Deux mois plus tard.

Simon était euphorique. Il avait enfin eu sa tant attendue promotion et avait intégré le « top cinq » des tueurs les plus efficaces de la société AME.

Accompagné d'un généreux salaire, Simon avait désormais le luxe de pouvoir choisir ses clients et ainsi de se préserver des morts les plus tragiques. Il avait également les morts les plus élitistes, aux scénarios originaux et aux budgets généreux, de quoi être créatif.

Le tueur se rendit dans son bar favori. Au Flannery's, Mike avait viré Daria suite à son comportement envers son fidèle client. Là-bas, Simon célébra son augmentation avec tous ses collègues et s'offrit une fantastique gueule de bois.

Il se réveilla le lendemain chez lui, avec un mal de casque carabiné. Il prit trois antalgiques, pas le temps de niaiser, et après tout, ça n'allait pas le tuer.

Alors qu'il regardait son comprimé effervescent se dissoudre dans son verre, on frappa à sa porte.

Il s'arracha de sa contemplation pour ouvrir.

C'était Daria.

Il lui claqua la porte au nez en lui criant « Casse-toi ! »

Bien mal lui prit d'ouvrir sans même vérifier qui était son visiteur. Sa résidence était pourtant sécurisée, mais il était naïf.

- Ouvre-moi s'il te plait, je veux juste discuter,

Il n'avait littéralement pas la tête à ça, il partit avaler son verre d'eau pétillante.

- Je suis désolée de ce qu'il s'est passé, vraiment je regrette, laisse-moi juste m'expliquer, dix minutes, maximum,

Il ne répondit pas. Il se promit d'isoler phoniquement sa porte dès que possible et de demander à son gardien de filtrer toute visite le concernant. La rançon de sa nouvelle gloire sans doute.

Daria resta un moment devant sa porte et voyant que le tueur ne lui ouvrit pas, se résigna.

- J'ai amené des croissants..., tenta la jeune femme. Je les laisse devant ta porte.

Elle tourna les talons et Simon l'entendit partir.

Il avait trop mal à la tête, Simon partit prendre une douche.

Il se recoucha et se réveilla deux heures plus tard, ragaillardit. Il but d'une traite une bouteille d'eau et partit faire une course.

Habillé de ses plus beaux vêtements, son petit cadeau à lui-même pour sa réussite, il quitta son appartement. Lorsqu'il avança dans le couloir, son pied shoota dans un petit carton blanc estampillé du logo de la boulangerie en bas de chez lui.

Il soupira : c'était le cadeau de Daria. Simon ramassa la boîte et l'ouvrit : elle était sérieuse, elle avait vraiment ramené les croissants. Une tentative d'assassinat échouée égale à trois croissants, maigre gain. Il s'imagina un instant si chaque meurtre lui avait rapporté trois croissants, il pèserait sans doute plus de cent vingt kilos si c'était le cas. Heureusement, toutes ces victimes ne revenaient pas toquer à sa porte.

Dans le carton était posée un petit carton : « Stp appelle moi, pas de sale coup, promis, je suis désolée, Daria » écrit à la main. Mécaniquement, il retourna la feuille, le mot avait été griffonnée sur le verso d'une mini affiche de film, un film inconnu, « une merveilleuse histoire du temps ». L'image représentait un couple qui regardait un ciel bleu, surement une histoire à l'eau de rose, était-ce comme ça qu'elle comptait le récupérer ? Elle avait vu ce film et s'était finalement aperçut qu'elle avait des sentiments pour lui ? C'était beaucoup trop tordu pour lui. Il glissa le papier dans sa poche, au moins il avait le numéro de Daria et se promit de l'enregistrer sur son téléphone pour qu'il puisse la filtrer.