboursement), alors dites-moi tout !
Je vous souhaite une belle semaine et je vous dis, pour ma part, à très bientôt :)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro