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14

Cela faisait déjà une bonne demi-heure qu’Adam était rentré. Assis sur son fidèle canapé brun, il n’avait pas bougé d’un pouce. Seulement éclairé par la lampe de son salon, il fixait le sac de marchandise posé sur sa table basse. Il se leva, prit le sac, décidé à en finir et à mettre cette tentation de côté. « Je peux le faire », s’encourageait-il. Il s’approcha de son frigo, lentement, trop lentement. Il posa le sac en plastique, sur le point de craquer, sur la table de la cuisine. Adam ouvrit le sac et en vit le contenu. Sentant la délicieuse odeur se dégageant des plats, Adam sentit son coeur se rétracter dans sa poitrine.

« Je vais craquer ». Il plongea ses mains dans le sac et commença à en sortir les boites. Elles étaient encore chaudes et sentaient terriblement bon. « Je vais craquer ». Il disposa chacune des boîtes sur sa table et alla jeter le sac. « Non, je ne vais pas craquer ! », se reprit-il. Lorsqu’il se tourna et qu’il fit à nouveau face à sa table, la vue de celle-ci le fit frémir, trembler. Adam se crispa. Comme si son pire cauchemar venait de se matérialiser devant ses yeux. Un énorme monstre  prenait toute la place dans sa cuisine, prêt à le bouffer tout cru et à ne laisser aucun morceau de lui. Sa pomme d’Adam remonta et descendit difficilement quand il déglutit. Adam ferma les yeux, si forts qu’il sentit ses paupières tirer. S’il avait pu s’arracher les yeux pour ne plus voir ce qui se trouvait devant lui, il l’aurait fait. Sa poitrine se leva et s’abaissa au rythme endiablé de sa respiration saccadée. Il paniquait. Il sentit la chaleur envahir son corps, et sa tête tournait, prête à se détacher de son cou. « Reprends-toi, Adam », s’encouragea-t-il à nouveau.

Adam tourna les talons pour se rendre dans la salle de bain. Il s’approcha de l’évier, actionna le robinet et se rafraîchit le visage. « Je ne vais pas y arriver », se désespéra-t-il. Il leva la tête et se vit  dans le miroir. Son propre reflet le terrifiait presque. D’une pâleur extrême, avec  un air exténué et des cernes marqués… Il se dégoûtait. Rien de nouveau sous le faible soleil. Il se frotta le visage, espérant peut-être en changer la forme, qu’il changerait de personnalité, de vie… Nouvelle tentative de modeler sa vie. Adam inspira un grand coup et sortit de la salle de bain.

Adam fit de nouveau face à son buffet, véritable cauchemar posé sur un plat d’argent. « Je ne vais pas y arriver ». Il lutta un bon moment contre lui-même, contre ses doutes, ses envies et ses peines… Et, quand il réalisa qu’il avait perdu le combat avant même de l’avoir commencé, Adam se dit « Au point où j’en suis » avant de se jeter sur la nourriture.

La faim de sentiment l’emporta sur tout le reste, il ne prit même pas la peine de sortir des couverts. Adam ouvrit une première boîte et mangea de ses mains. Manger, si tant est qu’on puisse encore appeler cela ainsi. Non, ce n’était pas manger. Adam se goinfrait, se gava. Il avalait tout ce qui lui passait entre les mains. Il dévorait sans fin. Non, il se gavait, se gavait jusqu’à l’épuisement. Il ne respirait pas à toutes les bouchées, tant le besoin de se combler était énorme. Respirer lui ferait perdre du temps, il devait se nourrir, combler ce vide dans son cœur. Adam ouvrit plusieurs autres boîtes qu’il disposa devant lui. « C’est tout ce dont je rêvais », pensa-t-il.

Adam « mangea » un petit peu par-ci, un petit peu par là. Il mélangeait tout et n’importe quoi, tant que cela le remplissait. Il n’en prêtait pas vraiment attention. Ça lui « convenait » à cet instant précis. C’était ce qu’il se disait. Il se gavait comme une oie et se dégoûtait de se comparer à cet animal. Outre la cause animale, il avait maintenant une raison de ne plus jamais consommer de foie gras. L’auto-cannibalisme, c’était très peu pour lui. Ça le dégoûtait de se comparer à une oie, il savait pourtant que la comparaison était plus que précise.

Adam redescendit brutalement sur terre en sentant ses joues s’humidifier. Il réalisa ce qu’il venait de faire. Mais ne s’arrêta pas. Il ne pouvait pas s’arrêter, il n’y arrivait tout simplement pas. Il devait manger, même s’il n’en ressentait plus l’envie. La crise était là, bien installée, inarrêtable, destructrice. La crise finirait bien par s’arrêter, un jour, c’est sûr. Quand il ne pourrait plus avaler, plus rien manger. Elle s’arrêterait quand il sentirait la nausée s’installer dans sa gorge. Quand son corps, saturé, finirait par tout rejeter pour se libérer. Qu’il en vomirait par la même occasion le peu d’émotions qui lui restait. Lorsqu’il ne pourrait définitivement plus rien avaler sans risque de tout recracher.

À vrai dire, il ne ressentait jamais le besoin de se nourrir. Pas comme les autres. Lorsque nous rentrons d’une longue journée de travail et que la seule chose qui nous fait envie, c’est un plat réconfortant. Mais pour Adam, cette sensation de faim ne disparaissait jamais. Même lorsqu’il mangeait jusqu’à se sentir plein, l’envi de manger persistait inlassablement. Il n’arrêtait jamais d’avoir faim. La satiété lui était étrangère. Chaque bouchée semblait déclencher une machine infernale qui ne cessait de demander plus. Il activait continuellement la machine insatiable qu’était son estomac. Lorsqu’il s’arrêtait, ce n’était jamais de son propre chef, non. Il ne s’arrêtait jamas de lui-même. C’était toujours son corps, à bout, qui finissait par lui crier : « stop, Adam tu me fais du mal ».

Adam avalait ses sentiments, ses émotions, ses peurs, ses angoisses. Il mangeait jusqu’à ce que sa vision devienne floue, jusqu’à ce qu’il ne ressente plus rien. Jusqu’à ne plus rien ressentir, sauf la boule grandissante dans sa gorge et son estomac qui tirait. Exactement comme à cet instant. Il se sentait misérable et la nausée montait en lui.

Il ne s’en rendait pas compte, mais des larmes coulaient de ses yeux bruns. Lorsqu’il les sentit, Adam se leva, prit un mouchoir pour s’essuyer les yeux, puis se se tourna vers son exutoire. C’est alors qu’il vit le massacre sur la table. Les six gros tupperwares de Guillaume étaient finis, complètement vidés. Je me répugne. Comment avait-il pu se laisser aller ainsi ? Lui qui essayait d’aller mieux, de se contrôler. Lui, qui avait laissé la crise prendre le pouvoir sur lui-même. Lui, qui avait laissé la crise faire son oeuvre, le réduisant en pièce. Un haut-le-coeur lui broya la poitrine.
Il venait d’engloutir six putains de tupperwares en moins d’une heure, sans s’en rendre compte, sans vraiment réaliser ce qui lui arrivait. Si Lila voyait ça, elle ne voudrait plus de moi. Elle serait dégoûtée et aurait raison de l’être.

Adam s’en voulait terriblement. Une douleur aiguë à l’estomac le plia en deux. Plusieurs haut-le-coeur le prirent de cours. Adam se précipita dans la salle de bain, ne tenant plus. Il vomit ses émotions. Une à une. La colère s’évacua, le désespoir aussi. Son estomac se contractait à chaque fois qu’il rejetait son péché. À chaque fois qu’il vomissait, il soulageait ses peines. Adam se vida et se sentit mieux. Le dégoût lui restait cependant en travers de la gorge.

Son dos était appuyé sur sa baignoire. Ses jambes dépassaient de sa petite salle de bain. Elle n’était pas grande, mais elle lui suffisait. L’effort que sa pseudo-digestion lui avait demandé l’avait épuisé. Il commençait à voir flou, tout était déformé, comme si sa salle de bain se retrouvait enfermée dans un Kaléidoscope. Sa tête tournait de plus en plus, avec l’impression étrange d’être enfermé dans une machine à laver.

Assis dans sa salle de bain minuscule, Adam suait et tremblait de tout son corps. Ses haut-le-cœurs s’arrêtèrent, cependant. Il reprenait doucement son souffle. Sa respiration se fit rapidement plus régulière. L’état d’Adam s’était enfin stabilisé. Il ne ressentait plus de nausées, du moins jusqu’à la prochaine bouchée. Sa main tatouée passa sur son visage, tentant désespérément de remettre de l’ordre dans son esprit. Il effaçait doucement ses fautes.

Adam essayait de rassembler ses pensées, ses dernières forces. Il faut que je me lève. Non ! Je dois me lever. Doucement, il ramena ses mains de part et d’autre de son frêle corps, se hissa et replia un pied vers lui. L’appui qu’il avait sur ses mains céda, le précipitant contre le sol carrelé et froid. Je ne suis qu’une merde. Adam retenta l’expérience et posa une main, puis l’autre sur le sol. Il inspira un grand coup, il prit appui sur ses mains tremblantes. Il sentit la délicieuse et dangereuse attirance entre le sol et son corps, âme sœurs ne pouvant vivre l’une sans l’autre. Il allait retomber, se sauva de peu. Il parvint finalement à se hisser et à s’asseoir sur le bord de la baignoire. Adam n’avait plus de force dans les bras, et ses articulations lui faisaient mal.

Il resta assis un long moment avant de se décider à sortir de la salle de bain. Adam passa dans la cuisine, champ de bataille où il perdit un peu plus la vie. Il se retrouva dans le salon, sans s’en rendre compte. La lampe était encore allumée. Il attrapa son paquet de cigarettes, en sortit une et la glissa entre ses lèvres. Il n’avait pas l’intention de fumer, mais l’habitude l’emporta sur ses envies. Il se jeta sur son fidèle canapé brun, prit son briquet et le ramena à sa bouche. Je n’en ai vraiment pas envie. Il reposa son briquet sur la table basse.

Adam Rosier resta là, allongé sur son canapé, une cigarette non allumée aux coins des lèvres. Il ne faisait rien d’autres. Il attendait que le temps passe, espérant que le désespoir s’efface. La fatigue prit le dessus sur Adam. Il s’endormit-là. La cigarette tomba naturellement de ses lèvres, dans une séparation silencieuse.

Il paraissait si paisible, anesthésié de la douleur. Si Lila avait été là, elle l’aurait pris en photo. Elle lui aurait montré, le lendemain. Le trouvant adorable, elle lui dirait :

— Regarde, tu ressembles à un ange quand tu dors.

Elle lui aurait fait voir à quel point il était serein quand il ne laissait rien l’atteindre. Adam, lui, aurait boudé, mais pas trop. Il aimait voir Lila sourire. Et si la raison de son sourire était une photo de lui dormant, alors qu’il en soit ainsi. Le sourire de Lila lui aurait suffi, tel un baume sur ses maux. Mais Adam se réveilla seul. Il se réveilla un peu mieux que la veille, mais moins bien que le jour suivant.

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